Général Philippe LECLERC de HAUTECLOCQUE

GÉNÉRAL Philippe LECLERC DE HAUTECLOCQUE

Maréchal de France
1902-1947“Se commander à soi-même…”

 

 

Un héros dans la légende

 

 

La renommée de Leclerc s’est construite progressivement.
La prise de Koufra, en mars 1941, lui assure la confiance de ses supérieurs, l’estime et le respect de ses soldats et l’admiration des Français, qui ont eu connaissance en France de l’exploit par la BBC.

Il a été d’abord pour les Français cette lueur d’espoir du fond de leur ” nuit “.

La décision de Léon Blum, président du Conseil, de faire appel au vainqueur de Koufra et au libérateur de Paris pour effectuer une mission d’inspection en Indochine, est relatée par Léon Blum dans Le Populaire des 18 et 19 juin 1949 :

“Je n’avais jamais rencontré le général Leclerc […] Marius Moutet m’apportait au milieu de la nuit la nouvelle du massacre d’Hanoï. Je voulus voir aussitôt Leclerc. […]Je lui demandai de partir aussitôt pour l’Indochine […] il accepta encore.

Le libérateur de Paris aurait été, j’en suis convaincu, le pacificateur de l’Indochine […]
Ce qui frappait en lui, c’était la simplicité, la franchise, la droiture, une sorte de noblesse parfaitement modeste, et ce courage dans le bon sens qui s’égale chez les hommes d’action aux plus hautes qualités de l’esprit”.

Le général de Larminat a dit : “On pouvait en faire indifféremment un gouverneur de la banque de France, un capitaine d’industrie, un ambassadeur, un haut-commissaire de territoire, ou tout autre grand emploi étranger à sa formation ;
il assimilait les éléments essentiels de sa fonction, et surtout avait ses subordonnés en main, car il n’était ni faible, ni complaisant, ni aveugle”.

Le tandem Leclerc-de Gaulle a joué aussi un rôle important dans l’imaginaire collectif.
Il est estimé par toutes les personnalités de droite comme de gauche .
Dans le paysage urbain, Leclerc a laissé des marques importantes.
Quelle commune n’a pas sa rue ou son avenue Leclerc ?

La 2e DB qui a contribué à construire la gloire du général Leclerc, devient le Groupement blindé n°2 de 1948 à 1960, puis la 2e Brigade blindée et la 2e Brigade mécanisée, avant de renaître en 1979 en 2e Division Blindée et se transformer en 2e Brigade blindée le 1er juillet 1999, équipée des chars Leclerc.

 (Sources : Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris – Musée Jean Moulin, Mairie de Paris)

 

 

AU FIL D’UNE VIE GLORIEUSE…
par le général R. PRIOUX
Général d’ Armée du Cadre de Réserve

 

 

 

 

 


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LECLERC par Pierre BOURDAN

L E C L E R C  P A R  P I E R R E  B O U R D A N
T É M O I G N A G E S
CARAVANE N°457

… L’HOMME SE DÉCOUVRE, ÉCRIVAIT SAINT EXUPERY, QUAND IL SE MESURE À L’OBSTACLE. SE DÉCOUVRE, SE CONNAIT ET SE DÉFINIT. LECLERC S’EST DÉCOUVERT, DÉFINI EN 1940. DU TCHAD, IL A ÉPROUVÉ SES FORCES, LA TREMPE DE SES ARMES. IL ÉTAIT SEUL.

U ne poignée de Français, au cœur de l’Afrique. La pieuvre Allemande s’étendait sur le monde. Entre lui et la France, des millions de guerriers, des milliers de kilomètres, des années. Au nord immédiat, les Italiens, alors bien fortifiés. Le retour paraissait un songe, un défi ingénu à l’Histoire.

LECLERC avait cette forme suprême de la grandeur : la simplicité, cette arme supérieure des solitaires fervents, la patience. Je ne rappellerai pas comment, à la fin de 1942, il conquit le Fezzan et déboucha sur la Méditerranée avec un peu plus de trois mille hommes. Un de ses lieutenants disait : « il rend simple tout ce qui es difficile, clairement réalisable ce qui est chimérique ». Ce qu’il faut évoquer, c’est l’acte de foi qui mit en route l’épopée. Là, toujours, c’est le mot « simple » qui vient à l’esprit : simple comme la grandeur…

