Mercredi 9 août 1944
Franchissement de la Sarthe
Accueil des éléments de la 2e DB à Sablé sur Sarthe le 9 août 1944
(Source : 2e DB Forum actif)
Le 9 août 1944, la 2e DB entame le périple qui, en quelques jours, l’aménera sur les flancs de l’armée allemande de Normandie : Vitré, Château-Gontier, Sablé-sur-Sarthe, Le Mans, Alençon.
Mercredi 9 août 1944
LA 2e DB REJOINT LE XVe CORPS AU MANS
Au cours de cette journée, la 5e DB a élargi sa tête de pont de la Trugalle qu’elle libère à 9 heures.
Elle poursuit sa remontée vers le Nord, traverse Souligné-sous-Ballon, puis Ballon, plus à l’Est Savigné-l’Évéque, pour infléchir son mouvement vers Bonnétable.
Le génie américain va pouvoir dans l’après-midi construire deux ponts Treadway sur la Sarthe, dont la largeur est d’une trentaine de mètres, à Saint-Pavace et à Neuville-sur-Sarthe, pour faire passer la 2e DB.
Le général Haislip pousse son PC dans Le Mans et élabore son plan pour attaquer en direction d’Argentan.
La 2e DB se met en place progressivement.
Un par un les éléments du PC se rassemblent dans l’après-midi à La Chapelle-Saint-Aubin.
Le PC avant s’installe dans la cure.
Leclerc, après avoir quitté la modeste maison où il avait passé la nuit, quadrille le secteur et parvient en début d’après-midi à La Chapelle-Saint-Aubin.
Dans l’église il assiste à une messe célébrée par le père de Gevigney, aumônier de la division, et servie par le capitaine Bernard de Laitre, qui devait être tué le lendemain en tête de la 2e DB à la Croix-de-Chérancé .
Puis Leclerc s’est porté sur la petite place du village et il voit monter ses colonnes vers les ponts un peu plus loin.
Il a reçu des instructions pour le lendemain.
Le XVe corps attaquera en direction d’Argentan.
L’offensive sera menée Sud-Nord le long de la rive Est de la Sarthe par la 2e DB avec la 5e DB US à sa droite.
La 2e DB progressera en deux colonnes : le groupement Dio à l’Ouest, le groupement Langlade à l’Est
À 14 heures, les 1re et 2e batteries des ETA, en position dans la région de Sablé et à Château-Gontier, reçoivent l’ordre de se mettre en route et de venir en protection des deux ponts en construction. La mise en place est terminée en fin d’après-midi : la 1re batterie assure la défense du pont Sud face à Saint-Pavace, la 2e batterie celle du pont Nord de Neuville-sur-Sarthe.
Le GTL arrivé le matin à Sablé se disposait à prendre quelques instants de repos lorsque l’ordre parvint à 16 heures au colonel de Langlade de porter son groupement dans une zone d’attente à Rouillon, à 3 kilomètres à l’Ouest du Mans puis ensuite à Saint-Pavace pour franchir la Sarthe sur le pont Sud.
La mise en place de ces ponts a pris du retard et ils ne seront pas opérationnels avant la tombée du jour.
Deux pelotons de chars du 1er escadron du 12e RCA (pelotons Boucher et de Truchis), ainsi que la section Gauffre de la 5e compagnie du RMT sont détachés pour assurer la protection du pont en construction.
Le 12e RCA puis le 1/40e RANA traversent la Sarthe et se regroupent vers 23 heures 30 à Savigné-l’Evéque après un parcours sans incident.
Il n’en va pas de même pour le 2/RMT.
Peu avant d’aborder Rouillon, la colonne en ordre administratif est coupée par un convoi américain.
L’élément de tête – la section de reconnaissance, le PC avec le commandant Massu – poursuit sa route et arrive à Savigné à 2 heures.
Le reste de la colonne (c’est-à-dire la 6e, la 7e, la 5e, la CA 2) suit les Américains et fonce vers le Sud.
