CHAMPFLEUR – (Sarthe)


CHAMPFLEUR

Km= 344

 

Vendredi 11 août 1944

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour la journée du 11 les ordres et les objectifs restent inchangés.
Le général Leclerc insiste sur la vitesse.
Alençon doit être atteinte au plus vite. Afin de donner plus de puissance à l’attaque, les pelotons de Sherman et de tanks destroyers sont mis en tête. En effet les chars légers n’ont pas l’efficacité voulue pour s’opposer aux Marks allemands.

Au G.T.D., le sous-groupement Farret parvient assez rapidement à proximité du carrefour de La Hutte que l’ennemi tient en force.
Cinq de nos chars sont successivement touchée par des 88.
Après un dur combat le carrefour est contourné par l’ouest et enfin occupé.
Le soir le sous-groupement s’installe à Fyé.

A sa droite le sous-groupement Noiret, par Coulombiers, aborde Rouessé. L’ennemi s’y défend âprement.
Quatre chars amis sont détruits. Il faut l’aide de l’artillerie et de l’Air Support pour arriver à bout de la résistance.
La localité ne tombera que vers 15 heures. Mais l’Allemand, qui a perdu entre La Hutte et Rouessé onze chars lourds, dix canons antichars et deux cent cinquante prisonniers, se replie en désordre.
Bourg-le-Roi est rapidement libérée ainsi que Champfleur où se rend aussitôt le général Leclerc.
Alençon n’est plus qu’à 5 kilomètres, mais la nuit est déjà là.

Sur les axes C et D, le G.T.L. lui aussi a fait d’importants progrès, bien que l’arrivée tardive du convoi de ravitaillement en essence ne lui permette de démarrer qu’à 9 heures.
Le sous-groupement Massu après avoir annihilé des résistances ennemies sur la route La Hutte – Mamers atteint à 20 heures Ancinnes où il s’installe.
Le sous-groupement Minjonnet doit faire face devant Louvigny un important rassemblement d’armes antichars et de véhicules allemands qui sont détruits avec l’aide de l’aviation.
La localité est occupée à 15 heures.
L’avant-garde du sous-groupement parvient à la nuit aux lisières de la forêt de Perseigne.

Ainsi le 11 au soir, le deuxième bond fixé par l’ordre d’opérations est largement dépassé.
Alençon est à portée de la main.
La 9e Panzer-Division est coupée en deux et a subi de très lourdes pertes.

 

 

 

(Source: La 2e DB – Général Leclerc – En France – Combats et Combattants -1945)

 

La division LECLERC, venant du Mans, vers le nord, eut à lutter, le 11 août, assez âprement à Champfleur, à 7 kilomètres avant Alençon. En passant à Bourg-le-Roi, le boulanger, M. MAR­TIN, interrogé par les hommes du char de tète, s’offrit spontanément pour guider la colonne et, en costume de travail, monta dans la tourelle du char et dirigea l’une des colonnes qui traversaient la plaine d’accès au village. Le char de tète avisé qu’il n’y avait pas de résistance à Groutel, avance avec témérité le long de la ligne, malgré le feu de l’ennemi situé sur des positions dominantes ; il traverse le pont du chemin de fer, qui accède à l’agglomération, seul et très en avant, entre dans le village même, rejoint aussitôt par un tank allemand, engagé sur le pont, qui tire un obus, frappant la tourelle. Le char français, non atteint dans ses oeuvres vives, riposte par arrière et touche le tank allemand, qui flambe sur le pont, en interdisant le passage au gros de nos troupes.

Le char de tête continue sa marche isolée en avant, traverse la place de l’Eglise et va anéantir par derrière, au-dessus du cimetière, un tank e Panthères posté dans une position dominante au-dessus de la plaine. Il revient à Champfleur où le rejoignent d’autres éléments, qui ont contourné le village au delà de la gare, après un feu nourri des chars et de mousqueterie qui a duré de 19 h. 30 à 21 heures. La 10e Panzer division autrichienne (formée d’éléments originaires de Vienne et de Silésie) se retire alors.

Les obus ont atteint différentes habitations, le couvent, la mairie, des fermes, sans faire heureusement aucune victime mortelle.

