LA GUERCHE DE BRETAGNE
Km= 239
Lundi 7, Mardi 8, Dimanche 13 août 1944
PATTON DONNE LA 2e DB À HAISLIP
Le danger semble passé. La 30e DI US s’est ressaisie en offrant une résistance héroïque.
Le VIIe corps a contenu l’offensive adverse grâce en grande partie à l’aviation alliée et aux canons antichars qui ont bloqué la ruée des Panzer.
Pendant ce temps, Patton active les trois divisions du XVe corps d’Haislip qui ce soir entreront dans Le Mans. Sur le front Nord, Montgomery a confié l’opération Totalize à la Ire armée canadienne. Le général Crerar, depuis Caen lance le IIe corps du général Simonds pour ouvrir la route de Falaise.
La 2e DB reçoit dans la journée l’ordre de faire mouvement vers Le Mans et de rejoindre le XVe corps auquel elle est maintenant rattachée.
À partir d’aujourd’hui le XVe corps a sa composition définitive avec la 79e DI, la 90e DI, la 5e DB US et la 2e DB.
L’heure de départ du GTL est fixée à 18 heures, suivra le GTD le 9 à 1 heure, puis le GTV partira le dernier, à 5 heures.
À midi le colonel Billotte, ancien chef d’EM du général de Gaulle à Londres, arrive au PC, ce qui provoque un effet de surprise à la division. Il se présente au général Leclerc qui lui donne le commandement du GTV. «Nous partons pour Le Mans. Vous ferez connaissance de votre groupement en marchant»
Le colonel Warabiot prend le commandement du 501e RCC et le commandant Cantarel devient commandant en second.
Quant au commandant Delepierre il est détaché à l’EM de la division, à la disposition du général, à partir du 12 août.
Par un premier bond de 200 kilomètres, la 2e DB va rejoindre une zone d’attente au Sud-Ouest du Mans, au Nord de Sablé-sur-Sarthe, roulant souvent de nuit.
L’itinéraire est le même pour les trois GT, à savoir : Saint-James, Antrain, Saint-Aubin-du-Cormier, Vitré, Cuillé, Cossé-le-Vivien (halte où seront faits les pleins d’essence durant près de deux heures), Quelaines, Chateau-Gontier, Grez-en-Bouère, Bouessay et Sablé, à 50 kilomètres au Sud-Ouest du Mans.
La menace sur Mortain étant écartée, les trois détachements de reconnaissance ont été rappelés dans l’après-midi.
Le GTL s’ébranle à l’heure prévue et va effectuer une grande partie du parcours de nuit sans autre éclairage que les “yeux de chat” à l’avant et les feux rouges à l’arrière, la tête de la colonne arrivant au Nord de Sablé, sa zone d’attente, dès 7 heures le 9.
Dans l’après-midi, pendant que ses unités effectuent leur mouvement -le PC s’arrête pour se regrouper à Chassilé, à 25 kilomètres à l’Ouest du Mans – Leclerc décide de rejoindre Le Mans.
Seul en jeep avec son aide de camp, le lieutenant Girard, il fonce à toute allure. Il pleut, la route est encombrée de véhicules. Le commandant de Guillebon, dans son command-car, a suivi le chef de la 2e DB bien esseulé.
Engagés volontaires dans les rangs de la 2e DB – 1944
Lors de son passage à Domalain le 7 Août 1944,
le Général LECLERC invita le Capitaine LEBEC à recruter des jeunes.
Le 13 Août, vingt-sept Guerchais, volontaires, presque tous âgés de moins de 20 ans,
prirent le départ pour rejoindre la Division LECLERC en Normandie,
et participèrent à la Libération de la France
† Yves BAUDET. Jean JAMET et Yves GAUGAIN morts au Champ d’Honneur
Roger AUBERT
Bernard BAUDRIER
Pierre BROQ
André CORNILLE
Joseph DELAHAK
Robert GUILLOUX
Pierre JAMIER
Roger LEMANCHEC
Laden PILORGET
Jean RICHARD
Jean SAUVAGE
Jean TABEL
Louis AUBRY
René BRAULT
Alexis CHARIAU
Georges COURCIER
Joseph GALLON
Lucien HEUDE
Yves te BOZEC
André MAZOYER
Martial POINGT
André RICHERT
Raymond SCHUTZ
Jacques TREQUESSER
Soldat Jean RICHARD - IIRMT
Jean Richard était parmi les 27 Guerchais
engagés volontaires dans la 2e DB de Leclerc
Titulaire notamment de la médaille militaire et de la croix de guerre avec citation,
Jean Richard, 88 ans, gardait un souvenir ému et très fort de son engagement au sein de la 2e DB.
