MENIL – FLIN (Meurthe & Moselle)


FLIN & MENIL-FLIN

Km=978 

Vendredi 22 septembre 1944

 

 

 

Franchissement de la MEURTHE

 

 

Depuis 1936, la guerre couve…
Au son du bruit des bottes, le mal se répand…
L’envahisseur étend son ombre sur l’Europe!

1939: nous sommes à Flin, au mois de septembre: la guerre, encore la guerre: le bruit, la mort et l’Occupation.

1944: cinq longues années, tristes, dures sont passées… Cinq longues années faites de souffrances, de sacrifices.

Le bruit des chenilles des blindés a beaucoup retenti sur nos routes et chemins de campagne: le 8 septembre 1939, le 28e bataillon de chars installe son cantonnement à Flin, bien accueilli par la population.
Il partira vers les Ardennes le 10 décembre de la même année.
Dans un calme relatif, la «drôle de guerre» va durer jusqu’en mai 1940.

Les 19 et 20 juin 1940, la commune échappe à la destruction grâce au sang-froid du Commandant PÂTÉ, un enfant du pays (La Pointerie, tréfilerie porte toujours son nom!) Il mène des combats de retardement avec sa 41e demi-brigade de chasseurs à pied, en affrontant l’ennemi non dans les rues du village mais au cœur de la forêt de Chèvremont
Un haut fait d’armes qui, déjà, fait entrer Flin dans l’histoire de ce conflit.

Eté 1940: que l’on parte ou non, la débâcle touche tout le monde et après l’Armistice, il faut bien vivre avec l’Occupant:
4 longues années de difficultés, de craintes, de réquisitions, … bref, tout ce qui fait en France la vie sous la botte.
On pensait alors avec angoisse et tristesse aux 25 villageois prisonniers.

Mais, dans le plus grand secret, à Flin comme ailleurs, la Résistance s’organise…
«Le charcutier aime le salami»…
Par ce message, Radio-Londres annonce à la douzaine de F.F.I. locaux, les différents parachutages au «Parc d’Aviation».
Après chaque largage, les armes (même des petits canons de 37) et les munitions sont acheminées par voitures attelées à des bœufs
vers l’important maquis de la forêt de Charmes.

 Le 20 juillet 1944, l’armée allemande s’installe dans «l’Ecole Missionnaire» de Ménil-Flin.
Le 30 août, on entend le canon tonner au loin.
Le 1er septembre, les réquisitions se multiplient:
35 chevaux et leurs attelages partent en direction d’Offenbourg.
La vingtaine de Flinois réquisitionnés pour les conduire réussira à s’échapper et les derniers rentrent au village le 6.
Dans la nuit du 13 au 14 septembre, de formidables explosions assez proches: le pont de Chenevières saute tout comme la papèterie et son dépôt de munitions allemand, féerie inquiétante.

Jeudi 14 septembre 1944: Jour «  J  »…
A 13h, c’est au tour du pont de Flin de sauter (comme en 1914 et 1940).
Retraite précipitée des Allemands sous le feu des F.F.I.
Et les Américains?
Ils arrivent par Vathiménil tout d’abord, par la nationale 59 ensuite.
Ce jour-là, à 13h15, un grand cri de joie retentit dans les rues, les cloches des 2 édifices religieux sonnent.
En vérité, il s’agit de simples éléments de reconnaissance.
Les F.F.I. sont là, assurant la liaison.
Malgré les allers et venues des «fantômes de Patton» dans le village, les Allemands effectuent eux-aussi des reconnaissances dans le no man’s land.
On se rassure le dimanche 17: les drapeaux fleurissent aux fenêtres, les Ménilois vont à la grand’messe à Flin en franchissant comme ils peuvent le pont démoli.
C’était trop beau. Mais la joie aura tout de même duré… 3 jours!

Et arrive le lundi 18…
A partir de 8h, venant de Baccarat, une importante colonne de blindés allemands traverse Ménil; les drapeaux sont remballés, on se réfugie dans les caves.
Dans la matinée, des Allemands traversent le pont détruit au moyen d’échelles et vont à Flin (apparemment, ils ne savaient pas que Ménil Flin est un hameau de la même commune!).
Tous les jeunes hommes se sauvent, les F.F.I. surtout:
Oradour est dans tous les esprits.
Une dizaine d’hommes âgés seront alignés devant l’église et tenus «au mur» pendant une heure.
Miracle, ils ne seront pas fusillés: l’unité semble avoir surtout pour but d’incendier le village.
C’est par le presbytère que commence la mise à feu, la Gestapo étant informée que le père Blondeau, curé de la paroisse, est un chef du maquis.

