GERBÉVILLER (Meurthe-&-Moselle)


GERBÉVILLER – MOYEN

Km=966
 

Mardi 19 septembre 1944 – Lundi 30 octobre 1944

 

 

 

 

Le 19 septembre 1944, en fin d’après-midi, le sous-groupement Rouvillois entre dans Moyen en l’absence d’ennemi, mais non sans danger : le char Rabat du 12e cuirassiers saute sur une mine en franchissant le pont.

La commune est sécurisée, permettant au général Leclerc d’y installer son PC avant.

La division est en position statique face à la Vor Vogesen Stellung, ligne de défense allemande constituée de tranchées puissamment dotées d’artillerie,
de Sarrebourg au col de la Schlucht.

Les 4 groupements tactiques de la 2e DB sont étagés entre ces deux points bordés au nord par la 79e DI.US qui tient la  forêt de Parroy et, au sud, par la 45e DI.US à Rambervillers.

Le 25 septembre, le général de Gaulle fait une visite impromptue au PC de Leclerc et se fait présenter les officiers méritants qu’il honore le lendemain
lors d’une prise d’armes à Nancy : Langlade, Massu, Dronne sont décorés pour leur bravoure en Normandie, à Paris et à Dompaire.

Guide Vert LA VOIE DE LA 2 e DB

 

 

3e R.A.C.
J.M.O.

 

17 Septembre 1944.
Relève du 1er Escadron (LENOIR) par le 4ème Escadron (GAUDET).
Les chars 105 rejoignent le G.T.D. en même temps que l’Escadron LENOIR.
Articulation du sous-groupement :
Derbamont: – 1 peloton de chars moyens (P.C. ROUVILLOIS),
– 1 section d’infanterie,
– la batterie d’artillerie,
Bazegney : – 2 pelotons de chars moyens (P.C. GAUDET),
– 1 section d’infanterie,
Vaubexy : – 1 section d’infanterie (P.C. JOUBERT).
Appuis de feux : Groupe Tranic (1 groupe 155 Américain plus 1 batterie), 1 groupe de 155 Américain.
Activité: une patrouille composée de 3 chars moyens, 1 half-track d’infanterie, reconnaît Circourt et Mazeley.
R.A.S.

18 Septembre 1944.
Le Sous-Groupement de La HORIE ayant reçu l’ordre d’abandonner Châtel-sur-Moselle, est replié à Jorxey.
Le Sous-Groupement ROUVILLOIS, dans l’après-midi, vient se placer face à la Moselle, au Sud de Nomexy, en liaison avec le Sous-Groupement CANTAREL qui tient le G.C.10 et Bettegney-St-Brice.
Dispositif adopté :
Mazeley : – P.C.,
– Escadron GAUDET moins 2 pelotons,
– 1 section d’infanterie,
Carrefour observatoire : (1500 m S.O. de Mazeley)
– 1 peloton de chars,
– 1 section d’infanterie,
Frizon : – Compagnie JOUBERT moins 2 sections,
– 1 peloton de chars,
Circourt : – la batterie d’artillerie aux lisières S.E.
Le sous-groupement s’appuie à sa droite sur le G.T.L., au carrefour du G.X.6 et du G.C.39, tenu par des éléments du R.M.S.M.

VALLOIS – MOYEN – VATHIMÉNIL

19 Septembre 1944.
Le Sous-Groupement ROUVILLOIS est remis à la disposition du G.T.D.
Il reçoit en renfort un peloton de chars légers (DELSIGNE) et un peloton de Spahis.

