EN PASSANT PAR LA LORRAINE
Pendant la première semaine de septembre, la 2e DB, rassemblée dans et autour de Paris, remet en état ses matériels, procède à l’instruction sommaire des recrues volontaires qui affluent dans les unités.
Il faut combler les vides ; de plus, les spahis se voient dotés d’un escadron supplémentaire d’infanterie portée, chaque groupement tactique prend en compte une compagnie provenant des FFI.
Après les rudes épreuves communes, les premiers chocs sanglants des combats de Normandie, l’extraordinaire épopée de la libération de Paris, l’idéal commun des soldats de la Division, leur totale confiance dans le chef qui a su les conduire au succès et à la gloire achèvent de construire cet esprit de corps unique dans une grande unité.
Maintenant, quelles que soient leurs origines, ils sont « ceux de Leclerc », et les adolescents recrutés en route, gagnés par cette incommensurable fierté, deviendront aussi « ceux de la DB ». Ils sauront, comme leurs anciens, mourir pour la France.
L’offensive alliée qui s’éloigne de ses bases de ravitaillement semble perdre de sa puissance.
Si les Américains menacent Nancy, ils échouent devant Metz, les Allemands conservent une forte tête de pont à l’ouest de la Moselle.
Ils ont construit, à l’est de Paris, des points d’appui solides qui barrent les grands itinéraires.
Leur 19e armée, installée sur le plateau de Langres, complète un arc défensif qui va jusqu’à la frontière suisse.
Elle se renforce des unités qui se replient du Centre et du Sud-Est de la France sous la pression de l’armée débarquée en Provence.
La force de l’ennemi est loin d’être négligeable d’autant que plusieurs brigades blindées lui sont expédiées d’Allemagne et débarquent dans les Vosges et que sa détermination ne paraît pas réellement atteinte par ses derniers revers.
La 2e DB est désignée pour participer à l’action de la IIIe armée américaine qui, marchant vers l’est, doit aussi protéger le flanc sud de l’offensive alliée vers l’Allemagne. Elle se placera à la droite du XVe CA du général Haislip.
Mise en mouvement le 8 septembre, la division est regroupée le lendemain soir dans la région de Bar-sur-Aube.
Devant elle, l’ennemi tient ferme Châteauvillain et Chaumont-sur-Marne.
L’intention de Leclerc est de pousser le plus profondément possible chez l’adversaire de manière à frapper ses centres vitaux des arrières, la chute des points de résistance négligés dans un premier temps étant réglée ensuite.
Le groupement tactique de Langlade est chargé de l’infiltration en direction d’Epinal, éclairé au départ par le sous-groupement Roumiantzoff, il sera suivi vingt-quatre heures plus tard par le groupement de Guillebon. Plus au sud, le groupement Dio assure momentanément la protection du flanc droit.
11 septembre.
A sept heures du matin, la Marne est franchie, Roumiantzoff se heurte à une forte résistance à Andelot.
Conformément aux directives, le GTL évite l’obstacle par le nord.
Le sous-groupement Minjonnet accroche plusieurs fois, notamment à Prez, mais bouscule l’adversaire ; il arrive à proximité de Contrexeville que vient d’enlever Massu avec des pertes légères en fin de journée.
A l’orée de la ville atteinte sans coup férir, les fantassins du RMT sautent des plages du Sherman et s’élancent dans l’agglomération.
La perte d’un TD atteint par un antichar invisible n’interrompt pas la ruée des coloniaux, Contrexéville est vite nettoyée, une centaine d’Allemands sont tués ou faits prisonniers, le reste s’enfuit en direction de Vittel tout proche.
La nuit n’est pas loin et Massu considère qu’à chaque jour suffit sa peine.
Derrière le groupement de Langlade, le colonel Billotte prend position avec son GT devant Andelot contre lequel il agira le lendemain.
COMBATS AUTOUR DE VITTEL.
11 Septembre 1944.
Le G.T.D. est cantonné dans la région de Villars-en-Azois – Cunfin – Fontette.
À _H.00, le Commandant ROUVILLOIS reçoit le commandement d’un Sous-Groupement composé des unités suivantes :
– 1 escadron de chars légers : 1er Escadron du 12ème Cuirs, Lieutenant LENOIR,
– 1 peloton de chars de 105 : Escadron d’appui du 12ème Cuirs, Lieutenant BESNIER,
– 1 compagnie d’infanterie : 3ème Compagnie du Ier/R.M.T., Capitaine JOUBERT,
– 1 batterie d’artillerie : 1ère Batterie du 3e R.A.C., Capitaine DUBOIS.
Le Sous-Groupement sera rattaché au G.T.V. et fera mouvement vers l’Est, dès l’aube du 12 Septembre.
