Vendredi 11 août 1944
GROUPEMENT TACTIQUE DIO
Sous-groupement NOIRET
Les Sherman français tombent dans un piège
La 2e Division blindée du général Leclerc est au Mans le 10 août 1944.
Le XVe Corps du General Haislip doit remonter vers Alençon et Argentan, à la rencontre des Canadiens qui attaquent au sud de Caen.
Le 11 août, le sous-groupement du commandant Farret avance en deux colonnes, la première suit l’axe principal, la N138.
La deuxième emprunte des routes secondaires; au carrefour de Piacé, véhicules et chars obliquent vers l’ouest dans la direction de Fresnay-sur-Sarthe, puis remontent vers le nord parallèlement à la nationale.
Après quelques kilomètres un accrochage se produit au croisement de la N805 près d’une ferme; un canon anti char allemand est détruit.
Pendant ce temps sur l’axe principal les Français tombent sur une embuscade de la 9e Panzer-Division et perdent six chars et dix-sept tués.
Une reconnaissance part vers le sud-ouest vers Fresnay-sur-Sarthe et met en déroute de l’infanterie.
La colonne reprend vers le nord par Saint Ouen-de-Mimbré.
Dans l’après-midi une patrouille du 1er Régiment de marche de Spahis marocains entre dans Fyé.
Les Français tombent sur un Panther et des grenadiers, une auto mitrailleuse française est détruite.
En fin d’après-midi les Français ont repoussé les Allemands et occupent solidement le bourg.
https://www.normandie44lamemoire.com/2014/10/30/fye/
«Sur le territoire de Fyé, le premier engagement rapide, mais très violent, se produit vers 9 heures 30 immédiatement au Sud du village de la Route ; sur la foi d’un renseignement suspect, sept chars français accompagnés d’une automitrailleuse s’approchent sans méfiance du carrefour de la Hutte, qui vient d’être occupé, par la RN 138.
Mais au moment d’atteindre l’agglomération, ils sont brusquement pris sous le feu de l’ennemi.
Le char français de tête (le Compiègne) est détruit à bout portant et prend feu, puis quatre autres (le Paimpol, le Reims, le Chartres et le Brest ) ainsi que l’automitrailleuse, à la file derrière lui sur la RN, sont également incendiés coup sur coup.»
Témoignage recueilli par Jean Adigard des Gautries dans sa petite brochure La Libération dans le canton de Saint-Paterne, éditée le 30 septembre 1945
Lettre de MICHEL Paul
6 mars 194
Le combat de FYE le 11 août 1944
(Extrait de la revue LE LIEN Bulletin de l’Amicale du 12e Régiment de Cuirassiers / 2013)
Chers parents,
Je ne sais pas si un jour prochain je finirais par atterrir à XXXX plus ou moins déserteur ou AWOL mais si je ne viens pas ce mois-ci, il est probable que vous ne me verrez pas avant cinq ou six mois. Aussi, j’ai pensé qu’il était temps de rédiger mes mémoires pour vous donner une vague idée de ma vie guerrière.
Ceci est donc le premier feuillet, les autres suivront.…
…/…
Nous comptons nos premiers morts et le 9 à 1 heure du matin, la division s’ébranle pour une étape formidable.
Fougère puis Vitré.
Les civils deviennent frénétiques et on commence à boire dangereusement le cidre qui pétille
– Chateau Gontier-.
Les chars foncent à pleine vitesse toujours acclamés et nous arrivons près de Brulon vers 18 heures.
Arrêt.
On répare aussitôt deux patins brulés. Travail écrasant et nous avons à peine fini qu’arrive l’ordre de départ.
En avant donc, toujours noirs de poussière. On arrive tout près du Mans conquis la veille et on oblique sur le nord à travers une grande forêt.
Les chars ennemis sur la route sont de plus en plus nombreux.
A 4 heures du matin on finit par stopper. On dort et à 9 heures nous repartons.
Les civils sont maintenant frénétiques et nous commençons à remonter des éléments de la division Américaine que nous sommes en train de relever.
Vers 12 heures on atteint Ballon.
La guerre est aux portes de Ballon. Rafales de mitrailleuses. Après deux heures d’attente on repart.
A la sortie de Ballon un char Allemand fume encore.
On progresse par des chemins détournés pendant 10 kms et c’est brusquement la débâcle.
Un panzer attaque devant nous paraît-il et c’est le repli en vitesse pour s’installer en défensive.