Le G.T.D. fait mouvement de Vittel vers le N.E., articulé en 2 sous-groupements :
– le Sous-Groupement NOIRET, dont l’axe général est Châtel-sur-Moselle – Gerbéviller,
– le Sous-Groupement ROUVILLOIS, dont l’axe de marche est : Châtel-sur-Moselle – Moriville – Rehaincourt – Haillainville – Essey-la-Côte – Giriviller – Seranville – Vallois – Moyen – Vathiménil.
Traversée de la Moselle à Nomexy – Châtel sans incident, sous un tir d’interdiction.
Vers 10H00, à Moriville, forte résistance d’éléments ennemis. Le village attaqué à l’Ouest, au S.O. et au Sud par un peloton de Spahis, 2 pelotons de chars et une section d’infanterie est pris vers 11H00.
Pendant cette attaque, le détachement JOUBERT est lancé sur Rehaincourt (1 peloton de chars et 1 section). Le village, entièrement brûlé par les Allemands, est libre.
Progression sans résistance jusqu’à l’Est de Serainville.
1 peloton de T.D. du R.B.F.M. est mis à la disposition du sous-groupement. Il assure la flanc-garde vers l’Est.
À Vallois, vers 17H00, des éléments ennemis tentent de défendre le passage de la Mortagne, le pont-route est détruit. Le viaduc saute au moment de l’attaque. Après un bref engagement, les fantassins Allemands essaient de se replier à l’Ouest de la rivière, vers la N 44 et les bois. Pris à parti par l’infanterie et le peloton HANNEZO, en position sur une croupe à l’Est de Vallois, ils subissent des pertes sensibles.
Tués : 20
Prisonniers : ?
Matériels détruits : – nombreuses voitures de liaison et motocyclettes,
– 1 canon de 88.
Le sous-groupement continue sa progression vers Moyen :
– le peloton de Spahis suit la rive gauche de la Mortagne,
– 2 pelotons de chars moyens passent au gué de Vallois et suivent la rive droite,
– le peloton de T.D., en position sur la croupe au N. de Vallois, se tient prêt à les appuyer de ses feux.
Moyen n’est pas défendu. Les éléments arrivent par la rive gauche, franchissant le vieux pont qui n’est pas détruit.
À 19H00, seulement le char moyen RABAT saute à l’entrée du pont, sur deux mines, que les éléments légers et 3 T.D. n’avaient pas déclenchées. 3 autres mines sont découvertes à proximité.
Un peloton de chars moyens (PRUNET) et 1 section d’infanterie poussent jusqu’à Vathiménil qui est occupé sans combat vers 20H00.
Dispositif le 19 au soir :
Vallois : – 1 peloton de chars moyens (HANNEZO),
– 1 section d’infanterie (P.C. JOUBERT),
Moyen : – 1 peloton de chars moyens (P.C. ROUVILLOIS),
– 1 peloton de chars légers (DELÈGUE),
– 1 peloton du R.M.S.M. (de BONNEVAL),
– 1 section d’infanterie,
– 1 peloton T.D. qui détruit dans la nuit 2 voitures touristes et fait 6 prisonniers,
– la batterie d’artillerie,
Vathiménil: – 1 peloton de chars moyens,
– 1 section d’infanterie,
dans la nuit, ce P.A. détruit un char, 3 voitures touristes et fait plusieurs prisonniers.

20 Septembre 1944.
La progression du G.T.D. s’arrête. Les Américains interdisent l’occupation de Gerbéviller.
Le Sous-Groupement ROUVILLOIS pousse cependant une reconnaissance :
– 1 peloton de chars moyens (HANNEZO),
– 1 section d’infanterie (DANRÉ),
au village de Flin, presque entièrement incendié par les Allemands, le pont sur la Meurthe est sauté.
La batterie d’artillerie vient occuper une position à l’Est de Moyen. Toute la nuit, des Allemands isolés sortent du Bois de Chèvremont (entre Moyen et Flin) et viennent se heurter aux feux du point d’appui de Flin.
Fréquents tirs de mortiers sur Flin.

21 Septembre 1944.
Le dispositif ne subit pas de modifications.
D’après les renseignements reçus, le Bois de la Taxonnière (N.O. de la route Moyen – Vathiménil) servirait de refuge à des éléments Allemands (chars, très nombreux fantassins, 200 voitures diverses) dont le projet primitif était de se replier par le pont de Vathiménil – Chenevières, et dont le mouvement a été bloqué par l’occupation de Vathiménil.
Une opération nettoyage montée contre ce bois avec deux escadrons de chars et 1 section d’infanterie est arrêtée dans la soirée, le XVe C.A. ayant réservé cette action à la 79ème D.I./U.S.
Dans la nuit, les Allemands réfugiés dans le bois abandonnent tout leur matériel, sans le détruire, et se replient par les gués sur la Meurthe.
Fréquents tirs de mortiers sur Flin : 2 blessés.

 

 

 


A Gerbéviller, à l’automne 1944, le Général Leclerc et sa célèbre 2e DB,
prirent leur élan avant de se lancer en Alsace et réaliser leur “serment de Kouffra

On ne peut pas traiter l’histoire de Gerbéviller, sans évoquer le prestigieux Général Leclerc et sa 2e Division Blindée qui stationnèrent six semaines à Gerbéviller, avant de se lancer en Alsace et réaliser le serment de Kouffra qui était de reconquérir Strasbourg, symbolisée par sa cathédrale.

