Jeudi 23 novembre 1944
Inauguration de la Stèle le 23 juin 2024
Discours de Madame DORIS TERNOY
Maire de Breuschwickersheim
Mesdames et messieurs, bonjour à tous.
Je vous remercie de votre présence pour l’inauguration de notre borne commémorative du Serment de Koufra, 79 ans et 7 mois après le passage de la 2ème Division Blindée qui a permis ce jeudi 23 novembre 1944 la libération de notre village, quelques heures avant celle de Strasbourg.
Mais permettez-moi d’abord de saluer nos invités et autorités présentes qui sont ici, aujourd’hui, nombreuses, avec nous :
Madame ELSA SCHALCK Sénatrice du Bas-Rhin
Madame Catherine GRAEF-ECKERT, Vice-Présidente de la Collectivité européenne d’Alsace représentant le président Frédéric BIERRY
Madame PIA IMBS Présidente de l’Eurométropole et maire de la commune de HOLTZHEIM
Mesdames et Messieurs les Maires ou représentants les communes de LAMPERTHEIM, OBERHAUSBERGEN, MITTELHAUSBERGEN, OBERSCHAFFOLSHEIM, KOLBSHEIM, OSTHOFFEN, ITTENHEIM et HANDSCHUHEIM
Monsieur le Général Jean Paul MICHEL représentant de la Fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque
Monsieur le chef d’escadrons LEHOT de la 2ème BB, unité héritière de la 2è DB et représentant le général Ludovic Pinon
Mesdames et Messieurs représentants les forces de l’ordre ainsi que le corps des sapeurs-pompiers
Mesdames et messieurs membres de L’HARMONIE SIRENE de BREUSCHWICKERSHEIM
Les associations patriotiques et représentations du Souvenirs Français, le groupement des véhicules militaires toutes époques et amis de la 2è DB
Mesdames et Messieurs porte-drapeaux des différentes associations mémorielles
Mesdames et Messieurs représentants des différentes autorités en vos grades et qualités.
Mesdames et Messieurs chers habitants de BREUSCWICKERSHEIM, sans oublier notre Conseil Municipal des Jeunes ainsi que nos chers enfants et leurs institutrices. Ils sont là nombreux pour marquer avec nous ce passage de flambeau et participer à notre devoir de mémoire.
Aujourd’hui, nous nous réunissons en effet pour célébrer un moment historique, une page indélébile dans les annales de la liberté et de la résistance. Nous inaugurons cette borne de Koufra, un symbole vibrant de la détermination et du courage qui ont marqué l’histoire de la France Libre.
Koufra est situé à l’Est de la LYBIE, le Colonel LECLERC après une audacieuse manœuvre qui force l’admiration et le respect, il fait croire à son adversaire qu’il dispose d’une force armée bien supérieure aux occupants du fort et prend possession de l’oasis de Koufra le 1er mars 1941. Le deux mars , il prononce devant ses hommes ce serment devenu célèbre :
« Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront à nouveau sur la cathédrale de Strasbourg »
Aujourd’hui, nous nous rappelons ces mots empreints de bravoure, prononcés par le colonel Leclerc il y a 83 ans et de cette promesse réalisée il y a 79 ans par ses hommes qui l’ont suivi durant plus de 3 ans.
Notre borne nous relira désormais avec toutes celles disséminées sur la Voie de la 2è DB, partant des plages normandes d’UTAH BEACH à St Martin de Varreville où a débarqué la 2è DB le 1er août 1944, jusqu’aux rives du Rhin quatre mois plus tard. Soit environ, à ce jour 200 bornes et notre borne nous indique que nous sommes à 1108 km d’UTAH BEACH.
Cette borne n’est pas simplement un monument, mais un lien tangible avec notre passé, rappelant la grandeur qui peut émerger de l’adversité. Elle nous exhorte à ne jamais oublier les sacrifices consentis pour préserver nos valeurs fondamentales et notre liberté.
