vendredi 11 août 1944
AXE D – Sous-groupement MINJONNET
Sur le chemin d’ALENÇON
Les Allemands accrochent les Français à Louvigny
Quand l’avant-garde du sous-groupement Minjonnet atteint la N 805 (D310 actuelle) au sud de Louvigny le vendredi 11 août 1944, ils sont stoppés par plusieurs antichars allemands.
Les canons automoteurs français de 105 déclenchent un feu violent sur le secteur de Louvigny.
Les fantassins de la 7e compagnie du RMT lancent l’attaque, ils atteignent le château de Louvigny abandonné par les Allemands.
Le bourg est solidement défendu.
L’attaque simultanée des blindés et de l’infanterie, soutenus par l’artillerie vient à bout, non sans pertes, de la résistance allemande.
Vers 16 heures, Louvigny est libéré.
(source : Hubert Pittino, Combats de la 2e DB en Normandie)
MINJONNET PREND LOUVIGNY
La 7e compagnie a mis pied à terre et se déploie à gauche de la route D 19. En tête, la section Maret suivie de la section Guigon, sous la protection de l’artillerie.
La N 805 Fresnay-Mamers est atteinte puis dépassée. Le château est désert. Les Allemands viennent de l’abandonner.
À 14 heures le capitaine de Bort, commandant le 3e escadron, envoie le peloton Nouveau pour occuper la lisière Nord du bois de Louvigny. Les chars rejoignent la 7e compagnie dans le parc du château, mais à droite les antichars embossés empêchent toute progression. Le maréchal des logis Testa repère un antichar allemand, deux chars le réduisent au silence.
Le peloton Montai exécute un mouvement débordant par l’Est pour essayer de prendre à revers les éléments allemands installés dans Louvigny.
L’artillerie pilonne à nouveau le Nord du village.
Le capitaine Fonde relance la section Maret à l’attaque de Louvigny. À travers les jardins et les maisons, le groupe du sergent-chef Franchi se rue à l’intérieur du village près de l’église. À la grenade et à la baïonnette, il extermine l’équipage d’un blindé allemand qui avait mis pied à terre, mais deux ou trois marsouins sont blessés.
Le nettoyage de Louvigny se poursuit, puis la 7e compagnie fonce aux lisières Nord et stoppe à la hauteur du cimetière.
Le 2e escadron du 1er RMSM reprend la tête de l’avant-garde. La patrouille de tête n’a pas franchi 200 mètres en avant du cimetière qu’un nouvel antichar ennemi se dévoile et détruit l’AM de pointe : un mort (Gelormini) et 2 blessés, le brigadier-chef Herbin et le spahi Schmitt.
Le mouvement reprend, il est 16 heures. Les pelotons Baillou et de Montai se portent dans le bois de Louvigny pendant que le peloton Nouveau gagne la sortie Nord du village et détruit le canon antichar qui venait d’incendier l’AM des spahis.
Depuis que la 2e batterie a subi le bombardement aérien, l’appui d’artillerie est fourni par le 250e groupe de 105 tractés US, actionné par le commandant Mirambeau commandant le 40e RANA. La préparation d’artillerie se déclenche et soutient la progression de la colonne.
Les hommes de Maret montés sur la plage arrière des chars de Nouveau s’élancent à l’attaque, débordent l’Aubépine par l’Ouest, s’emparent du hameau et poussent jusqu’à Montreignier. Les Allemands surpris retraitent rapidement en subissant de lourdes pertes, laissant 18 prisonniers entre nos mains.
Des bruits de chars au Nord, faisant craindre des coups de boutoir allemands, le capitaine de Bort appelle le peloton Montai et demande en renfort une section d’infanterie, celle de Guigon.
Montreignier est occupé et nettoyé sans ménagement mais la 7e compagnie compte à nouveau quelques hommes hors de combat. La résistance s’affaiblit.
À la nuit, la section de Jamot rejoint la 7e compagnie qui récupère ses half-tracks. La compagnie reçoit l’ordre de se mettre en position de protection du sous-groupement avec la compagnie du génie et le peloton de mortiers du 12e RCA.
Les chars du 3e escadron se regroupent et se replient au Nord de Louvigny au niveau du cimetière, avec le gros de la colonne et le PC du colonel de Langlade. La lre et la 2e batteries s’installent à Louvigny et sont rejointes au bivouac par la 3e batterie et le 250e groupe US.
Le 4e escadron et le peloton Dufour avaient quitté Dangeul à 11 heures et avaient progressé par petites étapes jusqu’aux Mées. L’escadron avait reçu l’ordre dans l’après-midi de s’installer définitivement au niveau de la voie ferrée pour parer à une attaque éventuelle de blindés venant de l’Est.
