KALHAUSEN
Une colonne de véhicules blindés appartenant à la 2e Division Blindée descend le Làngeneck (rue de la libération).
L’automitrailleuse M8 fait partie du 4e escadron du régiment blindé de fusiliers marins (RBFM)
Michel de Miscaut rapporte que les chars étaient très difficiles à piloter dans la neige.
La localisation de l’endroit où ce cliché a été réalisé a été possible grâce à la forme de l’arbre au second plan, cet arbre existe toujours.
Au premier plan de la photo, on distingue la croix Metzger sans doute renversée par un char.
Janvier 1945
Opération Nordwind à Achen et Gros-Réderching
Texte et photos issus de :www.kalhausen.com
Bernard ZINS
(Paru en 2015 dans la revue de la Shal, section de Bitche)
En 1945, Nordwind est la dernière offensive allemande sur le territoire français. En Moselle-Est, les opérations militaires s’essoufflent au bout de quelques jours, mais pour beaucoup de soldats américains inexpérimentés, débarqués depuis peu en Europe, ce sera un baptême du feu terrible. Des éléments de la 2e Division Blindée du général Leclerc, engagés à leurs côtés, vont être confrontés à un adversaire très déterminé. A l’issue des engagements, un spectacle de désolation s’offre aux yeux des habitants des villages touchés par les combats: maisons soufflées par les explosions, cheptel décimé…
Le contexte général
Le 16 décembre 1944, à 5h30 du matin, Hitler déclenche l’opération Wacht am Rhein, plus connue sous le nom de Bataille des Ardennes.
L’objectif est de reprendre le port d’Anvers par lequel transitent la majorité des approvisionnements destinés aux armées alliées.
Considéré comme calme, destiné à l’entraînement et au repos des troupes, le secteur des Ardennes est défendu par des forces dérisoires : quatre divisions d’infanterie.
De gros moyens sont mis en œuvre par les Allemands : 10 divisions blindées, 200 000 hommes prennent part à l’assaut.
A ce moment, l’effort allié se situe dans la Ruhr et dans la région de la Sarre. Devant l’urgence de la situation, les forces du général Patton engagées en Sarre stoppent leurs opérations et volent au secours des unités engagées dans les Ardennes. A partir du 19 décembre, la 3e armée américaine fait un virage de 90° et se dirige vers le Luxembourg. La portion de territoire allemand conquise ainsi que les villages lorrains libérés sont abandonnés et un no man’s land se crée, vite réoccupé par les Allemands.
En fin d’après-midi du 24 décembre, les premiers réfugiés en provenance de Bliesbruck arrivent à Kalhausen dans le sillage d’une colonne américaine. La population ne comprend pas pourquoi les Américains reculent et les abandonnent !
Ces convois de blindés et de véhicules de la 87th Infantry Division, entrés en Sarre quelques jours plus tôt, se dirigent vers un point de rassemblement situé à Munster (Moselle). La prochaine étape est Reims; leur objectif est la ville de Bastogne encerclée par les forces du maréchal von Rundstedt.
La 7e armée du général Patch prend la relève des troupes envoyées vers le nord. Les lignes du nouveau front sont très étirées (135 km).
La 44th Infantry Division, commandée par le général Dean, arrive dans le secteur vers le 20-21 décembre et s’installe en position défensive.
Le secteur tenu par l’unité s’étend le long de la Blies jusqu’à Bliesbruck, suit la ligne de chemin de fer, passe devant Niedergailbach, Obergailbach, Guiderkirch. La Century Division flanque la 44th sur sa droite vers Bitche, tandis que la 103rd est déployée à l’ouest de Sarreguemines. Un plan de retrait est prévu en cas d’offensive ennemie majeure.
Vers le 22 décembre 1944, Hitler se rend compte que l’offensive en Belgique n’aboutit pas et commence à planifier l’opération Nordwind.
L’objectif est de détruire la 7e armée américaine en la prenant en tenaille. Une attaque doit percer le front dans le secteur de la Ligne Maginot, entre Sarreguemines et Rimling, une autre attaque a pour objectif le débouché des vallées de Wingen et Niederbronn.
D’autres forces allemandes doivent traverser le Rhin au nord de Strasbourg et celles de la poche de Colmar établir la jonction avec les troupes engagées dans le secteur Nord, ainsi l’Alsace serait à nouveau allemande et le drapeau à croix gammée flotterait à nouveau sur la cathédrale de Strasbourg.
Le 25 décembre 1944, le plan est approuvé par Hitler. Une série de réunions avec les officiers généraux a lieu le 28 décembre. Finalement dans la soirée, le groupe est conduit au quartier général à l’Adlerhorst dans le Taunus (Land de Hesse) où Hitler tient une conférence. L’accent est mis sur l’importance de cette offensive pour la poursuite de la guerre. Des promesses relatives à l’attribution de moyens aux unités concernées par l’opération sont faites. Pour donner le maximum de chances à la réussite de l’opération et bénéficier de l’effet de surprise, le Generaloberst Blaskowitz, commandant en chef de l’Heeresgruppe G (groupe d’armées G), interdit toute reconnaissance des zones d’attaque. Les communications radio sont bannies, les ordres doivent être écrits et transmis par messagers. Seuls les officiers généraux, les commandants de division et leurs aides connaissent les détails du plan.
Dès le 26 décembre, malgré les précautions allemandes, le service G2 (service de renseignements) de la 7e armée américaine soupçonne l’imminence d’une offensive. Le 27 décembre, le général Eisenhower annule les ordres pour la réduction de la poche de Colmar. Aussitôt, la 2e DB (Division Blindée du Général Leclerc) est mise à disposition de la 7e Armée du général Patch. Des photos aériennes mettent en évidence la préparation de positions d’artillerie dans le secteur de Bitche, des patrouilles relèvent des concentrations de troupes inhabituelles…
Quarante-huit avant le début de l’offensive, le service G2 de la 7e Armée déclare qu’une attaque serait imminente dans le secteur de Bitche-Sarreguemines.
En cas d’une attaque massive allemande, un plan de repli stratégique est prévu par les Alliés en direction des Vosges. Il concerne la 7e Armée de Patch et la Première Armée Française.
Le 1er janvier 1945, l’ordre est donné et doit être effectif le 5 janvier 1945.