Gerbéviller fut libérée définitivement  par les Américains,le 20 septembre 1944, après avoir connu quelques péripéties heureusement sans conséquences pour la population.

Dans ces temps là,  les armées alliées marquèrent un temps d’arrêt, car ne disposant d’aucun véritable port, leur approvisionnement  était difficile, et aussi parce que la défense allemande se faisait plus forte.

Le 25 septembre, le Général Leclerc vint s’installer au château de Gerbéviller et avec lui son état major, dont les officiers logeaient chez les habitants. Ils restèrent là six semaines au cours desquelles la population vécut une sorte de résurrection.

Après les mobilisations de 1938 – 1939 et la “drôle de guerre”, l’armée française avait déjà donné un triste spectacle qui fut suivi en bouquet final par la “débâcle” de 1940. Aucun de ceux qui ont vécu cela ne peut l’oublier. La chute fut si énorme que nous crûmes perdre définitivement toutes nos illusions. L’occupation allemande qui dura ensuite quatre années nous fit connaître la nécessité de l’Espérance, même si, dans le même temps, nous connurent toutes les faiblesses  humaines. Après cette observation, le lecteur peut comprendre ce que ressentirent les habitants de Gerbéviller lorsqu’ils accueillirent la Division Leclerc.

Rien de commun avec l’armée française de 1940, car l’enthousiasme animait tous ces militaires.  Une sorte de lien affectif  semblait les unir tous, officiers, gradés et hommes de troupe. La discipline et l’ordre régnaient comme naturellement.

La “Division Leclerc” faisait partie de la 3° Armée américaine du Général Patton et après avoir libéré Paris elle avait avec succès, livré une grande bataille le 13 septembre dans le secteur de Dompaire, contre 45  chars allemands “Panther”.

Nul doute que durant tout le temps où il resta à Gerbéviller, le Général Leclerc  prépara l’offensive sur l’Alsace avec son état-major.

Les habitants qui ont vécu ces temps là se souviennent de deux manifestations : Une prise d’armes, début octobre, place de la Mortagne. Le Général qui avait placé son char-PC “Tailly” près du monument, passa la troupe en revue, avec sa célèbre canne à la main. Puis après l’évocation des morts, les silences et sonneries réglementaires, un officier donna lecture de l’ordre du jour n° 60 de la Division.

Cette cérémonie, avec ses commandements secs fut impressionnante par sa sobriété et son cérémonial militaire. On sut plus tard que Philippe de Gaulle, fils du Général y participait. Il était alors cantonné à Clézentaine avec ses fusilliers-marins.

L’autre manifestation fut un spectacle donné par les artistes militaires et offert par la Division à la population pour la remercier de son accueil.

C’était au théâtre du château un dimanche d’octobre 1944. Tout cet automne fut très pluvieux et les militaires en Lorraine pataugeaient et circulaient dans la boue et le purin.

Après la Division Leclerc, Gerbéviller accueillit longtemps des Américains, notamment des éléments de la 7° armée du Général Patch qui laissèrent un excellent souvenir.

(Texte repris de la page : http://www.gerbeviller.fr/histoire-de-la-ville/)

 

 

 

 

 

 


P.C.
Vendredi 29 septembre 1944 – Gerbeviller

 

 

Nous ne restons pas à la IIIe armée.
Le général Patch, Commandant de la VIIe, est passé à la division aujourd’hui. Nous étions à la base. Il a été reçu par le colonel Bernard.
Lambert de Guise me dit que les Allemands ont aménagé des installations considérables en sous-sol dans le bassin de Briey.
Une usine de V2 et une de Messerschmidt. Seule la première est terminée. La seconde couvre 10 km, entièrement pavés, dallés, aérés et asséchés, entre 80 et 120 mètres sous terre. Les Américains qui ont l’habitude des grands travaux, en sont eux-mêmes sidérés.

On dit que si Bradley n’avait pas stoppé la IIIe armée pour faire avancer la VIIe nous aurions peut-être pu atteindre le Rhin, et nous aurions en tout cas mis la main sur une quantité beaucoup plus importante de matériel. Au début, les Allemands s’étaient retirés sans rien emmener. Quand notre avance s’est arrêtée, ils sont revenus et ont pu à ce moment-là emporter presque tout, et notamment, leurs V 1.