Que cette borne de Koufra soit une source d’inspiration pour les générations futures, en les incitant à défendre avec ferveur les principes qui ont guidé ceux qui nous ont précédés.
Mais donnons d’abord la parole à nos concitoyens qui ont vécu et vu l’arrivée de la 2ème DB en cette matinée du 23 novembre 1944, peu après 9 heures.
Marcel KUHN avait 13 ans à l’époque et il raconte ses souvenirs ainsi : les Français sont arrivés par la rue d’Ittenheim. Mais le premier qui les as vus c’était mon père qui les a rencontrés sur les hauteurs d’Ittenheim. Ils étaient arrêtés sur la butte. Lui, il était parti à vélo à Ittenheim pour chercher ses médicaments à la pharmacie mais, arrivé là-haut sur la butte, des soldats lui ont fait faire demi-tour en lui disant que ce n’était pas le moment et de rentrer chez lui. Alors, il est rentré et nous a dit « je ne sais pas ce qui se passe là-haut mais il y a plein de soldats avec de drôles de véhicules ».
Alors on a foncé en vitesse voir ça. Il y avait le Matthis, on était tous là quand ils sont arrivés et qu’ils descendaient la rue. Il était à peu près 9 heures puisqu’ils ont bloqué le tramway de 9 heures !
Alfred DIEMER, rajoute : « nous, on avait la Batteuse ce jour, une grosse machine, et tout à coup, je ne sais pas qui a dit, « il y a les français qui arrivent et les chars », alors tout le monde a laissé tomber la batteuse et a couru pour aller les voir. »
Dany SCHMIDT, neveu du restaurateur Georges SCHMIDT, patron du restaurant au lion, raconte une anecdote amusante. Il jouait dans la cour chez ses amis Georges et Michel FRANK quand ils ont vu débouler les blindés de la 2èDB et qui ont fait une halte au restaurant au Lion pour y boire un coup. Parvenus à la cave, ils ont trouvé un portrait d’Hitler qu’ils ont emporté en guise de trophée pour l’accrocher à l’arrière de leur char quand ils sont repartis.
Marcel KUHN rajoute : « Les premiers qui sont venus d’Ittenheim, c’étaient les troupes de reconnaissance, ils nous ont demandé s’il y avait des Allemands dans le village. On leur a dit que non et on leur a expliqué que les plus proches étaient sur le terrain d’aviation et à Wolfisheim ; mais ça ils le savaient déjà et après ils ont continué leur route ».
C’est là qu’ils nous ont dit « faites attention, quand l’infanterie américaine viendra, ils tirent sur tout ce qui bouge ». Mais, quand les Américains sont arrivés dans l’après-midi, tout s’est bien passé.
L’examen des journaux de marche des unités qui composaient le groupement tactique V ainsi que ceux des sous groupement Debray-Putz montre que sur chacun des axes impartis un détachement de découverte était chargé de jalonner et de déboucher la route devant les sous groupements. L’ensemble était commandé par le capitaine Da qui a reçu l’ordre de rassembler ses hommes à Breuschwickersheim.
C’est ainsi que nous pouvons établir que c’est la 1ère Patrouille du 3ème Peloton du 3ème Escadron du 1er Régiment de Marche des Spahis Marocains qui est entrée la première dans Breuschwickersheim. Le conducteur de l’automitrailleuse de pointe, le spahi Roger MARION a tenu son journal, et voilà comment il raconte ce moment :
« À 7 heures du matin, en route pour STRASBOURG. Le temps est couvert.
Notre axe est légèrement au nord de la R.N. 4.
De MARMOUTIER, nous nous dirigeons sur LOCHWILLER, MAENNOLSHEIM, LANDERSHEIM, WOELLENHEIM, ROHR, GOUGENHEIM, DURNINGEN, KLEINFRANKENHEIM, WIWERSHEIM, STUTZHEIM.
Nettoyage de ces villages sans trop nous attarder à faire des prisonniers. Nous n’avons même pas à nous servir de nos armes.
