CIREY-sur-VEZOUZE (Meurthe & Moselle)


CIREY-sur-VEZOUZE

Km= 1007 

 Dimanche19 novembre 44

P.C. LECLERC 

 

Unité du RBFM en route pour CIREY

 

 

 

 

 

Après la prise de Badonviller et les combats des carrières de Bremenil, les Allemands décrochent.
Le 19 novembre au matin, Cirey-sur-Vezoule est conquis par les spahis du RMSM qui bousculent quelques éléments légers d’arrière-garde.
La 3e compagnie du 501e RCC commandée par le capitaine Branet rejoint ce gros bourg dans l’après-midi.
Le matériel est remis en état le lendemain.
Le colonel Debray prend le commandement du sous-groupement en remplacement du colonel de La Horie, tué aux carrières de Bremenil.
Durant la journée nous entendons le canon en direction du massif vosgien.
Les combats sont brefs mais violents.

C’est le sous-groupement Massu qui ouvre la voie vers l’Alsace en progressant sur les petites routes de montagne.
L’artillerie divisionnaire intervient efficacement sur les positions fortement tenues.
L’ennemi commence à abandonner ses lignes de défense vosgiennes.
Les automitrailleuses et les chars de Massu trouvent devant eux d’importants éléments d’artillerie hippomobiles de gros calibre ( 105 et 155 ) qui sont doublés et bousculés par les chars dans les ravins très abrupts.
Les prisonniers ne sont pris en charge par personne !
Il faut avancer rapidement, peu importe les fuyards qui ont abandonné leurs armes.
Nous emboîtons le pas, le 21 à l’aube.
La progression des chars n’est pas facile ; les routes sont sinueuses et étroites.
Nous rencontrons de nombreux véhicules hippomobiles sur les bas-côtés sans leurs chevaux et de nombreux cadavres de part et d’autre de la route.
Nous traversons entre autre Lafrimbolle, Saint-Quirin, Abreschwiller, Walscheid, Dabo et Obersteigen, premier village alsacien, pour arriver, épuisés, à la tombée de la nuit à Birkenwald.

Le général Leclerc s’installe au château et nous dans quelques granges du village.
Le 22, regroupement dans la plaine aux environs de Marmoutier ;
Le 23 au matin, les ordres sont donnés : par cinq itinéraires différents, il faut s’emparer de Strasbourg, du pont de Kehl et le passer si possible !

(Source : 2db.forumactif.com)


Hommage au Général Leclerc à Cirey-sur-Vezouze (54)

 

 

De Badonviller à Cirey sur Vézouze
( Général Rouvillois)

 

Le 17 novembre, dans un terrain parsemé de mines, d’abattis et de bourbiers dont il faut fréquemment extirper sous le feu les véhicules, le groupement de tête, Morel-Deville attaque avec fougue.

« Au milieu de ses gens jetés dans la mêlée », écrit le général Rouvillois, « Morel-Deville conjugue le culte que portent ses spahis à l’infiltration hardie, le sens qu’ont de l’abordage ses blindés, la pugnacité de ses fantassins dans les corps à corps et la mobilité des feux de ses artilleurs, dont cadres et servants ont une mentalité de volants.
Profitant, à l’origine des tirs d’artillerie massifs des deux divisions US, à la jointure desquelles il livre la bataille de rupture, ce cavalier blindé crée une faille dans laquelle il se lance impétueusement avec ses seuls moyens.


Alternativement, il se déploie pour rechercher une fissure profonde, puis se recroqueville pour donner le coup de boutoir.
Il encercle le réduit de Nonhigny sur la ligne d’arrêt allemande et s’en empare, puis il fait volte-face et balaie à revers les avancées de la position.

Il met alors cap au sud, prend Parux et appuie le 18 au matin les éléments débouchant à sa droite de Badonvillier dont le sous-groupement La Horie s’est emparé la veille par une charge audacieuse au moment où le commandement adverse y jetait en renfort un bataillon de chasseurs.
Sans laisser à
l’ennemi le temps de souffler, il s’engage dans la forêt, détruit les dernières résistances.

Atteignant au crépuscule Cirey, il bondit jusqu’aux lisières nord et est de la ville et s’assure dans la nuit la possession des ponts intacts sur la Vezouze. Le lendemain 19, avec des réservoirs et des soutes à peu près vides, il marche sur Lafrimbolle, où il est stoppé par un bataillon de chasseurs

s’appuyant sur des destructions.

Le 19 au matin, Leclerc se rend à Cirey.