Un renseignement était parvenu au PC, faisant état de la présence de 37 chars ennemis à Saint-Rémy du Plain, à moins de 4 kilomètres dans le secteur de l’aile gauche US. Si cette information demande à être confirmée, elle est prise au sérieux.
Pendant qu’à Mamers, à 15 kilomètres à l’Est, à midi, une jeep puis une colonne de blindés américains entrent dans la ville et la libèrent, à Saint-Rémy-du-Plain (appelé aujourd’hui Saint-Rémy-du-Val), il n’en va pas de même. La bataille fait rage. Les Allemands avaient pourtant quitté le bourg durant la nuit.
En fait, dès 8 heures huit chars ennemis et une centaine de fantassins prennent position et patrouillent en ville. L’artillerie américaine bombarde la ville. Les combats durent six heures.
À 14 heures l’aviation US entre à son tour en action, puis effectue un second pilonnage à 16 heures. Des chars allemands brûlent à la gare. La nuit venue, les Allemands finissent par se replier en forêt de Perseigne.
Le 4e escadron reprenait son mouvement dans la soirée pour venir appuyer de ses feux – depuis Louvigny – la progression du 3e escadron et de la 7e compagnie vers l’Aubépine. Il bivouaque à Louvigny.
La nuit tombe après une fausse alerte aux chars au Sud d’Ancinnes. Le silence revient.
Puis une violente fusillade éclate au centre de Louvigny : toutes les armes à feu tirent tous azimuts sans savoir comment elle avait été déclenchée. Puis ce feu d’enfer cesse aussi brusquement qu’il avait commencé.
A Montreignier, deux patrouilles à pied sont envoyées, l’une au Nord-Est à Livet, libre d’Allemands, l’autre au Nord vers Ancinnes : les hameaux de Montguillon, le Chaigné, les Ormeaux, sont occupés par des unités du sous-groupement Massu.
(source : Hubert Pittino, Combats de la 2e DB en Normandie)
Louvigny (11/08/44)
extrait de “Historique du 12e Régiment de Chasseurs d’Afrique”
Claude AUBOIN
http://chasdaf.canalblog.com/
Le Mercredi 9 août, de LANGLADE attendit que le Génie américain ait jeté 4 ponts de bateaux sur la Sarthe.
Il reçut alors les ordres de LECLERC : «Ne vous attardez pas sur les résistances rencontrées. Manœuvrez-les si vous ne pouvez les réduire du premier coup. Votre premier souci, votre souci constant est celui de la vitesse. Au-delà des simples objectifs tactiques, souvenez-vous que le but stratégique consiste à faire, au plus tôt, liaison avec les Britanniques. »
Le 10 août, le G.T.L. fut divisé en deux Sous-groupements.
Le premier aux ordres de MASSU reçut le 2e peloton du 1er escadron et le 2e escadron du Régiment, le second Sous-groupement revenant au Chef d’Escadrons MINJONNET, le patron du 12e R.C.A., qui conserva le 3e peloton du 1er escadron et ses 3e et 4e escadrons. Cela permettait d’avoir des chars Sherman répartis dans les deux Sous-groupements.
La mission consistait à couper l’axe Falaise-Argentan-Alençon tenu par la 9e Panzerdivision allemande.
L’itinéraire du jour prévu : Le Chatelet Saint Pavace près du Mans, Savigné, Courceboeufs, le Sablon, Mezières, le bivouac à installer à l’orée de Dangeul.
Alors que le Sherman Cotentin en pointe du peloton de TRUCHIS du 1er escadron arrivait en vue du village de la Saunerie près de Ponthouin (Sarthe), il fut attaqué et détruit au lance-flammes. Le MDL JEANNOT, Chef de char, fut brûlé, ainsi que le Brigadier Robert GROSJEAN, tous deux évacués vers l’arrière.
Le G.T.L. contourna donc Le Mans par l’ouest pour prendre ensuite la direction du nord-est par Sargé, Savigné-l’Evêque, Courceboeufs, au milieu des ovations de la population. Le terrain composé de bocages rendait les manœuvres de chars très difficiles.
En tête du Sous-groupement MASSU, le 2e escadron du lieutenant COUPÉ du 12e R.C.A., avec ses deux chefs de peloton, l’adjudant-chef TITEUX sur son char Corse et le Lieutenant DOUBOSTER, deux anciens de la campagne de Tunisie.
Le Sous-groupement du lieutenant-colonel MINJONNET était réparti sur un front de six kilomètres, et avançait par quatre itinéraires parallèles.
