ANGLEMONT (Vosges)


ANGLEMONT

Km=968 

Dimanche 1er octobre – Lundi 2 octobre 1944

 

 

Automitrailleuse AMM8 du RBFM (Vosges 1944)

 

Les 1er et 2 octobre 1944, le sous-groupement PUTZ (2/2/RBFM, 2/3/1er RMSM, 3/RMT, 501e RCC) doit repousser les assauts d’une contre-attaque allemande.

Le journal de marche du GTV indique:
– 18 tués, 35 blessés, 4 disparus.
– 1 Jeep, 1 moto & le M4A2 n° 24 CHAMPAUBERT (1/2/501 RCC) détruits.

 

Le 1er octobre, le S/GT PUTZ livre un combat très dur à Anglemont qui est pris à la mi-journée puis reperdu dans la nuit.

La 2e compagnie reprend le village aux prix de 5 tués : caporal Roger  NORCY, chasseurs Jean GORDOT, Léo JOUHET, Georges RENOU et Roger THOMAS.

Le Champaubert est détruit.
Le même jour, la 1e compagnie se bat à Doncières.
Le Massaoua II y est détruit et 4 hommes sont tués (Sergent-chef Jean MAHEO, caporal-chef Claude FARENBERG, chasseurs Robert GRAOUILLET et Gilbert MAKZOUME).

Le 8 octobre, le caporal-chef Léon VANDEVORDE est tué lors d’un bombardement sur le village.

A la mi-octobre, la Division reste sur ses positions face aux Vosges.
Ce délai est mis à profit par le Génie pour ouvrir des routes dans la forêt de Mondon en vue des opérations à venir.

 

 

 

Anglemont
par André DELEPIERRE

 

L’agitation règne partout. Les équipages s’apprêtent au départ et vérifient leur matériel. Les retardataires s’énervent et courent de tous côtés. Les moteurs emplissent la rue de vacarme et de fumée bleue, tan-dis que le tumulte des voix cherche à dominer l’ampleur de cette sym-phonie mécanique. Les chars, l’un après l’autre, viennent se ranger au bord de la route, devant le nôtre. Puis, les moteurs s’arrêtent et le calme règne à nouveau. L’heure H est proche. Les groupes se forment autour des chars ; chacun discute et donne son point de vue. Mais, voici le lieu-tenant. Il arrive avec le sourire et monte son paquetage à bord de notre Friedland. Il réunît ensuite ses quatre chefs de char, et tous discutent autour d’une carte d’état-major.

Ça va barder

II est prêt de huit heures quand le lieutenant revient vers nous. « Je crois que ça va barder ! » dit-il en se frottant les mains. « Où attaque-t-on, mon lieutenant ? » demande Okretic « Du côté d’Anglemont. — Où est-ce, Anglemont ? » demande Raillard, avec un accent de Titi parisien. « Là…» Le lieutenant désigne un point sur la carte. Un bruit s’approche, et, s’amplifie, devenant, bientôt, un vacarme assourdissant. Ce sont les chars légers qui passent. Ceux de l’adjudant Legrand — le bien connu Jaboune — qui commande le peloton de pro-tection du G.T.V. Je reconnais, tandis qu’ils foncent, mon vieux compa-gnon des prisons d’Espagne, Pinhède, qui, du haut de son Honey, ins-pecte l’horizon à la jumelle. Je me demande ce qu’il peut voir, mais, enfin, c’est son affaire.

« En char ! » crie le lieutenant. Je grimpe sur le blindage et m’enfonce dans mon poste. Puis, ayant réglé la hauteur de mon strapontin et placé les écouteurs-radio sur mes oreilles, je regarde et j’attends. « Moteurs en marche ! » Meyer appuie sur l’un, puis sur l’autre bouton de démarrage et, successivement, les deux moteurs se remettent à vrombir, par saccades spasmodiques. Le lieutenant lance quelques ordres à ses chars… « Meyer, en avant ! » dit-il enfin. Nos écouteurs transmettent, fidèlement ses paroles. Meyer embraye et démarre dou-cement.
Nous doublons les autres chars de la section, qui, aussitôt après, nous suivent en colonne.