Le général LECLERC, lui-même, arrive sur la place du village et malgré la fusillade qui continue de la part d’un groupe de chars français, non atteint encore par’ le c cessez le feu a, accueille le cidre rafraîchissant que lui apporte l’aubergiste, sortie une des premières à sa rencontre. Un obus tardif crève le clocher. Le général LECLERC, peu ému par une fusillade à laquelle il est habitué depuis le Sahara, réitère les avertissements radiophoniques et la place, enfin revenue au calme, s’emplit immédiatement d’une population enthousiaste, qui attendait des Américains et voit avec transport de vrais officiers et soldats français.

Le commandement français aussitôt avisé par des Alençonnais que la résistance allemande n’était pas organisée sérieusement à Alençon, quittait Champfleur sans tarder et devait atteindre la Préfecture de l’Orne le lendemain matin 12 août, sans rencontrer de résistance sérieuse.

De la N. 138, que plusieurs routes transversales relient à celle de Champfleur à Bourg-le-Roi et, vers l’Est jusqu’au delà de la Voie ferrée de Caen au Mans, qui la traverse de Groutel au Nord aux abords de Rosay au Sud. La gare de Bourg-le-Roi se trouve même sur le territoire de Cherisay.

Il en est résulte, à partir du débarquement, de nombreuses attaques aériennes. D’une part, les avions alliés ont mitraillé à plusieurs reprises la route d’Oisseau à Bourg-le-Roi, y détruisant trois véhicules allemands. De l’autre, des bombardements à peu près journaliers ont été dirigés à compter du 7Juin contre la ligne et notamment contre la gare ou une rame de wagons vides ayant servi au transport de troupes et remisée sur la voie de garage attirait l’attention et les projectiles des aviateurs, ainsi que contre le passage à niveau voisin. Par miracle, le bâtiment de la station n’a jamais, été directement atteint Mais il a été encadré par les bombes elles ont été particulièrement nombreuses autour de l’aiguillage de la voie de garage et quelques jours avant la libération, il en est tombé une dans le jardin de l’Hôtel de la Gare, qui a causé à celui-ci de sérieux dégâts et criblé d’éclats, de l’autre côté de la voie, la maison du garde-barrière. Depuis le début de juillet, la gare et les habitations voisines avaient d’ailleurs été évacuées.

Dans la semaine de la libération, de nombreux Allemands, appartenant à différentes unités, sont venus cantonner dans toute la commune. Certains se sont montrés menaçants à l’égard de la population : c’est ainsi qu’un gradé des SS, furieux de ne pouvoir retrouver une auto dont il voulait s’emparer; a prétendu en vain du reste exiger du maire, M. Louis Chauvel ; la liste des habitants.

C’est le 11 août, à la fin de l’après-midi, que des troupes françaises sont arrivées de Bourg-le-Roi, qu’elles venaient de libérer, à Cherisay. Tandis qu’une colonne de blindés se portait directement sur Champfleur par Groutel, cinq chars, sous la conduite de M. L. Martin, ont poussé jusqu’au bourg, qu’ils ont atteint vers 18 heures 30, et que deux tanks allemands venaient de quitter ; ils s’y sont arrêtés une demi-heure, puis l’un ­d’eux a fait demi-tour et les quatre autres ont continué vers Champfleur.

 

 

(Source: La 2e DB – Général Leclerc – En France – Combats et Combattants – 1945)

 

CHAMPFLEUR

 

La commune de Champfleur, où s’est produit, lors de la libération, un vif engagement, riche en péripéties dramatiques, est traversée du nord au sud par la ligne de Caen au Mans, qui y. compte une station et qui a attiré sur elle, à partir du débarquement, de fréquents bombardements.

Dès le 6 juin, entre 7 et 8 heures, une locomotive a été mitraillée et un Allemand grièvement brûlé. Un ou deux jours après, des bombes ont été lancées aux abords de la gare, qui a été, par la suite, l’objet d’attaques aériennes répétées, ainsi que le point de Barrée et celui des Batailles, sans d’ailleurs que ces objectifs aient été touchés. Par contre, le 14 juin, vers 8 heures, le Pont situé à la sortie sud du bourg a été atteint et très endommagé tout en restant praticable, tandis que troismaisons voisines subissaient de sérieux dégâts.

Le 22 juin à 14 heures s’est produit, au-dessus de Champfleur, un combat d’avions à la suite duquel un appareil allemand est allé tomber en flammes sur le territoire de Saint-Rigomer.

Quelques jours après le débarquement, une soixantaine d’hommes, mes employés par l’organisation Todt la réparation des voies des Nord-Africains encadrés par plusieurs Allemands sont venus s’instiller au presbytère et au monastère, ils en sont Partis entre le 6 et le 11 août.