De Gaulle réagit promptement : hors de question d’abandonner Strasbourg et l’Alsace. Le 3 janvier a lieu une conférence au sommet entre de Gaulle, Eisenhower et Churchill. Au moment de la conférence, les Allemands sont arrêtés à Achen et la situation militaire dans les Ardennes s’améliore.
A Wingen-sur-Moder où est engagée la 6. SS Gebirgs Division Nord, unité très expérimentée qui a combattu en Carélie sur le front de l’Est, la situation est devenue précaire pour les Américains. Eisenhower se range toutefois à l’avis émis par de Gaulle et fait suspendre le mouvement de retrait.
Préparatifs et ordres allemands pour l’opération Nordwind dans la région de Sarreguemines.
L’attaque est prévue le 31 décembre 1944, à 23 heures. Les instructions pour la mission Achen, Aufgabe Achen (nom que donneront les Allemands plus tard à Nordwind au niveau local) sont données le 29 décembre. Le XIII SS Infanterie Korps doit pousser vers Rohrbach. Les missions des unités sont les suivantes :
– La 19. Volksgrenadierdivision attaquera entre Habkirchen et Bliesbruck, traversera la Blies, tiendra le secteur des fermes du Viesing et poussera jusque Zetting.
– La 36. Volksgrenadierdivision attaquera, en direction d’Achen, les forts de la Ligne Maginot et continuera vers le Sud. L’objectif est d’être maître de la Ligne Maginot le 1er janvier au matin.
– La 17. SS Panzergrenadierdivision Götz Von Berlichingen percera les lignes alliées à l’Ouest d’Erching, traversera la Ligne Maginot, puis, avec l’aide d’un groupe blindé, avancera vers Diemeringen et Drulingen.
Arrivée des renforts américains et du détachement de la 2e DB.
Des renforts américains issus de la 63rd Infantry Division, les 253rd Infantry Regiment et 255th Infantry Regiment sous l’appellation de Task Force Harris, sont acheminés dans la nuit du 31 au 1er janvier 1945 depuis Haguenau en Alsace vers les secteurs de Hambach, Siltzheim, Wittring et Achen. Les soldats de ces régiments, rattachées au XV Corps, récemment arrivés en Europe, sont inexpérimentés et mal entraînés; ils n’ont jamais connu le combat. Le matériel lourd est en encore aux Etats-Unis. Un certain nombre de ces hommes proviennent d’unités antiaériennes dissoutes, de l’Army Specialized Training Program (programme destiné à fournir des ingénieurs et des techniciens pour l’armée US) dont les effectifs ont été réduits…
Ces unités doivent stopper les Allemands au cas où les premières lignes américaines seraient enfoncées. Une grande confusion règne lors de la recherche et de l’installation des positions de combat. Le terrain n’est pas familier, le sol gelé ne permet pas de creuser des positions de combat.
Mis en alerte le 29 décembre 1944, le GTL (Groupement Tactique Langlade), formé de différentes unités de la 2e Division Blindée du général Leclerc, prend position le 2 janvier dans des localités de l’Alsace Bossue et dans quelques villages du pays de Bitche.
Un détachement conduit par le capitaine Fonde du 2e RMT (Régiment de Marche du Tchad) quitte Bourgheim en Alsace, le 30 décembre 1944, à 13 heures. La colonne traverse Molsheim, Saverne, Phalsbourg, puis est dirigée sur Mittelbronn, sans connaître sa mission.
Une halte est faite à Baerendorf, dans le Bas-Rhin.
Beaucoup de soldats français sont frappés par le contraste existant entre les villages alsaciens relativement opulents et les villages lorrains plus modestes. La population de ces derniers semble plus réservée à leur égard. Ce sentiment ne les quittera pas durant leur court séjour en Moselle-Est. La mission du GTL est de stopper toute infiltration ennemie sur la ligne Wittring, Achen, Bining.
Le 2 janvier au matin, le sous-groupement Minjonnet, dont fait partie Fonde, reçoit ses ordres : rejoindre Kalhausen, Oermingen, Dehlingen par Wolfskirchen et Sarre-Union. Il fait très froid ( -17°), certains half-tracks (véhicules semi-chenillés) ne démarrent pas; de l’eau contenue dans l’essence a gelé dans les canalisations. Des lampes à souder sont utilisées pour dégeler. Instruction est donnée de maintenir les moteurs chauds en les faisant tourner à intervalle régulier de jour comme de nuit.
A Postroff, le sous-lieutenant de Miscault, commandant un peloton de chars du 4e escadron du 12e RCA (Régiment de Chasseurs d’Afrique), est lui aussi confronté aux rigueurs climatiques.
Parmi les cinq chars Sherman sous ses ordres, deux sont du modèle M4A3, équipés d’un moteur à essence Ford V8 de 500 CV, tandis que les trois autres sont des M4A2 équipés de moteurs diesel.
A l’origine, seuls la 2e DB, l’Armée Rouge et les Marines américains dans le Pacifique sont équipés de ce modèle de char, fonctionnant avec du carburant diesel. Pour remplacer les matériels perdus, la 2e DB perçoit les mêmes modèles de chars que les divisions blindées américaines en Europe, équipés de moteurs à essence. Dans les unités, le panachage d’engins utilisant deux sortes de carburant va poser de gros problèmes de maintenance. Lors d’une révision par manque de pièces détachées, les réchauffeurs sur les chars équipés diesel du peloton n’ont pas pu été remontés. Pour démarrer ces engins par temps froid, le sous-lieutenant de Miscaut n’a qu’une solution : les démarrer en les tirant avec les chars Sherman équipés de moteurs à essence.
Etre débrouillard et savoir improviser sont des qualités essentielles dans les unités de la 2e DB.
Opération « NORDWIND »
Infographie Alain Behr
L’attaque allemande.