Premier combat

Le char s’arrête et, derrière lui, toute la colonne. Le lieutenant, avec souplesse, est descendu de notre char. Le capitaine lui donne des instructions précises et, sur la carte, lui désigne des objectifs. Je sors la tête de mon poste et je contemple le capitaine avec confiance. L’imminence du danger me le rend fort sympathique. Lui, du moins, ne connut jamais la peur. Il le prouva et c’est sur l’ordre d’un tel homme que, peut-être, nous nous ferons tuer, sachant très bien qu’il fera tout pour nous venir en aide et, s’il ne peut, qu’il nous vengera. « Fermez les volets ! » crie le lieutenant, en regagnant sa tourelle. Meyer obtempère, et moi aussi. Je ferme la petite porte blindée au-dessus de ma tête et visse solidement la fermeture. Puis rapidement, je règle mes périscopes.
La colonne s’est remise en route. Nous atteignons bientôt la lisière d’un bois, que nous longeons avec prudence, canons dirigés vers elle. Les fantassins du Tchad s’égaillent autour de nous, reconnaissent le terrain et surprennent plusieurs Boches, armés d’un bazooka. Nous avançons. Les mitrailleuses crépitent déjà de tous côtés et sondent l’inconnu de la forêt. Les balles traçantes dirigent les tirs,en faisant converger sur les frondaisons et les fourrés de magnifiques gerbes rouges.
J’ai armé ma mitrailleuse ; la bande est engagée et je suis prêt à tirer. Les appels radios brisent de temps à autres les ronflements de moteurs et la mitraillade. Meyer, les mains crispées à ses leviers, les yeux collés à son périscope, dirige à mes côtés la marche du Sherman ; il entraîne habilement notre lourd véhicule par-dessus les talus et parmi les obstacles. Nous arrivons enfin, à la corne du bois : une vallée s’étale, devant nous. Dans le fond, j’aperçois le clocher d’une église qui, majestueusement, pointe par-dessus les toits rouges : Anglemont…
Nous atteignons le but, presque sans coup férir !

Et premier obus

Mais, non ! C’était trop beau ! J’entends un sifflement et, par le périscope, je vois à notre droite une grande gerbe de feu, de terre et de fumée noire, qui jaillit vers le ciel, avec un sourd éclatement. Autre sifflement, autre explosion : je vois une autre gerbe, un peu plus près,cette fois. Puis d’autres encore… Ce sont les Allemands, qui, des hauteurs de Sainte-Barbe en face, nous expédient des obus de gros calibre. Le buste dépassant de sa tourelle, au mépris des éclats, le lieutenant commande la manœuvre. Quelques ordres brefs à la radio, les cinq chars se dispo-sent en bataille et continuent leur progression, comme si rien ne devait entraver leur avance.
Le Boche, pourtant, règle son tir et les points de chute des « pélauds » se rapprochent sensiblement de nos blindés. Ils nous enca-drent de plus près, tandis que les chefs de chars, aux ordres du lieutenant effectuent des manœuvres de reculs, d’avances, et de volte-face, pour gêner le tir des batteries ennemies.Tout à coup, là-bas, sur les hauteurs, de l’autre côté de la vallée, s’allume une petite flamme, puis une autre… D’autres encore… Quelques secondes se passent… Je perçois des sifflements… « Les antichars ! » grogne Meyer. Ce coup-ci, c’est bien pour nous ! Le tout est de ne pas leur laisser le temps de régler leurs pièces… Un choc brusque dans un bruit sourd : le char est vio-lemment secoué, d’avant en arrière. C’est Okretic, notre tireur qui vient d’ouvrir le feu. Quatre coups de canons se succèdent aussitôt. Les autres chars ont à leur tour tiré.
Un claquement sec : Rail lard vient de recharger la pièce. Okretic tire à nouveau, puis tire encore. Raillard recharge sans arrêt. Les autres chars en font autant, prenant durement à partie les antichars ennemis. Le roulement de la canonnade prend un rythme ininterrompu.
Cependant en ligne de bataille, les chars évoluent toujours parmi d’énormes explosions. Il y a évidemment un observateur habile qui, de là-bas, dirige le tir des batteries allemandes. Les concentrations devien-nent plus massives de tous côtés, les gerbes nous encadrent ; les chefs de chars doivent déployer toute leur astuce manœuvrière pour dérégler le tir de l’artillerie ennemie. Le lieutenant s’en inquiète et demande des ordres ; il appelle Jacques, le capitaine et, par radio, lui rend compte de la situation.
« Avancez ! » L’ordre est formel et indiscutable, et le lieutenant est homme à le bien exécuter. Aussi continuons-nous à progresser vers Anglemont.