En pointe, le char Bordelais du Lieutenant ZAGRODSKI et ceux de son 1er peloton du 4e escadron, suivi du 2e peloton du Sous-lieutenant d’ARCANGUES, du peloton de MISCAULT et derrière eux, les Half-tracks des Marsouins.
Tous étaient aux aguets, prêts à intervenir dès que le contact serait pris avec l’ennemi.
Soudain, vers 9 heures, à un carrefour à la hauteur du hameau Le Sablon, commune de Mézières-sous-Ballon, sur la D6 entre les villages de Ballon et de Bonnétable (Sarthe), le bruit d’un tir de canon et aussitôt le Sherman Bordelais du Lieutenant ZAGRODSKI, tiré par un antichars 88 allemand, s’enflamma.
Le copilote, le 1er classe Gabriel DIONNET et le tireur, le brigadier-chef Jules CLEMENT, furent tués sur le coup, le brigadier DONZELOT, pilote et le radio, le Chasseur MATHIEU, bien que sérieusement blessés, purent s’éloigner rapidement du char en feu.
Le Lieutenant ZAGRODSKI sauta lui aussi du Bordelais, mais à ce moment même, il fut fauché par un tir de mitrailleuse. Il mourut immédiatement au bas de son Sherman.
Au même instant, le Sherman Armagnac qui suivait fut touché à son tour par un Jagdpanther et prit feu. Son équipage put évacuer sans dommage, à l’exception du Chef de Char, le MDL Aurélien COMBALIE qui vraisemblablement a dû brûler à son poste dans le Sherman.
Les deux chars suivants, Aquitaine et Entre-deux-mers furent également touchés alors qu’ils se repliaient.
Les blessés purent être évacués par les infirmiers et soignés par les deux médecins NETIK et CONILL.
Suivant les ordres du Capitaine HARGOUS, Commandant le 4e escadron, le char Navarre du Sous-lieutenant d’ARCANGUES et son peloton qui suivait, commencèrent une manœuvre de contournement par le village de Sargé-lès-Le-Mans, avec le soutien de l’Air Support de l’aviation américaine qui piqua, mitrailla et bombarda.
Lors de sa manœuvre, au lieu-dit Tertre de Grippe de la commune de Mézières-sous-Ballon, le Navarre fut transpercé de cinq obus perforants allemands, vraisemblablement par un canon de 88. Le Sous-lieutenant fut éjecté. Gravement blessé, avec une jambe arrachée et l’autre fendue sur la longueur, il fut évacué par les Marsouins du II/R.M.T., mais auparavant, il eut encore la force de donner ses derniers ordres aux survivants : « Foutez le camp, nous sommes encerclés ».
Une ambulance américaine de passage le prit en charge quelques minutes plus tard. Il fut opéré dès son arrivée dans un hôpital de campagne à l’arrière, puis dirigé vers Le Mans. Il mourut en y arrivant.
Périrent également dans le char Navarre en flammes, le copilote 1ère Classe Bernard PONTNEAU et le radio-chargeur le Chasseur Henri BAYONA.
Le tireur du Navarre, le MDL de VAUMAS, et le pilote, le Chasseur de 1ère Classe CASTALION purent évacuer à temps le Sherman par le portillon. Les Allemands les firent prisonniers au château de Dangeul du Comte de FLEURIEU. Alors qu’ils risquaient d’être fusillés, ils réussirent à s’évader et à
rejoindre l’escadron.
Le Brigadier Etienne CAILLAT-GRENIER réussit à évacuer de son char, mais gravement brûlé et inerte, il fut considéré comme mort à l’hôpital du Mans quelques jours plus tard.
Heureusement, un médecin américain lui ayant fait le test du miroir, s’est aperçu qu’il vivait encore, a pu le soigner et l’envoyer en Angleterre où il a achevé sa convalescence.
Lors de l’intervention de l’aviation américaine, les chasseurs alliés se trompant de cible lâchèrent leur bombes au-dessus du Sherman Labourd qui n’avait pas son panneau orange identificateur du jour et qui prit feu immédiatement.
Le MDL Alexis LABORDE, Chef de char, les Chasseurs de 1ère Classe Roland COURTY et André BOURNONVILLE, ainsi que le Chasseur René VIRAIZE périrent brûlés à l’intérieur de leur char. Le Chasseur Casimir BORDES qui se trouvait derrière eux, pilotant le Half-track Orion fut tué dans son véhicule.
Il fallut beaucoup de temps pour libérer l’itinéraire de cet obstacle. Le 4e escadron ayant bien souffert, le Commandant MASSU, et son Sous-groupement, reprit provisoirement la mission à sa charge.
