CHILLY-MAZARIN – (Essonne)

 

 

CHILLY-MAZARIN

Km= 545

 

Jeudi 24 Août 1944

 

 

 

 

 

 

Leclerc, le libérateur du Nord-Essonne

 

La mission demandée par Eisenhower est confiée à deux unités.
L’une américaine et l’autre française.
En effet, la 4ème Division d’infanterie U.S. et la 2ème Division Blindée française sont choisies pour cette opération.
Le Général Philippe de Hauteclocque, dit Leclerc (Ndlr : il sera autorisé a rajouté ce pseudonyme à son nom qu’en novembre 1945), choisit de passer par le sud pour entrer dans Paris, se disant que la résistance allemande serait moins âpre.

Le plan initial était de suivre l’axe de la RN188 de Limours à Palaiseau de s’orienter vers Arpajon et de progresser en suivant la RN20 jusqu’à la Porte d’Orléans. Toutefois, la 2ème DB va se diviser pour la remontée vers Paris. La majeure partie des troupes se dirige vers Longjumeau tandis qu’un détachement part dans l’extrême nord-ouest du département vers Vauhallan et Massy.

Ainsi, le gros des troupes du Général Leclerc commence sa remontée vers la capitale en libérant sans trop d’opposition les communes de Forges-les-Bains, Briis-sous-Forges, Montlhéry ou encore Saulx-les-Chartreux. Les premiers accrochages pour la 2ème DB commencent à Villejust avec un convoi allemand. Ce dernier est finalement rapidement maîtrisé. Jusqu’à Longjumeau, le détachement va ainsi réduire de petits îlots de résistance allemande et faire près de 250 prisonniers.

La mission se complique ensuite vers le nord du département. Les Allemands sont mieux organisés à Massy et à Wissous où une résistance farouche est organisée. Des moyens plus importants doivent être attendus pour la libération de ces communes où de nombreux obus seront lancés pour réduire à néant l’infanterie du Reich.

La situation est sensiblement la même pour la ville de Morangis. En effet, après la libération de Longjumeau, un nouveau détachement de la 2ème DB conduit par Warabiot oblique de son chemin en direction d’Epinay-sur-Orge, libérant Savigny-sur-Orge, Wissous, avant de se heurter à Morangis. La résistance sur Morangis est importante causant des pertes non négligeables, 15 morts et 4 chars détruits.

Cette victoire ouvre la porte aux communes de Fresnes et de Rungis ou un autre combat attend les hommes du Général Leclerc avant l’entrée dans la capitale.
Ces villes seront libérées le 24 août, tout comme Ris-Orangis, Viry-Châtillon, Athis-Mons, Juvisy-sur-Orge ou encore Grigny, qui le sont par la 4ème division blindée américaine entre le 23 et le 24.

 

Extrait de :  aaspp91.net

 

 

A  L’ASSAUT DE PARIS

Extrait du J.M.O. du G.T.V.

 

Voici déjà dix jours que le G. T. V. moisit ä Ecouché , dont il s’est brillamment emparé le 12 août.
A l’activité fiévreuse des premiers jours a succédé un calme bienfaisant… Les hommes, enfin, peuvent dormir, le matériel peut être entretenu, les pertes réparées… On commence même ä s’ennuyer.
La radio annonce la présence des Américains ä Rambouillet, Vernon et Fontainebleau ; qu’est-ce qu’on fiche ici…

22 août. — Vers 23 heures arrive l’ordre suivant :
« La 2e D. B. se portera vers l’est dans la journée du 23. Départ 7 heures.
Destination du G. T. V. : Villacoublay. — Dispositif de “déplacement administratif “.

La nuit est d’encre.

…/…

Quant à notre mission, elle est fort alléchante, sans doute, mais elle laisse nos stratèges un peu rêveurs ; une ville comme Paris ne se prend pas avec un cirque de véhicules comme celui que nous traînons derrière nous. Et une modeste D. B., ce n’est pas bien gros.
S’il s’agit d’une promenade de santé, c’est parfait. Mais si le Boche est “coriace”, cette petite aventure nous ménage des surprises…

Enfin on verra bien…
D’ailleurs, si on nous donne cet ordre-là, c’est vraisemblablement qu’il semble exécutable à ceux qui sont dans le Secret des Dieux.

Jusqu’à une heure du matin l’E.-M. du G. T. V, phosphore dans une ferme.
Dans les Corps, on se débrouille comme on peut, et finalement au petit jour,  le G. T. V. sera tout de même prêt à marcher dans le dispositif prévu.

COLONNE PUTZ.
Au nord, tête à Bris-sur-Forges.
4e Compagnie de chars légers (moins un peloton). Lieutenant DE GAVARDIE
2e Compagnie de chars moyens (Capitaine DE WITASSE)
9ᵉ Compagnie du III /R.M.T. (Capitaine DRONNE) .
C. A. III /R. M. T. (Capitaine WAGNER)
3e Section du Génie (Adjudant CANCEL).
31e Batterie du XI/64 (Capitaine TOUYERAS).

COLONNE WARABIOT. — Au sud, tète à Bris-sur-Forges.

Une section de chars légers (Lieutenant NANTERRE)
3e Compagnie de chars moyens ( Capitaine BRANET)
11e Compagnie du III/RMT (Capitaine DUPONT)
3e section du Génie (Aspirant DESJARDIN)
32e Batterie du XI/64 (Capitaine BESANCON)

Eléments réservés – En couverture au nord de LIMOURS
Le reste de l’Artillerie et du Génie
La 1ère Compagnie de chars moyens (Capitaine BUIS)
10e Compagnie du III/RMT ( Capitaine SARAZAC)

PC GTV – Derrière la Colonne PUTZ

Dans la nuit, à mesure qu’elles arrivent, les unités prennent leur place sur leur axe et déboîtent de la route.
On essaiera de dormir un peu. Ce n’est pas facile d’ailleurs, car il pleut, et il faut, avant de se reposer, faire les pleins.