Le Tchad à l’assaut

Nous arrivons bientôt à proximité du village que nos chars investissent, tandis que l’infanterie du Tchad s’élance à l’assaut de la garni-son boche, dont les éléments fuient de toutes parts sous le feu de nos mitrailleuses.
Nous faisons halte et, les volets ayant été ouverts, nous passons la tête à l’extérieur. Ouf ! Qu’il est bon de respirer l’air pur ! Toutes ces odeurs complexes de gasoil et de poudre sont, malgré tout, assez nauséabondes..

Le tir des batteries boches s’est ralenti. Nos canons de leur côté, se sont tus. On n’entend plus que le crépitement des mitrailleuses qui crachent encore dans le village. De temps à autre, un sifflement, une gerbe de feu, de terre et de fumée, une violente explosion… Juste le temps de rentrer sous notre coquille d’acier ; ce n’est pas grave. La fin est proche. Un jeune fantassin du Tchad nous voyant arrêtés, se préci-pite vers notre char, une bouteille à la main. C’est un jeune engagé de Paris, il est joyeux : « Quel beau baptême du feu ! » nous dit-il. « Ah ! Je suis content de mon baptême ! Tenez ! Buvez… c’est de la mirabelle que j’ai prise aux Boches, tout à l’heure. » Et nous buvons à sa santé, les uns après les autres, au goulot de la bouteille, cet excellent alcool lorrain qui vous exalte et vous réchauffe le corps.

Dispositions de nuit

La garnison ennemie s’est rendue vers onze heures. Un détache-ment français occupe Anglemont. Nous sommes dirigés sur la côte, à l’orée du bois, en protection du village.
Vers quatre heures, la pluie s’est mise à tomber. Il faut placer des crampons aux chenilles, afin qu’elles ne patinent pas. Le lieutenant dis-pose ensuite ses chars à la lisière de la forêt, en les éloignant suffisamment les uns des autres. La côte de Sainte-Barbe est en face, sur l’autre versant de la vallée, le Boche nous observe. Pour éviter qu’ils ne soient repérés, nous camouflons nos blindés à l’aide de branches que nos coupons aux arbres voisins. Les fantassins du Tchad, pendant ce temps, ont nettoyé la forêt. Ils ramènent un certain nombre de prisonniers et un butin considérable que, loyalement, ils partagent avec nous.
Après avoir dîné sommairement de quelques biscuits et de conserves, nous prenons nos dispositions pour la nuit. Le lieutenant couchera dans la tourelle du char, et nous avons monté une tente sous les arbres, avec la bâche du Sherman.