De STUTZHEIM, nous sommes dirigés vers le Sud : HURTIGHEIM. Nous traversons la R.N. 4 à ITTENHEIM pour arriver à BREUSCHWICKERSHEIM. Dans un tournant, l’A.M. se trouve nez-à-nez avec un tramway rempli de soldats allemands qui n’ont pas l’air de nous attendre. Un vieil alsacien saute de joie, en se désarticulant comme un pantin : “Les Vrançais ! V’là les Vrançais !”. Nous ne pouvons-nous charger de cette cargaison et des autres Allemands qui sortent d’un peu partout.
Nous laissons ACHENHEIM à notre droite. À OBERSCHAEFFOLSHEIM, l’ordre nous est donné d’arrêter. Le commandement a certainement ses raisons. Les forts qui ceinturent STRASBOURG sont encore défendus.
Enfin, vers 15 heures, en route pour la dernière charge. »
Pendant le reste de la matinée, tout le sous groupement C passera par Breuschwickersheim.
En soirée de ce 23 novembre 1944, le PC du GTR (Groupement Tactique Remy) s’installe dans les locaux de la Mairie.
Le lendemain 24 novembre en plus de ce PC, le 4è escadron du 1er RMSM (Régiment de Marche des Spahis Marocains) et l’escadron de Protection divisionnaire du Lieutenant de BOISSIEU s’installent en réserve à BREUSCHWICKERSHEIM.
OUI, la 2è Division Blindée du général Leclerc a bel et bien libéré notre village lors de sa charge sur STRASBOURG et nous rendons hommage aujourd’hui à l’ensemble de la 2éme DB, à ces 1700 soldats, officiers disparus morts pour notre liberté.
Mais nous nous devons aussi nous souvenir de nos propres victimes. Notre monument aux morts nous rappelle que nous comptons 11 morts tombés sous deux uniformes, permettez-moi de les citer :
Jean LEIPP, Jean SCHAUB, Jean BERNHARDT, Michel DIEMER, Hermann DRUMMER, Jacques HOLWEG, Georges LAMBS, Jacques MERKEL, Guillaume RUFF, Michel GROSSKOST et Philippe HOLWEG
Pour notre commune qui ne comptait alors que 603 habitants, cela constitue un lourd tribut payé comme beaucoup d’autres communes en Alsace et en France. Gardons les dans notre mémoire.
Je vous remercie pour votre écoute et attention.
Vive la France !
Mercredi 22 novembre.
Aujourd’hui est l’anniversaire de l’entrée des troupes françaises à Strasbourg enn 1918. Nous ne pourrons sans doute pas renouveler cet exploit les armes à la main mais l’attaque pourtant semble imminente…
Vers 11 heures, une patrouille chars-infanterie commandée par le Lieutenant Garage se rend à Romanswiller où elle capture quelques prisonniers.
Elle ne dépasse pas la scierie où un certain nombre d’Allemands se sont réfugiés. Un tir de la 32e Batterie est réglé sur la scierie.
Dans la soirée, le sous-groupement se déplace sur Singrist d’où le mouvement sera repris plus facilement.
Les renforts sont répartis entre les compagnies: malgré l’imminence de l’engagement, il n’est pas possible de les conserver en détachement.
La 11e Compagnie rejoint le sous-groupement en échange de la 10e Compagnie qui rejoint le sous-groupement Cantarel.
L’ordre d’attaque sur Strasbourg est donné par le G.T.V.
La progression aura lieu sous la forme de 3 colonnes marchant concentriquement sur la ville.
Le sous-groupement P. sera en position centrale ayant le Commandant Cantarel à sa gauche et le Commandant Debray à sa droite.
Jeudi 23 novembre.
Réveil avant le jour. Mise en place relativement laborieuse en raison de la nuit et du mauvais temps.
L’itinéraire a été débloqué en partie par des patrouilles de !’Escadron de Spahis Da.
