AVRANCHES – (Manche)

 

 

AVRANCHES

 

Samedi 5 – Dimanche 6 août 1944

 Extrait des Mémoires du S/Lt Michel de MISCAULT
Chef de char et de peloton

Sherman n° 60 VENDÉE (Char de commandement du 3ème Peloton)
Chef de char et de peloton: S/Lt Michel de MISCAULT
Tireur: 2ème Classe Marcel BUGEIA
Conducteur: Brigadier Arthur KAISER *
Aide conducteur: 2ème Classe Pierre REYDEL
Radio: 2ème Classe Alfred NOUGARET

Source : http://2db.forumactif.com/t1430-lt-michel-de-miscault-3-4-12-rca-11-mai-2015 

 

 

Samedi 5 – Dimanche 6 août 1944

Au réveil on reçoit l’ordre de marcher vers le sud jusqu’à Avranches.
Dans l’après-midi nous marquons un temps d’arrêt au-dessus de la Sélune (côté nord). Puis on prend nos dispositions pour passer la nuit en carré dans l’herbage. L’ordre est donné de se camoufler soigneusement sous les arbres.

Le bruit court que les Allemands ont déclenché une contre attaque de Mortain vers Avranches.
Nous nous demandons un peu si les Américains ont pris assez de précautions. Ça serait tout de même bête d’être ramassé dans un piège au premier combat. Les renseignements officiels arrivent: il y a bien une contre attaque.
Mais une unité américaine fait face, chargée de défendre le flanc de l’armée. Le Colonel de LANGLADE a envoyé un détachement de reconnaissance soutenu par l’Escadron de BORT pour parer à toute éventualité. Nous nous endormons ou plutôt j’essaye de dormir. Avec le calme de la nuit on entend de très lointains bruits de combats. De temps à autre un avion, sans doute allemand, tourne autour de nous très haut. Sommes-nous suffisamment camouflés? Pour augmenter mon inquiétude une grosse fusée parachute éclaire le paysage: que faut-il faire? La raison répond: il ne faut rien faire, il faut dormir. Je pense au psaume 90: “Délivrez-nous des terreurs nocturnes, de la flèche qui vole le jour”. Je repense à ma méditation sur la mort sur le bateau. Il faudra y repenser souvent. Je m’endors et me réveille par un beau soleil: entre les arbres on aperçoit la mer et en cherchant bien on voit le Mont St Michel. Il a résisté aux Anglais pendant toute la guerre de cent ans, il va nous protéger.

Les tuyaux sont bons: on dit qu’un peloton de Spahis de 4 auto mitrailleuses a arrêté les Allemands, sans doute les Spahis étaient-ils aidés par 100 “Forteresses volantes”. C’est presque vrai! Mais c’est les Américains qui ont la situation en main. Tout de même nous restons par prudence à garder l’étranglement d’Avranches jusqu’au 8 août au soir. Nous en profitons d’ARCANGUES et moi pour bavarder avec bonheur. Je ne sais pas que ces deux jours d’intimité sont les derniers.

Mardi 8 août 1944

Le 8 août au soir, on reçoit l’ordre de gagner la région du MANS en passant par FOUGÈRES et SABLÉ: 200 km! Nous recevrons des ordres ultérieurement. Toute la journée nous roulons sur des routes jalonnées de flèches. Dans chaque ville et village, la population nous acclame.