COSSÉ en CHAMPAGNE
Jeudi 10 août 1944
Par Vitré et Château-Gontier, la 2e D.B. fait route vers Le Mans.
Elle amorce un grand mouvement tournant sur les arrières de l’armée allemande.
Deux cents kilomètres que 4.000 véhicules font, le nez sur le voisin, dans une obscurité totale.
Toute la nuit, le grondement des chars, des obusiers, des half-tracks, des auto-mitrailleuses, fait vibrer le pavé des villages endormis.
Quelques villageois excédés du bruit, incapables de dormir, ont poussé les volets…
Ils entendent des voix françaises les saluer avec ironie !… A peine vêtus, ils resteront là toute la nuit sur le seuil de leur maison, stupides et figés dans leur émotion.
Au matin, les yeux gonflés de poussière, brûlés par l’échappement des moteurs de chars, on roule dans une campagne que la guerre n’a pas touché. Les prés n’ont pas un trou à leur robe, les églises ont des clochers et les blés ondulent.
Voilà la France dont nous rêvions !
… la belle France, des vacances d’autrefois !
Tout le long de la route, venus de vingt kilomètres à la ronde, les habitants stationnent par paquets, les bras chargés de fleurs et de vivres.
Nous avançons sur une voie triomphale.
Au passage, les cris de joie, de reconnaissance et d’amitié nous fouettent le visage comme des courants d’air et… piquent les yeux d’un peu d’émotion. Mais malheur aux ponts de fortune, où l’on passe au ralenti. Les voitures se garnisssent de bouteilles.
Impuissants à souffler sur l’enthousiasme de tout un peuple, les commandants d’unités regardent ce spectacle avec inquiétude.
Une étape de deux cents kilomètres, cela fait déjà un nombre respectable de véhicules en panne ou accidentés.
Si les civils se mêlent d’augmenter la casse, avant même qu’on ait rencontré le Boche, il n’y a plus qu’à arrêter la libération.
Mais allez donc leur faire comprendre cela !
Pour eux, la guerre est finie, puisqu’ils sont libérés !
Extrait J.M.O. III/RMT
Jeudi 10 août.
La progression est reprise en direction du Mans, le Bataillon toujours en colonne administrative de route.
Passage à Epineux le Seguin à 9 heures 15 – Viré en Champagne – Brûlon – Joué en Charme – Chassllle (11 heures 25) – Longues – Brain – Coulans – Chauffour (12 heures 40) – où nous apercevons des traces de combat (les Allemands ont été refoulés avant-hier) – St Saturnin – Maule où la tête de colonne arrive à 13 heures 05.
A cet emplacement, se produit un retard considérable : 2 ponts ont été construits sur la Sarthe mais leur débit est insuffisant, principalement le pont Nord, où nous devons passer et qui subit plusieurs ruptures (1 kilomètre Ouest de Neuville, à 10 kilomètres Nord du Mans).
Finalement et en deux fractions, le Bataillon qui stationne à Mau le de 13 heures à 16 heures franchit la Sarthe au pont Sud sans la moindre difficulté.
Il est ensuite regroupé à Montreuil sur Sarthe et établi en défensive, panaché avec les Compagnies de Chars du 501e R.C.C.
A 21 heures, l’ordre de reprendre la progression ayant été donné, le Bataillon reprend la Nationale 831 et va se porter, à partir de 22 heures dans la région de Ballon dans le dispositif suivant:
La 11e Compagnie ayant son P.C. à Montbizot garde les ponts de la Sarthe à St Marceau, Mont bizot et à la Guerche.
Au cours de la nuit, la 10e viendra la renforcer au passage à niveau de Montbizot.
La 9e et la C.A. couvrent Ballon où est le P.C. du Bataillon; le Groupement tactique a son P..C. à Souligné.
Libération
Ouest-france : 27/05/2014
Les troupes alliées débarquent le 6 juin 1944 sur les côtes normandes, mais il faut attendre le 30 juillet pour voir l’armée américaine du général Patton percer les lignes allemandes à Avranches. Quatre jours plus tard, le 3 août, l’armée de Patton libère la ville de Rennes (Ille-et-Vilaine). Aussitôt, trois corps d’armée prennent trois directions différentes. Le premier part vers l’ouest pour délivrer la Bretagne, le deuxième vers le sud, avec Nantes pour objectif, et le troisième, le XVe corps, vers l’est, avec mission de gagner Le Mans au plus vite. Pour ce faire, cette importante unité reçoit l’ordre d’établir des têtes de ponts à Mayenne, Laval et Château-Gontier.
Les Allemands résistent dans le nord
La Mayenne, à partir du 3 août, voit déferler, venant de l’ouest, des patrouilles américaines. On en signale le 4 août à Landivy, Fougerolles-du-Plessis, Ernée et Gorron. Le 5 août, les premiers éléments américains sont à Mayenne, qu’ils libèrent, d’autres déboulent à Chailland et à La Gravelle. Le 313e régiment d’infanterie arrive à La Croixille et, le soir même, prend position à trois kilomètres de Laval. Le lendemain matin, le 6 août, c’est l’attaque de la ville, qui est libérée dans le courant de l’après-midi. Pendant ce temps, une colonne surgie au sud-ouest par Cuillé, Ballots et Craon, arrive à Château-Gontier, qui n’est délivrée que le 7 août.
Un peu partout, en particulier dans l’ouest et le centre du département, les Allemands harcelés par l’action de la Résistance ont souvent renoncé au combat, non sans avoir détruit leurs dépôts de matériel et les ponts. Mais l’armée américaine rencontre ça et là une forte opposition ennemie, notamment à Mayenne, où le combat dure plus de trois heures, à La Croixille, où on se bat jusqu’à la nuit, aux portes de Laval (à Grenoux et Saint-Melaine), où la bataille fait rage pendant plusieurs heures, à Château-Gontier, Évron, Sainte-Suzanne.
C’est dans le nord-est du département que la résistance allemande est la plus longue. Évron et Voutré ne seront libérées que les 9 et 10 août. Le 12 août, on se bat encore à La Bazouge-des-Alleux, à Aron, à Belgeard. Le 13 août, à La Pallu, Saint-Aignan-de-Couptrain, La Baroche-Gondouin, Saint-Mars-du-Désert, Saint-Pierre-des-Nids
Cossé-en-Champagne - Infos pratiques