Aux approches de la libération des troupes ennemies de diverses armes cantonnent sur points de la commune : il y en a dans les hameaux de la route du Pont et à la Bourdonnière du 4 en soir au 8 ; à la Neslière le 8 et le 9, puis le 10.

Le 10 également, des SS arrivent en grand nombre, avec des chars, dont certains vont s’installer sur la route de Groutel à Cherisay. Le bourg est sévèrement gardé par des sentinelles et les habitants, reçoivent l’ordre de rester calfeutrés chez eux pendant la nuit.

Mais le vendredi 11 au matin, le Canon gronde au sud et, vers 9 heures, un groupe d’habitants apprend par deux prisonniers français appartenant à l’équipage d’un char, qui s’est trop avancé, l’approche de la division Leclerc. Une partie de la journée se passe dans une attente inquiète. Mais aux environs de 16 heures des éléments ennemis de toutes sortes, chassés de Bourg-le-Roi reculent sur Champfleur. Des chars viennent s’embusquer derrière une haie épaisse à la Bourdonnière. Puis, vers 18 heures, d’autres, arrivant de la direction de Courtilloles, prennent position à l’est du bourg ; toutefois, l’un d’eux en panne, est incendié par son équipage près des Ormeaux: Ces divers blindés tiennent ainsi sous leurs feux croisés la route de Bourg-le-Roi.

Tout à coup, à 19 heures 30 environ, les mitrailleuses crépitent, accompagnées aussitôt par le fracas des canons : 17 tanks français du sous-groupement Ronvillois marchent sur Champfleur, après avoir traversé Groutel sans incident. Conformément aux ordres reçus par TSF, le premier, le » Brive-la-Gaillarde « , commandé par le lieutenant Krepps et guidé par M. I. Martin, de Bourg-le-Roi, quitte la route un peu au nord du croisement de celle de Cherisay, par laquelle il est arrivé, s’avance par la plaine, entre celle-ci et la voie ferrée ; abrité, tout au moins du côté de l’ouest, par un vallonnement, il réussit à atteindre et à franchir le pont du chemin de fer, à l’entrée sud du bourg, annonce par radio que celui-ci n’est ni détruit, ni miné et pousse audacieusement jusqu’à la place de l’église. Mais en même temps, les deux chars suivants, le » Blois » et le » Brantôme « , sont atteints par le tir des blindés de la Bourdonnière et brûlent sur la route, aux roquettes, à 3 ou 400 mètres du pont sud, tandis que deux autres, le » Bourges » et le » Saint Chamond « , sont mis » hors d’usage » à l’est de la route, dans un repli de terrain situé entre le Pont des Batailles et le passage à niveau de Garancière, par le feu d’un tank installé aux Vignes.

Cependant, un des chars de la Bourdonnière se détachant, s’avance vers le bourg, s’engage à son tour sur le pont sud, aperçoit le Brive sur la place de l’église et tire sur lui un obus dont les éclats touchent légèrement ses roulements. Le tank français recule rapidement fait manoeuvrer sa tourelle et atteint ‘à bout portant son adversaire qui explose en obstruant le pont et dont les occupants sont carbonisés. Le » Brive » repart ensuite vers l’église, puis vers le cimetière, démolit un autre char allemand qui se tient un peu au-delà, fait un tour dans la plaine jusqu’auprès du pont des Batailles et rentre par la route du cimetière dans le bourg, sur lequel les pièces françaises, ignorant sa présence, continuent à tirer. D’autres; tanks ne tardent d’ailleurs pas à le joindre, en passant à l’ouest de la ligne et par le passage à niveau de la gare. Et voici le général Leclerc lui-même, avec son PC avancé ; il boit un verre de cidre et donne l’ordre d’arrêter le tir, qui vient d’atteindre le clocher et de blesser près de lui un aspirant. Le bourg de Champfleur est aux mains des Français et les habitants, dont beaucoup s’étaient dispersés dans les champs y rentrent, acclamant le général et ses hommes.

Sur le flanc droit l’attaque a été efficacement soutenue par deux blindés qui, vénus de Bourg-le-Roi à Garancière, par les hauteurs qui s’élèvent à l’est de la voie ferrée, ont pu tirer profit de cette position dominante et ont finalement atteint, en passant par Montlioux, la route de Courtilloles. De ce coté, un tank allemand, qui s’est retiré vers l’est s’arrête pour la nuit à la ferme du Tertre et parvient, le 12 au matin, à gagner la forêt de Perseigne.