12 Septembre 1944.
Passage de la colonne au point initial : carrefour de la R.N. et du G.C.,
Itinéraire : Clairvaux – Juzennecourt – Pont de Bologne – Andelot – St-Blin – Chantraines – Bourmont – Vrécourt – Bulgnéville.
À Bourmont, une section d’infanterie est laissée en flanc-garde vers le Sud.
Arrivée à Bulgnéville vers 12H00, la colonne s’arrête sur la G.C.17 avant l’entrée du village.
Le Sous-Groupement reçoit la mission de tenir Bulgnéville – La Croix-St-Nicolas – Auzainvilliers.
Dispositif adopté :
– Croix-St-Nicolas : 1 peloton de chars légers, 1 section d’infanterie,
– Auzainvilliers : 2 sections d’infanterie, 1 peloton de chars légers,
– Bulgnéville (lisières S.O.): batterie d’artillerie et chars de 105,
– 1 peloton de chars légers.
Vers 14H00, le G.T.V., dont le P.C. est à Contrexéville, donne au sous-groupement mission de progresser sur l’axe St-Remiremont – Houécourt – Viocourt – Attignéville.
Au delà de ce dernier village se trouvent, sans doute, les éléments de la 79ème D.I./U.S.
Effectifs engagés : deux 105 d’artillerie,
1 peloton de chars légers,
2 chars de 105,
1/2 section d’infanterie,
15 F.F.I. de Bulgnéville,
1 peloton de Spahis et une section du Génie sont envoyés en renfort.
À Houécourt, le Sous-Groupement se heurte à une forte résistance (infanterie munie d’armes antichars).
Au court de l’attaque, le détachement est renforcé par un peloton de chars moyens et une section d’infanterie.
Les derniers ennemis se rendent vers 19H00.
Prisonniers : 70
Armes détruites : un 75 anti-chars, 2 anti-chars légers.
Pertes du sous-groupement: 4 officiers et 7 hommes blessés.
Les unités engagées passent la nuit à Houécourt.
13 Septembre 1944.
Reconnaissance à l’Est et à l’Ouest sur la N 66.
Châtenois (Ouest de Houécourt) est occupé par les Américains.
À La Neuveville-s/s-Châtenois, 30 Allemands se rendent à l’aube (patrouille BESNIER).
Les Américains qui comptaient attaquer La Neuveville vers 08H00, après bombardement d’artillerie, sont prévenus que le village est libre.
La cité ouvrière et Gironcourt-sur-Vraines sont libres.
Des agents de liaison Américains annoncent que le G.C.3 de Vouxey à Removille et le G.C.13 (Rainville) sont contrôlés par la 79ème D.I./U.S.A.
La progression vers Attigneville devient inutile.
Le sous-groupement reçoit du G.T.V. la mission de relever le Sous-Groupement CANTAREL, au S./E. de Bulgnéville.
Articulation du sous-groupement :
– Houécourt : 1 peloton de chars légers en liaison avec les Américains,
– Dombrot-le-Sec : – P.C.,
– 1 peloton de chars légers,
– 1 peloton du R.M.S.M.,
– 1 section d’infanterie,
– 1 char 105,
– la batterie d’artillerie (lisière N. du village),
– Lignéville : – 1 section d’infanterie (P.C. compagnie),
– Bulgnéville : – 1 peloton de chars légers (P.C. chars légers),
– 1 section d’infanterie,
– 1 char 105 (indisponible).
3e RAC
Jonction 1re armée /2e D.B.
11/09/44: Les troupes alliées venues du sud ayant pris Dijon, une mission de liaison pour le compte du G.T.D. avec la 7e Armée, est assurée par le Capitaine ROGEZ sur un Piper-Cub du R.A.C.
Atterrissage à Plombières-lès-Dijon à 10 km au N.E. de Dijon vers 15h00.
Liaison est prise avec le Chef d’Etat-Major de la 1re D.B. française.
12/09/44: Stationnement à Fontette.
La 2e batterie reçoit l’ordre de rejoindre le sous-groupement de GUILLEBON (ordre 258/3 du G.T.D. en date du 12.9.44).
Ce sous-groupement a pour mission d’occuper Andelot après sa prise par le G.T.V.
Départ de Fontette à 14h30, arrivée à Chantraines à 6 km à l’ouest d’Andelot vers 18h00.
Mise en batterie au nord du village. La batterie n’a pas à intervenir.
13/09/44: Stationnement à Fontette. 2e batterie: Vers 9h00, la batterie tire quelques coups sur les villages environnant Chaumont. Etant à la limite de portée, à 10h00 le Capitaine fait avancer 3 pièces qui se mettent en batterie au S.O. de Briaucourt; cette section tire environ 210 coups sur une forêt occupée par l’ennemi. Un obus enflamme une auberge où se trouvait 3/4 d’heure auparavant un P.C. allemand. Dans l’après-midi, la section rejoint la batterie à Chantraines
De sérieux accrochages
14/09/44+: Pour l’E.M., la 3e batterie et l’échelon de la C.R.: stationnement à Fontette.
