35500 – VITRE

 


VITRÉ

Km= 225

 Mardi 8 – Mercredi 9 août 1944

 

 

 

 

Extrait de: LA CAMPAGNE DE FRANCE
par le Lieutenant-Colonel Repiton-Préneuf
NORMANDIE
L’ECRASEMENT DE LA SEPTIEME ARMEE
Percée

 

8 AOÛT. LA Division est lâchée, plein large, sur les routes de France.

D’Avranches vers Le Mans, ses quatre mille véhicules, en deux colonnes, vont y faire d’une seule traite 2oo kilomètres.
Leur itinéraire n’est pas la ligne directe : ils marchent d’abord plein sud, plus loin que Rennes, puis, débordant Laval, où l’ennemi tient encore, ils vont s’infléchir vers l’est, vers la Sarthe. Où se regrouperont-ils, ils ne le savent pas au départ.

La 79e Division d’infanterie américaine et la 5e Division blindée américaine, parties en avant, doivent faire demain sur la rivière une tête de pont :
de là nous devrons aussitôt repartir avec elles vers le nord, à la rencontre des Anglais qui vont attaquer Falaise.
Plus de détails et des ordres plus précis, c’est en route que nous les recevrons.
Entre les Allemands qui refluent vers la Bretagne et vers Nantes et ceux qui se reforment hâtivement pour, à partir de Mortain, constituer à tout prix un flanc sud à leur 7e Armée, toujours durement accrochée en Normandie, les routes s’ouvrent en éventail, miraculeusement libres.

C’est sur ces routes découvertes dans la nuit tranche par tranche, petites tranches limitées par l’éclairage veilleuse et la poussière, sur lesquelles le chauffeur s’use les yeux, que nous nous sommes retrouvés d’emblée, libres, chez nous.

Du bateau qui nous amenait d’Angleterre une semaine auparavant, nous avions longuement cherché à discerner de la brume une ligne grise.
Puis, derrière les centaines de navires autour
desquels s’affairaient les chalands, entre ceux qui s’étaient échoués le ventre sur la plage pour y vomir leurs véhicules, nous avions marché sur un peu de sable.

On nous y avait pris la main pour nous conduire en file sur des routes défoncées où chaque véhicule s’insinuait entre deux autres comme un globule dans un morne courant.
La poussière qu’elles fabriquaient habillait le paysage;
les villages en passant offraient des façades lasses ; les habitants levaient sur la file monotone un
regard anonyme.
Puis il n’y avait plus eu de villages; dans les décombres et les vergers, où le bétail
égaré se regroupait d’instinct, de moins en moins d’habitants.
Et subitement, ç’avait été Avranches. Le dernier goulot franchi nous étions restés encore deux jours à proximité devant Mortain, d’où Von Kluge prononçait sa contre-attaque : quelques éléments légers de notre Division y prendront le contact, ce qui vaudra à l’Etat-Major allemand, au
moment où nous l’attaquerons dans le dos derrière Alençon, de nous situer toujours au nez de son saillant.

 

 

 

Extrait de “LECLERC – Maréchal de France”
Général Jean COMPAGNON (CR)
Flammarion

 

C’est donc dans une situation très évolutive que Leclerc rejoint l’armée Patton.
Il s’impatiente de n’être pas orienté sur sa future action, alors que sa division se regroupe peu à peu.

Le 6 août, enfin au complet, la division fait mouvement vers le sud, passe le pont de Pontaubault et cantonne dans la région de Saint-James-Barrage de Vezins sur la Sélune, au sud de ce petit fleuve venant de la région de Mortain à vingt-cinq kilomètres en amont.

Le 6 au soir, la zone de stationnement de la 2e DB fait l’objet d’un bombardement aérien allemand qui cause quelques pertes, notamment au bataillon médical. Un infirmier, François Jacob, est blessé au bras droit, ce qui lui interdira la chirurgie, l’amènera à s’orienter vers la biologie et lui vaudra plus tard le prix Nobel.
Les unités de la division sont mises en alerte face à l’est pour intervenir au profit des divisions américaines chargées d’arrêter la contre-attaque des DB allemandes sorties de Mortain où elles ont repris pied.

