Jeudi 30 novembre 1944
COMBATS EN ALSACE
27 novembre – 29 décembre 1944
Les quelques jours passés dans l’euphorie de la libération de Strasbourg n’empêchent pas toute la division de songer à une reprise imminente des combats ; la guerre n’est pas finie.
Certains rêvent d’une nouvelle chevauchée de l’autre côté du Rhin, mais le Haut Etat-Major a d’autres vues.
La Division est mise à la disposition du 6e CAUS et reçoit pour mission de progresser depuis Strasbourg entre le Rhin et les Vosges en détruisant les forces ennemies rencontrées jusqu’à la rencontre avec la 1re armée française qui, après avoir libéré Belfort et Mulhouse, avance lentement vers Colmar.
La surprise chez l’ennemi n’a pas duré longtemps.
Le 27 novembre, un de ses éléments infiltré dans Strasbourg fait sauter le pont sur le bassin Vauban. Un peu partout, son artillerie demeure active et, le même jour, il lance son infanterie dans une contre-attaque depuis Erstein.
La Division est fatiguée par quatre mois de combats incessants qui ont mis à rude épreuve les hommes et le matériel.
Les jeunes engagés ont comblé les pertes et, si leur courage n’est pas en cause, leur instruction militaire sommaire réalisée sur le tas ne donne pas aux unités la même capacité technique.
Il pleut, il fait froid, la boue et l’eau envahissent tout.
28 novembre.
Au matin, la 2e DB entame son mouvement offensif.
Devant elle le terrain est coupé de canaux, de nombreux barrages ont été rompus, la campagne disparaît souvent sous plusieurs centimètres d’eau glacée. L’Ill déborde, les villages sont autant d’îles reliées par des chaussées en remblai obstruées d’obstacles, creusées d’entonnoirs, les ponts sont détruits et l’ennemi a truffé de mines et de pièges les points de passage possibles.
La plupart des agglomérations sont énergiquement défendues par un ennemi agressif, bien pourvu en moyens antichars et en artillerie.
Ses quelques chars sont astucieusement employés dans la défensive, parfois dans la contre-attaque, aussi les pertes de l’assaillant sont-elles lourdes pour des gains de terrain minimes.
L’avance est lente, pénible, coûteuse, après les exploits fulgurants des semaines précédentes, le moral n’y est pas.
Deux groupements tactiques progressent en tête vers Colmar.
Le GTR devrait longer le contrefort des Vosges avec le groupement Langlade derrière lui.
Le sous-groupement Morel-Deville, le plus à l’ouest, avancera par Molsheim, Obernai, Sélestat avec Minjonnet à sa gauche qui, sur un axe parallèle, ira, théoriquement, jusqu’à Sainte-Croix-en-Plaine.
Le GTD précédant de Guillebon attaque en direction de Neuf-Brisach, le long du Rhin ; Quilichini est chargé de cette mission, il a, à sa droite, le sous-groupement Didelot qui empruntera les départementales, à sa hauteur, jusqu’à Appenwihr.
Dès le premier jour, la résistance allemande se révèle très forte ; si les sous-groupements de l’ouest s’emparent de Zellwiller, ils échouent devant Stotzheim, au sud d’Obernai. A l’est, les combats sont vifs à la sortie d’Erstein et à Schaeffersheim.
30 novembre. Minjonnet enlève Stotzheim et, le long du Rhin, Quilichini réussit un joli coup à Gerstheim, détruisant quatre chars, faisant de nombreux prisonniers.
Près de là, Rouvillois est arrêté à Obenheim, mais le pont sur le canal du Rhône au Rhin est pris intact.
Pendant toute la première semaine de décembre, le scénario ne change guère : char de tête sautant sur une mine, char détruit par un engin blindé ou un canon bien camouflé, tirs d’artillerie massifs, assauts que l’eau et La boue rendent lents, maladroits, d’autant plus meurtriers.
Au mieux l’ennemi décroche et se replie grâce au brouillard épais qui masque ses mouvements jusqu’au village suivant .
Benfeld est occupé, mais le pont sur l’Ill est détruit.