L’histoire
« Le pays était occupé ; on ne pouvait pas ne rien faire ; si j’avais été sur la côte, je serais parti en Angleterre… »
Jean Richard avait 18 ans en 1944. Il se souvient avec émotion de son engagement. « J’étais apprenti mécanicien agricole aux établissements Boutruche. Ce 12 août 1944, mon patron m’envoie chercher des pièces de faucheuse, place du Champ de Foire et c’est là que j’ai vu l’attroupement devant la gendarmerie : le capitaine Lebec, de l’état-major du général Leclerc, en permission à La Guerche où son père était teinturier, faisait du recrutement chez les jeunes. »
« C’est comme cela, que le 13 au matin, j’ai embarqué debout dans un camion prêté par l’entreprise Cerruti, en direction de Juilley dans la Manche. » Prêt comme tous ses camarades à prêter main-forte aux libérateurs de la France.
Sans autorisation
« Nous étions une trentaine de jeunes volontaires de La Guerche. À l’issue de la visite médicale, nous étions 27 retenus, incorporés au bataillon de renfort n° 1 de la 2e Division Blindée. »
« Nous avions entre 18 et 20 ans. J’étais le plus jeune. J’étais parti sans l’autorisation de ma mère, mon père étant décédé 4 ans plus tôt, ni de mon oncle. J’avais fabriqué un faux certificat d’autorisation mais on ne me l’a jamais demandé ! »
Le jeune Richard s’était aussi fait une promesse : se venger d’une arrestation lorsqu’il avait 16 ans.
« Une nuit avec des copains, nous sommes allés pour dévisser les routes des véhicules allemands stationnés place du Champ de Foire. Nous avons été surpris et arrêtés. Comme je n’avais pas papier, les Allemands, qui étaient basés à La Providence, m’ont gardé toute la nuit. »
Libération de Paris
« Le 22 août, nous arrivons à Saint-Germain-en-Laye. Nous rejoignons les unités combattantes au sein du 2e bataillon. Pour la première fois, j’ai une arme en main. Nous participons à la libération de Paris. Nous étions chargés de nettoyer les rues ».
Puis c’est le départ pour les Vosges et les vrais combats jusqu’à Strasbourg en novembre. Jean Richard retrouve cinq de ses camarades guerchais au sein de la 7e compagnie. Il est voltigeur, à bord d’un half-track, un blindé à chenilles.
Le général Leclerc ? « Je lui ai serré la main plusieurs fois. C’était un chef respecté et aimé. J’ai aussi monté la garde avec son fils. » En janvier 1945, le 2e bataillon est appelé en renfort à Kilstett.
En mai, il atteint la Bavière puis est rapatrié en France après l’Armistice.
« La 2e DB a ensuite demandé des volontaires pour le Japon. On nous promettait un stage de 3 mois en Amérique. J’ai signé l’engagement. »
« Hiroshima est arrivé et le corps expéditionnaire a été finalement envoyé en Indochine. Nous étions trois Guerchais : moi-même, Lucien Heude et René Brault. Nous avons débarqué le 19 octobre 1945 à Saïgon les armes à la main, après un voyage épouvantable d’un mois sur un cargo, logés dans la cale, et mal nourris. »
Jean Richard y reste 18 mois. Il est rapatrié sanitaire (paludisme) et démobilisé en février 1947. Son retour à La Guerche est de brève durée. En octobre, Jean Richard part en Afrique, au Gabon, comme prospecteur de diamant pour le compte d’une société minière.
Il revient en 1953. Il se marie avec Jacqueline Perrier et fonde une famille. Il devient alors représentant en machines agricoles à la FAO de Vitré jusqu’à sa retraite à l’âge de 62 ans.
Soucieux du devoir de mémoire, Jean Richard était premier vice-président des anciens de la 2e DB d’Ille-et-Vilaine et membre du bureau des anciens d’Indochine ainsi que vice-président des anciens combattants de La Guerche.
Source : OUEST-FRANCE 05/06/2014
ELOGE
Mesdames et messieurs, Proches et amis de Jean Richard,
Je ne vous parlerai pas de l’époux, du père et grand-père ou du collègue que restera pour vous M. Jean Richard, comme vice-président de la Maison des Anciens de la 2e DB, je vous parlerai brièvement du combattant qu’il fut.