Le 7 août, un détachement de découverte (chars, AM *), dépêché par le GTL aux ordres du capitaine de Bort, prend contact avec des Allemands à mille mètres de Mortain et fait quelques prisonniers.
Le colonel de Langlade rejoint de Bort et constate que des unités d’infanterie américaines affluent tout autour.
Il fait rentrer de Bort dont la présence est devenue inutile.
Tel est le premier engagement de la 2e DB sur le sol français contre des Allemands, appartenant probablement à la division qui a repris Mortain, la 2e SS Panzerdivision.

Au PC à Chevilly, le 8 août, rejoint, arrivant d’Alger via l’Angleterre, le colonel Billotte, qui, à la tête du GTV, remplace le colonel Warabiot, lequel prend le commandement du 501e RCC.
Le 8 dans l’après-midi, la division reçoit ordre pour exécution immédiate de faire mouvement vers Le Mans et d’y rejoindre le XVe corps du général Haislip, qui s’en est emparé avec la 5e DB US et la 90e DI.
L’organisation du mouvement est faite de façon non-conformiste par les 3e et 4e bureaux.

En tête, partent sur deux itinéraires des rames de camions d’essence du train divisionnaire pour effectuer de nuit un ravitaillement aux deux tiers du parcours. Ainsi les chars et engins de combat qui suivront arriveront dans la région du Mans en n’ayant plus besoin, avant d’être engagés, que d’un léger recomplètement par les camions des échelons des régiments ou des groupements tactiques qui les accompagnent.

Ce sont donc les conducteurs des camions pleins de jerricans qui seront les premiers acclamés, couverts de fleurs, abreuvés et embrassés par la population de Fougères, Vitré et Cossé-le-Vivien avant que la nuit ne tombe.
Ils annoncent la venue derrière eux des combattants de la division française.

Puis, sur une longue ligne droite, près de Cossé-le-Vivien, tous les engins de la division font successivement leur plein avant de continuer sur Sablé à l’ouest du Mans.
Quant au général Leclerc, il part seul en jeep avec son aide de camp, suivi par Guillebon, vers Le Mans.
Il ne peut y entrer. Les Allemands y sont encore et des combats s’y déroulent.
Une sentinelle l’arrête. La pluie tombe. La nuit vient. Il y a une maison au bord de la route.
Le général décide d’y dormir sur un sommier posé là. Guillebon, Girard et les deux conducteurs montent la garde à tour de rôle.

Le lendemain matin 9 août, il fait un tour dans le secteur et prend contact avec le PC du XVe corps.
Pendant que le PC avant de la 2e DB rejoint la région nord-ouest du Mans à La Chapelle-Saint-Aubin, le général reçoit ses instructions.

Le XVe corps, parti de la région de Pontaubault le 6 août en direction de l’est, a largement contourné les forces allemandes combattant en Normandie au nord de Domfront. Il a bousculé les résistances allemandes rencontrées et a atteint Le Mans.
La 5e DB US et la 79e DI qui la suit ont ouvert une tête de pont au-delà de la Sarthe, au nord de l’agglomération du Mans
Deux ponts du génie sont en construction sur la rivière; la 2e DB devra les franchir dès qu’ils seront prêts, probablement le 9 au soir; elle participera, à partir du 10 au matin, à l’action offensive du XVe corps.

Le XVe corps, faisant face au nord, a pour mission d’attaquer en direction d’Argentan, en vue de faire jonction avec la Ire armée canadienne.
Celle-ci a repris l’offensive nord-sud en direction de Falaise le 7 août.
Elle est actuellement, le 9, encore à onze kilomètres au nord de Falaise.
Elle doit lancer le lendemain une autre offensive ayant pour objectifs Falaise et Argentan.