2 décembre. Les Allemands contre-attaquent durement vers Boofzheim ; Rouvillois enlève Friesenheim après de durs combats de rue, l’infanterie du GTV se bat au corps à corps en direction d’Herbsheim et de Sand dans un terrain truffé de mines.
Sur le flanc ouest, venant des Vosges, la 36e DIUS enlève Sélestat.
Depuis le 6 décembre, la 2e DB est intégrée à la 1re armée française, les contacts avec le général de Monsabert qui commande le 2e corps d’armée et son état-major manquent de chaleur
Entre Leclerc, le cavalier, et l’état-major du général de Lattre, le courant ne passe pas plus qu’entre de Lattre lui-même et celui qui est devenu son subordonné. Leclerc souhaite d’autres missions pour sa division, plus conformes à son tempérament et à ce qu’il considère comme la vocation d’une division blindée. Au niveau des états-majors resurgissent de vieilles jalousies, d’anciennes querelles que les hommes du terrain ont depuis longtemps dépassées.
C’est vrai que l’infanterie, élément essentiel dans cette phase de la campagne, fait cruellement défaut à la 2e DB ; le RMT, malgré l’extraordinaire courage de ses soldats, ressent l’usure, la fatigue, le poids des pertes.
Le 9 décembre, le 1er régiment de chasseurs parachutistes est affecté à la Division, après avoir subi de très rudes épreuves dans les Vosges ; il partage dorénavant avec les marsouins du RMT les aléas de l’hiver alsacien et subira lui aussi des pertes importantes.
Du 7 au 12 décembre, la pluie et les inondations rendent les opérations impossibles pour les Français, mais elles n’empêchent pas les Allemands de reprendre Sélestat aux Américains pendant une longue journée inquiétante.
Le 13 décembre, sur l’ordre de Monsabert, le GTV attaque en direction de Neunkirch et de Witternheim, l’offensive est rapidement bloquée, l’artillerie allemande se révèle extrêmement puissante et efficace.
Deux jours plus tard, deux bataillons ennemis et une dizaine de chars reprennent en partie le terrain durement gagné.
Le 16 décembre, la nouvelle de l’offensive, menée par von Rundstedt dans les Ardennes entre Bitche et Wissembourg, sème l’inquiétude.
Jusqu’au 29 décembre, la 2e DB conserve ses positions ne menant que des opérations de détail comme le 27 décembre où deux escadrons de spahis enlèvent Ebersmunster dans un coup de main particulièrement audacieux.
Les hommes de guerre entendent ne pas perdre la main.
Le 29 décembre, la Division est mise à la disposition du 15e corps d’armée US.
(Source : Raymond MUELLE – LA 2ème D.B.)
JMO I/R.M.T.
28 Novembre I944.
Départ de STRASBOURG à 7 heures 30, détachement LAVERGNE en tête.
Les éléments de tête prennent contact avec l’ennemi à l’entrée de PLOBSHEIM légèrement tenue.
Une A.M. saute au franchissement d’une barricade minée et la colonne doit emprunter un itinéraire détourné par les lisières Ouest du village.
Quelques prisonniers,Russes en majorité.
L’avant garde reprend sa marche vers le Sud et se trouve arrêtée par le pont sauté sur le canal d’alimentation à 2km au Sud de PLOBSHEIM.
Le Génie établit une passerelle sur la coupure large de I2 mètres environ, mais l’heure tardive oblige le Commandant du Sous-Groupement à remettre
au lendemain la progression
Le détachement LAVERGNE s’installe en position défensive sur la tête de pont du canal. P.C. détachements KREBS et NOEL dans PIDBSHEIM.
29 Novembre I944
Partant au jour de la tête de pont sur le canal d’alimentation, le détachement LAVERGNE atteint KRAFT et s’empare de la partie nord du village et se trouve à nouveau arrêté par un pont sauté sur un canal de dérivation; large coupure de 50 à 60 mètres.
L’Infanterie à pied peut franchir l’obstacle sur les ruines du pont et sous la protection du tir des obusiers, une solide tête de pont est établie sur la rive Sud du canal, après capture de 35 prisonniers dont un Officier.