Le capitaine Fonde parvient à stopper la colonne au Sud du Mars. Elle doit faire demi-tour sur place en pleine nuit dans un champ.
Il faut remonter par la Croix-Georgette, Rouillon, à la recherche du pont.
La Sarthe est enfin traversée. Il fait jour maintenant. À 7 heures, les derniers véhicules arrivent sur la zone de stationnement du bataillon.
Le GTD sera le deuxième groupement à être engagé demain.
Arrivé après 16 heures à Sablé, il s’apprête à cantonner pour quelques heures.
Recrus de fatigue, les hommes s’allongent dans l’herbe. Mais à 18 heures on repart. L’ordre est de se porter sans délai à Neuville, où il doit passer la Sarthe sur le deuxième pont de bateaux – pont Nord – par Trangé et Saint-Saturnin (petits villages au Nord-Ouest du Mans).
Les premiers éléments franchissent le pont vers minuit. Mais le 12e Cuir, déjà très handicapé après le bombardement, tombe dans un embouteillage monstre : sa dernière rame ne rejoindra Neuville qu’à 7 heures.
Personne n’a dormi depuis deux jours. Ce sont des équipages très fatigués qui vont entamer les premiers engagements de la 2e DB.
Quant au GTV, qui n’est pas engagé, il n’arrivera à Sablé qu’à 19 heures pour repartir demain à 7 heures.
La 9e compagnie du RMT bivouaque à Épineux, à 12 kilomètres au Nord de Sablé.
C’est là que la jeep du capitaine Dronne, revenant de nuit du PC de son bataillon, percute un véhicule à l’arrêt.
La jeep est détruite. Elle était baptisée “Mort aux cons”.
Le 501e RCC ne franchira le pont de Neuville qu’entre 11 et 17 heures.
Le 3/RMT, bloqué près du pont à Maule pendant trois heures, finit par passer sans la moindre difficulté, mais par le pont de Saint-Pavace.
Dans la soirée le général Haislip diffuse son ordre d’opérations pour le lendemain :
«Le XVe corps attaquera le 10 août pour s’emparer de la ligne Sées-Carrouges. Heure de l’attaque : 8 h 00…»
J.M.O. 22e FTA
09/08/44 : Entre 0h et 1h, les éléments du groupe restés en stationnement font l’objet d’un bombardement d’aviation, un blessé grave évacué (Canonnier FOURNET) el un blessé léger à la batterie d’E.M.
Au passage à Chàteau-Gontier des colonnes de combat du groupe (8h), la 2e batterie reçoit l’ordre du Commandant de groupe de prendre position à Château-Gontier autour du pont sur la Mayenne en protection du mouvement de la Division (point de passage obligé à écoulement difficile).
A 9h30, arrivée des 1ère et 3e batteries à Bouessay (6 km nord-ouest de Sablé) après liaison avec le 3e bureau précurseur de la Division.
Le Commandant de groupe fait mettre en position la 1ère batterie dans la région nord-est d’Auvers-le-Hamon (8 km nord de Sablé) en protection de la zone de stationnement du Q.G. et la 3e batterie dans la région nord de Sablé (G.C.12, G.C.37) en protection du G.T.D.
A l0h, le Capitaine CHANSON et le Lieutenant MESTDAG effectuent une liaison au P.C. de l’A.A.A. du XVe Corps auquel la 2e D.B. est désormais rattachée. (P.C. à Blandouet, 22 km nord de Sablé).
A 14h, le Commandant de groupe en liaison au Q.G. reçoit l’ordre de placer deux batteries en position au nord du Mans, en protection de deux ponts de baleaux en construction sur la Sarthe. Il convoque les reconnaissances des 1ère et 2e batteries et donne l’ordre de mouvement à ces deux batteries. Reconnaissance et mise en place s’effectuent entre 14h et 17h.
La 1ère batterie assure ia défense du pont sud à St-Pavace (39-40), la 2e batterie la défense du pont nord près de Neuville-sur-Sarthe (39-44).
