Jeudi 23 novembre 1944
Mercredi 22 novembre.
Aujourd’hui est l’anniversaire de l’entrée des troupes françaises à Strasbourg enn 1918. Nous ne pourrons sans doute pas renouveler cet exploit les armes à la main mais l’attaque pourtant semble imminente…
Vers 11 heures, une patrouille chars-infanterie commandée par le Lieutenant Garage se rend à Romanswiller où elle capture quelques prisonniers.
Elle ne dépasse pas la scierie où un certain nombre d’Allemands se sont réfugiés. Un tir de la 32e Batterie est réglé sur la scierie.
Dans la soirée, le sous-groupement se déplace sur Singrist d’où le mouvement sera repris plus facilement.
Les renforts sont répartis entre les compagnies: malgré l’imminence de l’engagement, il n’est pas possible de les conserver en détachement.
La 11e Compagnie rejoint le sous-groupement en échange de la 10e Compagnie qui rejoint le sous-groupement Cantarel.
L’ordre d’attaque sur Strasbourg est donné par le G.T.V.
La progression aura lieu sous la forme de 3 colonnes marchant concentriquement sur la ville.
Le sous-groupement P. sera en position centrale ayant le Commandant Cantarel à sa gauche et le Commandant Debray à sa droite.
Jeudi 23 novembre.
Réveil avant le jour. Mise en place relativement laborieuse en raison de la nuit et du mauvais temps.
L’itinéraire a été débloqué en partie par des patrouilles de !’Escadron de Spahis Da.
A 7 heures, la colonne s’ébranle dans l’ordre suivant:
1er élément au commandement du Capitaine de Witasse
S.R.O. du Bataillon
Section Franjou (11e Compagnie) et Section 2/501 Richardet
Section du Génie Melenotte, Section de la 12e Compagnie Vitrac, le P.C. et les T.D.
2e élément au commandement du Capitaine Comte
Section de chars La Bourdonnais (2/501) Section d’infanterie Chanteux (11e Compagnie)
3e élément au commandement du Capitaine Troadec
C.A. Ill – 1 /2 Section sanitaire Section de chars Michard (2/501)
Vers 9 heures, la colonne arrive en vue de Honengoefft (itinéraire Jetterswiller, Zehnacker).
Les chars de tête ouvrent le feu avec succès sur des véhicules qui apparaissent sur la route.
Des coups d’anti-chars sont tirés sans succès par un ennemi placé sans doute aux lisières de Wasselonne.
Pas de casse chez nous.
La progression reprend par Willgottheim, Neurgartheim, Schnersheim lisières N.E. de Fessenheim et de Hurtigheim.
A Ittenheim, 1 motard ennemi est abattu et quelques prisonniers capturés à Achenheim.
Au débouché de Oberschaeffholsheim, la S.R.O. est prise à partie par des bazookas et des mitrailleuses.
Deux chars se placent en tête et la Section Franjou met pied à terre.
Nous approchons du fossé antichar; à ce moment, l’ennemi fait sauter la route.
Le “Broakway” du Génie est appelé en tête et entreprend avec des sapeurs d’établir une passerelle.
Ce travail .est effectué dans des conditions difficiles; en effet, le Fort Kleber, situé à quelques centaines de mètres est toujours occupé.
De nombreux coups de bazookas, de mitrailleuses et surtout de fusils sont tirés par la garnison du Fort qui n’est qu’en partie neutralisée par les chars et les mitrailleuses de la Section Franjou.
Les pertes amies sont relativement élevées: un chef de char est tué, le Lieutenant Pailleret, !’Aspirant de Soucy et !’Aspirant Melenotte sont blessés.
A 12 heures, le franchissement de la passerelle commence. L’ennemi tire toujours. Chacun baisse plus ou moins la tête en passant.
En tête, derrière la S.R.O., la Section Vitrac (12e Compagnie) a remplacé la Section Franjou et nettoie Wolfisheim où plusieurs bazookas sont neutralisés
Le passage des ponts d’Ekbolsheim s’effectue sans difficulté malgré leur peu de solidité.
A hauteur de la fabrique, le char de tête ouvre le feu sur une batterie ennemie semblant être du 77 et tirant sur la route : la batterie est neutralisée ou détruite; une trentaine de prisonniers sont faits.
La progression reprend dans les faubourgs de la ville où de temps en temps la colonne essuie des coups de feu.
Parvenu à Neudorf, un char détruit encore un canon antichar.
La liaison est prise, après le passage Place de la Bourse, avec le Sous-Groupement Rouvillois au Port intérieur, puis avec le Sous-Groupement Debray parvenu à l’aérodrome.
La mission du Sous-Groupement Putz est remplie. Les éléments s’installent pour la défense de Neudorf.
Au cours des engagements qui ont amené la colonne à Strasbourg, les pertes subies par nous ou infligées à l’ennemi sont les suivantes :
Pour le Sous-Groupement seulement :
Nos pertes – 1 char (Petitmont)
2 Half-Tracks détruits
Plusieurs H.T., Jeeps et G.M.C. sérieusement endommagés Environ 10 tués et 20 blessés.
Pertes ennemies – 5 antichars dont au moins 3 de 75
1 batterie de 4 pièces de 77
Environ 50 bazookas et 25 mitrailleuses
1 chenillette
Plus de 100 voitures et camions de tous modèles
Environ 150 tués et 200 prisonniers.
