Parcours et Combats – 2e DB – Vers Strasbourg – Novembre 1944

 

 

Chauffeur d’une Jeep du RBFM – 4ème Escadron de combat
© eddy parin colorisation

 

 



NOVEMBRE 1944
.

 

 

 

Le 13 novembre, un jour bas sur une neige fraîche et molle qui alourdit encore le gras terrain de Lorraine, le XVe Corps passe à l’attaque.
La 3e Armée, au nord, a commencé depuis quatre jours son offensive, a dépassé Château-Salins.
Au sud, le VIe Corps et la 1ère Armée française démarreront à leur tour le 15, face aux Vosges et à la trouée de Belfort.

Le Corps doit remonter d’abord le couloir large de 20 kilomètres qui sépare les marais de Fénétrange des avancées du Donon, vers Sarrebourg. Puis il se rabattra à l’est, sur Saverne et l’Alsace. Il va se heurter à deux positions successives, que l’ennemi organise depuis septembre avec l’appoint de la main-d’œuvre locale et de 50.000 Alsaciens mis en travail forcé. La Vor-Vogesenstellung s’appuie sur les marais de Fénétrange et la Haute-Meurthe, dont est fortifiée la rive est dominant Raon-L’Etape et Saint-Dié, pour rejoindre au sud les contreforts de la Schlucht au-dessus de Gérardmer : ses points forts dans notre couloir sont Blamont, Ancerviller, Sainte-Pôle, Neufmaisons, qu’elle relie par des réseaux continus de tranchées et de fossés antichars fortement protégés par des mines. La Vogesenstellung barre la trouée de Saverne entre Mittelbronn et Phalsbourg, se raccroche par Hazelbourg, Trois-Fontaines au Donon, dont elle interdit les accès de la Sarre rouge et de la Sarre blanche. Plus au sud elle défend Saales, Sainte-Marie-aux-Mines, Le Bonhomme, la Schlucht.
Que l’ennemi ait eu pleine confiance dans ce double dispositif et soit resté à peu près sûr de tenir l’hiver sur les Vosges a été prouvé ultérieurement par les nombreux documents saisis à Saverne et à Strasbourg. Une autre preuve plus tragique a été donnée par la destruction totale et systématique de Saint-Dié et de Gérardmer; ces villes qui restaient au pied de ses défenses, il ne voulait pas, disait-il, les offrir en cantonnement aux Alliés : elles sont maintenant loin à l’arrière, dans une zone où ne s’arrête plus aucun convoi, témoins déserts d’une scientifique et inutile brutalité.

Les débuts de l’attaque sont durs : les points noirs de l’infanterie américaine sur la neige, au milieu des mines et sous le barrage d’artillerie, progressent lentement. La 79e Division d’infanterie, avec laquelle nous combattons côte à côte depuis Chaumont, poursuit cependant méthodiquement son effort que nous appuyons de nos feux : elle ouvre une brèche dans la position à Ancerviller, puis à Sainte-Pôle, pousse par Halloville vers Blamont, utilisant un seul chemin médiocre battu par l’artillerie. L’effort est étayé à gauche par la 44e Division d’infanterie. A droite, nos éléments légers vont essayer de lui donner un peu d’air.

Nos officiers sont en effet au milieu des leurs, guettant le moment où les blindés reprendront leurs droits.
Et si pour le moment il est hors de question d’engager des éléments importants, de petits groupes maniables peuvent tenter leur chance.
Dès le 15, Morel-Deville part donc avec un escadron d’A.M., renforcé de quelques chars et épaulé par une batterie d’artillerie.
De Halloville il se rabat sur Nonhigny; le 16, debout sous le feu au milieu de ses chars comme un cornac dans un troupeau d’éléphants, Kochanowsky, la badine à la main, force la défense si abruptement que le téléphone sonne encore quand ils arrivent au P.C.
Le curé de Domèvre, guide et interprète de l’équipe, inaugure alors la série des communications tendancieuses qui pour l’ennemi vont augmenter le mystère de cette corrida.