Je commence à comprendre que nous sommes bien commandés.
L’aviation américaine fait son apparition et les chasseurs piquent à mort sur les allemands et nous apprenons vite à distinguer le piqué suivi d’une forte explosion de celui qui est suivi par le fracas des mitrailleuses quadruples.
L’activité terrifiante de ces chasseurs devait nous escorter jusqu’à la fin de la campagne de Normandie.
Cependant, le reste de la division nous passe devant, je n’y comprends plus rien et nous repartons doucement.
Le soir, nous campons dans un petit village. Des éléments du régiment sont entrés en contact et les premières pertes sont dures.
Il parait que nous sommes installés en première ligne. Il plane dans l’air quelque chose de lourd que personne n’identifie et que je reconnais maintenant pour la mort.
Nous sommes à la veille d’une journée terrible et ce fut l’aube du jour -11 Aout 1944- à jamais marquée dans ma mémoire…
A 8 heures : départ.
On atteint la grande route Le Mans-Alençon sur laquelle on trouve un char allemand en train de bruler. « Mauvais-mauvais… » pensai-je.
Quelques kms plus loin nous passons une borne marquée : Alençon = 15kms et c’est l’arrêt brusque.
Nous sommes tendus et la radio fait entendre la voix du comte : « allo Perier, allo Perier. En avant, en avant. Armes anti-char légères. Il faut les détruire. »
Perier c’est le sous-lieutenant qui nous commande.
Quelle triste ironie : (armes anti-char légères) !
Périer, de sa plus belle voix annonce avec initiative : « en avant dans l’ordre … Dijon, Compiègne, Reims(Perier avec Massent), Chartres et Soissons (Remercions le ciel pour cette 5 ème position !).
Nous voilà partis à 50 mètres d’intervalle, à petite vitesse, sur la route nationale de 12 mètres de large.
Les cinq chars allemands embusqués dans les haies avec leurs « armes anti-char légères » ne durent point en croire leurs yeux ».
Le Dijon pénètre dans la hutte. Un obus de rocket perce la tourelle, coupe le tireur en deux et met le feu (évidemment).
Mais comme le feu couve un moment, personne ne se rend compte qu’il est touché et nous le dépassons en pensant qu’il est en panne.
Les chars se mettent à tirer dans tous les sens.
Je vide donc dix boites de mitrailleuse un peu partout. Mais on ne voit pas un allemand. Et pourtant…
Le Compiègne, arrivé à l’entrée de la route-Fyé, prend feu : cinq perforants l’ont atteint. Son équipage brule avec.
Simultanément, le Reims flambe (il a reçu 6 perforants) mais Périer et Guerlet ont pu sortir et reviennent dans le fossé.
Le Chartres à son tour prend feu ayant reçu deux obus, 3 bonhommes réussissent à en sortir
Il est à 30 mètres de nous et on le voit bien.
Un sifflement et un coup de vent devant nous, le tranche-haie est coupé en deux. Nous reculons en arrière d’une haie et je répare la mitrailleuse enrayée. Comme nous ne tirons plus, les allemands nous laissent tranquille.
A la radio : « Allo, Perier, repliez-vous. J’envoie Plusquellec »
Ah oui! Périer est en train de se replier dans le fossé avec des éclats dans le ventre et nous restons, le Soissons représentant le 2 ème peloton refuse de se replier mais on ne réalise pas ce qu’il se passe.
Le 3ème peloton arrive au triple galop en colonne encore. Mathieu crie au lieutenant Plusquellec de ne pas nous dépasser. Peine perdue. Ils filent et trois chars dépassent le nôtre. Au fait, qu’espéraient-ils faire? Je n’ai jamais pu le comprendre.
Quoiqu’il en soit le Paimpol et le Brest, percés comme des écumoires après avoir dépassé le Chartre, flambent à leur tour et quelques malheureux réussissent à sortir de leurs fournaises respectives. Seul, par miracle, le Rennes revient et nous remontons tous en arrière de la Hutte.
Mais là c’est le désordre le plus complet. Il y a des allemands dans tous les coins. Ils se rendent d’ ailleurs les uns après les autres mais les mitrailleuses françaises énervées partent pour un rien et fauchent les malheureux biffins nos humbles frères d’armes.
Le Dijon flambe et ses obus explosent. Les allemands de Fyé envoient des explosifs sur la Hutte pendant qu’à côté de nous des paysans enterrent de jeunes garçons que leur apportent les brancardiers. Il ne sera pas utile d’enterrer ceux des chars car ils se transforment rapidement en cendres.