L’attaque du XVe corps partira le 10 au matin : elle sera menée le long et à l’est de la Sarthe par deux divisions blindées, le 5e DB US à l’est, la 2e DB française à l’ouest ; ces deux DB seront respectivement suivies de deux divisions d’infanterie, les 79e et 90e DI US.

A l’ouest de la Sarthe, seul le 106e groupe de reconnaissance de cavalerie US poussera des éléments légers vers le nord.
Le général Leclerc rejoint La Chapelle-Saint-Aubin où il donne ses instructions pour l’exécution de l’attaque du lendemain.
La division doit progresser en deux colonnes d’attaque : le groupement Dio à l’ouest, le long de la Sarthe et le groupement Langlade à l’est.

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait du J.M.O. du III/R.M.T.

 

Dimanche 6 août. Une fois de plus, le Bataillon fait mouvement un dimanche. Le P.I. est fixé à 9 heures 30 au village de Vesly.
Les rames seront les suivantes :

1re rame : E.M. du Bataillon et 13 véhicules de la 10e Compagnie
2e rame : 9e Compagnie
3e rame : 11e Compagnie
4e rame : C.A. (moins E.M. et section de reconnaissance)
5e rame : C.H.R.

La vitesse est assez réduite et il y a des à coups de départ. Bientôt l’allure se régularise. Il fait un temps splendide, même chaud.
Du monde dans les villages, beaucoup de fleurs.
Les gens rejoi­gnent leurs maisons dont beaucoup sont en miettes (Periers, Coutances, le centre d’Avranches).

Itinéraire suivi : Periers – Coutances – Gavray – La Haye Pesnel – Avranches – Ducey.
Installation du bivouac à cheval sur la rivière Selune sur la route de Ducey à St Aubin.
(Longitude Ouest 4 G 16,5, latitude 54 G – carte Michelin 1/200.000).

Arrivée vers 17 heures où le Capitaine Geoffroy et le Lieutenant Dehen ont déterminé les.bi­vouacs.
Tout le monde est là sauf un camion d’essence (Alvarez) en panne depuis hier soir près de la Haye du Puits et qui doit être dépanné par le R.M.T.

Lundi 7 Août. Dans la nuit, visite d’avions ennemis qui effectuent des reconnaissances et en­voient quelques bombes de gros calibre vraisemblablement sur les barrages de la Selune en amont de notre stationnement.

Au matin, l’ordre de se préparer à faire mouvement parvient.
Le Capitaine Geoffroy part en pré­curseur dans la région Vitré-la-Guerche.

Le Général réunit les Chefs de Corps au Q.G. pour édicter diverses prescriptions concernant, en particulier, les enseignements de la 4e D.B. Américaine qui vient de bagarrer vers Rennes.

Dans l’après-midi, la division est alertée, l’ennemi ayant repris Mortain et semblant tenter une action offensive dans le goulet d’Avranches.

G.T.V. et G.T.L. envoient des reconnaissances (A.M. et tank-destroyers}, le premier vers Notre Dame du Toucher, le second vers Mortain.
Dans la soirée, les nouvelles s’améliorent, les Améri­cains ayant repris Mortain.

Par contre à partir de 22 heures, les avions ennemis, au nombre de 7 ou 8 viennent tourner au­ dessus de nous et pendant plus de deux heures, le feu d’artifice de la D.C.A. américaine tonnera sans arrêt.
Vers minuit, deux grosses bombes dégringolent à quelques centaines de mètres des bivouacs C.H.R. et 9e Compagnie blessant au bras le Caporal Chef Gualda de la 9e Compagnie (évacué sur Bataillon Médical); un éclat casse une vitre de la voiture Baraka (Half Track de Com­mandement du Bataillon) autour de laquelle couche l’E.M. du Bataillon.