Pendant trois jours, dans toutes les directions, poussant au nord, au sud, à l’est, Morel-Deville va combattre seul dans une trouée entre deux forêts où l’ennemi s’accroche fort, menacer Parux, prendre Montreux, menacer Neuviller, prendre Parux et progresser finalement, lorsque les efforts faits parallèlement aux siens sur Frémonville et Badonviller auront suffisamment ébranlé l’ennemi, jusqu’à Cirey.

De La Horie, lui, essaie Badonviller. Le 16, à la tombée de la nuit, un petit détachement qui débouche de Sainte-Pôle se heurte à des antichars solidement établis à Saint-Maurice. Le 17 au jour, il repart. Saint-Maurice, probablement inquiété par la corrida Morel-Deville, s’est vidé dans la nuit. Le char de tête, Uskub, arrive à la lisière de la forêt sur la route droite qui mène à la ville : il observe en connaisseur le 88 boche qui l’attend, puis repart doucement et dès que les deux mires s’alignent c’est pour que Uskub mette au but en une fraction de seconde. Trois minutes après le détachement se bat au passage à niveau, pénètre dans les premières maisons, avertit de son succès La Horie, qui donne ordre de pousser et fait suivre par derrière tout ce qui peut. Pas encore grand’chose !… ce sont six chars et douze half-tracks qui s’installent sur la grande place, poussent jusqu’aux sorties, où l’ennemi essaie de s’accrocher, et collectent trois cents boches qui sortent de tous les coins. Plusieurs pièces antichars sont prises sans avoir tiré.

( ” La charge de Strasbourg” La 2e DB- Général Leclerc – En France – combats et combattants – 1945)

 

  AUTOMNE HIVER 1944-1945 – PARCOURS – OPÉRATIONS de la 2e DB en ALSACE selon les Communes attachées à la Voie et leurs environs
( Repères kilométriques approximatifs )

 

16 NOVEMBRE 44
  • 17
    s\G; De La Horie novembre 1944

    17 novembre 1944 - 54 – BADONVILLER

    Km=886 Le 16, à la tombée de la nuit, un petit détachement qui débouche de Sainte-Pôle se heurte à des antichars solidement établis à Saint-Maurice. Le 17 au jour, il repart. Saint-Maurice, probablement inquiété par la corrida Morel-Deville, s’est vidé dans la nuit. Le char de tête, Uskub, arrive à la lisière de la forêt sur la route droite qui mène à la ville : il observe en connaisseur le 88 boche qui l’attend, puis repart doucement et dès que les deux mires s’alignent c’est pour que Uskub mette au but en une fraction de seconde. Trois minutes après le détachement se bat au passage à niveau, pénètre dans les premières maisons, avertit de son succès La Horie, qui donne ordre de pousser et fait suivre par derrière tout ce qui peut. Pas encore grand’chose !… ce sont six chars et douze half-tracks qui s’installent sur la grande place, poussent jusqu’aux sorties, où l’ennemi essaie de s’accrocher, et collectent trois cents boches qui sortent de tous les coins. Plusieurs pièces antichars sont prises sans avoir tiré.  Lire...

  • 19
      novembre 44

    19 novembre 44 - 54 – CIREY-sur-VEZOUZE

    Km=1007 Après la prise de Badonviller et les combats des carrières de Bremenil, les Allemands décrochent. Le 19 novembre au matin, Cirey-sur-Vezoule est conquis par les spahis du RMSM qui bousculent quelques éléments légers d’arrière-garde. La 3e compagnie du 501e RCC commandée par le capitaine Branet rejoint ce gros bourg dans l’après-midi. Le matériel est remis en état le lendemain. Le colonel Debray prend le commandement du sous-groupement en remplacement du colonel de La Horie, tué aux carrières de Bremenil. Durant la journée nous entendons le canon en direction du massif vosgien. Les combats sont brefs mais violents.

  • 20
    s\G. Rouvillois novembre

    20 novembre - 57 – LANGATTE

    Km=1032 Novembre 1944. La rumeur enfle dans les rues de Langatte : « Les Américains arrivent ! ». En fait, ce fut un escadron du 12e régiment de cuirassiers, élément d’un sous groupement de la 2e division blindée commandé par le lieutenant-colonel Rouvillois qui se dirigeait vers le village. Arrivant de Kerprich-aux-Bois, aux abords du village, les soldats tirèrent sur un hangar agricole qui, sans doute, leur avait paru suspect et qui prit feu immédiatement.  Lire...