A 7 heures, la colonne s’ébranle dans l’ordre suivant:
1er élément au commandement du Capitaine de Witasse
S.R.O. du Bataillon
Section Franjou (11e Compagnie) et Section 2/501 Richardet
Section du Génie Melenotte, Section de la 12e Compagnie Vitrac, le P.C. et les T.D.
2e élément au commandement du Capitaine Comte
Section de chars La Bourdonnais (2/501) Section d’infanterie Chanteux (11e Compagnie)
3e élément au commandement du Capitaine Troadec
C.A. Ill – 1 /2 Section sanitaire Section de chars Michard (2/501)
Vers 9 heures, la colonne arrive en vue de Honengoefft (itinéraire Jetterswiller, Zehnacker).
Les chars de tête ouvrent le feu avec succès sur des véhicules qui apparaissent sur la route.
Des coups d’anti-chars sont tirés sans succès par un ennemi placé sans doute aux lisières de Wasselonne.
Pas de casse chez nous.
La progression reprend par Willgottheim, Neurgartheim, Schnersheim lisières N.E. de Fessenheim et de Hurtigheim.
A Ittenheim, 1 motard ennemi est abattu et quelques prisonniers capturés à Achenheim.
Au débouché de Oberschaeffholsheim, la S.R.O. est prise à partie par des bazookas et des mitrailleuses.
Deux chars se placent en tête et la Section Franjou met pied à terre.
Nous approchons du fossé antichar; à ce moment, l’ennemi fait sauter la route.
Le “Broakway” du Génie est appelé en tête et entreprend avec des sapeurs d’établir une passerelle.
Ce travail .est effectué dans des conditions difficiles; en effet, le Fort Kleber, situé à quelques centaines de mètres est toujours occupé.
De nombreux coups de bazookas, de mitrailleuses et surtout de fusils sont tirés par la garnison du Fort qui n’est qu’en partie neutralisée par les chars et les mitrailleuses de la Section Franjou.
Les pertes amies sont relativement élevées: un chef de char est tué, le Lieutenant Pailleret, !’Aspirant de Soucy et !’Aspirant Melenotte sont blessés.
A 12 heures, le franchissement de la passerelle commence. L’ennemi tire toujours. Chacun baisse plus ou moins la tête en passant.
En tête, derrière la S.R.O., la Section Vitrac (12e Compagnie) a remplacé la Section Franjou et nettoie Wolfisheim où plusieurs bazookas sont neutralisés
Le passage des ponts d’Ekbolsheim s’effectue sans difficulté malgré leur peu de solidité.
A hauteur de la fabrique, le char de tête ouvre le feu sur une batterie ennemie semblant être du 77 et tirant sur la route : la batterie est neutralisée ou détruite; une trentaine de prisonniers sont faits.
La progression reprend dans les faubourgs de la ville où de temps en temps la colonne essuie des coups de feu.
Parvenu à Neudorf, un char détruit encore un canon antichar.
La liaison est prise, après le passage Place de la Bourse, avec le Sous-Groupement Rouvillois au Port intérieur, puis avec le Sous-Groupement Debray parvenu à l’aérodrome.
La mission du Sous-Groupement Putz est remplie. Les éléments s’installent pour la défense de Neudorf.
Au cours des engagements qui ont amené la colonne à Strasbourg, les pertes subies par nous ou infligées à l’ennemi sont les suivantes :
Pour le Sous-Groupement seulement :
Nos pertes – 1 char (Petitmont)
2 Half-Tracks détruits
Plusieurs H.T., Jeeps et G.M.C. sérieusement endommagés Environ 10 tués et 20 blessés.
Pertes ennemies – 5 antichars dont au moins 3 de 75
1 batterie de 4 pièces de 77
Environ 50 bazookas et 25 mitrailleuses
1 chenillette
Plus de 100 voitures et camions de tous modèles
Environ 150 tués et 200 prisonniers.