On remet ça

La matinée s’écoule dans un calme coupé seulement, de temps à autre, par les rafales de l’artillerie. Le lieutenant a été reconnaître ses positions. Les chars ennemis se sont, paraît-il, repliés en direction du village. Le capitaine nous fait savoir, un peu avant midi, qu’une contre-attaque vient d’être montée, ayant pour objectif Anglemont, actuellement tenu par des éléments d’infanterie et par des chars allemands, Panthers et Mark IV.
La première section de notre compagnie (la 2e du 501e RCC) — celle du lieutenant Michard — appuyée par la reconnaissance, l’infanterie et les fusiliers marins, est chargée de l’opération. Notre section (2e) devra de ses armes automatiques et de son artillerie, soutenir la contre-attaque et gêner la retraite éventuelle de l’ennemi, sans toutefois quitter ses positions actuelles.
Notre artillerie, bientôt,se met à tonner, déversant,sur Anglemont, un déluge d’acier.
Puis,des bruits de moteur nous parviennent, qui montent de la vallée : la section Michard, en marche vers son objectif.
La radio nous diffuse les ordres du P.C. et les appels ; nous pouvons suivre ainsi les préliminaires de l’attaque. On pourrait se croire au cinéma, si parfois l’artillerie boche ne venait nous rappeler que nous ne sommes pas au spectacle.
Drame radiophonique
« Allô ! Jacques ! Allô Jacques ! Ici, Louis. Répondez. » Après un court silence, la réponse nous parvient : « Allô Louis ! Allô Louis ! Ici Jacques. J’écoute. — Allô ! Sommes en présence de chars lourds et d’un adversaire très supérieur en nombre, qui nous oppose une résistance acharnée… Que devons-nous faire ? Que devons-nous faire ? — Allô Louis ! Maintenez-vous à tout prix dans le village ! Maintenez-vous à tout prix ! Je vous envoie des renforts. — Allô Jacques ! Bien compris. Terminé. — Allô Louis I Tous… Allô Louis,Tous ! En avant ! »
Nous savons ce que cela veut dire, et ce qu’ils risquent !
Les mitrailleuses s’énervent. La canonnade s’amplifie sur un rythme ininterrompu. La fumée s’élève du village, monte et se disperse au-dessus des maisons. Nous suivons passionnément le combat qui se déroule. Puis brusquement, un autre d’appel de Michard : « Allô Jacques ! Allô Jacques ! Ici, Louis. Répondez. — Allô ! Louis ! Ici Jacques. J’écoute. — Allô Jacques ! Nous venons de détruire un Panther. Continuons à progresser dans le village. Envoyez renforts… -Allô Louis .’Très bien ! Continuez. Les renforts sont en route. — Allô Jacques ! Bien compris.Terminé. » Plus sinistre cette fois, un autre appel nous parvient ; « Allô Jacques !… L’un de mes engins vient de sauter… Envoyez l’ambulance. —- Allô Louis ! Je vous envoie d’urgence les secours demandés. »

Objectif atteint

Mais le Boche a perdu le meilleur de ses forces et bientôt il se replie. Michard est maître de la place, que l’infanterie nettoie. La pour-suite commence. De notre observatoire, nous apercevons les unités de l’infanterie allemande — un bataillon — qui, battant en retraite, sor-tent du village, et montent sur l’autre versant de la vallée. Pour nous, l’action va commencer.

Un petit Panzer affolé, se met lui aussi à grimper la côte. Non loin du Friedland part un coup de canon, puis un autre… C’est un char de notre section — celui de l’adjudant Journet — qui, placé en pointe, à la lisière Nord du bois, vient de tirer sur le char boche. Touché ! Le Panzer s’immobilise. Le tireur de Journet, Thuayre, un petit Breton, lui a mis un obus, à plus d’un mile. Le coup est beau ! Tous, nous sommes en liesse. A leur tour, nos mitrailleuses se sont mises à cracher. Elles tirent sur le bataillon en déroute, qui, rapidement, se défile sous nos yeux.
Le Boche fuit, éperdument, tandis que son artillerie s’efforce en vain de nous impressionner. Les obus sifflent et tombent sur Anglemont et autour de nos chars, sans toutefois nous atteindre. La défaite est totale. L’ennemi a terminé sa retraite, sous le feu meurtrier de nos canons et de nos armes automatiques qui répandaient la mort dans ses rangs. Nous en avons tué plus de deux cents et, depuis hier, plusieurs centaines de prisonniers ont été faits.
Michard a détruit deux Panther, Thuayre un Mark IV, et deux autres de leurs chars ont été mis à mal par les unités d’accompagnement.
Mais nous avons laissé l’un des nôtres dans Anglemont. Nos camarades sont morts brûlés. Cette vengeance leur était bien due !

André Delepierre élail aide-conducleur d’un Sherman à la 2e Cie du 501e RCC

Paru dans Caravane, n° 51, octobre 1946.