Le second pont à 200 mètres plus loin est intact, mais l’importance des travaux ne permet pas de continuer la progression le même jour.
Le détachement LAVERGNE est renforcé d’abord par une section de la 1ère Cie du I/R.M.T. (Lieutenant HELIOT), puis par une Cie du 3/R.M.T.
Le Commandant FOSSE prend le commandement du point d’appui de KRAFT.
Violent tir d’artillerie ennemie.Le Lieutenant SPANIEL observateur d’artillerie du 3ème R.A.C. est tué.
Le détachement KREBS se porte au canal d’alimentation d’où le détachement LAVERGNE est parti le matin.
Le P.C. s’installe è la ferme de TUMENAN au Nord de ce canal.
Le détachement NOEL reste à PLOBSHEIM.
Les Sous-Groupements DIDELOT et ROUVILLOIS devant les difficultés de leur progression, reçoivent l’ordre de se rabattre sur l’axe “D” qui devient l’axe unique du G.T.D. et l’axe principal de la Division.
Le 29 au soir, la Compagnie PERCEVAL cantonne à SCHAEFFERSHEIM, les Compagnies JOUBERT et MARCO à OSTHOUSE.
30 Novembre I944
La progression reprend à l’aube.
Le détachement LAVERGNE toujours en tête franchit le pont aménagé la veille dans la soirée par le Génie.
Il est suivi du P.C. et des détachements KREBS et NOEL.
A l’entrée de GERSTHEIM, l’ennemi est fortement retranché.
Un canon de 88 touche le Char de tête mais celui-ci peut continuer à rouler une trentaine de mètres, dépasse le 88 et le détruit.
Cinq Half-Tracks ennemi sont incendiés.
Dans le village deux MARK V PANTHER sont incendiés en quelques minutes.
Un canon hippomobile est détruit et la garnison prisonnière.
Un sixième H.T. sera atteint et incendié à la sortie du village.
En quelques minutes donc,le bilan de la défaite infligée å l’ennemi par le détachement LAVERGNE est le suivant :
– 2 Canons ( I de 88 et I ant-char 45 Russe)
– 2 Chars PANTHER
– 6 H.T.
– 30 tués
– 300 prisonniers.
Pour réussir cette magnifique opération, le détachement LAVERGNE n’a pas perdu un seul homme ( ni tué, ni blessé ).
Sur le plan matériel un Char moyen est déchenillé.
Dans GERSTHEIM, le détachement NOEL dépasse le Détachement LAVERGNE qui termine le nettoyage du village et s’y installe en position défensive.
La résistance est forte à l’entrée du village suivant : OBENHEIM.
Extrait de : La 2ème Division Blindée de Leclerc
COMBATS d’OBENHEIM / GERSTHEIM
fin novembre 1944
Le 30 novembre, nous reprenons donc l’attaque dans la formation suivante : en tête « ANGOULÊME », en soutien « AMBOISE », un TD4 de la marine et « ANGERS » en serre-file.
Nous voilà donc engagés sur la route qui sort de Krafft et mène à Gerstheim.
La visibilité est mauvaise, il y a une légère brume et le temps est glacial.
Notre mission est simple, nous devons suivre le TD à cent mètres, surveiller les côtés, et au besoin, tirer sur ce qui nous paraît louche.
Le convoi avance lentement.
La veille, le Général Leclerc en personne est venu nous voir car il avait promis au Lieutenant Desforges, la Légion d’Honneur et la Médaille Miliaire à l’équipage qui prendrait Gerstheim.
Il faut comprendre que le village est fortement défendu, mais qu’on nous a caché la vérité : il y a des Panther !
Alors aux innocents les mains pleines ! notre groupe avance toujours et nous arrivons en vue de Gerstheim.
Nous apercevons « ANGOULÊME » qui avance en tirant sans arrêt.
La route faisant une courbe sur la droite, je vois bien « ANGOULÊME » et tout d’un coup des flammes semblent en sortir.
Je pense à mes copains, en particulier au pilote Jambel, cet ancien courageux venu d’Afrique, le Chef, le Maréchal des Logis Robinet, remarquable adjoint du Lieutenant.