Le 23 novembre 1944, heure par heure
1 h.- L’ordre écrit de l’état-major américain acceptant l’attaque sur Strasbourg arrive à la division. Le général Leclerc, commandant de la 2e DB, a tout fait pour éviter d’être obligé de progresser avec le 7e corps américain.
3 h.- Les unités reçoivent l’ordre final de la division.
6 h 30.- Les cinq sous-groupements chargés de prendre Strasbourg – Rouvillois, Massu, Cantarel, Putz et Debray – partent simultanément par cinq itinéraires différents. Plus au Nord, Dio couvre la division, au Sud c’est Rémy qui assure cette tâche.
8 h.- Le plus rapide sera Rouvillois, par l’itinéraire nord. Sa colonne, entraînée par le char Evreux, traverse Hochfelden en trombe. 8 h.- Place de la République à Strasbourg. Le gouverneur militaire allemand de Strasbourg, le général Vaterrodt, reçoit un mystérieux coup de fil. Il décide de quitter le palais du Rhin et de s’enfermer avec 600 hommes dans le fort Ney, entre Strasbourg et La Wantzenau. Court face-à! -face à Brumath
8 h 15.- Brumath. La colonne de Rouvillois rencontre un convoi allemand, qui s’enfuit après un court combat. 8 h 30.- Vendenheim. Pris par surprise, les sapeurs allemands n’ont pas le temps de faire sauter le pont de chemin de fer et celui de la Marne-au-Rhin, atteint par le sous-groupement de Rouvillois.
8 h 45.- La colonne blindée de Briot aborde la ceinture des forts. Pour elle, c’est le Desaix. Sur la crête, elle tire au canon de 105, et dégage la route au 75 et à la mitrailleuse. La résistance ne dure pas.
9 h 15, dans Schiltigheim –
9 h 30, place de Haguenau
9 h 15.- La colonne de Rouvillois est dans Schiltigheim.
9 h 30.- Les quatre autres sous-groupements sont freinés par les forts de défense de Strasbourg : Massu devant le fort Hoche, Cantarel sur le fort Pétain, Putz sur le Kléber et Debray sur le Joffre.
9 h 30.- Le sous-groupement de Rouvillois arrive place de Haguenau, à Stras! bourg.
9 h 35.- La colonne franchit la place de Pierre. Le maréchal-des-logis chef Janier, sous l’ordre de Rouvillois, lance à la radio le message « Tissu est dans iode » qui marque l’entrée des troupes françaises dans Strasbourg. Juste après, le char Le Metz fait sauter un camion de mines allemand : l’explosion fait aussi des victimes civiles et incendie deux immeubles boulevard Poincaré.
9 h 40.- Pont de Pierre. Robert Fleig, un civil qui a guidé la progression, conseille d’avancer en deux colonnes vers le pont de Kehl : au Nord par l’axe avenue des Vosges – avenue de la Forêt-Noire vers le pont d’Anvers ; au Sud par la cathédrale et la place de la Bourse jusqu’au pont Vauban. Pour le général Marc Duvot (2), c’est le lieutenant-colonel Langlade qui a ordonné : « Le pont ! » Place Broglie
9 h 45.- Place Broglie. L’Evreux débouche face à une traction noire occupée par deux hommes de la Gestapo. Une rafale de mitrailleuse tue les deux ! hommes et la voiture s’écrase contre la maison natale de Charles de Foucauld. Rouvillois veut le gouvernement militaire installé au palais du Rhin.
10 h 30.- Château du Birkenwald. Leclerc reçoit, enfin, le message de Rouvillois et se met en route.
11 h.- Les détachements envoyés au Sud, Briot et Lenoir, arrivent au pont Vauban à travers de nombreux fuyards, qui se précipitent vers Kehl. Ils font 800 prisonniers.
11 h.- Wolfisheim, fort Kléber. Putz franchit les fossés antichars sous le tir du fort. La route lui est ouverte vers Koenigshoffen.
11 h : Illkirch-Graffenstaden 11 h.- Illkirch-Graffenstaden. Les premiers éléments de la colonne Debray se regroupent devant l’église.
Vers 11 h.- Au Nord, le détachement Josse descend l’avenue de la Forêt-Noire. Le char Le Terrible est touché par un obus peu après le boulevard de la Marne. Le peloton Josse continue vers le pont d’Anvers et fait 250 prisonniers. Rouvillois à l’entrée ! du pont, à pied, crie aux Allemands : « Rendez-vous ! » Le pont du Petit-Rhin est atteint à midi.
Village mitoyen du Rhin, La Wantzenau fut évacuée pour un an à Saint-Yrieix-la-Perche, une bourgade du Limousin. La Wantzenau est liée à la libération de Strasbourg par deux faits historiques : – un wantzenauvien, Albert Zimmer, tué dans son char au port du Rhin lors de l’avancée en direction de Kehl. – la traversée du pont de l’Ill à La Wantzenau par le Général Leclerc pour contraindre le général Vaterrodt à signer la reddition allemande dans la forêt de La Robertsau le 25 novembre 1944.
Le Sherman “CHERBOURG” situé Route du Rhin à Strasbourg
rend hommage au maréchal des logis Albert ZIMMER
tué au commandement de son char le 23 novembre 1944
dans sa tentative de franchissement du Rhin
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