 

La bataille d’Anglemont

( D’après le compte-rendu des opérations rédigés le 4 octobre 1944 par le lieutenant-colonel de Guillebon )

 

Le 29 septembre, le chef de bataillon Putz reçoit l’ordre de faire appuyer l’attaque américaine sur Rambervillers, sans s”engager lui-même.
Cette attaque, qui devait avoir lieu le 29 à 17h00, a été reportée au 30 au matin.
L’artillerie américaine pilonne Rambervillers, tandis que la bataillon FFI progresse, venant su sud-ouest, pendant que les FFI locaux venant de Roville progresse au nord-ouest.
Les combats sérieux reprennent le 1er octobre entre Rambervillers et Baccarat, et le sous-groupement Putz, du GTV, enlève Anglemont et franchit la D 435 à midi.
Dans la nuit, deux bataillons allemands appuyés par des chars de la 111ème Panzerbrigade reprennent Anglemont. Le sous-groupement Putz reprend le village le 2 octobre, au prix de durs combats.
Le sous-groupement, agissant en éclaireur de la division, a fractionné ses troupes en 2 éléments :
— Au sud, sous le commandement du capitaine Wagner, la C. A., la compagnie FFI Piquet, la section de chars légers Rodel et le peloton de T D Gelinet progresse très difficilement à partir du bois de la Grande Coinche, car la pluie a rendu le terrain très spongieux et a fait disparaître les sentiers forestiers. Après plusieurs itinéraires tentés, le capitaine Wagner utilisera un chemin plus au sud et n’arrivera que vers 17h00 à la ferme des Tribuns, son objectif initial.
— Au nord, le 1er élément est constitué en tête du peloton, des spahis Gendron et de la section du Génie de l’adjudant-chef Cancel, suivis de la 2ème compagnie du 501ème régiment de Chars de Combat (RCC du capitaine de Witasse), et de la IIème compagnie (lieutenant Comte) par section jumelée. Le chef de bataillon Putz a avec lui la 32ème Batterie d’Artillerie (capitaine Razy).
Le mouvement démarre comme prévu à 9h00 précise de Xaffervillers. Aucun incident ne se produit jusqu’à Doncières qui est atteint à 9h30, et où des tirs de mitrailleuses ennemies sont essuyés au sud-est. La progression se fait très rapidement à la lisière des bois de la Grande Coinche. L’artillerie ennemie réagit sans succès.
L’élément Spahis (Gendron), Génie (Adj-chef Cancel) et le jumelage Char (Lt Lacoste) Infanterie (Lt Franjoux) file sur Anglemont et surprend complètement la garnison, faisant 40 prisonniers à 11h00. Le reste de la colonne fonce sur la route de Ménil et arrive à la maison forestière, coupant la retraite aux éléments ennemis qui se trouvent dans les bois, faisant au moins 30 morts et une centaine de prisonniers. Un bouchon est installé sur la route de Ménil, les sections de chars et d’Infanterie étant installés de part et d’autre, tandis que le peloton Spahis et la section de Génie tiennent le village d’Anglemont. La réaction ennemie intervient assez vite. La maison forestière fait l’objet de tir de Nebelwerfer, tandis qu’Anglemont reçoit des tirs d’artillerie.
La nuit est à peu près calme, jusque vers 2h00 du matin, où l’ennemi déclenche un violent tir d’artillerie sur Anglemont, puis après sur la lisière de la forêt où se trouve le PC du sous-groupement. Vers 5 heures, on entend des bruits de chars, et 5 blindés sont aperçus dans les lueurs du village en proie aux flammes. Le village est encagé de tirs de mitrailleuses à balles explosives, et le détachement d’Anglemont fait l’objet d’une attaque en force. Le lieutenant Gendron demande du renfort, mais il a tellement plu que les TD ne peuvent démarrer de l’endroit où ils se trouvent. L’ordre de repli est donné au Lieutenant Gendron. Le Génie décroche en bon ordre, et les Spahis, qui ont deux voitures en panne, sont durement accrochés. Un élément de la IIème compagnie (Adj-chef Molia) est bloqué en lisière de forêt, embourbé! Les liaisons avec le GTV et l’Artillerie sont très mauvaises du fait des conditions atmosphériques et de la forêt. Ainsi le tir de barrage sur le carrefour au nord d’Anglemont ne pourra intervenir qu’avec 1/2 heure de retard. Le peloton de Spahis peut enfin se retire sur la maison forestière, mais les effectifs manquants sont nombreux, dont le lieutenant Gendron.