C’est le désordre le plus complet. Les chars sont alignés sur la route, prêts à fuir, tourelles en arrière et tirent sporadiquement et indistinctement sur les biffins français et allemands. Mais les allemands se rendent les uns après les autres et tout se tasse. On enlève les morceaux du soc à l’avant du char et il faut faire de gros efforts. J’ai la surprise de constater que je n’ai plus un brin de force. Il est midi et on sort les rations pour essayer de faire un silencieux repas.
Mais non. Il m’est impossible de manger. La mort est partout. Dans les biscuits, dans le fromage, dans l’eau. Je suis visiblement désorienté.
C’est avec une véritable consternation qu’à deux heures nous apprenons que le lieutenant Bureau prend le commandement d’un peloton formé avec les chars rescapés et qu’on reprend la marche.
Nous nous regardons tristement et en avant.
Je pense avec conviction que ma dernière heure est venue et les yeux fixés sur les taillis que je dévore je me recroqueville comme si je sentais arriver l’obus perforant. Je pense que mes oreilles me font mal (mon fameux rhume anglais) et que lorsque je serai mort, je ne les sentirai plus.
C’est une mince consolation.
Cependant, l’espoir renait rapidement car nous nous déployons à travers champs pour permettre aux artilleurs, sapeurset autres biffins d’installer leurs dispositifs. Des obus sifflent dans l’air mais quelle importance à côté des perforants au vol rapide que l’on n’entend pas venir.
Puis le peloton se reforme en arrière et nous prenons un chemin de fortune dans les taillis sur la droite de l’axe d’Alençon. Un paysan nous apprend qu’un char allemand se trouve sur un chemin en avant.
Aussi, en avant en silence pour surprendre l’allemand.
Le Lorient marche en tête et nous le suivons. Arrivé à hauteur du petit village de FYE il faut déboucher des haies pour entrer en terrain découvert et le char est là, paraît-il.
Le Lorient s’efface poliment et voici le Soissons fier, élancé qui passe devant.
PAN !
Le perforant est passé juste derrière le char et, arrachant le talus, a soulevé un nuage de poussière.
Instantanément, j’ai expédié un perforant dans la direction de l’allemand mais on ne voit plus rien et nous revenons en arrière en vitesse
. Nous n’osons plus avancer et attendons les ordres. A la radio le comte qui est à un kilomètre s’impatiente : « il faut faire vite, garder l’effet de surprise. En avant, en avant !»
Facile à dire mais la mort vient de nous frôler.
Bureau entame avec lui un long dialogue qui se termine par ces mots :
« si j’avance sur la route c’est le Soissons qui flambe »… » non, non, il y en a eu assez comme ça aujourd’hui » s’affole
Guignolet.
Puis : « il faut fixer et tourner l’ennemi. Toute la solution est là. »
Mais que ne vient-il se rendre compte lui-même de la situation?
Cependant, Mathieu est rentré seul et à pied dans le village ou il apprend que les allemands sont partis et que leurs chars sont en colonne très près d’ici, en route pour Alençon.
Mathieu revient avec un prisonnier et le Soissons fonce. Notre vitesse est supérieure à celle des chars allemands.
L’occasion est belle.
Nous traversons le village ou les habitants commencent à sortir de leurs caves. Mais Bureau nous rappelle à la radio et il faut stopper.
La nuit arrive en effet et Mathieu continue la progression à pied me laissant le char.
Nous avons eu tellement peur ce matin que la réaction maintenant est très forte. Nous voulons foncer en avant, toujours plus loin, tailler les allemands en pièces. Jamais plus je n’eus cet état d’esprit (ou peut-être un peu à Paris) et Mathieu non plus je crois.
Et voilà tout le reste du groupement qui s’amène. Des automitrailleuses arrivent à la hauteur du vaillant Soissons qui repart vers l’arrière de un kilomètre.
Nous stoppons dans FYE la route et je sombre dans le néant, la tête sur les commandes, écrasé par les émotions successives.
Au matin, nous nous apercevons que nous avons tous dormi à nos places sauf Mathieu que le sommeil a couché dans le fossé.
Le bilan de la journée pour l’escadron est :
16 morts, 14 blessés, presque tous de mon peloton.