En alerte depuis le 29 décembre, les Américains ont retiré leurs avant-postes et organisé des patrouilles. L’attaque débute le 31 décembre 1944, vers 23 heures. L’objectif initial du XIII SS Infanterie Korps est la prise de Rohrbach et l’ouverture d’un passage suffisant pour permettre le déploiement de la 21. Panzer-Division et la 25. Panzer-Grenadier Division vers la Plaine d’Alsace. Aucune préparation d’artillerie n’a lieu, mais très vite les Allemands se rendent compte que l’effet de surprise escompté n’a pas lieu. Le commandant en chef de la 7ème armée américaine, le général Alexander Patch, s’est rendu le soir même à Fénétrange, au poste de commandement du XV Corps (44th Infantry Division, Century Division, 103rd Infantry Division) et a ordonné aux commandants de faire annuler toutes les festivités, car cette nuit une attaque allemande est attendue.
Les troupes américaines de la 44th et de la Century situées en première ligne se battent avec acharnement, mais cèdent du terrain sous la pression ennemie. La bataille fait rage sur les hauteurs d’Obergailbach et autour des fermes de Morainville et de Brandelfing. Pour enrayer l’avance allemande, l’artillerie américaine effectue des tirs de barrage qui se révèlent très efficaces. De l’infanterie soutenue par des chars Sherman bloque l’avance allemande au sud du bois de Bliesbruck. Un régiment de la Century Division contient la poussée ennemie à l’ouest de Rimling.
Alors que la bataille est engagée, un calme trompeur règne à Achen. Dans une lettre datée du 2 janvier, Philipp L Baker, un lieutenant américain du 255th Infantry Regiment, âgé de 23 ans, exprime son ressenti à Achen: « J’ai passé le premier jour de l’an dans un village français en partie démoli. La messe avait été célébrée, les gens sortaient de l’église. Ils avaient l’air pathétiques en descendant la rue encombrée de matériel militaire, jeeps, camions, chars, canons et de soldats américains. Leurs habits étaient vieux, mais en bon état. La silhouette de leur église en partie détruite se découpait dans le ciel hivernal. J’avais le son de leurs chants en tête, s’en dégageait une impression de tragédie et d’espoir qu’il sera difficile d’oublier ». C’est la dernière lettre écrite par cet officier tué le lendemain à Achen.
Un sous-officier et quelques hommes du 1er Régiment de Marche des Spahis Marocains, l’unité de reconnaissance de la 2e DB, sont détachés à Achen pour faire la liaison avec les troupes américaines. En soirée, à l’issue de la patrouille vers Woelfling, ils rapportent aux civils que tout est calme et qu’il ne faut pas s’inquiéter. Toutefois, l’incertitude sur l’issue des combats donne lieu à des mouvements de panique. A Schmittviller, le chauffeur d’un camion GMC benne son chargement composé de ravitaillement dans la rue et prend le large.
Dans la nuit du 2 au 3 janvier, les lignes américaines sont percées. Les forces allemandes atteignent la voie ferrée Sarreguemines-Bitche. La route nationale 410 est coupée. Gros-Réderching est à nouveau occupé. La situation est très confuse. Dans la matinée, c’est au tour d’Achen d’être investi par la Stossgruppe Kaiser, composée d’éléments du 38. SS Panzergrenadier Regiment et d’éléments de la 17. SS Panzer Abteilung. Le 2 janvier, un peu avant minuit, le groupement Kaiser estimé à 150 hommes, soutenu par trois blindés Sturmgeschütz s’avance venant de Gros-Réderching en direction d’ Achen, par la vallée du ruisseau d’Achen. Le 3 janvier vers 4h30, la lisière Nord d’Achen est atteinte. Surpris par la soudaineté de l’incursion allemande, les occupants du blockhaus de la ligne Maginot près de la route de Wiesviller n’ont pas le temps de réagir et sont capturés. Vers 9h, Achen insuffisamment défendu est entre les mains allemandes.
Comme dans les villages environnants, de nombreux déserteurs et réfractaires à l’armée allemande sont cachés dans les fenils et greniers.
Charles Rimlinger de Kalhausen, caché chez Petri à Achen, raconte : « Le 3 janvier très tôt, je trayais l’unique vache qui nous restait, les autorités allemandes ayant réquisitionné le cheptel. Il y avait des bruits inhabituels. Dans l’obscurité, je vis des fusées de signalisation. Ayant été soldat allemand, je compris tout de suite. Ils étaient de retour. J’enfourchais mon vélo, mais dans le village, je fus arrêté par des soldats américains. Ils n’avaient pas compris ce qui se passait ; après quelques palabres, ils me laissèrent repartir. Je repris mon vélo. Près du pont, j’entendis les balles siffler et je partis en direction de Kalhausen. Un camion GMC venant de la petite route d’Etting s’encastra dans la maison d’en face. Le chauffeur fut tué. D’autres rafales de mitrailleuses claquaient, je vis les impacts de balles non loin de moi, me jetai dans le fossé et traînai mon vélo comme je pus. Au Val d’Achen, je réveillai les gens, ils n’avaient pas pris conscience des évènements. Arrivé à Kalhausen, depuis les hauteurs, je vis les maisons d’ Achen en feu. »
Réveillés par la famille Jung, les Spahis qui ont patrouillé la veille en direction de Woelfling, quittent précipitamment le village et rejoignent in extremis le détachement du GTL à Kalhausen. Peu après, un convoi de véhicules américains cherche à évacuer Achen. Deux camions avec leurs remorques, chargés d’explosifs et de munitions de la antitank company du 255th Infantry Regiment, sont stoppés par un char allemand au croisement de l’actuelle rue du Haut Poirier et de la rue de Wiesviller. Le Sturmgeschütz ouvre le feu et incendie un véhicule. Depuis l’étage d’une maison voisine, un soldat américain met le tank en joue avec un bazooka, mais l’engin antichar ne fonctionne pas. A cause du froid, la pile électrique nécessaire à la mise à feu est déficiente. Dans un grand fracas, les munitions explosent et soufflent tout le quartier. Par chance, il n’y a qu’un blessé à déplorer parmi la population civile réfugiée dans les caves. Les chauffeurs des camions, légèrement blessés, ont pu quitter les véhicules et se mettre à l’abri.
Les deux bataillons du 255th Infantry Regiment de la Task Force Harris rejetés d’Achen, prennent position de part et d’autre de la petite route reliant Achen à Gros-Réderching qui est l’unique voie de communication vers l’arrière pour les Allemands. Ces unités se regroupent vers 9h45 entre Singling et le ruisseau d’Achen, protégées par l’artillerie tirant sur Achen depuis Oermingen. Les Américains se réorganisent et vers midi, la souricière se referme sur les Allemands. Coupés de leur ravitaillement et de leurs renforts, ils n’ont pas les moyens de poursuivre leur avancée.