  • 21
      novembre 1944

    21 novembre 1944 - 57 – VOYER

    Km=1025 Le Groupement Tactique LANGLADE devait opérer dans un couloir entre la N4-Sarrebourg-Saverne exclue et les contreforts des Vosges. À son feu vert, pour le prochain bond, il devait progresser en vitesse maximum sur deux axes en direction générale de Saverne. Le sous-groupement MINJONNET reçut son itinéraire : Tanconville – Lorquin –Phalsbourg – Saverne, avec un corollaire : la vitesse. Dans la nuit, la neige était tombée, tout était blanc. Le jeudi 16, en cours de progression sur une mauvaise route encombrée d’abattis piégés, à Mignéville (54), le chasseur Paul LÉVY de l’E.H.R. fut tué par des éclats d’obus. Les 17 et 18 novembre, le sous-groupement au complet, en flanc garde Ouest d’une Division d’Infanterie, gagna le village de Domèvre, partiellement détruit, fortifié par les Allemands de formidables abattis d’arbres… couplés avec des mines, mais qu’ils avaient déserté. Le Génie vint effectuer, à chaque barrage, une brèche pour le passage des chars.

  • 20
    s/G. Quilichini novembre 44

    20 novembre 44 - 57 – SARREBOURG

    Km=1038 La journée du 20 novembre va se révéler décisive. Sur l’axe D, le plus au sud, Massu livre toute la nuit du 19 au 20 et la matinée du 20 un dur combat d’infanterie contre le barrage allemand qui interdit sa progression. Il déploie largement toute l’infanterie dont il dispose dans les bois adjacents et il se fait solidement appuyer par l’artillerie. Il réussit dans la matinée du 20 à faire tomber la résistance allemande débordée de part et d’autre par ses fantassins. Il atteint le pont sur la Sarre Blanche dont il s’empare, intact, sous le feu de l’artillerie allemande. Les pertes en tués et prisonniers allemands sont considérables. Lui-même subit des pertes notables. Une fois de nombreux abattis déplacés et franchis, il trouve la route libre. II rattrape une colonne allemande en retraite qu’il décime. Toujours sous une affreuse pluie, mais aspiré par le vide de la route, Massu franchit le carrefour de Rehthal. L’itinéraire de Dabo paraît, en fin de journée du 20, ouvert pour le lendemain. Minjonnet, sur l’axe C, se heurte à de solides résistances à Niderhoff et à Voyer. Il doit combattre durement pour les faire tomber. Au nord, le GTD commence lui aussi le 20 son exploitation à partir du pont de Xouaxange conquis intact par la 44e DI US. Le sous-groupement Quilichini bouscule les résistances rencontrées et atteint le soir Sarraliroff au nord de Sarrebourg.  Lire...

  • 20
    G.T.D-s\G. Rouvillois novembre

    20 novembre - 67 – RAUWILLER

    Km=1091 Dolving est atteint sans encombre et le village reconnu est nettoyé rapidement, une dizaine de prisonniers. Le détachement se présente alors devant la Sarre, au Moulin de Sarreck. Le pont n’est pas sauté, le Lieutenant LUCCHESI avec une patrouille à pied, va immédiatement reconnaître le village de Oberstinzel. Pendant que le groupement du Génie du détachement LENOIR reconnaît le pont et coupe sa mise à feu, le pont est franchi sans encombre et Oberstinzel traversé, est salué par un grand enthousiasme par la population. Quelques prisonniers. La marche reprend rapide en direction de Hellerig où est mis en déroute un convoi hippo allemand marchant tranquillement sur la route en direction de Rauwillers. Pendant que les éléments de tête du détachement (patrouilles AZINIÈRES et PERRIER, section LUCCHESI) nettoient le village et dégagent la route des nombreux véhicules qui l’encombrent, le peloton de mortiers LECORNU et la patrouille de queue BALLESTER, mitraillent les fuyards allemands courant vers Geberval ; il y a une quarantaine de prisonniers dont un officier. La progression reprend sur Rauwillers, par le chemin de terre Geberval, ce dernier est très encombré de véhicules hippo et auto qui ralentissent la marche et obligent à quitter la piste, aussi quelques H.T. s’embourbent.  Lire...