Groupement tactique « V »
Extrait de “LECLERC LIBERE STRASBOURG”
Georges BERNAGE – François DELANNOY
Editions HEIMDAL – 1191
Dès 6 h 30, sur chacun des deux axes impartis au GTV, un détachement de découverte est chargé de jalonner et de déboucher la route devant les sous-groupements.
L’ensemble est commandé par le capitaine Da qui reçoit l’ordre de rassembler ses hommes à Breuschwickersheim puis de reconnaître en direction du sud vers la Bruche.
– Sous-groupement « C » :
Le sous-groupement « C » arrive sans encombre à Beauregard devant’le fossé anti-chars à 10 h 30. Il trouve un entonnoir lui interdisant un franchissement immédiat. Dans le même temps,il est durement accroché par des Allemands retranchés dans le fort Pétain.
Comme Massu, Cantarel juge plus prudent de faire demi-tour.
S’engageant sur la départementale 341, il suit l’itinéraire Ittenheim-Breuschwickersheim et Wolfisheim derrière le sous-groupement « P ». Il arrive à Strasbourg à 16 h 30 et occupe la partie sud-ouest de la ville.
– Sous-groupement « P » :
Le sous-groupement « P » se met en marche à 7 h.
En tête, un élément sous les ordres du capitaine de Withasse est suivi du PC et des tanks destroyers puis du reste du sous-groupement sous le commandement des capitaines Comte et Troadec.
A 9 h, la colonne arrive en vue de Hohengoeft après avoir traversé Jetterswiller et Zehnacker (départementale 883).
Les chars de tête ouvrent le feu avec succès sur des canons anti-chars et des véhicules qui viennent d’apparaître sur la route.
Des coups d’armes anti-chars sont tirés sans succès par des Allemands retranchés aux lisières de Wasselone.
La progression reprend par Wilgottheim-Neugartheim, Schnersheim-lisière nord-est de Fessenheim et Hurtigheim (départementale 41-270-228).
A Ittenheim, un motard allemand est abattu.
Quelques prisonniers sont faits à Achenheim.
Au débouché d’Oberschaeffolsheim, la tête de la colonne est prise à partie par des Panzerfaust et des mitrailleuses.
Deux chars se placent en tête et des éléments d’infanterie mettent pied à terre pour réduire cette résistance.
Le sous-groupement tombe alors sur le fossé anti-chars.
Le génie, entreprend d’établir une passerelle.
Ce travail s’effectue dans des conditions difficiles.
En effet, à quelques centaines de mètres de la tête de la colonne, le fort Kléber est toujours occupé.
Des coups de Panzerfaust, de mitrailleuse et de fusil sont tirés par la garnison du fort.
Les chars et les mitrailleuses de la section Fanjoux ne parviennent pas à neutraliser cette résistance.
Les pertes commencent à être élevées. Un chef de char est tué, le lieutenant Paleret, les aspirants Soucy et Melenotte sont blessés.
A 12 h, le franchissement du fossé par la passerelle enfin installée peut commencer. Les Allemands tirent toujours.
La section Vitrac de la 12e compagnie du RMT nettoie Wolfisheim où plusieurs tireurs embusqués sont neutralisés.
Les ponts d’Eckbolsheim sont traversés sans difficulté malgré leur fragilité.
La progression reprend dans les faubourgs de la ville. Seuls quelques tireurs isolés se manifestent.
Parvenu à Neudorf à 13 h 30, un char détruit un canon anti-char.
Le sous-groupement prend alors liaison avec le sous-groupement Rouvillois puis avec le sous-groupement « H ».
La mission de Putz est terminée. Ses hommes s’installent pour la défense de Neudorf (sud de Strasbourg).
Au cours de son engagement, Putz a perdu un char, deux half-tracks, dix tués et vingt-cinq blésses. Plusieurs jeeps et GMC ont été sérieusement endommagés.