Les blindés français du 4e escadron du 12e RCA, en alerte à Oermingen, se dirigent sur Kalhausen. Ordre leur est donné de bloquer toutes les voies de communication. Un peloton de chars est positionné sur les hauteurs d’Etting, d’autres chars surveillent la coulée entre Etting et Schmittviller. Des renforts sont acheminés à Oermingen. Vers 9 heures, le sous-groupement Minjonnet reçoit l’ordre de contre-attaquer et de nettoyer Achen. Il est aussitôt annulé, en raison de la confusion possible entre troupes amies et ennemies à cet instant. Quelques Allemands montent jusqu’au cimetière d’ Etting. Arrêtés par les chars français, ils refluent. Un blindé allemand fait une reconnaissance jusqu’à la Oligmühle, puis fait demi-tour. Les fantassins de la compagnie du capitaine Fonde reçoivent l’ordre de s’installer sur les crêtes dominant le village de Kalhausen. Le sol est gelé, impossible de creuser des trous. Depuis peu, un contingent de jeunes recrues inexpérimentées a rejoint la compagnie. Connaissant la réputation de l’adversaire, l’encadrement ne cache pas son inquiétude. De loin, ils voient les premiers villageois d’Achen fuir la zone des combats. Le Bigorre est le char de l’aspirant Catala. On retrouve souvent cette photo dans les ouvrages relatant l’épopée de la 2e DB, ceci sans explications ou avec des légendes fantaisistes. Cette photo a été prise au Làngenéckerkritz, au niveau du croisement Kalhausen, Oermingen, Schmittviller, Ritterstròss bien après la fin des combats. Le char s’engage sur le chemin de terre en direction d’Etting. Il est du type Sherman M4A2, avec un canon de 75 mm, équipé d’un jumelage de moteurs diesel développant une puissance de 410 cv. Ce modèle n’est pas été utilisé par l’armée américaine en Europe.
Achen est repris
Vers 11h30, de nouvelles instructions sont transmises aux Français. L’ordre est donné de prêter main-forte aux Américains, la 1ère section du lieutenant Salbaing de la 7e compagnie ainsi que 2 pelotons de chars du 4e escadron sont désignés. Michel de Miscault, chef de peloton, raconte : « Le 3 janvier au matin, nous vîmes un petit détachement US, automitrailleuses M8 et quelques véhicules à roues traverser à vive allure Kalhausen vers l’Est. Le peloton Dufour fut envoyé en observation sur la crête qui nous séparait du village d’Achen. Vers 12 heures, je reçus l’ordre d’aider le commandant d’un bataillon US à reprendre le village d’Achen. Mon chef de corps (le Chef d’Escadron Gribius) me rejoignit au PC de ce bataillon, mais il m’interdit de m’engager avec la totalité de mon peloton. J’ai donc envoyé le MDL/C (Maréchal des Logis-Chef) Quéffelec avec son groupe de 2 Sherman. Il fut malheureusement tué ainsi que le maréchal des logis chef de Vaumas. »
Peu après 12 heures, l’attaque démarre, les blindés français appuient les Américains qui progressent de maison en maison. Dans l’après-midi, les chars du peloton de Miscault démolissent deux Stumgeschütz qui apportent leur soutien aux unités allemandes. Le compartiment moteur des blindés est touché. Les tirs fusent de toute part. Un tankiste SS est abattu lors d’une tentative visant à récupérer la radio du char devant la maison Jung, en passant par la fenêtre de la maison. Un tireur embusqué américain interdit aux SS de traverser la rue devant la maison de Joseph Rimlinger. Des mitrailleuses mises en batterie sur les lignes de crêtes surplombant les rues transversales du village tirent sans discontinuer.
A la nuit tombée, les troupes françaises rejoignent Kalhausen et laissent aux Américains le soin de parachever le nettoyage et la reconquête d’Achen. Les Allemands retranchés dans l’extrémité nord du village reçoivent l’ordre de décrocher et se replient en direction de Gros-Réderching. Le Hauptsturmführer Toni Eichner, à la tête du III.Bataillon du 38. Panzergrenadier Regiment, raconte : « Le village était toute la journée sous le feu ennemi, les communications radio étaient difficiles, nos munitions étaient presque consommées, les renforts ne suivaient pas. L’opérateur radio fit une crise de nerfs, il nous fut possible de traverser les lignes américaines au cours de la nuit ». Appuyés par le 3e Sturmgeschütz intact, les SS percent l’encerclement et parviennent à rejoindre leurs lignes en franchissant la nationale Sarreguemines – Rohrbach au nord de Gros-Réderching.
Alors que le 3 janvier les combats se poursuivent à Achen, le général de Langlade donne l’ordre au lieutenant-colonel Massu de reprendre Gros-Réderching par l’est. Parti aux alentours de 14h de Rahling, le sous-groupement progresse par la vallée de l’Altkirch en pleine tempête de neige, n’arrive que vers 16 heures de l’après-midi. L’infanterie et les chars investissent le village par le sud et l’est après un vif combat près du cimetière et aux lisières sud. A la tête du 2ème peloton du 12ème R.C.A., le lieutenant Rives Henrys chargé de l’action principale, est grièvement blessé d’une balle dans la nuque, dans la tourelle du char « Maurienne ». Le nettoyage du village est entrepris par 2 sections de la 6ème compagnie de 2ème R.M.T. du capitaine Langlois mais l’unité ne parvient pas à se rendre complètement maître des lieux. De nombreux foyers de résistance subsistent et sont renforcés d’une manière continuelle par des éléments retraitant d’Achen. Pour cette raison, le général De Langlade demande avec insistance à ses homologues américains de la 44th Infantry Division de relever au plus vite le sous-groupement Massu dont l’infanterie n’est pas assez nombreuse pour tenir le village.
Le commandement américain donne suite, mais les liaisons radio et le manque de coordination avec les troupes américaines vont faire échouer l’opération. Le second bataillon du 71th Infantry Regiment chargé de cette mission rapporte que dans l’obscurité et la confusion, des chars français les ont pris sous leur feu, les obligeant à faire demi-tour.