Mardi 8 août. L’affaire de Mortain semble avoir été réglée, la radio annonçant la reprise de la ville par les Américains.
Nos reconnaissances reviennent et le G.T.V. s’apprête à faire mouvement au commandement du Colonel Billotte remplaçant le Colonel Warabiot

Au cours de la nuit, nouvelle visite des bombardiers nazis qui, cette fois, lancent des bombes pa­ pillon faisant de sérieux dégâts au 501e R.C.C., non loin de nous, et au Bataillon médical.

Mercredi 9 août. Départ vers 6 heures 30 (3/4 d’heure de retard dus au 501e).
Ordre de marche: 9-10-CA-11-CHR.
L’E.M. est en tête, le Lieutenant Duparc fait fonction d’orienteur. Nous som­mes reçus avec enthousiasme dans toutes les agglomérations.

L’itinéraire est le suivant: P.I. St James à 6 heures 30 – Argouges – Rouazy – St Aubin du Cormier – Vitré (09h30) – Argentré du Plessis.

A cet endroit, le convoi est bloqué pendant plusieurs heures pour le ravitaillement en essence qui doit se faire à Cossé le Vivien et ne fonctionne pas d’une façon très rationnelle.

Passage à Cossé le Vivien vers 17 heures – Château Gontier – Gennes sur Glaize – Banessay et bivouac aux environs de Auvers le Hamon (non loin de Sablé) à 19 heures 30.
Les unités sont dispersées sur le terrain et les liaisons s’avèrent assez difficiles en raison du silence radio.

 

 

 

 

 

 

Extrait du J.M.O. du 12 CUIRS

 

 

1er Août 1944.
07H15, départ en convoi des L.S.T. vers l’E. puis le S.,
16H00, en vue des côtes de FRANCE.
Dans la brume, on distingue les côtes de CHERBOURG. Nous allons échouer à 2 km de cette localité.
Sur une plage avec tous les autres bateaux du convoi. D.C.A. intense au S-E, lâché de ballons captifs sur nos transports.

À 23H15, pied à terre en profitant de la marée basse. Clair de lune splendide. Pas un avion Allemand dans le ciel.

2 Août 1944.
Entre 00H00 et 02H00 du matin, débarquement des chars et des voitures. Les M.P. Américains nous aiguillent vers l’intérieur. Itinéraire : ST-MARTIN – STE-MERE-L’ÉGLISE – ST-SAUVEUR-LE-VICOMTE – LA HAYE-DU-PUITS – LITHAIRE – GERVILLE. Bivouac dans les champs de GERVILLE, au milieu des cadavres d’Allemands et d’animaux en putréfaction. Réseaux inextricables de fils téléphoniques. Les combats ont dû être féroces. Trous individuels innombrables. Là-dessus, un soleil ardent. Villages et fermes en ruines.

3 Août 1944.
On fourbit les armes, les chars, les vêtements.

4 Août 1944.
Les Américains sont à RENNES. Nos SCR 193 nous tiennent au courant des combats.

5 Août 1944.
Le Régiment reçoit l’ordre de se tenir prêt à faire mouvement sans préavis.
Départ des précurseurs à 09H40 : LA HAYE-DU-PUITS – LESSAY – COUTANCES – GRANVILLE – AVRANCHES – PONTAUBAULT.

6 Août 1944.
13H00, le Régiment se déplace vers l’Est. À 21H00, bivouac à 4 km N-E de ST-JAMES, autour du château de CHASSILLY.
Le Régiment se camoufle : filets, utilisation du terrain et des arbres.

À partir de notre arrivée, rondes d’avions Allemands aux alentours. Feux nourris de D.C.A.. Bruits d’explosions. La terre tremble.

7 Août 1944.
08H00, ravitaillement en essence et gas-oil.
Des précurseurs partent vers LA HERVIERES, au Sud de VITRÉ.
Préparation d’un bivouac à 10 km Sud de VITRÉ, sur la route VITRÉ – LA GUERCHE.
Accueil chaleureux des Français depuis notre débarquement. Cidre et pommes.