En revanche, cinq canons antichars, une batterie de quatre pièces de 77 mm, environ cinquante Panzerfaust, vingt-cinq mitrailleuses, une chenillette et plus de cent voiture et camions de tous modèles ont été détruits. Les Allemands ont eu en outre cent cinquante tués et laissent environ cinq cents prisonniers…
– Sous-groupement « H» :
Jusqu’à Achenheim, les hommes du sous-groupement « H » suivent donc le même itinéraire que ceux du sous-groupement « P ». Ils s’engagent ensuite vers Holtzheim.
A la sortie de cette localité, la résistance allemande devient plus vigoureuse.
Avant de passer le fossé anti-char, à Lingolsheim, Debray est obligé de s’arrêter. Il est pris sous les feux du fort Joffre et de l’aéroport de Neuhof. Les coups arrivent drus sur la route Entzheim-Lingolsheim (départementale 392).
Une colonne d’automobiles allemandes surgit soudain sur cette route. Elle est immédiatement détruite par des tanks destroyers.
Les fantassins nettoient les abords de la route pendant que les hommes du génie désamorcent des charges placées sur le pont du chemin de fer. La progression reprend jusqu’au carrefour de Lingolsheim malgré de nombreux tireurs isolés embusqués dans les maisons.
Le détachement Branet nettoie Lingolsheim, pâté de maisons par pâté de maisons.
Lorsqu’il fait irruption dans le centre de la ville, un tramway arrive de Strasbourg. Ses occupants en descendant stupéfaits puis manifestent un vif enthousiasme.
A 14 h 30, le sous-groupement se dirige vers Illkirch. Partout des habitants sont sortis de chez eux et crient aux soldats leur joie.
Une heure plus tard, Debray atteint l’aérodrome de Neuhoff et prend liaison avec Putz et Rouvillois.
Comme Putz, Debray peut être fier de son palmarès. Il a en effet capturé ou détruit un Panzer IV,une chenillette, une auto-mitrailleuse, deux véhicules blindés, sept camions, dix-huit canons de 88 mm et de 75 Pak, un canon de 37 mm, un très grand nombre de voitures et un important stock d’explosifs. Les Allemands déplorent en outre cinquante tués et sept-cent vingt prisonniers…
A vingt heures, la situation du GTV est la suivante :
Le sous-groupement « C » tient les sorties sud-ouest de Strasbourg, le sous-groupement « P » tient Neudorf en liaison à l’est avec le sous-groupement Rouvil-lois et au sud avec le sous-groupement « H ». Ce dernier tient le nord et le nord-est de l’aérodrome de Neuhoff face au sud et à l’est.
Le détachement Da, enfin, après avoir reconnu la Bruch et nettoyé le nord de cette rivière, entre dans Strasbourg vers 17 h.
Groupement tactique « D » :
Conservé en second échelon et occupé dans la région de Phalsbourg-Saverne, le GTD quittera ses positions en cours de journée pour renforcer le reste de la division dans Strasbourg.
Le 23 novembre 1944, heure par heure
1 h.- L’ordre écrit de l’état-major américain acceptant l’attaque sur Strasbourg arrive à la division. Le général Leclerc, commandant de la 2e DB, a tout fait pour éviter d’être obligé de progresser avec le 7e corps américain.
3 h.- Les unités reçoivent l’ordre final de la division.
6 h 30.- Les cinq sous-groupements chargés de prendre Strasbourg – Rouvillois, Massu, Cantarel, Putz et Debray – partent simultanément par cinq itinéraires différents. Plus au Nord, Dio couvre la division, au Sud c’est Rémy qui assure cette tâche.
8 h.- Le plus rapide sera Rouvillois, par l’itinéraire nord. Sa colonne, entraînée par le char Evreux, traverse Hochfelden en trombe. 8 h.- Place de la République à Strasbourg. Le gouverneur militaire allemand de Strasbourg, le général Vaterrodt, reçoit un mystérieux coup de fil. Il décide de quitter le palais du Rhin et de s’enfermer avec 600 hommes dans le fort Ney, entre Strasbourg et La Wantzenau. Court face-à! -face à Brumath
8 h 15.- Brumath. La colonne de Rouvillois rencontre un convoi allemand, qui s’enfuit après un court combat. 8 h 30.- Vendenheim. Pris par surprise, les sapeurs allemands n’ont pas le temps de faire sauter le pont de chemin de fer et celui de la Marne-au-Rhin, atteint par le sous-groupement de Rouvillois.