  • 22
    s/G. Quilichini - G.T. LANGLADE novembre 44

    22 novembre 44 - 57 – PHALSBOURG

    Km=1057 Phalsbourg est un point avancé de la ligne de défense allemande vos- gienne, constituée de positions fortifiées avec des fossés antichars sur près de douze kilomètres jusqu’à Saverne en passant par le col de Quatre- Vents hérissé de blockhaus de béton dotés de canons et de batteries PAK. Le 21 novembre 1944, la charge du sous-groupement Quilichini enlève le premier système de tranchées et les chars dévalent Mittelbron mais se heurtent à un ennemi puissant devant Phalsbourg : la 553 e division de Volksgrenadiers. Le 22, Leclerc, dont l’objectif est d’attaquer par l’est la trouée de Saverne et de faire tomber les défenses de Phalsbourg, engage le groupement tactique de Langlade qui prend le relais. Le sous-groupe- ment Minjonnet pousse sur le col de Saverne le 22 novembre à 13h10 et s’en empare à revers après quatre heures de combat avant de progresser sur les Quatre-Vents et Phalsbourg, qu’il occupe peu après. C’est dans la ville libérée qu’il passe aux ordres du groupement tactique du colonel Dio. Le 22 au soir, Phalsbourg qui bloquait la trouée de Saverne est aux mains des Français. La manoeuvre sur Strasbourg le lendemain est ainsi rendue possible. La 2 e  DB déplore 6 tués.  Lire...

  • 22
    s\G. "H" - s\G. Massu novembre 44

    22 novembre 44 - 67 – MARMOUTIER

    Km=1077 Ayant remplacé au pied levé le Lt-colonel de La Horie tué à Badonviller , le commandant Debray progresse à la tête du sous-groupement « H » derrière le sous-groupement Massu durant la journée du 21 novembre, en empruntant la petite route de Dabo. Les chars peinent mais parviennent au col du Valsberg. La colonne ininterrompue poursuit sa descente dans la nuit, tous phares éteints, sur l’Alsace. Vers 21h, les Vosges sont franchies par le sous-groupement. Le 22 novembre, ordre est donné de prendre Marmoutier. Ce jour-là, la commune où se trouve un noyau ennemi solide est atteinte à 9h. Les spahis précédent les chars et les fantassins qui investissent la ville et chassent les Allemands. Marmoutier réserve à ses libérateurs un accueil inoubliable. Vers 18h, le commandant Debray, en présence du maire, rebaptise la place Adolf Hitler en « Place Colonel de la Horie ». À 20h, au PC installé à l’hôtel de ville, Debray revient du QG de Leclerc à Birkenwald avec l’ordre d’opérations pour l’attaque vers Strasbourg.  Lire...

  • 20-21
      novembre 1944

    20-21 novembre 1944 - 57 – LIXHEIM

    Km=1039 PREPARATIFS POUR STRASBOURG 12 Novembre 1944 Dans la matinée, la division envoie son ordre préparatoire d’opérations N° 189/3 fixant la mission de pénétration de la D.B. engagée dans la brèche que doit ouvrir le XVème Corps. Le G.T.D. reçoit la mission de se porter, après un arrêt dans la région d’Avricourt, vers la région de Saverne, par les itinéraires A et B (axes non impératifs) avec le maximum de carburant et de vivres. Itinéraire A : Gondrexange – Herzting – Carrefour 425-116 – Barchain – Kerprich – Langatte – Oberstzinzel – Flauwiller – Schalbach – Metting – Berling – Pfalzweyel – Dossenheim – Vallée de la Zinsel. Itinéraire B : lgney – Habmutz – St Georges – Lorquin – Xouaxange – Sortie Ouest de Dannelbourg – Sarraltroff – Lixheim – Mittelbronn – Sarrebourg – Saverne.