Du côté français, il est rapporté que le 4 janvier vers 1 heure du matin, ce n’est pas la relève américaine attendue qui entre à Gros-Réderching, mais un groupe de combat composé de 11 Sturmgeschütze (canons d’assaut) de la SS-Panzerjäger-Abteilung 17.
Les SS, vêtus d’uniformes américains et utilisant l’itinéraire prévu, appuyé par un char Sherman arborant l’étoile américaine, sèment la confusion la plus totale !
En désespoir de cause, le lieutenant-colonel Massu fait évacuer les rescapés français sous un tir de barrage d’artillerie. Le bilan de cette nuit est lourd et fait état de 4 chars français détruits ainsi que de 10 tués. Le capitaine Langlois est capturé. Le village est de nouveau entre les mains allemandes.
Par un froid glacial, le 4 janvier vers 6h30, à la demande des Américains, le tandem infanterie-blindés du 12e RCA, commandé par le lieutenant Salbaing et l’aspirant Catala reprend la direction d’Achen. Les Français sont accueillis par des Américains croyant dans un premier temps entendre des blindés ennemis. Certains embrassent les chars. Le nettoyage final commence, il ne reste que des Allemands isolés qui se rendent pour la plupart. Une douzaine de prisonniers sont faits, pour la plupart des SS tchèques et polonais. Vers 10h, le dernier point de résistance est un blockhaus de la ligne Maginot. Vers 17h, les Français retournent sur Kalhausen. L’offensive allemande est endiguée, Gros-Réderching est repris le 5 janvier.
Robert Velut, du 4e escadron du 12e RCA, se souvient: « J’ai été volontaire avec quelques autres pour aller rechercher le corps du MDL/C Quéffelec qui était un ami, tué la veille (3 janvier). Son char était le « Saintonge » un Sherman M4A2. Au cours d’une reconnaissance à pied, il avait été tué par une grenade. Les Allemands tiraient toujours sur Achen. C’était un spectacle désolant, les maisons étaient en feu, les tas de fumier étaient répandus sur la route qui n’était plus qu’un sentier. Partout des cadavres d’hommes et d’animaux mêlés. Ça et là des vaches blessées, pour achever l’une d’elles, l’arrière écrabouillé, je dus lui tirer 7 balles dans la tête. Nous avons enfin trouvé notre copain étendu. Sous le feu ennemi, nous avons salué sa dépouille et l’avons mis à l’abri dans l’attente d’un moment de calme. » Le MDL/C Quéffelec, originaire de Benodet dans le Finistère, est inhumé au cimetière de Kalhausen par le curé Schilt. Après guerre, son corps est transféré en Bretagne.
Le chef du 2e char, le maréchal des logis-chef de Vaumas, voulant remplacer Quéffelec tué par une grenade, est blessé par balle, le chef d’escadron Gribius, voulant suivre de près l’action, bloqué à Achen, le transporte dans une maison voisine qui prend feu. Il aura toutes les peines du monde à faire évacuer le blessé par les Américains. De Vaumas décède des suites de sa blessure à l’hôpital américain de Dieuze, le 10 janvier 1945.
Les civils dans la tourmente
Dès le 3 janvier et les jours suivants, des civils originaires de Bliesbruck, Woelfling, Wiesviller, Gros-Réderching, Achen quittent la zone de combat et trouvent refuge à Kalhausen et dans les villages environnants. 292 hommes, femmes, enfants, originaires des villages pris dans la tourmente de l’offensive Nordwind sont officiellement enregistrés par la mairie de Kalhausen pour la journée du 3 janvier. (Ce chiffre est à prendre avec précautions, puisque des réfugiés de Bliesbruck enregistrés à la journée du 3 janvier sont présents à Kalhausen depuis le 24 décembre 1944.) D’autres sinistrés suivent dans les jours à venir. La présence d’une compagnie de la 2e DB rassure les gens et stoppe le flux de réfugiés. Les soldats français leur garantissent que l’offensive allemande est jugulée. Dans beaucoup de maisons, les propriétaires doivent se contenter de 2 pièces habitables. En plus des réfugiés, le village abrite une compagnie de la 2e Division Blindée jusqu’au 18 janvier, ainsi que des soldats américains.
Témoignage
Bernard Obry, de Wiesviller, dont la famille a trouvé refuge à Kalhausen le 3 janvier 1945, se souvient de cette journée:
« J’avais 10 ans à l’époque. Le bruit s’était propagé que les Allemands étaient de retour. Nous sommes partis, mes parents, mes frères et sœurs (nous étions quatre enfants), ainsi que mes grands-parents dans une voiture tirée par un attelage de chevaux. Nous y avons entassé ce que nous avons pu, y compris deux cochons venant d’être tués. Il faisait très froid. Mon père a pris la route menant à Achen. Arrivés sur les hauteurs avant la descente vers le village, nous avons été stoppés par la police militaire américaine. C’est là que nous avons compris qu’il se passait quelque chose à Achen, une bataille avec des chars à ce qu’on nous a dit. Refoulés, nous n’avions plus qu’à faire demi-tour et revenir à Wiesviller. Mon père a décidé alors de passer par Wittring en empruntant la route s’appelant actuellement rue de la libération. Arrivés sur les hauteurs avant la descente vers Wittring, nous avons été face à un nouveau barrage établi par la police militaire américaine. Un soldat nous arrêta, mais mon père, excédé, continua son chemin. Le policier militaire braqua son pistolet sur la tempe de mon père, pour finalement ranger son arme et nous laisser passer. La route était verglacée. Dans la descente vers Wittring, la voiture fit un tête-à-queue. Plus de peur que de mal, il n’y eut pas de blessés. Nous avons poursuivi notre chemin par Weidesheim. Arrivés à la patte d’oie en contrebas de Kalhausen, nous sommes montés vers le village. C’est là que nous avons entendu la déflagration d’un obus. Nous avons appris un peu plus tard que Laluet, le boucher du village, avait été tué dans l’explosion. Arrivés sur la place du village, nous avons cherché à nous loger. Finalement, c’est la famille Neu habitant la rue menant à Oermingen qui nous a accueillis. Nous ne sommes retournés chez nous que vers la fin mars. »
J.M.O. (Extrait)
5/01/45: A 00h00, le l/3e R.A.C. reçoit ordre de se porter, à la première heure le lendemain matin à Bining pour y prendre position en vue d’appuyer une action offensive du G.T.L. Départ 08hOO. Itinéraire: Ottwiller, Asswiller, Durstel, Diemeringen, Rahling. La route verglacée est très difficile et le déplacement est lent. Un automoteur de la 3e batterie se renverse. Des accrochages sont effectués dans l’après-midi. Observatoire: cote 379. Un avion dont le moteur s’arrête au décollage, est détruit au sol, sans accident de personne. Le second avion se porte à Rahling. La 2e batterie de F.TA. reste à Lohr et Ottwiller. Gel, verglas, beau temps et belle visibilité. Nombre de coups tirés: 19
Ire Bie: La batterie quitte ses positions à 9 heures et s’installe à 200 mètres N.O. de Bining avec pour mission la protection de Gros-Rederching. Elle est accrochée à 14 heures sur la ferme Bellevue. Observatoire au carrefour sud de Gros-Rederching. 3e Bie: Déplacement Lohr, Ottwiller, Asswiller, Durstel, Adamsviller, Diemeringen, Lorentzen, Rahling, Bining. La Ire pièce se retourne dans un fossé. Aucun accident de personne. Route terriblement glissante.