J’entends dans les écouteurs la voix caverneuse et énergique du Lieutenant qui nous donne l’ordre suivant : « “ANGERS”, doublez le TD et doublez moi. Allez porter secours à “ANGOULÊME” et rendez compte ».
Le Chef prend les choses en main d’un : « Popol en avant ! »
Je mentirais si je disais que j’ai embrayé guilleret.
Non, il ne faut pas oublier la fatigue accumulée par pratiquement vingt-quatre heures passées sans dormir, et constamment sur le qui vive.
Nous avons épuisé la moitié de nos munitions et le ravitaillement n’a pas suivi.
Mon pied gauche sur la pédale d’embrayage tremble une seconde, puis, je tends la main à Saturnin et nous nous donnons courage et confiance.
Je double le TD puis « AMBOISE », et me voilà face à Gerstheim avec « ANGOULÊME » sur la droite.
Je me rapproche très vite du char de mes copains et lorsque j’arrive à sa hauteur, je suis soulagé.
Il n’y a qu’une chenille coupée et il est protégé par un véhicule semi-chenillé allemand qui brûle devant lui.
Il a aussi détruit l’anti-char qui l’a blessé.
Nous revoilà en tête, je passe le rideau de fumée mêlée aux embruns matinaux.
A quelques mètres devant moi, se dresse une barricade, une vraie, faite de rondins de bois plantés dans la chaussée, infranchissable, à l’exception d’un passage d’environ trois mètres sur la gauche.
J’arrête le char et je scrute les alentours.
La barricade s’adosse sur la droite à une grande maison entourée d’un jardin cerné d’un muret et de grillage.
Comme il est presque certain que le passage à gauche est miné et qu’un 75 est pointé dessus de l’autre côté, ma décision est vite prise.
D’un coup de levier à droite, j’enfonce le mur d’enceinte, je passe dans le jardin, ne peux éviter de passer au travers d’un poulailler derrière la maison, reviens de l’autre côté pour défoncer le muret et arrive dans la rue.
A peine engagé sur le trottoir, le Chef me crie : « Popol plein pot ! »
Je sais ce que cela veut dire : il y a un gros danger, il faut agir vite et sans erreur.
Je fais donner le maximum à mes diesels en tirant à fond sur le levier droit.
Une fois dans l’axe, je vois le monstre : un Panther.
Il prend toute la place dans mon périscope !
J’entends siffler un premier obus qui nous frôle, puis un deuxième qui coupe un poteau en béton des lignes de tramway.
Pour l’éviter, car il est tombé en travers de la route, je zigzague et me rapproche du Panther.
Mais voilà que dans sa précipitation, Messac, notre chargeur fait une erreur géniale, il engage un fumigène dans le canon qui, en percutant l’adversaire, le plonge dans la fumée.
J’en profite pour me rapprocher encore et lorsque la fumée se dissipe, Desmoulins hurle : « Il nous tourne le cul ! »
Aussitôt, deux perforants dans la partie moteur, la plus vulnérable, et c’est l’explosion du Panther, là, à cinquante mètres à peine de nous.
Nous avons eu très chaud !
Ce char allemand, en position de repli, nous présentait son arrière avec la tourelle dirigée sur nous, ce que nous appelons dans notre jargon : « Tourelle à midi et demi », ce qui finalement a fait notre affaire.
Je n’ai jamais compris pourquoi les Allemands n’ont pas mieux défendu Gerstheim.
Avec la puissance de feu que représentent sept Panther, nous n’aurions jamais dû passer, et pourtant !
Je me tourne vers Saturnin, nous nous serrons la main.
Nous avons un besoin pressant alors j’appelle le Chef et lui fais part de notre désir de descendre, mais avant j’avance le char sur la gauche, le long d’une palissade.
Le Chef me dit d’attendre. Il se met debout sur la tourelle et aperçoit un autre Panther manœuvrant dans la rue croisant la nôtre à vingt mètres, pour nous détruire lorsque nous nous serons engagés au croisement.
Quel coup d’oeil que celui du Chef Breton !
Il vise le char allemand avec la lame de sabre installée à cet effet sur notre tourelle, donne les éléments à Desmoulins et « Feu » !