  • 19-21
      novembre 1944

    19-21 novembre 1944 - 57 – DABO

    Km=1057 Dabo : un choix stratégique pour la libération de Strasbourg. Durant l’hiver 1944, alors que les routes de montagnes sont réputées infranchissables pour les divisions blindées, le Général Leclerc fait le choix stratégique et risqué mais finalement payant d’un itinéraire de montagne pour éviter Phalsbourg et Saverne qui sont fortement tenues par les troupes allemandes. La progression vers Dabo est compliquée car la route est étroite, sinueuse et présente de nombreux arbres abattus par les Allemands lors de leur retraite. Mais le 21 novembre 1944, la Deuxième Division Blindée fait son entrée dans Dabo. A 10h, la première Jeep entre dans le village suivi par un défilé impressionnant de véhicules : chars Sherman,Half-track, camions, motos. Les ¾ des troupes de la 2ème DB traversent alors la commune pendant plusieurs jours.

  • 21
      novembre 1944

    21 novembre 1944 - 67 – PETERSBACH

    Km=1067 DIGNES DES PRESTIGIEUX CUIRASSIERS DE REICHSHOFFEN Le lendemain, les chars de tête du 12e régiment de cuirassiers de Rouvillois tournent large, en accord avec Leclerc, et, par Siewiller et Petersbach, se présentent devant La Petite Pierre à peine retardés en cours de route. C’est partout la même surprise chez l’ennemi, incapable d’abattre dans sa retraite autant de kilomètres que les chars Sherman de la DB. Rouvillois, ce cavalier sportif, est à son aise dans cette irrésistible chevauchée à travers le moutonnement des paysages lorrains et des Vosges du nord. Leclerc n’ignore rien de ses qualités dont il sait qu’elles vont lui être précieuses pour prendre de vitesse l’ennemi. Aussi, dès le 16 novembre à Baccarat, lui a-t-il confié, avant de lancer les groupements de sa division blindée à l’attaque des doubles défenses ennemies établies à grand renfort de main-d’œuvre de la « guerre totale » dans le massif vosgien — les Vogesenstellung —, des escadrons de cavalerie blindée qui ne cessent de s’illustrer depuis la bataille de Normandie et leur audacieux déboulé sur Paris.

  • 20
    Traversée des Vosges novembre 44

    20 novembre 44 - 67 -LA PETITE PIERRE

    Km=1071 20 et 21 novembre 1944 : Traversée des Vosges DABO - LA PETITE PIERRE Le sous-groupement MASSU mettra toute la journée pour réduire LAFRIMBOLLE. Le sous-groupement MIJONNET s’empare de VOYER et continue sur TROIS FONTAINES pour suivre le sous-groupement MASSU qui arrive au carrefour de RETHAL à la nuit. Dés le réveil, il prend la route de DABO en bousculant les colonnes allemandes qui se replient. Le G.T.V. et le sous-groupement MINJONNET le suivent. Au G.T.D., le sous-groupement QUILICHINI est à PHALSBOURG, et le sous-groupement ROUVILLOIS a atteint le col de la PETITE PIERRE.  Lire...

  • 21
      novembre 1944

    21 novembre 1944 - 67 – OBERSTEIGEN-WANGENBOURG

    Km=1057 Lancés à travers les plus belles forêts de sapins des Vosges, nous n’avons pas l’esprit à admirer le paysage ! Nous ne voyons que le ravin d’un côté, la montagne de l’autre et cette route, tout en lacets, qui n’en finit pas. Elle était alors beaucoup plus étroite et sinueuse qu’elle ne l’est aujourd’hui. Longtemps après cette équipée je frémirai encore rétrospectivement à la pensée que j’aurais pu me heurter à une coupure de cet axe, si facile à rendre infranchissable par une division blindée, et je me réveillerai brusquement la nuit tout en sueur en face du précipice… Tout à coup, vers 15 heures, une éclaircie à travers les arbres fait apparaître, quelques centaines de mètres plus bas, la plaine d’Alsace. Un nouveau virage en tête d’épingle nous permet d’apercevoir une galerie de mine creusée à flanc de montagne. Tout avait été décidément bien prévu pour faire sauter la route à cet endroit vital ! Notre vitesse et l’effet de surprise ont eu raison des préparatifs. Je suis sûr que tous les cœurs battent au rythme du mien quand nous atteignons Obersteigen, premier village de la plaine d’Alsace.