La batterie prend position au N.E. de Bining en 6426.4880.355 GS 6200, 38e position, tire quelques coups pour accrocher. Aucun harcèlement de notre part, les nombreuses batteries américaines s’en chargent.
6/01/45: Le 1/3 e R.A.C. est en position à Bining, le matin. L’action offensive prévue étant décommandée en fin de matinée, le groupe est relevé de sa mission d’appui du G.T.L. et va vers l’arrière prendre des cantonnements: la 2e batterie à Kalhausen, les Ire, 3e batteries et l’E.M. à Oermingen. L’avion se porte à Schmittwiller. Gel, temps couvert brumeux. Nombre de coups tirés: 0
Ire Bie: Le 3e R.A.C. qui reçoit une mission d’appui du G.T.L. quitte Bining pour Oermingen où la Ire batterie cantonne.
3e Bie: Déplacement: Bining, Rahling, Oermingen. A Oermingen où la batterie était envoyée au repos, il ne se trouve y avoir aucun cantonnement possible, ce qui nous oblige à coucher dans les hangars très éventés.
7/01/45: Le cantonnement de l’E.M. à Oermingen étant très mauvais, cette unité se porte dans la matinée à Keskastel. Le 1/3 e R.A.C. est alors attaché au 156e EA. U.S.A. de la 44e Division. Le groupe vient dans l’après-midi prendre position dans la région de Achen et Etting. Un accrochage est exécuté de jour. Des tirs de harcèlements sont exécutés la nuit.
Nombre de coups tirés: 23
Ire Bie: La batterie quitte Oermingen pour Achen et prend position au Moulin à 1 km sud de ce village.
Accrochage par les Américains. Le R.A.C. (P.C. à Achen) fait partie d’un groupement américain (P.C. à Herbitzheim).
3e Bie: Reconnaissance de cantonnement à Keskastel où il y a des possibilités magnifiques. Un contrordre nous conduit à Achen.
Déplacement par Kalhausen. Mauvaise position, au sud de Achen. 39e position. GT 400. Harcèlement 36 coups.
Une visite U.S.
8/01/45: La 3e batterie qui était auprès de Achen, va dans la matinée prendre une meilleure position auprès de Etting. Les échelons des batteries, ainsi que le bureau du groupe, sont groupés en arrière à Keskastel, afin d’alléger le groupe dans le cas d’un mouvement à effectuer. Une position de repli pour le groupe est reconnue au sud de Kalhausen. L’avion est à Schmittwiller. La 2e batterie de ET.A. quitte Lohr et vient prendre position autour du R.A.C. dans la journée. Le Lieutenant JUIF esobservateur auprès du 1er bataillon du 114e régiment d’infanterie de la 44e Division à Gros-Rederching et le Sous-lieutenant BAUDOIN auprès du 3e bataillon à Woelfling. L’Aspirant BOINVILLIERS est officier de liaison du l/3e R.A.C. auprès du 156e F.A.B. à Wittring. Le Général BEIDERLINDEN, commandant l’artillerie divisionnaire de la 44e Division U.S.A., visite le P.C. du Colonel FIESCHI. Gel, chute de neige, visibilité très mauvaise.
Ire Bie: La batterie exécute de nombreux tirs de harcèlement à la demande du groupement d’artillerie américaine.
3e Bie: Nouvelle position au nord de Etting. Harcèlement 20 coups.
9/01/45: En fin de matinée, la 3e batterie sort de sa position près de Etting et va au repos à Keskastel. La C.R. arrière fait mouvement dans la matinée de Vilsberg à Keskastel. Le Lieutenant JEANNOT remplace le Lieutenant JUIF comme observateur auprès du 1er bataillon du 114e régiment et installe son observatoire à la ferme de Welschoff. Gel, chute de neige, verglas, visibilité mauvaise. Nombre de coups tirés: 358
Ire Bie: Tirs de harcèlement. Le Lieutenant JEANNOT est en liaison à Gros-Rederching auprès de la 44e Division américaine. Quelques réglages sont effectués de l’ouvrage du Welschoff sur les fermes Bellevue, Brandelfingel, Moronville. 3e Bie: Harcèlement 20 coups. Déplacement: Etting, Herbitzheim, Keskastel. Repos. (22043+260=22303)
10/01/45: Le Lieutenant JEANNOT installe son observatoire à la ferme de Olferdingerhoff. Gel. Bonne visibilité, Nombre de coups tirés: 394 Ire Bie: Tirs de harcèlement. 3e Bie: Le Capitaine reconnaît une position de repli éventuelle au nord de la route Kalhausen-SchmittwiUer en 57.97 – 46.48.