Malgré les tirs qui continuent, il veut constater par lui-même la situation tactique de l’avant et être là « où seul le chef, informé du déroulement de la bataille et disposant de réserves, peut arracher sur-le-champ une victoire qui serait coûteuse quelques heures plus tard. »

En arrivant sur place, Leclerc connaît les derniers succès des deux divisions US, qui maintiennent le rythme de leurs attaques malgré les intempéries. Leur pénétration profonde dans le dispositif adverse fait perdre à l’ennemi la liberté d’action.
Il estime donc que la rupture de la ligne d’arrêt ennemie doit avoir lieu au plus tôt et que l’exploitation doit immédiatement suivre, afin de ne pas permettre à l’ennemi de se réorganiser pour diriger une manoeuvre retardatrice.

« Course au cols, telle est la volonté qui doit ruisseler en cascade jusqu’au chef de patrouille. Il communiquera le même perçant à tous les exécutants qui adapteront leur manoeuvre au terrain : des Vosges, deux routes escarpées plus favorables aux embouteillages qu’aux déploiements et sur le plateau lorrain, variété de chemins qui permettent des chevauchées lointaines. »

 

 

Badonviller, c’était pour nous une fenêtre brusquement ouverte la perspective d’une grande route vers Cirey, doublant l’axe, jusque-là unique et surchargé de l’attaque, d’une route non minée défilant sur les arrières de l’ennemi, au plus près de cette montagne que nous voulions franchir.

Encore fallait-il la conquérir, cette route : sur 10 kilomètres on allait y voir refluer tous les éléments hâtivement repliés de l’ouest, tandis qu’au sud et à l’est l’ennemi restera plusieurs jours menaçant. Il n’était pas encore question d’« exploitation ».

Le Général, qui réserve pour cette ultime phase les groupements Langlade et Dio, fait donc appel au gros du groupement Guillebon, théori-quement « au repos » après les efforts fournis depuis Baccarat. Ce repos ne l’empêche pas d’être en deux heures sur place, de forcer de Badonviller même un difficile débouché vers le nord et de livrer le même soir à Bréménil un dur combat.
Le lendemain, toujours séparé de Morel-Deville par des forêts où fourmille l’Allemand, il prend Petitmont, Val et Châtillon, où il traverse la Vezouze.
Morel-Deville, qui a pris Parux et établi la liaison à Petitmont, voit apparaître les premières maisons de Cirey.

La journée s’avance, il faut faire vite. Résistance sporadique des armes antichars, bras levés des Volksgrenadiers terrifiés, un char qui se replie en canonnant sans succès les Sherman de tête de Martin-Siegfried. Flanquée de spahis à pied, la colonne pénètre dans la ville, coiffe le pont dans la nuit noire, sort à coups de crosse des hommes qui espéraient être tranquilles au moins jusqu’au matin : obligeamment, les corvées allemandes lui servent leur soupe toute prête et fumante. Nous voilà avec deux ponts sur la Haute-Vezouze.

Le 19 au matin, le Général est à Cirey.

Quelques efforts sont encore nécessaires, mais la porte est déjà plus qu’entr’ouverte. L’ennemi décroche sur tout le front du Corps, abandonne la Vor- Vogesenstellung pour garnir la ligne des Vosges.
Il faut à tout prix maintenant le prendre de vitesse : l’instant approche pour lequel tout jusque-là a été mis en œuvre, le difficile moment du lâcher.

 

(La 2e DB- Général Leclerc – En France – combats et combattants – 1945)

 

 
P.C. LECLERC 
 

Dimanche, 19 novembre 1944 • Cirey

La prise de Badonviller a ouvert la route de Cirey dont Morel-Deville s’est emparé hier. Nous y arrivons ce matin et y trouvons Guillebon. Le Général passe la matinée avec lui. Il est très énervé et nous avons une discussion assez pénible. Le P.C.A. nous rejoint et s’installe dans le château.
Dans l’après-midi, nous allons à Blamont.
Le soir, colloque devant les cartes. Le Général les étudie longuement, jambes écartées, la main gauche dans sa poche, deux doigts de la main droite sur sa bouche. Il gonfle les joues, souffle lentement sur ses doigts repliés.
Notre avance a disloqué le dispositif de l’ennemi qui se replie surtout le front du Corps d’armée. La suite dépend de ce tête-à-tête. Le Général est fatigué et détendu. Il me demande, avec ce regard affectueux des moments de répit, si je ne lui en veux pas de son algarade de ce matin… Grands dieux non ! Quelle tension il supporte ! il est extraordinaire à voir dans le feu de l’action. Rien d’étonnant à ce qu’il ne soit pas toujours commode.