  • 22
      novembre 1944

    22 novembre 1944 - 67 – DETTWILLER

    Km=1093 Le sous-groupement Massu : Après avoir passé Reinhardsmunster, sous les yeux du général Leclerc venu observer le bon déroulement de la manœuvre, Massu est ralenti par de nombreux abattis. Une partie de la colonne est détournée derrière le sous-groupement Minjonnet puis rejoint son itinéraire par Saint-Gall. A 12 h 40, le carrefour situé à trois kilomètres à l’est de Saverne est occupé. Au début de cette manœuvre, le détachement Vandière déboite. Par Furchhausen, Waldolwis-heim et la départementale 83, il s’embusque à la lisière du bois de la Faisanderie afin d’interdire à l’ennemi la départementale 421 qui mène à Strasbourg. Alors qu’il se met en place, une colonne de voitures légères, précédée de motocyclistes débouche tous phares allumés. Elle est immédiatement arrêtée par le Sherman de tête. C’est un état-major au complet composé de cinq officiers supérieurs, huit capitaines et lieutenants, de secrétaires et de conducteurs qui se rendent sans résistance au détachement Vandière. Pendant ce temps, le reste du sous-groupement continue sa progression. A 13 h 30, toutes les crêtes dominant Saverne à l’est sont occupées. Massu obtient alors liaison radio avec le sous-groupement Rouvillois du GTD qui vient de franchir les Vosges, au nord de Saverne par l’itinéraire de La Petite-Pierre. Les mâchoires de la tenaille se referment lentement autour de Saverne…

  • 22
      novembre 1944

    22 novembre 1944 - 67 – SAVERNE

    Km=1076 " Dépassant les deux divisions américaines, vous avez inauguré une série d’avances étincelantes qui vous ont menés en deux jours à plus de cinquante kilomètres à travers des positions ennemies fortement défendues. Une de vos colonnes blindées, par une manœuvre brillante et d’une audace remarquable, a anéanti les principales organisations défensives ennemies à l’ouest de Phalsbourg, déroutant complètement les forces adverses qui-protégeaient le col d’Alsace, au nord. Au sud, vous plongiez avec une force irrésistible à travers les positions défensives vitales de l’ennemi ; protégeant les abords sud du col de Saverne, vous perciez les Vosges près de Dabo et débouchiez dans la plaine d’Alsace au sud de Saverne".

  • 22
      novembre 1944

    22 novembre 1944 - 67 – SCHWENHEIM

    Km=1067 Le 22 novembre, c’est le jour anniversaire de l’entrée des troupes françaises à Strasbourg en 1918 ! La tentation est forte de foncer directement sur l’objectif que Leclerc s’est fixé à Koufra. Mais il est indispensable que le col de Saverne soit dégagé au préalable. Le général poursuit inflexiblement sa mission. Je l’aperçois, silencieux mais souriant, à proximité du carrefour d’où je regarde s’ébranler les différents éléments de mon sous-groupement, suivant les indications de mon ordre de la veille. D’abord la flanc-garde que j’ai confiée au capitaine de Vandières et à ses chars, qui doit intercepter tout élément ennemi se repliant de Saverne vers Strasbourg ou vers Haguenau. J’ai de bonnes liaisons radio avec Vandières et presse vivement son mouvement, cependant que la fraction principale à mes ordres, dans son découpage habituel, court vers les vergers sud de Saverne, à partir desquels seront occupés par l’est les ponts et la ville. Derrière moi, vers 10 h 30 s’élance à son tour le sous-groupement Minjonnet qui va pénétrer en trombe dans les faubourgs sud-ouest de Saverne pour attaquer Phalsbourg à revers. A ses ordres, ma 7e compagnie se déchaînera dans un combat furieux au carrefour des Quatre-Vents qui lui coûtera un chef de section, le sous-lieutenant Piet. Mon sous-groupement a contourné Marmoutier, traversé Schwenheim, longé le bois de la Faisanderie