Des drames surviennent:
chez Magron, le feu est mis à un berceau, le bébé fort heureusement enlevé à temps (et je ne peux pas m’empêcher de vous signaler que ce bébé, André, qui vit maintenant dans le Sud-Ouest est le premier à s’être inscrit pour participer à cette journée commémorative!); au Café du Pont, la propriétaire, Marie-Claire Simon est contrainte, sous la menace d’une mitraillette, de mettre elle-même le feu !
Chacun quitte sa demeure en toute hâte !
Les Allemands empêchant tout retour, rien de ce qui aura fait la vie de ces familles ne pourra être sauvé: 69 maisons, les ¾ du village vont brûler pendant 3 jours (je viens d’apprendre que les cendres et les escarbilles arrivaient jusqu’à Vathiménil).

Le drame est consommé. Le front se stabilise.

Le mercredi 20, la 2e DB du Général Leclerc aborde Flin, ruines encore fumantes, et les Allemands se replient sur Ménil.

Un nouveau calvaire commence, cette fois pour Ménil, sous le sifflement des balles et l’éclatement des obus.

Mal informés, les «gars de Leclerc» ne parviennent pas à franchir dans un premier temps l’obstacle de la Meurthe.

Renseignés par Abel MESSIN, un des F.F.I. locaux engagé le matin même dans leur unité, c’est seulement le 22 septembre à 17h, sortants de la forêt de Chèvremont, que les chars du 1er régiment de marche du Tchad franchissent l’obstacle, à la suite de l’infanterie qui a délimité le gué à environ 200m en aval du pont détruit.

Un quart d’heure plus tard passe la Jeep du Général lui-même, képi sur la tête, canne à la main!
Les libérateurs sont enfin là !…

Mais Abel Messin ne verra pas ce jour tant attendu: blessé par éclats d’obus lors du passage de la Meurthe, il sera évacué vers l’Angleterre le jour même
et ne rejoindra ses compagnons que pour la campagne d’Allemagne !

Discours de Mme Dominique MESSIN
lors de l’inauguration de la Borne le 27 septembre 2014


Mr Jean-Paul FRANÇOIS, Maire de Flin
poursuit le récit de la campagne de la Division Leclerc

Il explique pourquoi cette borne est située là, face à l’École missionnaire:

le Général LECLERC y a passé la nuit avec ses hommes, et c’est de là qu’il a donné l’ordre du départ pour libérer BACCARAT.

 

 

 “L’Esprit LECLERC – Sur les chemins de la Liberté”
Guy MERLE

 

À partir de la Mortagne, le groupement Dio arrive sur la rive ouest de la Meurthe à Flin.

Flin a été occupé provisoirement par une patrouille américaine deux jours auparavant et elle a laissé ensuite la population aux mains des Allemands, alors qu’elle avait manifesté sa joie en sortant les drapeaux français et fêté hâtivement sa libération.

La vengeance ennemie devant cet acte est horrible.
Une à une les habitations sont enflammées et une cinquantaine d’habitants, ainsi que le prêtre de la paroisse, sont enfermés dans l’église avant que celle-ci ne soit à son tour incendiée.

Rapidement, le feu transforme le lieu de culte en amas de pierres et de cendres, parmi lesquelles celles des malheureux otages.
Devant cette découverte, les visages se crispent et se remplissent de haine.
Traversant les ruines, les marsouins du régiment de marche du Tchad se portent sur les bords de la Meurthe balayés par les armes automatiques allemandes.
Deux d’entre eux sont grièvement blessés. Ils sont allongés dans l’attente d’être secourus, ayant près d’eux le corps d’un lieutenant des Spahis qui est mortellement touché.