LA MARCHE EN AVANT

8 Août 1944.
Le Régiment, en entier est stationné à 2 km au Sud de ST SENIER-DE-BEUVRON (5 km N. de ST-JAMES).
Le Régiment reçoit, dans l’après-midi, l’ordre de se tenir prêt à faire mouvement pour se porter dans la région S-O. du MANS, d’une seule étape.
L’heure de départ est fixée au 09 Août à 01H00.
Vers 23H45, l’aviation Allemande attaque le bivouac du 12ème Cuirs à plusieurs reprises avec des chapelets de grenades.
L’E.H.R. et le 1er Escadron qui se préparaient à quitter leur stationnement sont atteints :
Blessés : – au 1er Escadron: – Lieutenant SCHLECHT – 2 Cuirassiers
– à l’ E.H.R.: – Lieutenant ITIÉ
– Lieutenant LEROY-THIÉBAULT
– Adjudant Chef DEMARBRE
– Adjudant BOUBECKEUR
– 3 sous-officiers
– 18 Brigadiers et Cuirassiers
Matériel: – 58 roues de camions hors d’ usage
– des radiateurs crevés.
En raison de ces pertes, le Colonel donne au Chef d’Escadrons ROUVILLOIS, l’ordre de rester au bivouac de ST-SENIER avec l’E.H.R. qu’il remettra en ordre, et le 1er peloton du 1er Escadron (Aspirant DELÈGUE) qui lui servira de protection, et de rejoindre le plus tôt possible LE MANS avec ces éléments.
Au cours de cette remise en ordre, le bivouac est de nouveau bombardé. Tout le personnel, y compris les blessés, et tout le matériel, doivent être transportés d’urgence, de nuit, dans des champs voisins. Les officiers et gradés blessés eux-mêmes aident à ce mouvement.
L’E.H.R., en raison de ces circonstances et d’embouteillages multiples, ne pourra rejoindre le Régiment qu’à NEUVILLE, le 10 Août au matin vers 10H30. Le ravitaillement en essence qui avait été le plus atteint dans son personnel et son matériel ne parviendra donc au Régiment qu’à ce moment et retardera le mouvement vers BALLON, de certains escadrons.

9 Août 1944.
Le Régiment, moins l’E.H.R. et le 1er peloton du 1er Escadron, part de ST-SENIER à 01H00 et se porte à proximité d’AUVERS-LE-HAMON ( 13 km S-E. du MANS ) par ST-JAMES – ST-AUBIN – VITRÉ – COSSE-LE-VIVIEN – CHATEAU-GONTIER – SABLE.

Ce mouvement se fait dans de très bonnes conditions.
Les populations de toutes les villes et villages traversés, acclament le Régiment, couvrant les voitures de fleurs, offrant en masse des rafraîchissements….

Dans ces conditions dangereuses pour l’ordre et la discipline, le Régiment se comporte parfaitement.
Les unités restent en main, les hommes bien tenus.

Le Régiment arrive à AUVERS-LE-HAMON vers 16H00, retardé par de nombreux embouteillages dus aux troupes Américaines qui se dirigent vers RENNES.
Vers 18H00, le Régiment reçoit brusquement l’ordre de se porter sans délai à NEUVILLE (4 km au N-O. du MANS), de façon à s’assurer le passage de la SARTHE sur un pont construit par le Génie Américain.
Il part à 19H30 par POILLE – SOULIGNE – TRANGE – ST-SATURNIN – NEUVILLE (60 km).

 

 

 

 

 

12e R.C.A.

EXTRAIT  du J.M.O. 

 

 

Le G.T. Langlade se mit en ordre de bataille au milieu des carcasses tordues des panzers et des cadavres américains et allemands pourrissants au soleil du mois d’août dans un paysage ravagé et, en tête de la Division, fit rapidement mouvement, en longues colonnes, par Sainte-Mère-Eglise dévastée, Pont l’Abbé, Saint Sauveur-le-Vicomte, la Haye-du-Puits, puis Vesly (Manche) pour y rester quelques jours en bivouac.