11/01/45: Le l/3e R.A.C. perçoit 2 canons de 155 automoteur. Cette section est placée sous le commandement de l’Aspirant NOËL. Gel. Ciel couvert. Nombre de coups tirés: 106 Ire Bie: Tirs de harcèlement. 3e Bie: Repos. Une section de 2 automoteurs 155 G.P.E est affectée au groupe. Le Colonel CREPIN désire voir comment se comporte le matériel et fait tirer 4 coups d’un carrefour au sud de Sarralbe. Nous apprenons la nomination brillante de l’Aspirant DILLON au grade de Sous-lieutenant, ce qui, à trente ans passés, représente un avancement exceptionnel. Nous espérons que vers la septantaine il obtiendra le grade de Lieutenant. A la dite occasion (la 2e) il arrosera ses galons !
12/01/45: R.A.S. Nombre de coups tirés: 376 Ire Bie: Tirs de harcèlement.
3 e Bie: La section de 15 5 est rattachée administrati-vement à la batterie. NOËL en prend le commandement. ALBALAD le secondant.
13/01/45: La 3e batterie quitte son cantonnement de Keskastel et vient en position près de Etting, dans la matinée. La Ire batterie sort de position et va au repos cantonner à Keskastel. Le Lieutenant BAUDOIN occupe l’observatoire au-dessus de la ferme Brandelfingerhoff. Le Lieutenant DESSEAUX et l’Aspirant ANGIOLINI Paul arrivent au groupe. Le 1er est affecté à la C.R., le second à la Ire batterie. Nombre de coups tirés: 148 Ire Bie: La batterie est relevée de .sa mission par la 3e batterie et va au repos à Keskastel. 3e Bie: La batterie remonte en position à Etting. 40e position.
200 parachutistes allemands
14/01/45: Un accrochage est effectué de la position de rechange de Kalhausen par la 3e batterie. Une alerte est donnée dans la nuit: une arrivée de parachutistes est annoncée dans la région de Fénétrange et on craint une attaque ennemie pour le matin. En fait, il est constaté, le matin, qu’aucun parachutiste n’a atterri dans nos lignes. Nombre de coups tirés: 418.
3e Bie: Tôt dans la matinée, le Colonel fait passer un message signalant la présence de 200 parachutistes allemands derrière nos lignes et ordonne en conséquence de tripler les gardes. La 3e pièce se rendant à la position de repli au nord de la route Kalhausen-Schmittwiller dérape et se déchenille. La 4e pièce la remplace pour procéder à l’accrochage. 40 coups. Harcèlement 123 coups.
15/01/45: Des tirs de « régimage » et de vérification de mise en direction des pièces sont effectués par les 2e et 3e batteries. L’avion qui doit changer son moteur, part à Lunéville ainsi que le Capitaine LAFFOLAY. L’Adjudant-Chef ANDREAM Paul de la C.R. est nommé Sous-lieutenant à compter du 25 Décembre. Gel, beau et belle visibilté. Nombre de coups tirés: 90. 3e Bie: La 3e pièce est dépannée. Harcèlement ennemi sur la crête qui défile la position de repli. Harcèlement 30 coups.
16/01/45: R.A.S. Nombre de coups tirés: 194. Ire Bie: Nombreuses promotions à la batterie. 3e Bie: A Driïlingen, l’A.D. se fait voler une Jeep. DURIN, selon le Colonel, en connaîtrait l’acqué-•u reur. Harcèlement 20 coups.
17/01/45: La Ire batterie quitte Keskastel dans la matinée et vient prendre position à Etting à la place de la 2e batterie qui va au repos au cantonnement de Keskastel. La formation d’une 4e batterie avec six M7 de maintenance est décidée. Elle sera commandée par le Lieutenant JUIF, le Lieutenant de Tir étant le Lieutenant ROQUELLE. Dans les débuts, elle restera attachée administrativement à la 3e batterie. Nombre de coups tirés: 217. Ire Bie: La batterie prend position à Etting. Le Lieutenant MARIE est en liaison à Wîeswiller auprès d’un bataillon de la 44e Division américaine. Observatoire à la cote 356 sur la route de Gros-Rederching. 3e Bie: Harcèlement 40 coups. (60)
18/01/45: Le groupe est relevé de sa mission « attaché » au 156e bataillon d’artillerie de la 44e D.I. à 12 heures. Les 3 batteries et la C.R. se regroupent à Keskastel où elles cantonnent. L’E.M. va cantonner à Schopperten. L’atelier de la C.R. reste à Phalsbourg. Un avion neuf est perçu à Lunéville. Dans ces conditions, la section avion se trouve répartie comme suit: les 2 avions sont à Lunéville, l’échelon roulant cantonne à Weyer. L’Aspirant CHIRIE Robert du 40e R.A.N.A. est muté au 1/3 e R.A.C. pour être affecté à la 4e batterie. Ire Bie: La batterie au complet fait mouvement à Keskastel où elle s’installe. L’Aspirant ANGIOLI-NI venant du B.R.2 est affecté à la batterie. 3e Bie: Déplacement: Etting, Herbitzheim, Keskastel. Une note spécifie que le stationnement actuel constitue le seul répit qui peut être accordé au R.A.C. Les 155 sont repris par les Américains.
Retour vers Strasbourg
19/01/45: Le l/3e R.A.C. reçoit l’ordre de mouvement N° 502/3 du G.T.D. en date du 19 Janvier, devant le conduire en Alsace par l’itinéraire: N.61, Phalsbourg, D.36, Lutzelbourg, LC. 132, Saverne, N.4, Marmoutier, Wasselonne, Carrefour N.4 et LC. 20, (point de dislocation). La 2e batterie de ET.A. est attachée au l/3e R.A.C. et cantonne à Domfessel. Les 2 « 155 », M12 sont reversés. Le Ire Classe SICE Michel de PE.M, Mie 400 est blessé accidentellement. Dégel partiel. Ciel couvert. 3e Bie: DILLON passe observateur de la batterie en remplacement du Lieutenant JUIF commandant la 4e batterie. (22303+293=22596)
Le Bigorre est le char de l’aspirant Catala.
On retrouve quelquefois cette photo dans les livres d’histoire relatant l’épopée de la 2e DB, ceci sans explications.
Cette photo a été prise au Làngeneckerkritz, au niveau du croisement Kalhausen, Oermingen, Schmittviller, Ritterstròss.
Le char s’engage sur le chemin de terre en direction d’Etting.
Le char est du type Sherman M4A2, avec un canon de 75 mm, équipé d’un jumelage de moteurs diesel développant une puissance de 410 cv.