Sur la gauche, où les blindés ennemis se sont repliés vers la Feuillère, d’autres chars français se sont avancés par la plaine, à l’ouest de la route de Bourg-le-Roi, vers la Bourdonnière, où ils ont incendié deux canions et démoli un bâtiment à usage de fournil, puis vers la Bourdonnière et enfin vers les Essarts, sur la route d’Arçonnay.

Au cours du combat, qui a duré une heure 1/4 environ, quatre militaires français ont été tués dans les chars (Décès constatés. Les soldats Jean Bringuier, Salomon Kalifa, Gaston Lalanne et Antoine Pérez, du 12e Cuirassier, tous inhumés au cimetière de Champfleur) deux y ont disparu, carbonisés, et un a été mortellement blessé (le brigadier Georges Jouvel, du 12e Cuirassiers, décédé à Groutel, tandis qu’on le transportait à un poste de secours installé à Bourg-le-Roi, où il a été inhumé). Du côté allemand, cinq hommes ont péri (dont un membre de l’équipage d’un tank mort de ses blessures au monastère) ; sept ont été faits prisonniers dans le bourg. Parmi la population, on ne compte que deux blessés légers, mais le toit en bâtière du clocher de l’église a été crevé par un obus du côté sud, à la hauteur des cloches, et le campanile du couvent démoli ; diverses maisons ont été atteintes par des projectiles, notamment la mairie école, dont le mur sud-est est éventré, le monastère et trois maisons aux Vignes, dont une est détruite entièrement et deux partiellement ; enfin, plusieurs constructions situées derrière l’épicerie Lechat, ont pris feu et brûleront toute la nuit.

Cependant, les allemands se sont retirés, tout en combattant, par la route d’Arçonnay, suivis par les Français, qui se portent vers Saint Gilles et le Vieux Bourg. La fusillade se prolonge jusque vers 21 heures, puis l’ennemi » décroche « .

A Champfleur, un parc a été formé par des véhicules de l’Etat-major Dio dans un vaste pré situé juste à l’ouest de la station, de l’autre côté de la voie, et le général Leclerc, après avoir achevé de donner ses ordres en vue de l’occupation d’Alençon et de ses ponts, y prend un peu de repos bien gagné.

Mais vers 1 heure du matin, l’artillerie allemande ouvre brusquement le feu, atteint dans le parc un half-track, dont les munitions vont sauter pendant le reste de la nuit, et tue deux sous-officiers (le sergent-chef Gabriel Navarro et le sergent Georges de Vasita, du régiment de marche du Tchad, inhumés au cimetière de Champfleur) ; elle touche également une maison située près du pont sud et qui est sérieusement endommagée. Le tir assez espacé ensuite, dure environ une heure. Mais déjà, le général Leclerc a repris sa route vers Saint-Gilles et Alençon.

Quant aux villages de la partie nord-est de la commune (hameaux de la rue du Pont, de la Cheslière,…), les troupes françaises n’y sont passées que le lendemain matin vers 7 heures 30 – 8 heures, venant les unes de Champfleur, les autres d’Ancinnes.

 

 

 

 

J.M.O.  12ème CUIRS (Extrait)

III. ALENCON

11 Août 1944

 

À partir du 11Août 1944, le GTD est fractionné en deux sous-groupements :

– 1°: sur l’axe Meurcé – Vivoin – La Hutte – Alençon, le bataillon FARET moins les compagnies GRALL et SANMARCELLI, renforcé du 2 e Escadron (Capitaine d’ORGEIX), du 3 e Escadron du RBFM moins un peloton, le tout sous les ordres du Chef de Bataillon FARET.

– 2°: sur l’axe Chérancé – Rouessé-Fontaine – Bourg-le-Roi – Champfleur – Alençon, le reste du GTD aux ordres du Lt-Colonel NOIRET.
Le Capitaine commandant le 2 e Escadron reçoit l’ordre de détacher un de ses pelotons avec un élément dépendant du Commandant FARET et opérant à l’Ouest de l’axe.