 

Lundi 20 novembre 1944 – Cirey

Massu est lancé à droite, Minjonnet à gauche. Le Général ne peut plus rien qu’attendre les résultats pour apprécier la décision à prendre.
C’est l’opération du GTV sur Badonviller et Cirey qui a été déterminante. Elle a coûté cher. La Horie, Mazières et 300 types hors de combat. Mais l’ennemi a été surpris. Il ne s’attendait pas à ce que des éléments blindés empruntent cet itinéraire impossible. La charge sur Cirey a achevé de le désorganiser.
Belfort est tombé ce matin et du Vigier est sur le Rhin. Le général Devers, commandant du Groupe d’armées nous l’a appris en venant nous voir cet après-midi au P.C. avant.

Au cours de l’avance d’hier, un de nos hommes va rendre visite à des jésuites quelque part dans la région de Cirey. Dans le jardin, il aperçoit quatre canons de 88. Il les considère avec intérêt. Deux jésuites sortent de la maison. Tous trois se congratulent, puis notre aumônier est repris par sa contemplation
Beaux canons…
Oui, n’est-ce pas.
Mais, où sont donc les servants ?
Les servants ? Ah, ils sont là… oui… dans la cave…
Notre ami opère une prompte retraite, encore précipitée par l’apparition des dits-servants qui ouvrent le feu sur la silhouette heureusement
éloignée.
Une histoire analogue est arrivée à un autre garçon qui, après avoir vu plusieurs pièces abandonnées, en aperçoit une autre isolée sur sa droite. N’ayant rien de spécial à faire à cet instant précis, il se dirige vers la pièce pour voir s’il n’y aurait pas par hasard quelque chose d’intéressant à glaner à l’entour. En approchant, il constata qu’il y avait pas mal de choses intéressantes à côté, notamment les servants qui le reçurent sans aucune courtoisie… Lui aussi en fut quitte pour la peur.
Le colonel Repiton est allé hier à Nancy parler au peuple, en faveur de l’emprunt. Il nous décrit avec son sens aigu de l’anecdote, les discours de certains notables, avec trémolos, silences, main sur le cœur, etc.. Le Général est toujours enchanté d’apprendre à quel point il a pu être autrefois aidé par Pierre ou par Paul sans s’en être jamais aperçu.

Mardi 21 novembre 1944 – Cirey

9 h. La prise inattendue de Badonviller risque d’avoir des conséquences considérables. Le Général l’a vu tout de suite et je tire mon chapeau, une fois de plus, au coup de poker qu’il semble être en train de réussir. La trouée de Sa-verne est fortement défendue, mais sur ses axes de pénétration normale, sur les itinéraires chrétiens.
Maître de Badonviller, le Général a aussitôt poussé Guillebon sur Cirey, très à droite du dispositif allié déjà en place aux pieds des Vosges. Et de là, pendant que la 44e et la 79e DI américaines s’attaquaient le long de la vallée aux lignes de défense classiques des Allemands, il a lancé Massu, choisi intiiitupersonne, sur un itinéraire fou. Il l’a enfoncé en pleine montagne, le long d’une route étroite et sinueuse, dans le dos des Boches qui ferment la vallée.
Résultat : hier les half-tracks de queue de Massu faisaient du 60 à l’heure sur cette piste insensée et ne parvenaient pas à rejoindre la colonne. Les barricades et les réseaux de barbelés allemands étaient disposés de chaque côté de la route, prêts à être mis en place, mais prêts seulement… Les chars de Massu sont tombés sur des colonnes d’artillerie qui retraitaient bien tranquillement par cet itinéraire apparemment sûr. Ce fut une débandade affolée, canons et attelages renversés dans les fossés, mêlés aux ennemis hagards qui n’avaient pu fuira toutes jambes à travers les pentes boisées. Les chars écrasaient tout, hommes et matériel, et sur ce tapis laminé par les chenilles, les voitures qui suivaient roulaient à 60 à l’heure. A la tombée de la nuit, Massu était arrivé au carrefour nord de Dabo, à dix kilomètres à peine de la sortie de la forêt, à dix kilomètres à peine de la plaine d’Alsace. Il n’était même plus à portée de radio.
En pleine nuit, Guillebon est lancé sur ses traces, pour occuper cet itinéraire car l’ennemi, devant Minjonnet, ne sait pas encore quelle débandade vient d’avoir lieu dans son dos.
Hier soir, en apprenant la charge de Massu, le Général ne tenait plus en place. Si nos éléments atteignent la plaine à midi, c’est la ruée sur Strasbourg. Le Général commentait hier soir avec mélancolie :
C’est La Horie à Badonviller qui a été la pierre d’achoppement de tout.

 

 

 

Le général devant son PC de CIREY

 

 

 

 

 

CIREY-SUR-VEZOUZE - INFOS

 

Mairie de Cirey sur Vezouze
1 place Leclerc

54480 CIREY-SUR-VEZOUZE
Tél. : 03 83 42 50 27

www.mairiedecireysurvezouze.fr

 

 

EMPLACEMENT de la BORNE

La borne se situe 30 rue Joffre à CIREY

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