L’Allemand est touché au seul endroit vulnérable : le « défaut de la tourelle ».
Sa position par rapport à nous offre le côté droit et une saignée de un mètre cinquante sur cinq centimètres d’épaisseur, il faut donc une grande précision et beaucoup de chance : le résultat est au rendez-vous, le Panther prend feu et les cinq occupants sont tués. Là, il y a une sorte de fraternité d’armes, nous sommes malheureux pour eux, mais c’est la guerre et c’est impitoyable !
Nous descendons enfin pour soulager notre vessie et nous dégourdir un peu, car ça fait pratiquement trente heures que nous sommes assis à nos postes de combat. Nous remontons dans le char et repartons toujours seuls, avec nos neuf fantassins.
Il faut absolument aller jusqu’à la sortie du village nous assurer qu’il n’y a pas d’autres embûches.
Je double le Panther en feu et vais jusqu’à la sortie ; quel spectacle !
Nous voyons fuir cinq Panther.
S’il nous était resté des munitions, nous aurions pu essayer de les affronter.
Grâce à notre rapidité nous les aurions surpris et qui sait ? Mais hélas rien, pas d’obus, pas de combat.
Nous nous assurons qu’ils sont bien partis et nous revenons dans le village.
Trop occupés par nos activités guerrières nous n’avons pas communiqué avec le Lieutenant.
De retour vers nos deux Panther, nous entendons le Lieutenant Desforges, avec des trémolos dans la voix, faire notre éloge funèbre.
De l’extérieur du village, les colonnes de fumée qui se dégagent en son centre font penser à notre officier que nous avons été détruits et sommes morts tous les cinq.
Ça fait quand même froid dans le dos d’entendre parler de nous au passé !
Le Chef Breton laisse terminer notre oraison, puis très calmement, appelle Desforges pour lui annoncer que tout danger est écarté et qu’il peut nous rejoindre dans le village en prenant soin d’éviter la barricade tant qu’elle n’aura pas été déminée.
Un quart d’heure plus tard « AMBOISE » nous rejoint, flanqué d’ « ARGENTON » sorti de la boue et d’ « AUBUSSON » qui les a rejoints.
Nous allons rapidement récupérer quelques obus et bandes de mitrailleuse auprès d’ « ANGOULÊME » encore immobilisé en attendant d’être dépanné. Il a la chenille gauche coupée et le barbotin endommagé par un obus de 57 de l’anti-char détruit à côté du semi-chenillé allemand, qui finit de se consumer. Le réflexe et l’intelligence de combat du Chef Robinet ont sauvé « ANGOULÊME » de la destruction.
Nous recevons la mission d’emprunter la petite route qui descend vers le Rhin pour la sécuriser et la nettoyer.
Là, nos fantassins débusquent une cinquantaine de soldats de la Wehrmacht (qui semblent venir tout droit d’Asie, tant leurs faciès rappellent les Mongols).
Lorsque nous revenons à Gerstheim, nous nous arrêtons au fameux croisement des Panther.
J’arrête « ANGERS » à l’angle, tout près de la maison qui nous protège des tirs d’artillerie, car le village est la cible des canons de tous calibres de nos adversaires. Pendant le combat j’ai eu deux périscopes endommagés et dois donc les réparer sans tarder ; je reste enfermé à mon poste.
Alors que je change les têtes des périscopes, un obus de gros calibre arrive contre le mur de la maison devant le char.
Au milieu de toutes ces explosions, je ne prête pas trop attention au bruit, et lorsque un quart d’heure plus tard environ, j’ai terminé mon bricolage, je sors voir ce qui se passe.
Les copains m’apprennent que trois jeunes filles du village, venues nous accueillir, ont été tuées par le fameux obus de gros calibre.
Elles sont mortes à quelques mètres de moi sans que je les vois et que je puisse faire quelque chose pour elles.
C’est la triste réalité de la guerre et une raison supplémentaire pour la détester.
PAUL BRANDENBURG
Relecture historique et plan du texte : Christophe Touron
Relecture orthographique et grammaticale du texte : Patricia Martinet
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