Le reste du 2 e Escadron, sous les ordres du Capitaine d’ORGEIX, reçoit d’autre part la mission de constituer l’avant-garde du Sous-Groupement FARET, les éléments de reconnaissance de ce sous- groupement ayant été éprouvés par des attaques aériennes.
Le peloton PÉRIER est envoyé en pointe. Il réduit de nombreux éléments d’infanterie ennemis dans le village de La Hutte et progresse au-delà. De nombreux éléments d’infanterie, ainsi dépassés et désorganisés, viendront se rendre aux unités d’infanterie amies qui suivent la progression des chars.
Le peloton PÉRIER continue sa marche en avant et dans la ligne droite située entre La Hutte et La Route tombe sur de nombreux canons antichars Allemands.
Un très violent combat a lieu, au cours duquel le peloton PLUSQUELLEC est engagé en renfort.
La progression des pelotons PÉRIER et PLUSQUELLEC est finalement bloquée par une très dure résistance antichar et chars ennemis, placés dans un terrain défavorable à l’attaque des chars (impossibilité de sortir de la route).
Trois chars du peloton PÉRIER et deux chars du peloton PLUSQUELLEC, dont les chars de ces deux chefs de peloton, sont détruits. Un quatrième char du peloton PÉRIER reviendra en flamme jusqu’à La Hutte, et le feu ne pouvant être éteint, brûlera entièrement.
L’ennemi a perdu de nombreux tués et blessés, et au moins un char, aux lisières de Fyé.
Il convient, ici, de signaler quelques actes de courage remarquables :
– Près de La Hutte, le Cuirassier LOUVET, conducteur d’un char, alors que son char venait d’être percé par 2 coups de canon et que le tireur venait d’être décapité à son poste de combat, que les autres membres de l’équipage étaient blessés, lui-même blessé, et que les quatre chars voisins brûlaient, a trouvé la force de faire demi-tour, de ramener son char toujours en flamme à un kilomètre en arrière, après avoir aidé tout l’équipage blessé à sortir du char.
LOUVET n’a consenti à se faire évacuer que lorsque toutes les tentatives faites pour éteindre l’incendie de son char et de le sauver se furent révélées vaines.
– Moins spectaculaire, mais aussi méritoire, fut le cran montré par les blessés des chars brûlés au Nord de La Hutte, parmi lesquels il faut citer le Mdl GUILLOT, les cuirassiers MOLLINIER, SAINT-MARTIN, RAVON, qui avant leur évacuation, tinrent à fournir tous les renseignements qu’ils avaient pu obtenir sur l’emplacement des canons et chars ennemis qui venaient de mettre hors de combat les chars de leurs pelotons.
– Enfin c’est le Mdl MATHIEU et son équipage, qui, seuls survivants de leur peloton, après les combats de la matinée, repartent dès l’après-midi comme premier char, en avant de tout autre élément, pour attaquer les armes ennemies qui venaient de détruire 6 chars de leur Escadron.

 

Le Capitaine d’ORGEIX réunit les restes des pelotons PÉRIER et PLUSQUELLEC, les renforce d’un char de commandement, et en forme un peloton aux ordres du S/Lieutenant BUREAU.
Dans l’après-midi, le Capitaine d’ORGEIX reçoit l’ordre de réduire ces armes antichars et de continuer la progression. L’opération est menée par le peloton BUREAU qui exécute une manœuvre de débordement par l’Est de la route, dans un terrain très difficile, où l’on doit à plusieurs reprises, faire précéder les chars par des membres des équipages à pied ; le village de La Route est pris.
De nombreux prisonniers sont faits (22 se rendent à l’instant, 15 se rendent à l’Infanterie qui n’a pu rejoindre les chars qu’une demi-heure plus tard).
Les chars poursuivent l’ennemi jusqu’à Arconnay. Là, l’Escadron reçoit l’ordre de se regrouper pour la nuit à Le Pont-Osseau.
Pendant la journée, le peloton BRIOT (détachement Ouest) a également exécuté un travail d’avant-garde et a rencontré de grandes difficultés de terrain. Deux de ses chars resteront embourbés jusqu’au lendemain. Il a détruit dans la journée 2 canons antichars et provoqué la reddition de quelques prisonniers. Il participe à la prise du village de Fresnay.
Le 3 e Escadron, sur ordre du Colonel, s’installe en garde vers l’Est, le Sud-Est et le Nord à Coulombiers. Installation terminée à 09h30.
Le peloton De COLOMBEL étant allé reconnaitre Chérancé, ce village se révèle tenu par de l’infanterie et des canons antichars.
À 12h15, le Lieutenant NOËL reçoit l’ordre de se mettre aux ordres du Chef d’Escadrons ROUVILLOIS pour attaquer Bourg-le-Roi.
Pour cette attaque, le Chef d’Escadron ROUVILLOIS dispose :
– de l’Escadron NOËL,
– d’un peloton de T.D.,
– de la Compagnie SANMARCELLI.
Attaque mise en place entre La Hutte, d’où le 2 e Escadron ne peut encore déboucher, et Rouessé-
Fontaine, où le 4 e Escadron est fixé.

