50390 – SAINT SAUVEUR Le VICOMTE

 
SAINT SAUVEUR Le VICOMTE
Km= 29

 

Mercredi 2 Août 1944

 

      Saint-Sauveur Le Vicomte : le char M3A3  “Grenoble” du peloton de commandement, 1er escadron, 12ème CUIR,
quitte Saint-Sauveur en direction d’Avranches
Photo : US National Archives

Localisation

 

        Sherman M4A2 “VIVARAIS” du 12e R.C.A. à Saint-Germain de Varreville

 

 

Le G.T. Langlade (Groupement Tactique) se met en ordre de bataille au milieu des carcasses tordues des panzers et des cadavres américains et allemands pourrissants au soleil du mois d’août dans un paysage ravagé et, en tête de la Division, fait rapidement mouvement, en longues colonnes, par Sainte-Mère-Eglise dévastée, Pont l’Abbé, Saint Sauveur-le-Vicomte, la Haye-du- Puits, puis Vesly (Manche) pour y rester quelques jours en bivouac.
(J.M.O. 12e R.C.A.)

 

 

 

Du 1er au 5 août 1944

LA 2e DB DEBARQUE A UTAH-BEACH

 

À Utah-Beach, le général Leclerc est attendu par le général Walker commandant le XXe corps d’armée US auquel la 2e DB doit être affectée.
Les deux généraux échangent une poignée de mains historique à la demande des photographes.

Un command-car est avancé. Le général monte à l’arrière avec à ses côtés le colonel Bernard et le commandant Répiton-Préneuf, ses chef et sous-chef d’état-major. À l’avant a pris place son aide de camp, le lieutenant Girard.
Le véhicule, très entouré, parvient à démarrer et se dirige vers le PC du XXe corps où le commandant de la 2e DB et ses officiers déjeunent.
Ensuite il part dans l’après-midi pour le PC de la IIIe armée ou il rencontre le général Patton.
Les Américains offrent aux Français un dîner, qui se déroule dans la bonne humeur.

Leclerc rentre à Vesly où s’installe le QG de la division. Le village de Vesly, point de rassemblement de la 2e DB, est situé entre La Haye-dû -Puits et Lessay, dans une région dévastée qui vient de subir la “guerre des haies”.
Partis des ports anglais de Southampton et Weymouth, les LST*, les liberty-ships et autres chalands ont traversé la Manche puis abordé la côte française.
Les premiers navires de débarquement se sont présentés la veille devant la plage de Utah-Beach, au Nord de Carentan, à l’Est du Cotentin, attendant la marée favorable avant de s’échouer. Une armada de bateaux à l’ancre attendent leur tour de débarquement sous la protection d’une multitude de ballons-saucisses antiaériens.

* LST : Landing Ship Tanks, navire de débarquement pour chars, longueur 100 m, largeur 15 m.

Toute la journée il a fait un temps radieux, la mer est d’un calme absolu.
Entre les dunes de Varreville et la Madeleine, ce mardi 1er août dès 0 heure, commence le débarquement.
Les LST abaissent leur rampe, sorte de pont-levis, et crachent leurs chars qui gagnent la plage, guidés par un MP3.
Au passage de la dune les Sherman hésitent à poursuivre mais ils sont tout de suite pris en main : «Suivez le char qui est devant vous, on vous guidera plus tard sur votre destination. »

Des liberty-ships s’effectue le transbordement des hommes et du matériel. Des barges à fond plat accostent de chaque côté du navire.
Les half-tracks et les automitrailleuses se balancent et tournoient au bout des grues, avant d’être déposés dans les embarcations.
Les sacs marins sont jetés par dessus bord au fond du bateau puis les hommes descendent par des échelles de corde et des filets au flanc du navire.

Sur le sol de France, chaque homme dissimule difficilement son émotion : certains touchent le sable de leurs doigts, d’autres en ramassent.
Les véhicules avancent sur la piste de plaques métalliques, se retrouvent en colonne par quatre près de la dune et se dirigent vers la zone de transit de Saint-Germain-de-Varreville (Area B) où ils se regroupent par régiment et attendent le signal du départ.