Les Allemands s’étaient retirés en début de la nuit du 10 au 11 août et le sous-groupement MINJONNET put bivouaquer au sud de Dangeul après avoir entrepris le nettoyage du village. Le Chasseur Marcel COLLOT fut tué dans un verger à La Roussière, près de Dangeul, là où il avait été placé en sentinelle.
Le 11 août, à Louvigny quelques heures plus tard, le sous-groupement se fit à nouveau accrocher par quelques chars et plusieurs mitrailleuses ennemis embusqués près des premières maisons du village qui bientôt devint un véritable brasier.
Dans ces échanges de tirs, le 4e escadron eut deux nouveaux tués, le Brigadier Pierre CAZEAUX et le Chasseur Marc SERRUYA.
Seront également tués à Louvigny les Adjudants Chefs Jean FRECHE et Auguste BOSSIER de l’Escadron Hors Rang.
Alors qu’il se trouvait en avant garde du sous-groupement MASSU, le 1er escadron du HAYS se fit sérieusement accrocher près de Bois-Mocquet.
Les trois Sherman de tête, endébouché de crête, Beauce, Sologne et Maine se firent tirer et rater de peu par des canons anti chars !
Les fantassins allemands étaient très nombreux et très proches. Le MDL Pierre CANY, Chef de char du Beauce, arrosa à la mitrailleuse de 50 jusqu’au moment où il fut mortellement blessé et tomba à terre. Immédiatement, le Chasseur GUYOT prit la relève à la mitrailleuse. Dans sa manœuvre de repli, le char Sologne tomba dans un fossé et déchenilla, l’équipage dut s’éloigner au plus vite.
Continuant la progression sur son axe, en vue de Rouessé-Fontaine, le Sherman Berry du 1er escadron se fit toucher par une fusée anti char et brûla, tuant le pilote, le Chasseur Yves COLOMBIER, les autres membres de l’équipage, le MDL Norbert GREBERT, le Brigadier Raoul MEOZZI et le Chasseur Antoine ROCCA, bien que blessés, purent se replier sous la protection de l’Anjou. Presque aussitôt, le MDL/Chef Albert VIGOUROUX, qui tirait de son char à la mitrailleuse, fut blessé par balle et évacué. Par fausses manœuvres, le Maine tomba dans un fossé et le Sherman Artois dans une mare, réduisant le 1er peloton à deux Sherman.
Lors de la prise du village de Rouessé-Fontaine, le Sherman Tarentaise du 2e escadron fut touché à plusieurs reprises et prit feu.
Son équipage put évacuer sans dommages, sous les tirs des mitrailleuses allemandes. Un peu plus loin, entre Ancinette et Ancinnes, son Sherman Savoie étant touché de deux coups de Panzerfaust, le sous-lieutenant RIVES- HENRYS, bien que blessé, reprit le commandement en montant sur le Valserine, le radio Robert MONTAGNÉ, grièvement blessé au visage et au thorax, fut évacué. Peu de temps après, ce même Valserine tira dans une maison en ruine et mit en flammes deux automoteurs canon.
Alors qu’il progressait lui aussi, sur un chemin creux, vers Ancinnes, le Poitou du 1er escadron fut touché par deux tirs de 75, tuant les Chasseurs Gaston FIEVET et Gilbert GOBILLOT et blessant le Chasseur Pierre NAMOTTE.
La nuit suivante fut assez mouvementée. En manœuvrant, un de nos chars écrasa deux américains qui dormaient par terre !
Un peu plus tard, sur le parc à char, la sentinelle aperçut une ombre suspecte qui grimpait sur un des Sherman et fit feu. C’était le Chef de char qui, probablement, venait rechercher quelque objet dans son char !
Le samedi 12 août 1944, le Sous-Groupement MINJONNET se replia à Rouessé-Fontaine jusqu’en début d’après-midi, puis fila vers la ville d’Alençon qui était déjà libérée par d’autres éléments de la 2e D.B.
Par l’axe Louvigny, Chérisay, Champfleur, vers 16 heures, il atteignit et traversa Alençon très endommagée pour passer la nuit en bivouac près de la gare de Lonrai, à la sortie nord de la ville, sous les bombardements de l’aviation allemande.
Les Sherman Sologne et Saumurois du 1er escadron reconnaissant le village de Radon furent tirés et détruits par une arme anti char, tuant le Chasseur François DI MARTINO et blessant mortellement le Chasseur Marcel ANDREI.
Le lendemain 13 août, vers 14 heures, Le G.T.L. reprit sa route en contournant la forêt d’Écouves par l’ouest, Cuissai, Longuenoë, Rouperroux qui était en feu, puis plein Est vers la Croix-de-Médavy en pleine forêt.
SARTHE - 1944
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