Après avoir traversé le Bois du Château (2kms Est de La Hutte), le 3 e Escadron s’installe sur sa base de départ aux lisières Nord des bois, en vue de son objectif : Bourg-le-Roi.

Le peloton KREBS est en tête, et doit contourner le village par l’Ouest.
Un jeune résistant : M. VERNIER, boulanger à Bourg-le-Roi, monte sur l’arrière du char du Lieutenant KREBS, donnant au fur et à mesure de la progression, des indications permettant de faire tomber la défense Allemande, en débordant celle-ci par un itinéraire non défendu par le Commandement Allemand, en raison des difficultés du terrain qu’il présente.
Le peloton DESFORGES surveille l’entrée de Bourg-le-Roi pendant que le peloton KREBS se jette sur les lisières Nord-Est du village et les nettoie.
Le peloton De COLOMBEL, une fois le large débordement des pelotons KREBS et DESFORGES bien amorcé, doit attaquer Le Piton, Sud-Est de Bourg-le-Roi, fortement défendu.
Le peloton KREBS pénètre dans Bourg-le-Roi et provoque un départ précipité des Allemands pris à revers; il poursuit ceux-ci au-delà des lisières N.E. du village.

 

Le peloton De COLOMBEL arrive à proximité du Piton qui lui est désigné comme objectif. Il est accueilli par des coups de 88 qui percent une des poulies de tension de son char. Le peloton poursuit sa progression en tirant, le canon de 88 est détruit.
La progression a duré une heure, Bourg-le-Roi est pris.
Des prisonniers sont faits.
La Compagnie SANMARCELLI qui ne s’est pas rendue compte du départ des chars de son détachement, à l’attaque, est restée en arrière; elle rejoint Bourg-le-Roi, prend possession des nombreux prisonniers faits, et complète le nettoyage du village.

Vers 17h30, le détachement ROUVILLOIS reçoit la mission de repartir en avant sur Cherisé et Champfleur.
Le 3 e Escadron du Lieutenant NOËL est en tête.
Le peloton KREBS est envoyé sur Cherisé que, 20 minutes après, il signale vide.
Le 3 e Escadron reprend sa progression, peloton DESFORGES sur l’axe, suivi d’une section d’Infanterie.

Le peloton De COLOMBEL est en soutien.

Le peloton KREBS arrive en vue de Champfleur vers 18h30, et progresse le long du remblai de la voie ferrée.
Le peloton DESFORGES tourne Champfleur largement par l’Ouest, et coupe la retraite aux éléments d’infanterie portée ennemis qui évacuent le village.
Il détruit un camion et une automitrailleuse et deux véhicules de transport de troupe de PanzerGrenadiere.
Le char du Lieutenant KREBS pénètre dans Champfleur. Le char de soutien de son peloton, atteint par un coup au but, prend feu.
Le Lieutenant NOËL ayant localisé le départ des coups de canon ennemis, ouvre le feu à 100 mètres.
Un deuxième char de soutien du peloton KREBS, atteint, prend feu.

Le peloton De COLOMBEL, sur ordre du Lieutenant NOËL, se porte en soutien du peloton KREBS. L’appui de l’Air Support, qui avait été demandé, ne peut être obtenu en temps voulu.
L’Artillerie ouvre le feu, neutralise l’infanterie, et arrête les renforts blindés de l’ennemi dont l’arrivée était signalée par le Lieutenant KREBS.
Deux Mark IV sont détruits par le char du Lieutenant KREBS.
Vers 19h30, le Lieutenant KREBS signale Champfleur évacué par l’ennemi.
Le peloton DESFORGES pénètre également dans Champfleur, par l’Ouest et par le Nord.
L’Escadron NOËL s’installe vers 23h00, en bivouac-garde, à 1km Nord-Ouest du village, sur la route d’Alençon.