STATIONNEMENT A LA HAYE-DU-PUITS

Le regroupement effectué, les unités se dirigent en convoi vers la zone de stationnement, formant un long défilé ininterrompu de véhicules distants les uns des autres de 25 mètres.
Les chars, les blindés, les jeeps, les camions traversent Sainte-Mère-Église, Pont-L’Abbé, Saint-Sauveur-le-Vicomte, la Haye-du-Puits, au milieu de ruines.
Quelques civils tendent les bras et applaudissent.
De nuit, tous feux éteints, les conducteurs roulent avec les “yeux de chat” dans une poussière aveuglante, guidés aux carrefours par des MP munis de signaux luminescents
.

Les chars recouverts de leurs filets de camouflage bruns et verts sont alignés sous les arbres.
Les tentes sont montées dans les prairies. Le terrain environnant est truffé de mines : défense de sortir des limites du bivouac.
Seuls les prés affectés aux unités ont été fouillés.
Beaucoup de maisons, de fermes sont en ruines. En de nombreux endroits des cadavres allemands, des animaux en putréfaction.


Les débarquements sur la plage de Utah-Beach s’échelonneront du 1er au 5 août.
Si le 1er escadron du 1er RMSM est le premier à débarquer vers 22 heures le 31 juillet, les 2e, 4e, et 5e escadrons ne toucheront terre que le 4 août. De nombreux navires attendent leur tour, puis le 3 août la mer houleuse retarde le transbordement des véhicules.

Au 3e RMT, l’EM et la CA 3 ont pris place dans le LST 509 avec le 1er escadron de chars légers des spahis.

Ils débarquent dès 0 heure le 1er août, l’aube.

Extrait de “Combats de la 2e DB en Normandie”
Hubert PITTINO
MULLER Editions – 2002

 

 

 


J.M.O. du 12e Cuirassiers

1943 – 1945

30 Juillet 1944.

Distribution des insignes numérotés du Régiment pour les Officiers et Adjudants.

31 Juillet 1944.

Départ à 09h40, par la route. Regroupement à Portland, embarquement sur LST de 13h30 à 15h30, pour le personnel et le matériel.
À 16h30, nous quittons Portland pour aller grossir le nombre des LST et des LCT qui se trouvent en rade.

-o- Fin du séjour en Angleterre -o-

III – Prélude aux opérations de NORMANDIE.

1 er Août 1944.

07h15, départ en convoi des LST vers l’Est puis le Sud.
16h00, en vue des côtes de France. Dans la brume, on distingue les côtes de Cherbourg. Nous allons échouer à 2km de cette localité.
Sur une plage avec tous les autres bateaux du convoi. DCA intense au S-E, lâché de ballons captifs sur nos transports.
À 23h15, pied à terre en profitant de la marée basse. Clair de lune splendide. Pas un avion Allemand dans le ciel.

2 Août 1944

Entre 00h00 et 02h00 du matin, débarquement des chars et des voitures. Les MP américains nous
aiguillent vers l’intérieur. Itinéraire : St-Martin – Ste-Mère-Église – St-Sauveur-le-Vicomte – La
Haye-du-Puits – Lithaire – Gerville. Bivouac dans les champs de Gervillé, au milieu des cadavres
d’Allemands et d’animaux en putréfaction. Réseaux inextricables de fils téléphoniques. Les
combats ont dû être féroces. Trous individuels innombrables. Là-dessus, un soleil ardent. Villages
et fermes en ruines.

3 Août 1944.

On fourbit les armes, les chars, les vêtements.

4 Août 1944.

Les Américains sont à Rennes. Nos SCR-193 nous tiennent au courant des combats.

5 Août 1944.

Le Régiment reçoit l’ordre de se tenir prêt à faire mouvement sans préavis.
Départ des précurseurs à 09h40 : La Haye-du-Puits – Lessay – Coutances – Granville – Avranches – Pontaubault.

6 Août 1944.

13h00, le Régiment se déplace vers l’Est. À 21h00, bivouac à 4km N-E de St-James, autour du château de Chassilly. Le Régiment se camoufle : filets, utilisation du terrain et des arbres.
À partir de notre arrivée, rondes d’avions Allemands aux alentours. Feux nourris de DCA. Bruits d’explosions. La terre tremble.