Le 12 à 8 heures on fonce sur Alençon. Le Quimper, en tête, a tellement peur de se faire moucher qu’il fonce, fonce à toute allure et nous entraine en trombe dans Alençon ou nous trouvons des éléments de la division entrés par une autre porte.
12e RÉGIMENT DE CUIRASSIERS
EXTRAIT DU JOURNAL DE MARCHES ET OPÉRATIONS
(Source : www.chars-francais.net)
11 Août 1944.
À partir du 11 Août 1944, le G.T.D. est fractionné en deux sous-groupements :
– 1°: sur l’axe MEURCE – VIVOIN – LA HUTTE – ALENÇON, le bataillon FARET moins les compagnies GRALL et SAN MARCELLI, renforcé du 2ème Escadron (Capitaine d’ORGEIX), du 3ème Escadron du R.B.F.M. moins un peloton, le tout sous les ordres du Chef de Bataillon FARET.
– 2°: sur l’axe CHERANCE – ROUESSE-FONTAINE – BOURG-LE-ROI – CHAMPFLEUR – ALENÇON, le reste du G.T.D. aux ordres du Lt-Colonel NOIRET.
Le Capitaine commandant le 2ème Escadron reçoit l’ordre de détacher un de ses pelotons avec un élément dépendant du Commandant FARET et opérant à l’Ouest de l’axe.
Le reste du 2ème Escadron, sous les ordres du Capitaine d’ORGEIX, reçoit d’autre part la mission de constituer l’avant- garde du Sous-Groupement FARET, les éléments de reconnaissance de ce sous-groupement ayant été éprouvés par des attaques aériennes.
Le peloton PÉRIER est envoyé en pointe. Il réduit de nombreux éléments d’infanterie ennemis dans le village de La Hutte et progresse au-delà. De nombreux éléments d’infanterie, ainsi dépassés et désorganisés, viendront se rendre aux unités d’infanterie amies qui suivent la progression des chars.
Le peloton PÉRIER continue sa marche en avant et dans la ligne droite située entre La Hutte et La Route tombe sur de nombreux canons antichars Allemands.
Un très violent combat a lieu, au cours duquel le peloton PLUSQUELLEC est engagé en renfort.
La progression des pelotons PÉRIER et PLUSQUELLEC est finalement bloquée par une très dure résistance antichar et chars ennemis, placés dans un terrain défavorable à l’attaque des chars (impossibilité de sortir de la route).
Trois chars du peloton PÉRIER et deux chars du peloton PLUSQUELLEC, dont les chars de ces deux chefs de peloton, sont détruits.
Un quatrième char du peloton PÉRIER reviendra en flamme jusqu’à La Hutte, et le feu ne pouvant être éteint, brûlera entièrement.
L’ennemi a perdu de nombreux tués et blessés, et au moins un char, aux lisières de FYE.
Il convient, ici, de signaler quelques actes de courage remarquables :
– Près de LA HUTTE, le Cuirassier LOUVET, conducteur d’un char, alors que son char venait d’être percé par 2 coups de canon et que le tireur venait d’être décapité à son poste de combat, que les autres membres de l’équipage étaient blessés, lui-même blessé, et que les quatre chars voisins brûlaient, a trouvé la force de faire demi-tour, de ramener son char toujours en flamme à un kilomètre en arrière, après avoir aidé tout l’équipage blessé à sortir du char. LOUVET n’a consenti à se faire évacuer que lorsque toutes les tentatives faites pour éteindre l’incendie de son char et de le sauver se furent révélées vaines.
– Moins spectaculaire, mais aussi méritoire, fut le cran montré par les blessés des chars brûlés au Nord de LA HUTTE, parmi lesquels il faut citer le M.d.L. GUILLOT, les cuirassiers MOLLINIER, SAINT-MARTIN, RAVON, qui avant leur évacuation, tinrent à fournir tous les renseignements qu’ils avaient pu obtenir sur l’emplacement des canons et chars ennemis qui venaient de mettre hors de combat les chars de leurs pelotons.
– Enfin c’est le M.d.L. MATHIEU et son équipage, qui, seuls survivants de leur peloton, après les combats de la matinée, repartent dès l’après-midi comme premier char, en avant de tout autre élément, pour attaquer les armes ennemies qui venaient de détruire 6 chars de leur Escadron.
Le Capitaine d’ORGEIX réunit les restes des pelotons PÉRIER et PLUSQUELLEC, les renforce d’un char de commandement, et en forme un peloton aux ordres du S/Lieutenant BUREAU.