…quand on parle de LECLERC, on revient sans cesse à SAINT EXUPERY, homme, guerrier, poète. Il était le chef, tel que SAINT EXUPERY le définissait, celui qui aime ses hommes mais ne veut pas qu’ils le sachent. L’élégante silhouette, infiniment racée, impeccable, réticente, avait l’immobilité des êtres d’action, qui ne se meuvent qu’à dessein. Il y avait, dans les mouvements des mains et dans la façon d’attaquer une phrase, une espèce de timidité, presque de fragilité. Mais elle inspirait un incroyable respect
qui rendait à la fois toute familiarité impossible et tout mouvement naturel. Dire que LECLERC avait du courage serait à côté de la question. Je crois qu’il ignorait complètement les réflexes de la peur. Son trait dominant était une prodigieuse intuition, celle, surtout, des faiblesses et des forces de l’ennemi : une connaissance quasi magique de l’obstacle et de son défaut. Elle lui servit non seulement à vaincre, mais à réussir avec une économie sans précédent de ces hommes, qu’il aimait sans jamais le leur montrer.
Eux le savaient : « C’est un seigneur …» disaient il sans mesurer peut être qu’il était au plus pur sens médiéval : le protecteur né, l’homme auprès de qui on cesse de craindre et de douter.
Je revois ce visage aimable, scrupuleusement rasé, au regard clair, distant et souriant auprès d’une petite tente, sur le plateau dominant Argentan à trois ou quatre cents mètres des lignes allemandes…
Là sur ce plateau, puis à Paris au moment de la reddition allemande, à Dompaire, à Strasbourg, puis en Allemagne, l’homme promenait ce calme en apparence insouciant qui vient des grandes certitudes et de la besogne bien préparée dans ses moindres détails. Il allait sous n’importe quel feu sans casque s’appuyant légèrement sur une canne qui lui donnait une sorte de contenance et dont il usait parfois pour désigner un point, une position, un objectif. Il ne craignait, ni ne provoquait le sort, croyant en Dieu et pensant qu’il appartenait à la providence de décider à quel moment, lui, Philippe LECLERC de HAUTECLOCQUE devrait cesser de servir…

P i e r re B O U R D A N  c o r r e s p o n d a n t  d e  g u e r r e

 

Cet homme d’exception, fin et lettré, adorait son Chef comme tous ses Compagnons de combat.

Cet éloge au général LECLERC de HAUTECLOCQUE figure dans son intégralité dans «ALBUM PIERRE BOURDAN» « LES FRANÇAIS PARLENT AUX FRANÇAIS »
publié pour le 50e anniversaire de la Libération 1944/1994 – Cahiers Bleus – Librairie Bleue

(ouvrage offert par Madame VERCORS-BOURDAN, collection privée).

 

S E R V I R ...

 

SERVIR : il porta ce mot et ce verbe à son plus haut degré. Par ce mot, par cette ardente conviction, il réglait aisément tous les problèmes qui se posent à la conscience des hommes.
Quand l’ennemi fut battu, il accepta de servir en Indochine. Sans doute, son cœur n’aimait-il pas ce genre de conflit, complexe et incalculable. Mais cela faisait partie de son rôle. La grandeur Française était pour lui indépendante des calculs qu’échafaudent les politiques…
… il était de ceux qui se dédient et, dans cette dédicace d’eux-mêmes, entrainent en même temps leur force et leur esprit ; qui appliquent leur sens critique au meilleur accomplissement de leur tâche et non pas sa remise en cause. Et qui croient que l’intelligence ne vole pas plus haut lorsqu’elle cherche des doutes et des dérobades.
Cher Philippe LECLERC ! Au terme de cette brève évocation, peut être est il permit de dire à son ombre, ce que nous avons pensé sans oser prononcer ces paroles de son vivant. C’est qu’avec le respect de l’un des derniers preux de l’Histoire de France, avec l’admiration que suscitent et susciteront toujours les gestes d’un héros simple comme la vérité. Tous ceux qui l’ont vraiment approché lui garderont le grand amour qu’on éprouve pour les gentils héros qui illustrent de leur grâce nos livres d’enfants et dont les sceptiques que nous fûmes s’étonnent d’avoir trouvé et connu un noble exemple parmi les hommes de notre temps.
1947 – in pages choisies.

Cette page, dont nous ne citons que l’essentiel figurait dans les souvenirs chers à Maurice RENAULT (3 e R.M.T), ancien bénévole de la 2 e D.B. et nous a été transmise après sa mort par son fils.