 

……

 ( Extait de : Raymond MAGGIAR- “Les Fusiliers Marins dans la Division Leclerc” – Albin-Michel 1947 )

 

“Après un regroupement des véhicules par régiment, la 2e D.B., passant par Saint-Sauveur-le-Vicomte, alla cantonner dans la région de la Haye-du-Puits.
On se retrouva dans des vergers de pommiers bordés de haies et de chemins creux, un paysage de coupe-gorge pour les chars.
Américains et Allemands s’étaient durement empoignés à l’arme blanche dans cette zone.
Des mines partout, des armes, des camions de munitions abandonnés, des véhicules et des chars calcinés, et des bêtes mortes gonflées dans tous les champs, et des cadavres d’Allemands et d’Américains, souvent par monceaux.
Les hommes reniflaient cette odeur de guerre.
Ils regardaient autour d’eux, déchiffrant le livre de la guerre dans les destructions, glanant une expérience, de la position d’un canon, de la blessure faite à un mort, examinant et démontant les armes.
Autour de nous, dans ces villages et ces fermes presque entièrement détruits, parmi les champs remplis de mines et bouleversés, où erraient quelques bêtes épargnées, à demi sauvages, les paysans revenaient, paisibles et stoïques, sans un mot de plainte.
Ils nous faisaient fête et nous offraient tout ce qui leur restait, pommes de leurs pommiers, cidre qu’ils avaient caché.
Ils nous firent un cadeau plus précieux.
Ils nous donnèrent leurs fils.
Par centaines, les jeunes Normands s’engagèrent à la D.B.
C’est ainsi que la Normandie, saignée, démantelée, ruinée, donna encore à la guerre le meilleur d’elle-même”.

 

La 2ème D. B. dans la BATAILLE de NORMANDIE

La 2ème D. B. dans la BATAILLE de NORMANDIE

par le Colonel de GUILLEBON
L’un des premiers compagnons du général Leclerc au Tchad Ancien sous-chef d’État-Major

Dés le 6 juin 1944, le général Leclerc piaffe d’impatience en Grande-Bretagne, mais il n’y a pas de place pour ses blindés dans la zone restreinte où se déroulent les combats des premières semaines. D’ailleurs, la IIIe armée du général Patton, à laquelle est rattachée la 2″ D. B., ne sera lâchée qu’après la rupture, et le calendrier du commandement suprême n’envisage notre embarquement que vers le 20 août.
Sur une intervention pressante du général Patton, la date de notre embarquement est avancée au 31 juillet, à la place prévue pour une division américaine, ce qui montre assez dans quelle estime le commandant de la IIIe armée tenait notre grande unité.
Nous débarquons en France le lendemain de la chute d’Avranches, et le général Leclerc va directement au P. C. du général Patton, que nous voyons revenir radieux de la zone des combats : à lui aussi l’attente a paru longue ; maintenant il est payé par la joie de la victoire.
Au milieu d’une prairie plantée de pommiers, la tente du chef moderne est figurée par un camion G. M. C., aménagé en caravane.
Celui de Patton est moitié bureau, moitié bar. Il verse généreusement le scotch whisky au général Leclerc, qui en a horreur, et se sert plus généreusement encore du whisky américain, qu’il préfère. Il décrit avec une satisfaction bruyante le travail de ses blindés ; une de ses unités a dû employer une pelle mécanique pour déblayer les cadavres allemands qui encombraient une voie.
Il est heureux que la division française soit là, mais il n’y a qu’un seul pont à Pontaubault, et il faudra attendre notre tour pour y passer.

Le plan du commandement paraît être d’occuper toute la Bretagne dans un premier temps, et, ensuite, de passer à l’offensive en direction de Paris.
De retour à son bivouac, le général Leclerc, avide de renseignements tactiques et logistiques, m’envoie, avec le chef du 2e Bureau, observer la 4e division blindée U. S. qui attaque Rennes.
Nous en reviendrons avant le départ de la division assurer le Général qu’il n’y a pas de mauvaise surprise à attendre et que ses unités sont au moins aussi bien préparées que les autres à affronter la réalité du combat.
Nous rapportons une entrevue mémorable avec le général américain Wood, commandant la 4e division blindée, deux jours avant son entrée à Rennes. Il nous avait reçu étendu dans une remorque qui lui servait de chambre à coucher : un poste radio jouait des airs de danse en sourdine.
Le général disait : – « Ils » veulent envoyer ma division à Lorient. Je vous demande un peu, qu’est-ce que j’irai faire à Lorient ? C’est à Angers qu’il faut aller et, après avoir touché la Loire, j’irai rebondir jusque vers la Seine, en passant par Chartres.
« Ils » jugent la chose, à l’arrière. sur des cartes et sur des renseignements périmés.
Dites au général Leclerc deux choses : “Qu’il emporte toujours davantage d’essence, et qu’il tire l’armée derrière”.