Le fait d’arme suivant, survenu au cours de l’attaque de Champfleur, mérite d’être raconté :
– Les cuirassiers CILLIERES, ARCHIAVELLIS, BOUCHARD, PERSHON, conducteurs et aides conducteurs des chars Blois et Brantôme, sortant de leurs chars en feu, se précipitent dans des trous à proximité de leurs chars. Ils y trouvent des fantassins allemands camouflés.
Le cuirassier PERSHON les interpelle en allemand, BOUCHARD les menace de son pistolet. 7 Allemands sont pris avec leurs armes dont 2 mitrailleuses légères. Après l’action le cuirassier BOUCHARD s’apercevra qu’il n’y avait pas de chargeur dans son pistolet…

 

 

Vers Alençon

Dés l’aube , la progression reprend en direction du Nord vers Alençon . La marche est ardue . Très vite l’ennemi fait face brutalement. Ses canons anti-chars , épaulés par une infanterie déterminée stoppent les progressions sur l’ensemble du front . Le sous-groupement Massu reprend sa progression vers Chérancé et Rouessé Fontaine.

La Hutte :
Le sous-groupement Farret butte sur un point de résistance au carrefour de la Nationale et de la route de Fresnay sur Sarthe – Mamers. Plusieurs chars du 12° Cuirs sont détruits dont le « Dijon« , ainsi que deux half-track du RMT (?) . les marsouins vont rester bloqués de longs instants , malgré leur agressivité. Parmi-eux, le capitaine Troadec , un ancien du Tchad est grièvement blessé tout comme le sous-lieutenant Guena du 12° Cuirs ( ancien ministre)
Les pertes : Claude de Laguiche alias Pascal de Fouin – Maréchal des logis Grounenkoff – Soldats Clément Richard – André Caron – Marcel Riberolle

Fye :
En cette fin de matinée, Le bouchon de La Hutte contourné, trois km plus loin en abordant Fyé par la Nationale à proximité du lieu-dit « la route « ,nos troupes se heurtent de nouveau à un bouchon tenu solidement par la 9° panzer. Distants les uns des autres d’une cinquantaine de mètres la colonne du Cdt Farret se trouve immobilisée par un violent tir d’anti-chars allemands embusqués derrière les haies et arbres à l’ouest de la route . Le peloton , perd en quelques minutes 5 chars Sherman : Brest, Chartres, Compiègne, Paimpol et Reims , ainsi que le Bretagne , half-track d’accompagnement , d’une automitrailleuse et d‘une moto.
A l’heure de la libération du village en fin d’après-midi les pertes de la 2° DB sont lourdes : 25 morts et autant de blessés.
Les pertes : Jean Dumas – Legrand – Maurice Peretti – M. Arlandis – G. Challet – F. Gully – J. Larrasquet – J. Jayr – C. Massenet – H. Plusquellec – F. Giboulot – Jean emile Corvisier- J. Lego – 2 inconnus des chars « Compiègne » et « Brest »

Louvigny :
Le sous-groupement Minjonnet doit faire face à une importante concentration d’armes anti-chars et de véhicules allemands qui progresse vers la forêt de Perseigne . Ces troupes seront détruites avec l’aide de l’aviation alliée . Le petit bourg est libéré vers 15 heures. A la tombée de la nuit l’avant-garde du sous-groupement parvient à la lisière de la forêt .
NDLA :Iinscriptions aux Monument aux Morts :Auguste Bossier – Pierre Cazeaux – Jean Fréche – Lucien Gélormini – Camille Guglielminetti – Marc Serrya – Pierre Vergos – inconnu du char « Poitou »

Bourg le Roi :
En fin d’après-midi le Général Leclerc marqua un arrêt place de l’église sous les tilleuls et accepta une chaise présentée par un habitant . De ce PC improvisé il donna ses ordres pour poursuivre l’offensive vers Champfleur .Louis Martin , boulanger dans le village pris place sur l’arrière du char « Brive la Gaillarde » commandé par le Lt Krebs et guida le peloton au fil des chemins où s’étaient embusqués les panzers de la 9° division allemandes couvrant le repli de leur troupes vers Alençon.
A Champfleur il fut soufflé par un obus et projeté contre un mur . Il décéda en 1953 des suites de la commotion subite .