Tous les trois se trouvent dans un endroit difficilement accessible, sur les bords du pont que l’ennemi a préalablement fait sauter.
Un plan pour les récupérer est vite établi. Cinq postes mitrailleurs sont installés de part et d’autre du pont et, dès qu’il leur est donné ordre d’effectuer un tir de barrage, quelques-uns d’entre nous partent en rampant pour ramener les corps. La rapidité de l’action surprend l’ennemi qui ne réagit que très tardivement.
Les blessés, dont l’un est encore lucide malgré une attente de cinq heures avec une jambe déchiquetée, sont immédiatement évacués vers l’hôpital de campagne américain.
Durant deux jours, en dépit des intempéries, des mines et des tirs efficaces de l’artillerie allemande, Leclerc prescrit une attitude agressive avec des patrouilles, des prises de prisonniers, la recherche de renseignements.
Les groupements tactiques sont alignés en défensive face à un ennemi coriace.
Dans cette situation statique, peu appropriée pour une division blindée, Leclerc visite les unités, parcourt le terrain, observe et réfléchit.

Dès la fin de ces quarante huit heures, la Meurthe est franchie en plusieurs endroits.

À Flin, un gué permet le passage de trois chars et d’une dizaine de marsouins qui se heurtent violemment à l’ennemi qui occupe Mesnil-Flin, à trois cents mètres au-delà de la rivière.
Un des chars est touché et les deux autres sont dans l’obligation de rebrousser chemin.
Une nouvelle attaque, bien différente de la précédente, est lancée dans l’après-midi, sans les blindés. Le franchissement de la Meurthe à gué, avec de l’eau jusqu’au sommet de la poitrine, oblige à tenir les armes et les munitions à bout de bras placés à la verticale. L’ennemi redouble ses tirs et les balles sifflent lugubrement au-dessus des têtes.
Dès que l’autre rive est atteinte, les marsouins débouchent sur un terrain rigoureusement plat durant plusieurs centaines de mètres.
Le sergent-chef Leheme, qui commande un groupe mitrailleur, est mortellement touché. Avant de fermer les yeux il ajuste le temps de prononcer le prénom de sa petite fille en forme d’appel…
Plusieurs autres sont grièvement blessés.
Heureusement, le détachement de Jean Lucchesi réussit à contourner le village par la gauche et à chasser l’ennemi.
La nuit qui suit est particulièrement pénible. Les blindés ayant à bord les sacs de couchage et les équipements individuels sont restés sur l’autre rive en attendant la construction d’un pont provisoire par le génie.
Les marsouins, entièrement trempés, avec le froid de ce mois d’octobre, récupèrent de la paille qu’ils étalent dans le fossé faisant face à l’adversaire. Celui-ci est pour sa part situé dans un bois à une centaine de mètres.

(Guy Merle – L’Esprit LECLERC – Sur les chemins de la Liberté” )

 

 

Extrait du journal de François Lorant
CA – I/RMT

 

MARDI 24 OCTOBRE 1944

Départ de CHENEVIERES.
Nous prenons position à VATHIMENIL FLIN près des lignes ennemies, cantonnons dans une école qui semble intacte, pas pour longtemps.
Le soir un obus tombe dans la cour, un autre contre le bâtiment : un tué, un blessé.

MERCREDI 25 OCTOBRE 1944

Construction d’un abri pour l’artillerie. Conduite auto. En arrivant au cantonnement, nous recevons des obus ennemis. Je plonge sous une tôle. Un obus démolit le mur devant moi.

SAMEDI 28 OCTOBRE 1944

Les artilleurs américains installent des batteries de 155. C’est au tour des allemands de déguster. Le mouchard, autrement dit avion de reconnaissance guide le tir et le fait avec beaucoup de risques, se faufile partout et s’en tire toujours. Le moindre terrain plat lui sert de piste.

DIMANCHE 29 OCTOBRE

Messe dans la chapelle de l’école où nous nous trouvons. Je crois me rappeler que le prêtre qui officie va nous suivre en tant qu’aumônier.

LUNDI 30 OCTOBRE 1944

Ordre de départ. Les armes sont vérifiées. Demain nous devons attaquer. Toute la journée les 155 ont canardé les lignes ennemies. Nous nous approchons le plus silencieusement possible et passons la nuit en attente.

 

 

Marins du RBFM

 

 

MENIL - FLIN

 

 

 

 

INFOS


 

 

EMPLACEMENT de la BORNE

La borne se trouve au centre de Ménil-Flin sur la D 151, qui aboutit à la chapelle de la collégiale.