Dans l’après-midi, le Capitaine d’ORGEIX reçoit l’ordre de réduire ces armes antichars et de continuer la progression.
L’opération est menée par le peloton BUREAU qui exécute une manoeuvre de débordement par l’Est de la route, dans un terrain très difficile, où l’on doit à plusieurs reprises, faire précéder les chars par des membres des équipages à pied ; le village de LA ROUTE est pris.
De nombreux prisonniers sont faits (22 se rendent à l’instant, 15 se rendent à l’Infanterie qui n’a pu rejoindre les chars qu’une demi-heure plus tard).
Les chars poursuivent l’ennemi jusqu’à ARCONNAY. Là, l’Escadron reçoit l’ordre de
se regrouper pour la nuit à LE PONT-OSSEAU.
Pendant la journée, le peloton BRIOT (détachement Ouest) a également exécuté un travail d’avant-garde et a rencontré de grandes difficultés de terrain. Deux de ses chars resteront embourbés jusqu’au lendemain. Il a détruit dans la journée 2 canons antichars et provoqué la reddition de quelques prisonniers. Il participe à la prise du village de FRESNAY.
Le 3ème Escadron, sur ordre du Colonel, s’installe en garde vers l’Est, le S-E. et le N. à COULOMBIERS.
Installation terminée à 09H30.
Le peloton De COLOMBEL étant allé reconnaître CHERANCE, ce village se révèle tenu par de l’infanterie et des canons antichars.
À 12H15, le Lieutenant NOËL reçoit l’ordre de se mettre aux ordres du Chef d’Escadrons ROUVILLOIS pour attaquer BOURG-LE-ROI.
Pour cette attaque, le Chef d’ Escadron ROUVILLOIS dispose :
– de l’Escadron NOËL,
– d’un peloton de T.D.,
– de la Compagnie SAN MARCELLI.
Attaque mise en place entre LA HUTTE, d’où le 2ème Escadron ne peut encore déboucher, et ROUESSE-FONTAINE, où le 4ème Escadron est fixé.
Après avoir traversé le BOIS DU CHATEAU (2 km E. de LA HUTTE ), le 3ème Escadron s’installe sur sa base de départ aux lisières N. des bois, en vue de son objectif : BOURG-LE-ROI.
Le peloton KREBS est en tête, et doit contourner le village par l’ Ouest.
Un jeune résistant : Mr VERNIER, boulanger à BOURG-LE-ROI, monte sur l’arrière du char du Lieutenant KREBS, donnant au fur et à mesure de la progression, des indications permettant de faire tomber la défense Allemande, en débordant celle-ci par un itinéraire non défendu par le Commandement Allemand, en raison des difficultés du terrain qu’il présente.
Le peloton DESFORGES surveille l’entrée de BOURG-LE-ROI pendant que le peloton KREBS se jette sur les lisières N.E. du village et les nettoie.
Le peloton De COLOMBEL, une fois le large débordement des pelotons KREBS et DESFORGES bien amorcé, doit attaquer LE PITON, S.E. de BOURG-LE-ROI, fortement défendu.
Le peloton KREBS pénètre dans BOURG-LE-ROI et provoque un départ précipité des Allemands pris à revers ; il poursuit ceux-ci au delà des lisières N.E. du village.
Le peloton De COLOMBEL arrive à proximité du PITON qui lui est désigné comme objectif. Il est accueilli par des coups de 88 qui percent une des poulies de tension de son char. Le peloton poursuit sa progression en tirant, le canon de 88 est détruit.
La progression a duré une heure, Bourg-le-Roi est pris.
Des prisonniers sont faits.
La Compagnie SAN MARCELLI qui ne s’est pas rendue compte du départ des chars de son détachement, à l’attaque, est restée en arrière ; elle rejoint BOURG-LE-ROI, prend possession des nombreux prisonniers faits, et complète le nettoyage du village.
Vers 17H30, le détachement ROUVILLOIS reçoit la mission de repartir en avant sur CHERISE et CHAMPFLEUR.
Le 3ème Escadron du Lieutenant NOËL est en tête.
Le peloton KREBS est envoyé sur CHERISE que, 20 minutes après, il signale vide.
Le 3ème Escadron reprend sa progression, peloton DESFORGES sur l’axe, suivi d’une section d’Infanterie.
Le peloton De COLOMBEL est en soutien.