Un espion déguisé en curé a été pris dans nos lignes et va être fusillé demain. Il a été démasqué par le Père Houchet qui lui a fait dire la messe et l’a observé en feignant de lire son bréviaire. L’homme a avoué. Il était envoyé par le Sicherheit Dienst.

Nous avons reçu hier un coup de téléphone alarmé du XVe Corps:
– Il parait que vous êtes violemment contre-attaqués et que les forces françaises et américaines se replient dans votre secteur.
Qu’est-ce qui se passe ?
– Rien ne nous a été signalé. Nous allons nous renseigner.

Nous téléphonons dans tous les sens, sans aucun résultat. Rien ne bouge nulle pan. Nous arrivons enfin à avoir le fin mot de l’histoire.
Un peloton de T.D. (chasseurs de chars) est allé en relever un autre aux avant-postes.
Des éléments du Génie américain travaillaient dans un village voisin. Ils aperçoivent les chasseurs de chars qui, une fois relevés, rentraient vers nos lignes. Les sapeurs américains prennent ce mouvement pour un repli, en concluent que nous sommes contre-attaques et se replient eux-mêmes sans perdre de temps. Peut-être qu’entraînés par leur imagination, ils auront décrit au Q.G. les terribles circonstances de notre retraite et raconté que nous étions tous morts.

Notre passage à la VIIe Armée pose de nombreux problèmes au 4e bureau et inquiète le Général.
Il a un peu peur que nous ne soyons kidnappés par l’armée B. (1ère Armée française).

Samedi 30 septembre 1944 – Gerbeviller
J’écrirais  “rien de nouveau”  s’il fallait en juger par le calme qui règne à Gerbeviller.
La situation actuelle crée un décalage complet.

Au Q.G., rien de nouveau, mais à quinze kilomètres de là, Geoffroy est tué par une rafale de mitraillette en effectuant une reconnaissance dans un bois qui paraissait désert et le bruit court que Dubut serait grièvement blessé.

Encore une série noire. Le Général en est vivement affecté. Pourquoi faut-il que la fatalité s’acharne sur sa vieille et chère équipe.
Ce soir je tape des tas de lettres à des V.I.P. au sujet de notre avenir. L’atmosphère est sombre et je suis moi-même d’assez mauvaise humeur.
Le Général est seul dans sa chambre et fait des patiences. Comme cette solitude doit lui peser. Je vais aller passer une tête à tout hasard.

Dimanche 1er octobre 1944 – Gerbeviller
Ce matin au GTV qui fait une opération locale au profit de la 45e D.I. américaine.
Guillebon est très à son affaire. Il pousse son P.C. très en avant. Les Boches ressortent de 1 artillerie, du mortier, un tas de cochonneries variées. Les Américains avancent lentement. Notre opération a l’air de les agiter un peu.
Ce soir à Roville, dire adieu à ce pauvre Geoffroy. Nous avons appris que Dubut aussi était mort. Trois balles dans la tête. Quelles pertes et de quelle qualité ! Peut-être qu’emportés par leur fougue ils auront sous-estime l’adversaire, ou auront été surpris par une résistance qui semble depuis quelques temps s’affirmer… Ce sont hélas toujours les plus ardents.

Lundi 9 octobre 1944 – Gerbeviller
Une semaine de repos et de routine, émaillée d’une visite à Haislip jeudi, d’une réunion de chefs de corps et d’une visite au 4e bureau de la VII* armée vendredi, ainsi que de quelques soirées bien charmantes.
Hier, visite du général Patch, le commandant de la VIIe armée. Il est grand, mince jusqu’à paraître sec, et très nerveux. Culottes de cheval, bottes, calot. Il ne mettra jamais son casque, même pour monter aux observatoires où le général Haislip ne l’accompagnera d’ailleurs pas. Il déclinera avec, sur son visage fin, un air : « Oh ! moi je connais ça par coeur » parfait.

 

 

 

 

 

GERBEVILLER - INFOS

 


 

 

EMPLACEMENT de la BORNE

La borne se trouve au centre de la commune, en bordure de la rue du Général-Leclerc.
Celle de Moyen, à la sortie nord-est, au pied du cimetière (D 150, dir. Vathiménil).