Enfin, la division s’écoule lentement par ce pont unique de Pontaubault sur lequel passent continuellement, jour et nuit, toutes les voitures de la IIIe armée : combattants. liaisons, ravitaillement, évacuations.
Rassemblés au sud du goulot devant un éventail de routes, allons-nous recevoir une belle mission, commencer la chevauchée ?
Non, car le maréchal von Klùge monte une contre-attaque sur Mortain pour juguler l’unique pénétrante qui part d’Avranches.
Il faut écarter cette menace, qui serait catastrophique.
Ces premiers engagements permettent au commandement allemand d’identifier la présence de notre division, mais il nous croira toujours à Mortain quand nous atteindrons l’Orne à Argentan.
Bientôt nous sommes relevés de cette mission et rattachés au XVe corps.
Dès qu’il apprend ce changement de corps, le général Leclerc saute en voiture avec quelques officiers et brûle d’arriver le premier chez son nouveau chef. Il veut arriver avant le colonel américain de liaisonqu’on lui a imposé au débarquement, et dont il veut se dêfaire.
Il gagne cette course de 150 kilomètres avec demi-heure d’avance, et tout est réglé quand arrive notre infortuné officier de liaison, que nous ne reverrons plus jamais.
Le commandement allié a décidé la manœuvre qui fermera la poche de Falaise ; notre mission est simple : attaquer plein nord en partant du Mans.
Dès le premier contact, la confiance s’est établie avec le général Haislip, le plus compréhensif des chefs alliés auxquels le général Leclerc ait été attaché au cours de cette longue guerre, c’est entre les deux chefs le début d’une amitié durable.

La 2e D. B. passera la Sarthe au-dessus du Mans et attaquera à gauche d’une D. B. américaine qui se concentre au Mans.
La division suit son général dans une étape de 200 kilomètres ; quelle exaltation pour tous de voir tant de terre française libérée après notre long exil ! Par une nuit noire, tous feux éteints, les unités passent la Sarthe sur des ponts de bateaux d’accès très difficile et, le 10 août au matin, par quatre itinéraires parallèles, elle pousse de toutes ses forces plein nord.
Le paysage, coupé de haies et de talus infranchissables, favorise la défense allemande.
Où sont nos horizons africains où nous naviguions à la boussole, comme en pleine mer ?
Nous piétinons dans des chemins étroits, où la vue est limitée à 100 mètres.
De chaque tournant peut jaillir la flamme meurtrière du canon antichars qui tire à bout portant et qui décroche sans risque.
Il faut se faire éclairer, et, derrière la progression prudente du char de tête — sans cesse retardé par l’ennemi et trop souvent détruit — s’allonge interminablement la colonne des blindés, des camions, des jeeps, des canons et des ambulances.
A quoi servent ces innombrables moyens quand, seuls, quelques hommes peuvent être engagés autour du premier char ?
Le général Leclerc est toute la journée sur les routes, allant d’un itinéraire à l’autre, ici furieux et là enchanté, redressant un ordre mal compris ou une manœuvre mal engagée, félicitant les uns, blâmant les autres, mais gagnant tout le monde à son obsession de la vitesse à tout prix.
Devant nous, la 9e Panzer, intacte, qui vient de Nîmes, se bat bien.
Exécutant magistralement son combat en retraite, elle harcèle nos arrières de jour par ses snipers audacieux et elle contre-attaque la nuit : nos hommes connaissent leur troisième nuit sans sommeil.
Le lendemain, 11 août, la progression s’accélère ; chefs et hommes se sont habitués à cette forme de combat, et le paysage, plus ouvert, devient plus favorable à l’attaque.
En fin d’après-midi, on sent que la résistance ennemie va craquer.

 

Colonel DE GUILLEBON

 

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EMPLACEMENT de la BORNE

Saint-Sauveur-le-Vicomte : 49°23'14.52"N / 001°31'30.39"W

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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