Champfleur
Après avoir traversé Chérisay , puis le hameau de « Groutel »le peloton du Lt Krebs arriva à Champfleur . Pendant cette progression il perdit deux chars : le « Blois » et le « Brantôme ». Regroupé dans le village , le détachement de reconnaissance est rejoint par le « Tailly » d’où descend le Général Leclerc.
Les pertes : deux tombes : Sergent-chef Gabriel Navarro 1/RMT – 2° Cl Antoine Perez 12° Cuirs
Stèle : Jean Bruinguier – Salomon Kalifa – Gaston Lalanne – Gabriel Navarro – Antoine Perez – Georges De Vasita

 

 

Sur le Pont Neuf à Alençon, le général LECLERC en consultation

 

 

Il a guidé Leclerc et la 2e DB, le 12 août 1944

Soixante-quatre ans après la libération d’Alençon, le résistant Raymond Ciroux racontecommentla ville a été sauvée… de justesse.

« Le 11 août, comme tous les Alençonnais, je constate avec plaisir que les troupes d’occupation évacuent la ville. Mais je remarque aussi que les Allemands s’en vont sans détruire les ponts… Craignant une ruse des Allemands, je décide de franchir les lignes ennemies dès la nuit tombée pour aller prévenir nos alliés à Champfleur. »
Raymond Ciroux, bien qu’âgé de 19 ans seulement, n’en est pas à son premier acte de résistance. Condamné par un tribunal militaire en 1942, il a déjà passé six mois en prison à Caen, pour avoir commis des manifestations anti allemandes » à Alençon.

Surprise
N’écoutant encore une fois que son courage, Raymond Ciroux quitte Alençon à 20 h. « Je passe par les petites routes de campagne, mais je croise tout de même une patrouille allemande qui me demande la direction d’Alençon. Je lui donne une fausse direction et poursuis ma route ». Arrivé à Saint-Gilles, il « tombe » sur trois chars… de la 2e DB ! « C’est une réelle surprise, car la BBC disait simplement que les Américains poursuivaient leurs combats dans les faubourgs du Mans. Nous ignorions que c’était Leclerc qui avançait vers nous ! »
Le jeune résistant informe le capitaine Gaudet qu’Alençon est vide mais ses ponts intacts, et que des troupes ennemies stationnent dans les forêts avoisinantes. « Aussitôt, Gaudet tente de transmettre le message à ses supérieurs, par radio. Mais en vain. Avec son adjoint, nous repartons à vélo,
dans la nuit. » À Champfleur, le jeune résistant répète son message au capitaine Da et au colonel Noiret. ” Ce dernier se charge de prévenir Leclerc, nous repartons tous les trois à Saint-Gilles,en Jeep”

Informé vers 23 h, le général Leclerc donne l’ordre d’investir immédiatement Alençon.

À son réveil, vers 2 h du matin, il se précipite à Saint-Gilles. Il est d’une humeur massacrante : son ordre n’a pas été exécuté ! « Lorsqu’ils arrivent, je suis repoussé par un officier : plusieurs chars ont déjà été détruits à la suite de fausses informations. Mais je suis introduit auprès du général Leclerc !
Plusieurs heures ont passé et il se demande si mes renseignements valables à 20 h le sont toujours. Je me porte alors volontaire pour aller vérifier. Et Leclerc décide de reprendre Alençon. »
Le convoi militaire s’ébranle à 3 h du matin. Raymond Ciroux est dans la jeep qui guide les chars dans la nuit. « Au carrefour du boulevard de la République, je vais m’assurer à pied que la voie est libre. Les chars se disposent ensuite en épi place des Poulies. Je continue seul, à pied, non sans appréhension… et constate avec soulagement que le Pont-Neuf est toujours là ! » Tandis que Leclerc en prend symboliquement possession, Raymond Ciroux repart en jeep pour guider d’autres chars vers les ponts et les boulevards extérieurs.

De justesse
« Nous essuyons de violents tirs lors d’une reconnaissance vers l’aérodrome de Damigny. Cet incident nous confirme que les Allemands n’ont pas l’intention d’abandonner Alençon ! » Mais Leclerc a pris les choses en main, et Alençon est sauvée. Enfin presque… « En début de matinée, la ville est survolée par un nombre important de forteresses volantes. Les gars de la 2e DB déploient en catastrophe des pancartes signalétiques oranges.
Il était temps : les Américains avaient reçu l’ordre de bombarder Alençon le 12 août, à 10 h… »

 

Source : OUEST-FRANCE mardi 12 août 2008

 

 

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