Le peloton KREBS arrive en vue de CHAMPFLEUR vers 18H30, et progresse le long du remblai de la voie ferrée.
Le peloton DESFORGES tourne CHAMPFLEUR largement par l’Ouest, et coupe la retraite aux éléments d’infanterie portée ennemis qui évacuent le village.
Il détruit un camion et une auto-mitrailleuse et deux véhicules de transport de troupe de “Panzer Grenadiere“.
Le char du Lieutenant KREBS pénètre dans CHAMPFLEUR. Le char de soutien de son peloton, atteint par un coup au but, prend feu.
Le Lieutenant NOËL ayant localisé le départ des coups de canon ennemis, ouvre le feu à 100 mètres.
Un deuxième char de soutien du peloton KREBS, atteint, prend feu.
Le peloton De COLOMBEL, sur ordre du Lieutenant NOËL, se porte en soutien du peloton KREBS.
L’appui de l’Air Support, qui avait été demandé, ne peut être obtenu en temps voulu. L’Artillerie ouvre le feu, neutralise l’infanterie, et arrête les
renforts blindés de l’ennemi dont l’arrivée était signalée par le Lieutenant KREBS.
Deux “Panzer IV“ sont détruits par le char du Lieutenant KREBS.
Vers 19H30, le Lieutenant KREBS signale CHAMPFLEUR évacué par l’ennemi.
Le peloton DESFORGES pénètre également dans CHAMPFLEUR, par l’Ouest et par le Nord.
L’Escadron NOËL s’installe vers 23H00, en bivouac-garde, à 1 km N.O. du village, sur la route d’Alençon.
Le fait d’ arme suivant, survenu au cours de l’attaque de CHAMPFLEUR, mérite d’ être raconté :
– Les cuirassiers CILLIERES, ARCHIAVELLIS, BOUCHARD, PERSHON, conducteurs et aides conducteurs des chars BLOIS et BRANTÔME, sortant de leurs chars en feu, se précipitent dans des trous à proximité de leurs chars. Ils y trouvent des fantassins Allemands camouflés.
Le cuirassier PERSHON les interpelle en allemand, BOUCHARD les menace de son pistolet. 7 Allemands sont pris avec leurs armes dont 2 mitrailleuses légères. Après l’action le cuirassier BOUCHARD s’apercevra qu’il n’y avait pas de chargeur dans son pistolet…….
L’avant-garde, le 4ème Escadron en premier échelon, avait repris à 06H00 le mouvement sur COULOMBIERS.
À la sortie N. de COULOMBIERS, le peloton MUCCHIELLI subit le tir d’un char lourd Allemand (2 coups au but, 1 mort, 2 blessés). Un deuxième char est détruit, le chef de char est tué.
Le char ennemi est mis hors de combat.
Le peloton MOREAU est envoyé en reconnaissance vers le N., puis vers l’O. de ROUESSE-FONTAINE.
Au cours de cette reconnaissance, en terrain très dangereux pour des chars, il a 3 chars mis hors de combat.
Un char lourd ennemi, placé à l’O. de ROUESSE-FONTAINE, est détruit.
Sur demande du Capitaine DA, commandant l’avant-garde, la Batterie DEMARLES déclenche un tir sur la région où a été située la défense ennemie.
L’Air Support est demandé par le Colonel commandant le 12ème Cuirassiers, et fait merveille.
Après cette préparation, l’avant-garde attaque ROUESSE-FONTAINE, 4ème Escadron en tête, suivi de la Compagnie GRALL.
L’attaque pénètre sans résistance dans le village.
Des prisonniers sont faits en grand nombre.
Liaison est prise avec un peloton du 12ème R.C.A. qui est à l’Est de ROUESSE- FONTAINE.
Le 4ème Escadron reste au repos quelques heures à ROUESSE-FONTAINE, et rejoint le Gros, à CHAMPFLEUR, vers 19H00.
SARTHE - 1944
FYÉ - Infos
FYÉ
Le monument départemental de la 2ème DB
Sur la RD 338 à l’entrée de Fyé en direction d’Alençon
Ce monument commémoratif en granit et en bronze à la gloire des soldats de la 2ème DB est unique par l’ampleur de son programme.
Y Figurent tous les symboles de la libération, le char et la croix de lorraine ainsi que la liste des 97 soldats morts pour la libération de la Sarthe.
Il a été inauguré le 22 août 1948 en la présence de Madame la Maréchal Leclerc.