1re batterie: quitte la zone de bivouac du groupe à 7h00 et fait mouvement en vue de la constitution du sous groupement ROUVILLOIS (ordre 267/3 du G.T.D. du 13.9.44).
La batterie va à Bulgnéville, puis se met en batterie à Auzainvilliers.
A 14h00, une section à deux pièces sous le commandement du Sous-lieutenant PULICANI est adjointe à une forte patrouille commandée par le Lieutenant LENOIR. Cette patrouille est fortement accrochée par l’ennemi devant Houécourt.
La section du Sous-lieutenant PULICANI exécute des tirs à vue sur Houécourt et sur des positions organisées ennemies entourant ce village.
Houécourt est occupé à 19h00.
La section exécute un tir fusant à 400 mètres des pièces au dessus du parc du château de Houecourt pour en déloger l’ennemi qui s’y trouvait replié.
A la suite de ce tir, l’ennemi se rend et le secteur est ainsi définitivement libéré.
PASTOR Vincent 2e Classe, BENTIRECH Mohamed 2e Classe, CHERIRAT Laredj 2e Classe, tous trois de la 1re batterie, sont grièvement blessés par un canon antichar allemand de 40 mm environ qui était piégé.
Ils mourront le 15 des suites de leurs blessures.
2e batterie: Départ à 14h00 en direction d’Andelot. Itinéraire: Prez sous-Lafauche, Goncourt, Biauville-sur-Meuse.
L’échelon bivouaque à Biauville.
La batterie de tir se porte à Hacaut et à 19h30 tire 134 coups sur la forêt de Clefmont.
La batterie rejoint l’échelon pour passer la nuit. La C.R. (T.C. et T.R.) fait mouvement sur Juzennecourt.
1re Bie: La première batterie est rattachée au sous-groupement ROUVILLOIS (du 12e Cuirassier) qui a mission de former un point d’appui à Bulgnéville (région de Vittel, Contrexeville, Neufchâteau).
Départ de Fontette à 6 heures. Arrivée à Auzainvilliers (4 km N.O. de Bulgneville).
Une forte patrouille blindée aux ordres du Lieutenant LENOIR (12e Cuirassier) est constituée pour reconnaître la ligne défensive ennemie à Houécourt, entre Neufchâteau et Mirecourt.
Le Sous-lieutenant PULICANI part avec deux pièces et exécute des tirs à vue sur antichars et personnel dans le village, puis prend à partie avec une pièce, en tir fusant, le parc du château de Houécourt où l’ennemi a établi ses derniers retranchements (tirs à 400 mètres), l’ennemi se rend ou s’enfuit, 3 servants de l’équipe de pièce : PASTOR, BEN TIRECH et CHERIRAT sont grièvement bles sés par une pièce antichar ennemie, (ils mourront tous trois des suite de leurs blessures deux jours après).
15/09/44: Ce qui reste du groupe, c’est-à-dire l’E.M., la 3e batterie et l’échelon de la C.R., effectue un mouvement administratif de Fontette à Bourmont (ordre 269/3 du G.T.D. en date du 14.9.44).
Itinéraire: Clairvaux, Longchamps, Lavilleneuve, Juzennecourt, Bologne, Andelot, Rimaucourt, St-Blin, Chalvraines, Bourmont.
Départ à 09h30. Bivouac le soir à Bourmont. Les avions sont à Gonaincourt.
1re batterie: à 12h00, la 1re batterie reçoit l’ordre d’aller former un bouchon vers le sud-est à Dombrot-le-Sec au carrefour des routes de Vittel, Darney et Langres.
Mise en batterie à 14h00. Il n’y a pas à intervenir.
2e batterie: bivouac à Brainville. La C.R. arrière fait mouvement sur Andelot.
1re Bie: Le sous-groupement ROUVILLOIS reçoit mission d’établir un bouchon à Dombrot le-Sec (12 km sud de Contrexeville) au carrefour des routes de Langres et de Darney.
Départ d’Auzainvilliers à 13h30, arrivée à Dombrot-le Sec à 14 heures.
Mise en batterie à 2 km nord du village.
3e Bie: 10h15. Déplacement: Fontette, Cunfin, Villars en Azois, N.396, Clairvaux, I.C.55A, Longchamp-sur-Aujon, G.C.15ter, Lavilleneuve au-Roi, Montheries, Juzennecourt, Sexfontaines, Bologne, Andelot, St-Blin-Semilly, G.C.16ter, Chalvraines, Bourmont.
Arrivée à 17h. Bivouac en lisière est de Bourmont.
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