8 h 45.- La colonne blindée de Briot aborde la ceinture des forts. Pour elle, c’est le Desaix. Sur la crête, elle tire au canon de 105, et dégage la route au 75 et à la mitrailleuse. La résistance ne dure pas.
9 h 15, dans Schiltigheim –
9 h 30, place de Haguenau
9 h 15.- La colonne de Rouvillois est dans Schiltigheim.
9 h 30.- Les quatre autres sous-groupements sont freinés par les forts de défense de Strasbourg : Massu devant le fort Hoche, Cantarel sur le fort Pétain, Putz sur le Kléber et Debray sur le Joffre.
9 h 30.- Le sous-groupement de Rouvillois arrive place de Haguenau, à Stras! bourg.
9 h 35.- La colonne franchit la place de Pierre. Le maréchal-des-logis chef Janier, sous l’ordre de Rouvillois, lance à la radio le message « Tissu est dans iode » qui marque l’entrée des troupes françaises dans Strasbourg. Juste après, le char Le Metz fait sauter un camion de mines allemand : l’explosion fait aussi des victimes civiles et incendie deux immeubles boulevard Poincaré.
9 h 40.- Pont de Pierre. Robert Fleig, un civil qui a guidé la progression, conseille d’avancer en deux colonnes vers le pont de Kehl : au Nord par l’axe avenue des Vosges – avenue de la Forêt-Noire vers le pont d’Anvers ; au Sud par la cathédrale et la place de la Bourse jusqu’au pont Vauban. Pour le général Marc Duvot (2), c’est le lieutenant-colonel Langlade qui a ordonné : « Le pont ! » Place Broglie
9 h 45.- Place Broglie. L’Evreux débouche face à une traction noire occupée par deux hommes de la Gestapo. Une rafale de mitrailleuse tue les deux ! hommes et la voiture s’écrase contre la maison natale de Charles de Foucauld. Rouvillois veut le gouvernement militaire installé au palais du Rhin.
10 h 30.- Château du Birkenwald. Leclerc reçoit, enfin, le message de Rouvillois et se met en route.
11 h.- Les détachements envoyés au Sud, Briot et Lenoir, arrivent au pont Vauban à travers de nombreux fuyards, qui se précipitent vers Kehl. Ils font 800 prisonniers.
11 h.- Wolfisheim, fort Kléber. Putz franchit les fossés antichars sous le tir du fort. La route lui est ouverte vers Koenigshoffen.
11 h : Illkirch-Graffenstaden 11 h.- Illkirch-Graffenstaden. Les premiers éléments de la colonne Debray se regroupent devant l’église.
Vers 11 h.- Au Nord, le détachement Josse descend l’avenue de la Forêt-Noire. Le char Le Terrible est touché par un obus peu après le boulevard de la Marne. Le peloton Josse continue vers le pont d’Anvers et fait 250 prisonniers. Rouvillois à l’entrée ! du pont, à pied, crie aux Allemands : « Rendez-vous ! » Le pont du Petit-Rhin est atteint à midi.
Village mitoyen du Rhin, La Wantzenau fut évacuée pour un an à Saint-Yrieix-la-Perche, une bourgade du Limousin. La Wantzenau est liée à la libération de Strasbourg par deux faits historiques : – un wantzenauvien, Albert Zimmer, tué dans son char au port du Rhin lors de l’avancée en direction de Kehl. – la traversée du pont de l’Ill à La Wantzenau par le Général Leclerc pour contraindre le général Vaterrodt à signer la reddition allemande dans la forêt de La Robertsau le 25 novembre 1944.