Warabiot, qui avait finalement débordé sur la droite en direction de Morangis, et qui a fait sauter un bouchon solidement implanté à l’orphelinat, débouche à Wissous, face aux batteries de 88 qui aussitôt, opèrent une conversion de 90° et le prennent de face.
Trois chars de la compagnie de Witasse sont touchés et brûlent.
Il est presque midi. A quelques pas de Putz, bloqué devant le Petit-Massy, Leclerc inspecte le terrain. Il a coiffé son casque et, debout sur son scout-car, encourage, de sa canne, les tank-destroyers qui montent en ligne.
Arrivent Buis et sa 2e compagnie du 501.— Filez par la gauche, vers Massy. Peut-être pourrez-vous contourner le bouchon.
Buis déboîte, progresse vers l’ouest.
Par les petites rues qui se recoupent à angle droit, il commence à s’infiltrer. Et puis, sur sa gauche, venant du viaduc de la voie ferrée, des tirs d’antichars percutent l’asphalte, juste devant lui. Buis ne perd par de temps à manœuvrer.
Du reste, la manœuvre est impossible. Les Shermans se sont enfilés, à la suite, dans l’unique rue praticable.
Il ne reste qu’à foncer, franchir le carrefour en tirant, et en priant la chance de placer un coup au but.
Le pari réussit. Un antichar, touché de plein fouet par le char Elchingen, explose, dispersant ses servants. Le mur d’acier est crevé. Buis fonce, utilisant toujours les ruelles de Massy. Il franchit la voie ferrée, prend les batteries à revers.
Et là, comme à la parade, ses chars, alignés, hachent les pièces de 75 et de 20 Flak établies, de proche en proche, le long du ballast.
Il rend compte et reçoit l’ordre de poursuivre, en se rabattant au-delà du bouchon que Putz est en train de réduire. Il est une heure de l’après-midi. Leclerc harcèle les commandants des unités de tête :
— Plus vite, plus vite ! Il voit le temps s’écouler, perdu.
Depuis que Billotte a touché la Nationale 20, il y a trois heures, à peine huit kilomètres ont été franchis.
Il en reste deux fois autant avant d’entrer dans Paris.
Extrait de “La 2e DB” – Erwan Bergot – Presses de la Cité – 1980