Le 4 août, premier mort, par accident, du brigadier-chef Nonce NICOSIA de l’E.H.R. à Vesly.

Dimanche 6 août, il prit l’itinéraire Coutances-Avranches, avec arrêt en fin de journée à La Rencontre, à 3 kms de Saint-James.
Attention aux cadavres allemands piégés ! A chaque arrêt, la « poêle à frire » était de service pour détecter l’éventuelle présence de mines.

Le lendemain, envoyé en reconnaissance vers St Hilaire-du-Harcouet, avec la mission de reconnaitre Mortain, le peloton de l’Aspirant NOUVEAU du 3e escadron, accompagné de quelques Spahis du 2/1 er R.M.S.M., surprit dans une ferme près de Mortain un État-major d’Officiers Allemands et réussit à les faire prisonniers. Pendant la nuit, bref passage d’avions ennemis contré par des tirs de DCA.

Vers 16 heures, le 8 août, le G.T.L., passant par Antrain, Vitré, Argentré, Cuillé, Quelaines, Chateau-Gonthier, arriva aux portes de Sablé-sur-Sarthe sans avoir eu de véritables contacts avec les Allemands.

La veille, en se repliant, ces derniers avaient fait sauter les ponts sur la Sarthe.
Dans les villages traversés, c’était une grande joie manifestée par des distributions de cidre, de vin et autres biscuits.
En échange, les Chasseurs distribuèrent cigarettes et bonbons.

Le Mercredi 9 août, de LANGLADE attendit que le Génie américain ait jeté 4 ponts de bateaux sur la Sarthe. Il reçut alors les ordres de LECLERC : « Ne vous attardez pas sur les résistances rencontrées. Manœuvrez-les si vous ne pouvez les réduire du premier coup.
Votre premier souci, votre souci constant est celui de la vitesse. Au-delà des simples objectifs tactiques, souvenez-vous que le but stratégique consiste à faire, au plus tôt, liaison avec les Britanniques. »

En date du 2 août 1944, l’Ordre de Bataille du 12e Régiment de Chasseurs d’Afrique était le suivant :

Commandant le Régiment : Chef d’Escadrons Pierre MINJONNET
Commandant en Second : Chef d’Escadrons Michel de FÜRST
Chef du Service du Matériel : Capitaine Maurice d’URBAL
En réserve de Cadres : Chef d’Escadrons Marcel ARNEMANN
Capitaine Adjoint : Capitaine Maurice MARRON
Officier de Renseignements : Capitaine Jacques de PARCEVAUX
Officier de Liaison : Lieutenant Henri HOUEL
Officier de Transmissions : Lieutenant René POURCEL
Officier Commandant le Peloton Mortiers : S/Lieutenant Jean BAILLOUD de MASCLARY
Capitaine Commandant l’Escadron Hors Rang : Capitaine Michel STARCK
Médecin Chef : Médecin Capitaine Jean NETIK
Médecin Adjoint : Médecin S/Lieutenant Christian CONILL
Officier d’Approvisionnement : S/Lieutenant Gérard GOURNAIL
Officiers des Détails : S/Lieutenant Jean KUNZLI
Commandant le Peloton d’Echelon Régimentaire : Lieutenant Paul LEGRIS
En réserve à l’E.H.R. S/lieutenant André SERVENT
Aspirant Robert PICQUET
Aspirant René QUESNEL
Aspirant Jean ZAGRODZKI
Aumônier : Père Capitaine Bernard DURAND de GEVIGNEY
Capitaine Commandant le 1 er escadron : Capitaine Humbert du HAYS
Chefs de Pelotons Lieutenant Jean BOUCHER
S/Lieutenant Christian de TRUCHIS de VARENNES
Aspirant Emile PETITEAU
Aspirant Yves CORTADELLES
Peloton Echelon S/Lieutenant François VAULTRIN
Capitaine Commandant le 2 e escadron : Capitaine Emile COUPÉ
Chefs de Pelotons Lieutenant Marcel DOUBOSTER
Lieutenant Roger RIVES-HENRYS
Adjudant/Chef Jean TITEUX
Aspirant Claude BOULANGER
Aspirant André GILLE