Vers 17h à Gennes-sur-Sarthe, le Maréchal-des-Logis BOUCHER (2e batterie) et le Canonnier CHALMEL (1ère batterie) sont blessés accidentellement et Évacués.
A 20h30, le Sous-lieutenant GLOAGUEN commandant la 1ère batterie, au cours d’une mission de liaison, fait un prisonnier à St-Marceau et le ramène en croisant une colonne de chars ennemis qui le prennent sous leur feu.
A 18h, la 3e batterie reçoit la mission de protéger le Q.G. dans !a région d’Auvers-le-Hamon, mise en position terminée à 19h.
A 23h, les éléments du groupe partis du stationnement de St-Jarnes à 9h45 arrivent à Bouessay. Ils sont dirigés par l’itinéraire Sablé, Chevillé, Brûlon, Joué-en-Chamîe, Chassillé, CouIans-sur-Gée, sur une zone de stationnement située entre Coulans-sur-Géc et Chauffour-Notre-Dame. (route N157, 12 km est du Mans).
Arrivée à cette zone d’attente à 3h. La 4e batterie suit la base dans son mouvement et assure sa protection.
2e Bie : Mise en batterie autour du pont de Cliâteau-Gontîer (Mayenne) pour la protection du passage de la Division.
A 16 heures, départ pour le Mans, puis mise en place pour la protection du pont de bateaux nord sur la Sarthe établi à Neuville-sur-Sarthe.
Mise en place terminée à 22 heures. Les T.C. rejoignent sous le commandement du Capitaine DOUVILLE. Le Maréchal des Logis Chef BOUCHER est grièvement blessé à la suite d’un acte de démence du Canonnier CHALMEL de la 1ère batterie.
3e Bie : 13h, mise en batterie pour la protection des passages nord de Sabié.
15h, mise en position dans la zone de stationnement du G.T.L. pour protection.
19H30, ordre de se porter région Chauffeur-Notre-Dame puis passe la Sarthe sur ponts de bateaux au nord du Mans vers 15h.
15h, reçoit mission de mettre la batterie en position pour défendre la zone de stationnement du Q.G. au carrefour de Ballon.
4e Bie : Bombardement aérien de nuit. Départ pour Bouessay.
(Alain Godec)
Le matin du 10 août, Souillé et La Guierche étaient investis par les compagnies du régiment de marche du Tchad appartenant au groupement Dio.
Les chars du 12e cuirs s’installaient alors en tête de la progression vers Saint- James, Montbizot et le Boulay.
Un combat intense était livré à Maresché où les hommes de la 2e D.B. capturaient un bon nombre de prisonniers.
Le soir, Beaumont, Vivoin et Mlle étaient libérés et occupés. De son côté, le sous-groupement Massu progressait vers Ballon, lorsqu’il lui était demandé d’épauler Minjonnet qui venait de perdre quatre Sherman et dont trois autres avaient des difficultés de fonctionnement.
Il y avait quatorze tués dont deux officiers et deux sous-officiers.
La colonne de secours progressait rapidement et observateurs et les tireurs étaient aux aguets.
La ferme de La Saunerie était tout juste dépassée… lorsqu’une explosion sourde se faisait entendre. Un nuage de flammes vives s’abattait sur les blindés placés en tête de colonne. Un lance-flammes ennemi venait d’entrer en action. Le contact était brutal.
L’infanterie ennemie profitait, elle aussi, d’une position proéminente créée par les hauts talus pour tirer avec des armes automatiques.Les marsouins du R.M.T. se ressaisissaient devant cène avalanche de feu et montaient à l’assaut des talus en tirant sans discontinuer.
Ils reprenaient la situation en main, mais l’adversaire résistait avec opiniâtreté.
L’adjudant-chef Quantin, un Français libre de 1940. : à l’aise, debout dans son half-track équipé d’une mitrailleuse de 50, neutralisait les Allemands qui étaient alors incapables de contre-attaquer devant le pont de La Saunerie.