  • 22
      novembre 1944

    22 novembre 1944 - 67 – HOCHFELDEN

    Km=1100 À 08H30, le détachement COMPAGNON débouche de La Petite Pierre, précédé par un peloton de spahis jusqu’à Weiterswiller sans rencontrer aucune résistance, mais en remarquant des traces fraîches de chenilles sur les chemins afférents la grande route. Weiterswiller traversé, nettoyé, la progression reprend en direction de Neuwiller. La progression se révélant impossible par la route, la Section LUCCHESI tente de déborder par la gauche dans le bois de Niedermaler. Le peloton de mortiers et le Peloton PERRIER l’appuient de leurs feux. Le peloton de mortiers LECORNU réussit un tir ajusté sur les pièces d’artillerie de campagne allemandes. Un des H.T. mortiers s’embourbe. Le Lieutenant PERRlER essaie de le faire tirer, opération difficile en raison du feu ennemi. Le chargeur ESPOSITO, descendu pour accrocher le câble de remorque, est blessé mortellement par un éclat d’obus et emmené sur Weiterswiller. La progression peut alors reprendre, la résistance ayant été largement débordée par le détachement LENOIR. Le détachement BHIOT, reçoit l’ordre de se reporter à La Petite Pierre à 08H30 ; dès l’arrivée à La Petite Pierre, il va falloir suivre le sous-groupement sur l’axe Petite Pierre – Weiterswiller.

  • 22
      novembre 1944

    22 novembre 1944 - 67 – MOMMENHEIM

    Km=1105 Le lendemain matin à 07H45, le détachement part en avant-garde sur Strasbourg. Axe de marche : Dettwiller – Hochfelden – Schwindratzheim – Mommenheim – Brumath – Vendenheim – Schiltigheim – Strasbourg ; la progression s’effectue encore plus rapidement que la veille : 30 km sont parcourus en 2 heures. La résistance ennemie manifeste l’état de confusion d’une troupe mal renseignée : – les éléments légers à Hochfelden – Mommenheim, où le char de tête fait sauter une mine sans dommage ; – Brumath où les ponts sont trouvés inoccupés et où une colonne ennemie s’enfuit vers Haguenau, sont dépassés ou anéantis sans que la colonne marque le moindre arrêt. La résistance s’intensifie à partir du carrefour de la transversale Mommenheim – Reichstett, sur le petit pont de la Souffelden, des tranchées plus ou moins occupées serpentent à droite et à gauche de l’axe.

  • 22
      novembre 1944

    22 novembre 1944 - 67 – STUTZHEIM-OFFENHEIM

    Km=1102 Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) À 7 heures du matin, en route pour STRASBOURG . Le temps est couvert. Notre axe est légèrement au nord de la R.N. 4. De MARMOUTIER, nous nous dirigeons sur LOCHWILLER, MAENNOLSHEIM, LANDERSHEIM, WOELLENHEIM, ROHR, GOUGENHEIM, DURNINGEN, KLEINFRANKENHEIM, WIWERSHEIM, STUTZHEIM. Nettoyage de ces villages sans trop nous attarder à faire des prisonniers. Nous n’avons même pas à nous servir de nos armes. Il m’arrive, dans une ferme, de boire un bol de café préparé pour un Allemand qui n’en a pas eu le temps avant de lever les bras. À STUTZHEIM, il est 9 heures et quart et nous ne sommes plus qu’à 9 km de STRASBOURG, dont on devine la flèche dans la brume. L’émotion est grande. Qu’est-ce que celà doit être pour le Général et les anciens de KOUFRA?