Peloton Echelon Aspirant Henri LUNARDINI
Capitaine Commandant le 3 e escadron : Capitaine Jean de BORT
Chefs de Pelotons Lieutenant Jean BAILLOU
Lieutenant Albert de MONTAL-MORRIS
Aspirant Jean-Pierre NOUVEAU
Aspirant Jean MEYER
Peloton Echelon S/Lieutenant Claude CHEYSSON
Capitaine Commandant le 4 e escadron : Capitaine Gaston HARGOUS
Chefs de Pelotons Lieutenant Michel ZAGRODZKI
S/Lieutenant Benoit d’ARCANGUES
S/Lieutenant Michel de MISCAULT
Aspirant Roger CEUGNIET
Peloton Echelon Adjudant/Chef Marcel JEANDET

 

 

XI-64 RADB

 

6 août : 
A 5 h 30, ordre de mouvement de la Division. Le groupe parti_à 10 heures par Perriers, Saint-Sauveur, Coutances, Gavray, La Haye-Pesnal, Avranches, Ducey, arrive à partir de 19 heures ce jour dans le bivouac à 300 mètres de Saint-Aubin-de-Terregate où il doit s’installer pour la nuit.

7 août :

A 8 heures, réunion des officiers, chefs de corps et adjoints, au P.C. du général.
Ordres divers. Situation générale. Mouvements à pré­voir dans la nuit ou demain matin. L’ennemi fait un effort désespéré pour couper le faible goulet depuis peu établi par les Américains du général Patton. La Lutf­waffe se montre agressive et causera des pertes sensibles au bivouac des unités voisines sans dommage toutefois pour le groupe.
A 16 h 30, possibilité de mouvement en vue d’enga­gement.
A 17 h 25, l’officier de liaison (capitaine Bretillot) auprès du G.T.V. apporte l’ordre 4/3 V et le groupe est prêt à faire mouvement.
A 21 heures, la situation s’est détendue vers Mortain et le groupe réoccupe son bivouac.

La Division passe du XXe au XVe corps d’armée U.S.
Le G.T.V. suivra le G.T.L. et le G.T.D., il sera suivi du génie et de la base.
Une section de 2 pièces de la 32″ se rendra aux Loges-Marchais (Sud de Mortain) sous les ordres de l’aspirant Tournadre ; elle rejoindra le lendemain la batterie.

9 août :
Départ à 6 heures. Route par Saint-James, Autrain, Sens-de-Saint-Aubin-du-Cormier, Vitré, Argentré, Cuille, Cosse-le-Vivien, Château-Gontier, Grez-en-Bouere, Bau­essay.
Bivouac à 2 km S.-E. de Balle, vers 20 heures l’E.M. est à Brullon.

L’atelier détache un échelon avancé aux ordres du lieutenant Vincent qui, avec le service de santé du lieu­tenant Gentile, suit la progression du groupe avec l’E.M.
La C.R. est coupée en plusieurs tronçons. ·

Cette étape de 180 km fut longue et fatiguante à cause de la circulation.
Dans la zone de stationnement prévue au sud du Mans et reconnue par le précurseur, le lieutenant Roux et ses agents de transmission tuent un allemand et font deux prisonniers.

10 août :
Départ à 8 heures par Balle, Chénère, Saulges, Ban­nes, Brulon, Carrefour N.157 G.C. 37, Chaufour­ Notre-Dame, Trange, Saint-Saturnin, pont du génie sur la Sarthe à Neuville-Souligne.
Bivouac au nord de Souligne, occupé pour la nuit.
La 31e est intégrée au S/Gt Billotte et passe la nuit sur route (N. 831) aux environs de Ballon.

 

 

 
 
 

VITRÉ

 

 

 

 

 

VITRÉ

 

EMPLACEMENT de la BORNE

La borne se situe…