Extrait Journal du Soldat François LORANT ©
BR – I/RMT
SAMEDI 16 SEPTEMBRE 1944
La division a fait une percée jusqu’aux Vosges. Le bataillon de renfort suit et comble les vides.
JEUDI 29 SEPTEMBRE 1944
Arrivée au front à CHENEVIERES dans les Vosges.
J’entends le canon pour la première fois.
Je suis affecté sur un Half-Track, véhicule blindé à chenilles dénommé (Marguerite de Cornouaille), armé d’un mortier de 81 mm et d’une mitrailleuse, composé de l’équipage suivant :
– Sergent LAURENT
– l’Algérien ABOUT
– le Libanais SELIM MORADIM
– le Caporal VILLA
On me donne comme arme une carabine. (Winchester USM1)
SAMEDI 1er OCTOBRE 1944
Tirs de mortiers ennemis sur notre secteur. Des batteries lourdes américaines sont installées aux abords de CHENEVIERES où nous sommes cantonnés. Vraiment impressionnantes!..
DIMANCHE 9 OCTOBRE 1944
Malgré les tirs au canon des allemands sur CHENEVIERES; les habitants sont restés en grande partie dans la localité. Un soldat est tué par un éclat d’obus.
JEUDI 12 OCTOBRE 1944
Le fort de BADONVILLERest pris par un détachement de la division. Bulletin de renseignements qui nous est communiqué.
L’ennemi paraît s’installer solidement sur la ligne des Vosges, les cols sont tenus. Devant nous une unité blindée d’artillerie.
Repli probable des allemands sur la solide ligne des crêtes.
SAMEDI 14 OCTOBRE 1944
Départ en patrouille. Il pleut, nous sommes une dizaine. Traversée d’un champ de mines, puis arrivée en vue de l’ennemi. Nous observons sans chercher le contact. Repassons le champ de mines sans dommage. Je m’enlise avec la mitrailleuse que j’ai sur le dos, et par deux fois je m’allonge dans la gadoue. Ce doit être le métier qui rentre.
MARDI 17 OCTOBRE 1944
Permission à LUNEVILLE occupé par les américains qui font bien les choses: centre d’accueil avec cigarettes, boissons, gâteaux …
JEUDI 19 OCTOBRE 1944
École de conduite. Les Messerschmits ennemis nous survolent. Riposte de la D.C.A.
Dans la soirée, Alerte!,,, on nous parle d’un lâcher de parachutistes allemands dans le secteur. Je prends position pour la nuit dans le cimetière; c’est plutôt lugubre. Rien à signaler. Le lendemain on nous informe qu’il y a eu parachutage d’armes dans un camp de prisonniers allemands du côté de NANCY. Les américains se sont vu obligés d’employer la force pour récupérer l’armement.
Octobre, les jours passent… alliés et ennemis maintiennent leurs positions. Nous sommes aux rations américaines : corned-beef, jambon en boîte (appelé bacon), les beans ou cassoulet, oeufs en poudre. Menus peu variés, et tout en boîte. Nous touchons également la Nafy cigarettes (Philip Moriss, Huky, Chesterfield, Old-gold) chocolat, chewing-gum, boissons ( lait en poudre et jus de fruits).
Vendredi, conduite auto. Un obus ennemi éclate tout près. Un éclat me frôle.
Samedi, conduite auto. Je démolis le pignon d’une maison en faisant une marche arrière.
MARDI 24 OCTOBRE 1944
Départ de CHENEVIERES. Nous prenons position à VATHIMENIL FLIN près des lignes ennemies, cantonnons dans une école qui semble intacte, pas pour longtemps. Le soir un obus tombe dans la cour, un autre contre le bâtiment : un tué, un blessé.
Journal du Soldat François LORANT ©
I/RMT