  • 23
      novembre 1944

    23 novembre 1944 - 67 – LA WANTZENAU

    Km=986 Le 23 novembre 1944, heure par heure 1 h.- L’ordre écrit de l’état-major américain acceptant l’attaque sur Strasbourg arrive à la division. Le général Leclerc, commandant de la 2e DB, a tout fait pour éviter d’être obligé de progresser avec le 7e corps américain. 3 h.- Les unités reçoivent l’ordre final de la division. 6 h 30.- Les cinq sous-groupements chargés de prendre Strasbourg – Rouvillois, Massu, Cantarel, Putz et Debray – partent simultanément par cinq itinéraires différents. Plus au Nord, Dio couvre la division, au Sud c’est Rémy qui assure cette tâche. 8 h.- Le plus rapide sera Rouvillois, par l’itinéraire nord. Sa colonne, entraînée par le char Evreux, traverse Hochfelden en trombe. 8 h.- Place de la République à Strasbourg. Le gouverneur militaire allemand de Strasbourg, le général Vaterrodt, reçoit un mystérieux coup de fil. Il décide de quitter le palais du Rhin et de s’enfermer avec 600 hommes dans le fort Ney, entre Strasbourg et La Wantzenau. Court face-à! -face à Brumath 8 h 15.- Brumath. La colonne de Rouvillois rencontre un convoi allemand, qui s’enfuit après un court combat. 8 h 30.- Vendenheim. Pris par surprise, les sapeurs allemands n’ont pas le temps de faire sauter le pont de chemin de fer et celui de la Marne-au-Rhin, atteint par le sous-groupement de Rouvillois. 8 h 45.- La colonne blindée de Briot aborde la ceinture des forts. Pour elle, c’est le Desaix. Sur la crête, elle tire au canon de 105, et dégage la route au 75 et à la mitrailleuse. La résistance ne dure pas. 9 h 15, dans Schiltigheim – 9 h 30, place de Haguenau 9 h 15.- La colonne de Rouvillois est dans Schiltigheim.

  • 23
    s\G. Rouvillois novembre 1944

    23 novembre 1944 - 67 – STRASBOURG

    Km=986 A 10 h. 30 le P.C. est mû soudain comme par un déclic. Le message « Tissu est dans iode » n’a pas besoin d’être déchiffré; il signifie : Rouvillois entre dans Strasbourg et fonce sur le pont. » Derrière le Général, la petite colonne traverse la plaine dans un silence tendu, comme s’il devait se passer quelque chose. Pendant que Massu quitte son axe et s’engouffre derrière Rouvillois, elle s’arrête un instant dans l’inoubliable accueil de l’Alsace. Puis elle prend à son tour la route de Schiltigheim. La ville s’offre dans une brume grise. La flèche y lance une pointe sombre et imprécise sur laquelle flotte déjà le drapeau français. Dessous, les rues sont vides, sauf de quelques carcasses de voitures, de quelques rares cadavres et de passants encore plus rares qui rasent les murs. Le fracas de Rouvillois est passé. Devant lui la vie normale de la ville s’est arrêtée. Les gens ont planté là les tramways, carcasses vides, pour s’enfuir apeurés. Il a mitraillé sur son passage les officiers qui allaient faire leurs valises, les chauffeurs aux volants des voitures hâtivement rangées aux coins de rues, les soldats qui essayaient encore de faire face. Puis il a disparu vers Kehl.  Lire...

23 NOVEMBRE 1944

 

(Extrait du Journal des Opérations de la Division)

Attaquant le 17 novembre à Badonviller, la Division, par une série d’actions menées avec le maximum de vitesse et de hardiesse, traverse les Vosges dans la journée du 21, surprenant complètement et mettant en déroute un ennemi battu les 17 et 18 novembre sur sa position organisée des pré-Vosges.
Débouchant dans la plaine d’Alsace le 21 au soir, par une habile manœuvre, la Division enlève Saverne et sa trouée le 22 novembre.
Sans s’accorder un jour de repos, profitant du désarroi complet chez l’adversaire, elle s’élance le 23 au matin et s’engouffre dans Strasbourg quatre heures après, ayant couvert à coups de canons une distance de plus de 100 kilomètres en 6 jours.

Par sa charge intrépide, dissocie tout le système défensif ennemi dans le secteur des Vosges faisant plus de 12500 prisonniers, tuant plus de 2000 ennemis, détruisant ou capturant 16 Mark VI ou V, 23 Mark IV, 8 canons automoteurs, 800 half-tracks, 38 canons de 105 ou 150, 120 canons antichars de 88 ou 75 mm (chiffres en dessous de la vérité, étant donné la vitesse de l’attaque qui n’a pu permettre un recensement complet des pertes infligées à l’ennemi).