Né le 16/12/1925, Jean Richard participe à 16 ans à des actions de résistance.
Une nuit en dévissant les roues de camions allemands sur le champ de foire de La Guerche il se fait prendre avec ses camarades.
N’ayant pas ses papiers il est arrêté et conduit à La Providence mais grâce à l’interprète qu’il connaissait il sera finalement libéré après quelques heures.
De cette période, il dira un jour : « Le pays était occupé ; on ne pouvait pas ne rien faire ; si j’avais été sur la côte, je serais parti en Angleterre… ».
En aout 1944, Jean Richard est apprenti mécanicien agricole aux établissements Boutruche-Vannier.
Le 12, son patron l’envoie chercher des pièces, place du champ de foire quand il aperçoit un attroupement devant la gendarmerie.
Il s’agit d’éléments de la 2e division blindée, la division du général Leclerc, et principalement du capitaine LEBEC du QG97 dont le père était teinturier dans la commune et qui, de passage recrute les volontaires.
C’est ainsi que le lendemain, avec une trentaine d’autres Guerchais, il embarque dans un camion prêté par l’entreprise Cerruti en direction de Juilley dans la Manche où s’est installé le bataillon de renfort n°1, qui rassemble les jeunes volontaires en vue de compléter les unités de la division. Parti pour s’engager sans l’autorisation de sa mère, il a fabriqué un faux certificat d’autorisation qui ne lui sera jamais demandé. Après un examen médical, Jean Richard, fait partie des 27 jeunes qui seront incorporés.
Le 22 aout, Jean Richard fait partie d’un détachement envoyé vers l’avant pour remplacer des hommes mis hors de combat.
Il est ainsi affecté à la 7e compagnie du Régiment de Marche du Tchad (le RMT), le régiment d’infanterie portée de la 2e DB avec 5 autres jeunes Guerchais.
Le 2e bataillon du RMT auquel il appartient désormais est sous les ordres du commandant Massu.
Il entre dans Paris le 25 aout au matin et participe à la libération de la capitale puis aux combats de la banlieue nord : Le Bourget – Le Blanc-Mesnil du 27 au 29 aout.
Après quelques jours de repos, la division repart vers l’Est début septembre.
Jean RICHARD est affecté au poste de servant de mitrailleuse sur un half-track. Il prend part à la campagne des Vosges, notamment aux combats de Dompaire, puis à celle d’Alsace où il sera notamment engagé dans le choc de Kilstett durant la contre-offensive allemande de janvier 1945.
Fin février, la 2e DB est envoyée au repos dans l’Indre.
Une partie va prendre part aux combats de la poche de Royan, avant de marcher vers l’Allemagne. La capitulation allemande surprend Jean Richard en Bavière.
Rentré en France, fin mai, il se porte volontaire avec deux autres Guerchais pour le bataillon de marche de la 2e DB qui, prévu pour participer à la lutte contre le Japon sera, après la capitulation de celui-ci, dirigé vers l’Indochine française. Il débarque à Saigon en octobre 1945 et est aussitôt engagé dans le delta du Tonkin.
Rapatrié après un séjour de 18 mois durant lequel il sera blessé, Jean Richard est démobilisé en février 1947.
En octobre de la même année, il décide de partir en Afrique. Il devient prospecteur de diamant au Gabon pour le compte de la Compagnie minière de l’Oubangui-Chari. Il rentre à La Guerche en 1953 et va épouser Jacqueline avec laquelle il va fonder une famille. Parallèlement, il va entrer comme représentant agricole aux Fonderies Agricoles de l’Ouest à Vitré. Il y restera jusqu’à sa retraite.
Jusqu’à ces dernières années après la disparition de son épouse et celle de son fils Jean-Jacques, Jean Richard était resté actif dans le milieu patriotique. Il a longtemps été vice-président de l’Amicale des Anciens de la 2e DB d’Ille-et-Vilaine, vice-président des anciens combattants de La Guerche et membre du bureau des anciens d’Indochine. Ces derniers mois encore, il militait pour que sa commune rejoigne la Voie de la 2e DB en mémoire de ces jeunes volontaires qui ont payé de leur vie leur engagement un beau matin d’aout 1944. Si ce combat n’a pas encore abouti, Jean Richard aura malgré tout eu la récompense d’être présent en avril dernier à l’inauguration d’une place à son nom.