Au lever du jour, 5 chars allemands et des véhicules blindés sont aperçus se repliant vers Nossoncourt. Une patrouille composée de Spahis, d’éléments de la section de Génie et de la section d’Infanterie Hebert reçoit l’ordre de retourner au village pour voir s’il est occupé par l’ennemi, rechercher les disparus et tenter de récupérer le matériel.
Au cours de cette action, l’aspirant Delahaye (2ème peloton du 3ème escadron du 1er RMSM) est tué, et le lieutenant Hebert, du II°/RMT, est blessé. Les éléments français occupent la partie sud-est du village, tandis que l’ennemi occupe la partie haute avec des chars.
Le colonel commandant le GTV donne l’ordre d’occuper Anglemont. Ainsi le C.A. se porte en lisière du bois pour appuyer la progression et tenir cette lisière avec la compagnie FFI. La section Michard (2°/501) et la section de l’adjudant Bonaldi (qui a remplacé le lieutenant Hebert), se portent sur Anglemont où ils engagent le combat. L’artillerie allemande entre alors en action, pilonnant les positions de la C.A. et la route située en arrière de la maison forestière, et causant de sérieuses pertes. 2 Panther sont détruits par la section Michard, appuyée par le peloton de TD Gelinet, qui est envoyé en renfort. Un troisième char est mis hors de combat. Au nord-ouest d’Anglemont, 2 Mark IV sont également détruits, l’un par une automitrailleuse qui est embourbée, l’autre probablement par l’Artillerie. Une section de FFI est envoyée en renfort sur Anglemont et arrivera pour achever le nettoyage.
La relèves est assuré par les américains, qui décident de ne pas tenir Anglemont, et les effectifs du sous-groupement en sont repliés à la tombée de la nuit le 2 octobre.
Au cours de ces opérations, le GTV a capturé 400 prisonniers et tué 200 ennemis. Letotal des pertes matérielles infligées à l’ennemi est augmenté de 2 anti-chars, 3 camion dont 2 récupéré par le TD, 2 voitures légères et 1 automitrailleuse.
Le journal de marche du GTV indique, comme bilan, pour cette journée du 2 octobre 1944 : 14 tués, 20 blessés, 10 disparus dont 3 dans le peloton Gendron.
Parmi les 18 tués, on compte le capitaine Geoffroy, le capitaine René Dubut, du II/RMT, décédé le 30 septembre 1944, le maréchal des logis Xavier Marck du 1er RMSM, décédé le 1er octobre 1944, et pour la journée du 2 octobre 1944, l’aspirant Philibert Delahaye, le maréchal des logis chef Maurice Gilbert chef d’une AMM8, le spahi Hubert de La Fressange, le spahi Jean-Louis LANG, le spahi Yvan MAHOU, pour le 1er RMSM, les soldats de 2ème classe Jean Keruzoré, René Panagoulos (Panat) et Marcel Salvani, pour le III/RMT, et l’équipage du char Champaubert, constitué de Jean Gordot (ou Jean Privé, 20 ans) le chef de char, soldat de 1ère classe, Léo Jouhet (33 ans) le pilote, soldat de 1ère classe, Roger Norcy (23 ans) le tireur, caporal, Georges Renou (18 ans et demi) l’aide pilote, soldat de 2ème classe, et Roger Thomas (23 ans) le radio chargeur, soldat de 2ème classe.
Parmi les blessés, il faut compter on l’a vu le capitaine Wagner, le lieutenant Hebert, mais aussi le capitaine Luc et le lieutenant Soulivet de la compagnie FFI, Quant au lieutenant Gendron il est porté disparu et a vraisemblablement été fait prisonnier.
Pour ce qui est du matériel, 1 Jeep, 1 moto et le M4A2 n° 24 CHAMPAUBERT (1er peloton de la 2ème compagnie du 501 RCC) sont détruits et irrécupérables, tandis que 2 jeep et 2 AM paraissent récupérables.

 

ANGLEMONT - Infos pratiques

 

INFORMATIONS

 

OFFICE DE TOURISME

 

 

 

EMPLACEMENT de la BORNE

La borne se trouve au centre du village. On y accède depuis la mairie par la rue du Village.