Ce modèle n’a pas été utilisé par l’armée américaine en Europe.
RMT
Pour répondre à l’offensive de Von RUNDSTEDT avec 9 divisions allemandes dans les Ardennes, et à terme sauver Strasbourg, la 2e D.B. y compris le 12e RCA, fut envoyée de toute urgence, le 2 janvier 1945 à deux heures du matin, entre Sarreguemines et Bitche où les divisions américaines étaient sérieusement accrochées par des troupes d’élite allemandes.
Ordre fut alors donné au Groupement Tactique de LANGLADE, qui avait été nommé Général depuis quelques jours, de colmater la brèche qui venait de s’ouvrir. Le sous-groupement se porta immédiatement à Oermingen.
Le froid était intense, sibérien, autour de -17° ! Les moteurs étaient récalcitrants au démarrage, tout gelait. Il fallait utiliser les lampes à souder pour dégeler…
Ce jour-là, suite au bombardement de Bining, le régiment déplora la mort par éclat d’obus du chasseur André GINOUX du 1er escadron.
Dans la nuit du 2 au 3 janvier, une attaque allemande particulièrement violente se déclencha, enfonçant les lignes de défenses américaines et investissant notamment le village d’Achen (Moselle).
L’Alerte générale fut envoyée, le sous-groupement se mit sur la défensive autour d’Oermingen.
En fin de matinée, le colonel commandant un bataillon américain qui était auparavant positionné à Achen, vint demander un appui feux au lieutenant-colonel MINJONNET afin de pouvoir reprendre Achen.
Le peloton du lieutenant de MISCAULT du 4e escadron reçut l’ordre d’attaquer le village d’Achen avec son peloton de Sherman, accompagnant l’infanterie américaine.
Pendant la progression, dans le village, le MDL/Chef Jean QUEFFELEC, chef du Sherman Saintonge du peloton DUFOUR fut tué en tourelle d’une balle allemande, le MDL Michel de VAUMAS fut grièvement blessé et décèdera quelques jours plus tard à l’hôpital américain où il avait été transporté.
Les combats firent rage, les « tubes » des Sherman prenant en compte, à 200 mètres, les automoteurs allemands à demi cachés dans les granges, l’offensive alliée sur le village fut meurtrière, mais les Américains finirent par reprendre Achen en fin de journée.
Le 4 janvier, de LANGLADE envoya le sous-groupement MASSU avec mission de se déployer à vue du village voisin de Gros-Réderching (Moselle), enfoui sous une tempête de neige, et de l’investir si possible.
MASSU donna l’ordre au capitaine LANGLOIS du II/RMT, avec ses éléments à pied appuyés par les pelotons RIVES-HENRYS et de BONY du 2e escadron du 12e RCA du capitaine de VANDIERES, soit un total de 8 chars, d’investir le village de Gros-Réderching.
Les deux pelotons de Sherman pénétrèrent par l’est et le sud du village.
Vers 17 heures, après un vif combat près du cimetière, ils boutèrent les Allemands hors du village, mais cela ne fut pas sans perte !
Le lieutenant Roger RIVES-HENRYS donnait ses ordres le buste à l’extérieur de son char le Savoie II, quand il fut grièvement blessé d’une balle dans la nuque et évacué. Il décéda le 5 janvier à l’hôpital de Lorquin sans avoir repris connaissance.
Le MDL FOREST repris le commandement du peloton et installa celui-ci face au nord. Le peloton de BONY se posta lui à la sortie sud de Gros-Réderching.
Vers 22 heures, les Allemands tentent de s’infiltrer mais sont repoussés, puis à 24 heures survint un tir d’artillerie qui ne fit pas de dommages.
Il était prévu qu’une unité de chars américains devait venir effectuer la relève.
Or, le lendemain 5 janvier, vers 1 heure du matin, un commando d’une trentaine de fantassins allemands revêtus d’uniformes américains et escorté de deux chars Sherman et d’un Half-track (pris pendant l’offensive de Bastogne), phares allumés, abusa les éléments du groupement restés sur place, en leur criant :
« Américains, Américains, ne tirez pas, nous sommes des amis, nous venons vous relever… ! »
Les chasseurs, équipages des quatre Sherman du peloton RIVES-HENRYS, ne se méfièrent pas et laissèrent s’approcher ce qu’ils croyaient être la relève annoncée. Parvenue à 150 mètres, Sherman et Half-track ennemis, envoyant des fusées éblouissantes, firent feu, détruisant l’un après l’autre les quatre chars du peloton : Languedoc, Savoie II, Iseran et Maurienne.
Le chasseur Alexandre HALBERT fut également tué lors de cette attaque et quatre blessés durent être évacués : Le brigadier LEBEGUE et les chasseurs CIVILETTI, ANDRE, DIETHLIN.
Les Allemands, après avoir semé la mort pendant une heure, se replièrent avec leur matériel américain. Deux sections de la 6 e compagnie du RMT, appuyées par les 4 Sherman du peloton de BONY, par sécurité, entreprirent le nettoyage du village.
En l’absence du lieutenant-colonel MINJONNET, le 7 janvier, le chef d’escadrons GRIBIUS, l’ancien capitaine du 2e escadron pendant la campagne de Tunisie, prit temporairement le commandement du sous-groupement et du 12e RCA stationnés maintenant à Achen pour quelques jours, avec des éléments à Kalhausen et Oermingen.
Journées passées en attaques et contre-attaques.
Le 12 e RCA avec le GTL quitta d’urgence la Lorraine Sarroise le 18 janvier 1945 en soirée pour arriver, le lendemain matin, en plaine d’Alsace, aux environs Est de Wasselonne (Bas- Rhin) et prêter main forte à la 1ère Armée Française dans son combat dans la « Poche de Colmar ».
Après avoir parcouru 70kms sur des routes verglacées : Domfessel – Sarre Union – Phalsbourg – Lutzelbourg – Saverne – Wasselonne.
Le PC et le 4/12 e RCA du sous-groupement GRIBIUS prirent position à Furdenheim, le 3/12 e RCA à Osthoffen, les 1/12 e et 2/12e prêtés au sous-groupement MASSU à Odratzheim et à Ergersheim, en attente d’intervention soit au nord, soit au sud de Strasbourg.