Hélas !… le half-track était atteint par un obus. Grièvement blessé au ventre, Quantin donnait un bel exemple de sang-froid et de courage, mais il devait succomber à ses blessures.
Avant cela, le commandant Massu s’était penché vers lui en précédant les ambulanciers. Le sous-officier, très pâle, esquissait néanmoins un sourire et lui disait : C’est idiot mon commandant de mourir le premier jour !… puis, dans une dernière plaisanterie, il ajoutait dans son dernier souffle : La Saunerie, une belle Saunerie, avec un « C » au lieu du « S » c’est une belle connerie…
Suivant de très près la progression, le général Leclerc installait provisoirement son quartier général à Ballon et décidait de faire pousser vers Lucé-sous-Ballon et Meurcé.
Sur la droite de l’axe, à Mézières-sur-Ponthouin, l’engagement était si rude que l’on enregistrait la mort de dix-sept hommes et la destruction de plusieurs half-tracks et chars.
Ces derniers appartenant au 12e chasseurs.Au même instant, le G.T.D. rencontrait à Doucelles une forte résistance ennemie et les combats devenaient violents.
Le 4e escadron du 12e cuirs perdait deux Sherman mais détruisait quatre blindés ennemis.
La 3e compagnie du R.M.T. qui l’accompagnait enregistrait quatre tués dont le lieutenant Bissagnet, et l’adjudant-chef Delacroix ; il y avait également de très nombreux blessés qui étaient soignés par le lieutenant Karcher, alors que les morts étaient enterrés dans le cimetière du village avec l’assistance de la population restante.Le lendemain, le village de La Hutte était atteint, mais l’ennemi y défendait l’important carrefour de la nationale 138 (Le Mans – Alençon) et la départementale 310 (Fresnay -Mamers). Mais, si le combat était des plus sévères, l’énergie invincible des divers détachements permettait, après plusieurs attaques, d’occuper La Hutte, Saint-Germain et Coulombiers.
(Guy Merle – L’Esprit LECLERC – Sur les chemins de la Liberté” )
EXTRAIT DU JOURNAL DE GUERRE DU CAPITAINE GIRARD
Aide de Camp du général
Jeudi 8 août 1944 – Chassilles
Toute la journée d’hier dans un état de semi-alerte, à attendre des ordres. Réunion de chefs de corps sur l’herbe.
Ce matin, visite au XXe Corps. Il ne me plaît pas.
Arrivée du colonel Billotte à la division, ce qui provoque un effet de surprise. Il prend le commandement du groupement tactique de Warabiot.
Dans l’après-midi, brusque départ.
Laissant la division faire mouvement vers la région du Mans, nous fonçons à toute allure enfeep jusqu’au XVe Corps où nous arrivons avant l’officier de liaison. De là vers Le Mans.
Comme la ville est encore occupée par les Boches, nous nous arrêtons au bord de la route pour passer la nuit dans une petite maison isolée, près d’un carrefour.
Guillebon qui nous a suivis, est là. Il pleut.
J’aménage tant bien que mal un coin pour le Général dans la seule pièce habitable. Guillebon et moi contemplons, les sourcils un peu levés, celle qui nous reste. Pendant la nuit, nous prenons chacun notre tour de veille devant la porte du Général. Nous sommes inopinément renforcés par l’arrivée de Renaud et d’El Kouhy qui semblent un peu perdus.
Mercredi 9 août 1944 – La Chapelle St Aubin
Nous tournicotons à toute allure dans le secteur pour échouer en fin de journée à La Chapelle St Aubin.
Le Général assiste à un TeDeum dans l’église du village.
Il est logé dans une maison d’assez belle apparence et bien tenue mais où l’on n’entend point héberger d’autre que lui.
Je passe une excellente nuit à la belle étoile dans un charmant verger à côté de Tailly .
Le GTD s’est fait méchamment bombarder en passant par le goulot d’Avranches.
SABLE sur SARTHE - Infos