Aujourd’hui votre famille perd l’un de ses membres éminents. Pour nous, membres de l’association des Anciens de la 2e DB, il restera l’un de ceux qui, jusqu’au bout aura porté la mémoire de ses camarades et de son « Patron », le général Leclerc. Nous nous associons à votre chagrin et nous vous assurons de notre soutien.
Jean Richard est entre autres titulaire de la Croix de Guerre 1939-1945, de la Médaille Militaire et il a reçu la Croix de chevalier de la Légion d’honneur le 8 mai 2017.
Soldat Roger Victor AUBERT - IIIRMT
Le 7 août 1944, des éléments de la 2e DB française libre du Général Leclerc, qui a débarqué à Utah Beach il y a moins d’une semaine, passent à quelques kilomètres de La Guerche de Bretagne (Ille & Vilaine).
Le général Leclerc stationne à Domalain pour la nuit.
L’un de ses officiers, capitaine originaire de La Guerche où il était teinturier place Duguesclin, vient recruter parmi les jeunes de sa ville.
Le 13 août, 27 volontaires rejoignent les troupes du futur libérateur de Paris et suivront sa progression jusqu’à la fin de la guerre.
Trois d’entre eux ne rentreront pas.
C’est ce jour là que Victor Roger Aubert, 19 ans, qui a longtemps couru de fermes en fermes pour échapper au S.T.O. et aux réquisitions (travail forcé), signe son engagement et est affecté au Régiment de Marche du Tchad, (R.M.T.) 2ème Division Blindée française libre.
Après une courte période d’instruction dans la région d’Argentan, il est affecté au Bataillon de renfort du RMT et participe au mouvement de son régiment vers les Vosges, ( peu après la libération de Paris 24-25 août 1944), au sein la section de commandement du III/RMT (3ème Bataillon) en tant qu’agent de liaison dans un premier temps, puis en tant que mitrailleur sur 12.7mm au sein de la 2ème section de la 12ème Compagnie de Combat, composée des engagés de Bretagne et de Normandie ainsi que de FFI de la région parisienne.
( Date officielle de création: 02/10/1944 ).
Il participe aux âpres combats de la libération de la France qui se poursuivent dans l’Est en Lorraine et en Alsace..
Il est présent à la bataille de Dompaire, participe à la prise de Baccarat et prend part à la libération de Strasbourg le 23 novembre 1944.
Début 1945, il combat toujours en Alsace, stationne à Grussenheim dont il gardera longtemps la mémoire.
Suivant le mouvement, il franchit le Rhin en avril 45, participe au aux combats de Bavière et se trouve avoir le privilège d’être, le vendredi 4 mai 1945 à la nuit tombante, parmi les 30 hommes de sa section qui parviennent les premiers et en tête de la Division à Berchtesgaden sur l’Obersalzberg et les résidences des dignitaires du régime, dont celle de Herman Goering où il passe la nuit avant d’en être délogé au petit matin, sous la menace des armes, par les troupes US, assez mécontentes de s’être faites coiffées au poteau, en raison de leur méconnaissance de la région.
Il en conservera un souvenir ému, à l’évocation des trésors découverts là et particulièrement de la somptueuse richesse de la cave que les nombreux visiteurs suivants apprécieront également, d’après les nombreux récits et photos qui en témoignent.
Il y fêtera dignement la conquête de ce réduit, les derniers combats, la fin prochaine de la guerre.
Mais son parcours ne cesse pas là puisque Roger Aubert, réceptif à l’appel aux volontaires pour poursuivre la mission du Général Leclerc, signe un nouvel engagement au IV/RMT (4ème bataillon), partie intégrante du corps expéditionnaire de la 2ème DB ( Groupement Massu ) qui est constitué pour libérer l’Indochine.
Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile de bronze
Croix de la Valeur Militaire
Croix du Combattant Volontaire
Médaille commémorative 1939-1945
Médaille commémorative de la campagne d’Indochine
Citation à l’ordre du Régiment :
” Jeune soldat dévoué et courageux tireur à la mitrailleuse de “50” sur half-track, a participé à tous les combats de la campagne de France, depuis les Vosges avec un constant mépris du danger.”
Cette citation comporte l’attribution de la Croix de Guerre avec étoile de Bronze
O.G. N°88 en date du 21.6.1945.
Dans la région d’ARGENTAN peu après son engagement
Collection AUBERT
Bivouac en Allemagne – Avril 1945
Collection AUBERT
La GUERCHE de BRETAGNE