24 août – 7 heures : Le Colonel BILLOTTE donne les ordres suivants :

Au Commandant CANTAREL : s’emparer le plus tôt possible du pont de Longjumeau afin d’assurer au G. T. V. un débouché au nord de la rivière de Palaiseau.
Moyens : Escadron d’A. M. (Capitaine LUCIEN) .
Une Section de chars moyens (1ère Compagnie, Sous-Lieutenant GALLEY).
Une Section de la 10/III RMT (Lieutenant CARRAGE) .

Disons tout de suite que cette mission sera remplie magnifiquement : le Commandant CANTAREL part par l’itinéraire indiqué : Bris-sur-Forges, Fontenay, Fretay, Villejust, La Ville-Dieu, Saulx-Le-Chartreux.

A VilleJust a lieu le premier accrochage dans la bruine qui tombe, et sans arrêt jusqu’à Longjumeau, le détachement va réduire des îlots de résistance allemands et détruire des véhicules de tous types. Il arrive a Longjumeau à dix heures, ayant fait 250 prisonniers et sans avoir subi de pertes.

Les deux Sous-Groupements PUTZ et WARABIOT se sont ébranlés entre 7H 30 et 8 heures. Très vite PUTZ atteint Arpajon et met cap au nord.
Il est à Monthléry vers 9 heures.

WARABIOT a pris un peu de retard ou départ, n’ayant pu terminer ses pleins avant le jour.
De plus il se heurte à Arpajon à un champ de mines important qui lui barre l’itinéraire qui lui était fixé par Savigny.

A ce moment, on apprend que CANTAREL est à Longjumeau, que l’avant-garde PUTZ atteindra également vers 11 heures après un petit accrochage à Ballainvillers.
Du coup, WARABIOT n’a plus qu’à suivre dans le sillage de PUTZ.
Un peu avant Longjumeau, il obliquera vers Epinay et prendra sa place à droite de PUTZ sur l’axe
Morangis-Wissous-Rungis-Chevilly La Rue-Villejuif-Gobelins, etc…

Le Colonel BILLOTTE rejoint le Commandant PUTZ à Longjumeau.
Tandis que ce sous-groupement continuera sa progression sur l’axe : Longjumeau-Croix de Berny, appuyé à droite, par le Sous-Groupement WARABIOT.

Il est décidé que le détachement CANTAREL reprendra sa liberté d’action et essaiera de devancer la colonne à Paris par tous les moyens qui lui sembleront bons.
Disons tout de suite, qu’en raison des obstacles qui, à partir de Longjumeau, vont s’accumuler, le Commandant CANTAREL ne pourra pas dépasser l’avant-garde de PUTZ, dans laquelle son détachement, très vite, se fondra.

En effet, à peine l’avant-garde de PUTZ arrive-t’elle en vue des lisières sud d’Antony, qu’elle est vivement prise à partie par des 88 qui la tirent de partout: en tête, de Massy, de Wissous.
A gauche, le 12e Cuirassiers, du G.T.D. qui est à Palaiseau nous couvrira bien un peu.
Par contre, à droite, nous n’avons personne.

Le Sous-Groupement WARABIOT, qui est derrière PUTZ, on s’en souvient, doit d’abord chercher un passage à Epinay , puis se redresser face au nord.
Or, très vite, il est accroché à Savigny, où il réussit tout de même à passer en s’infiltrant entre les îlots boches, et surtout à Morangis où le combat est très dur ( 10 tués et blessés, 2 chars détruits).
Les hommes du Colonel WARABIOT surmontent tous les obstacles et font là plus de 500 prisonniers.

Pendant ce temps, on s’impatiente évidemment du côté de chez PUTZ, qui se sent un peu “en l’air”…
On fait appel à l’air support américain, en vain, en raison des conditions atmosphériques défavorables. Pendant toute la matinée, et même plus tard, lorsque le soleil se lèvera, aucune aide aérienne ne nous sera accordée.

Le Commandant CANTAREL envoie la section CARRAGE (Capitaine SARRAZAC) sur Massy d’où des tirs de 88 prennent de flanc les unités qui combattent à Antony. La section y encaisse un coup dur et perd en peu de temps, du fait des armes anti-chars. nombreuses que les Allemands ont mis en batterie dans cette région, une grande partie de ses véhicules et 15 blessés. Malgré cela, elle s‘accroche avec acharnement et réussit à taire une cinquantaine de prisonniers, à tuer à peu près le même nombre d’Allemands et à détruire en combat rapproché toutes les armes (canons et mitrailleuses) qui lui sont opposées. Grâce au dévouement de quatre civils venus les ramasser sous le feu, la section réussit à évacuer ses blessés. D’ailleurs, la question de la liquidation de l’îlot de Massy est reprise avec des moyens plus importants (2 sections de la compagnie de chars moyens réservés (Capitaine BUIS), 3e section (Adjudant-chef TESSEIRE) de la 10e Compagnie du III /R. M. T.

Ce détachement passe par Champlan et Massy et rejoint l’axe principal au carrefour sud d’Antony après avoir réduit toute opposition adverse.

Voici donc PUTZ tranquille pour sa gauche.
A droite la circulation s’améliore aussi :

Vers 16 heures le Sous-Groupement WARABIOT s’est emparé de Wissous.

Désormais PUTZ va pouvoir reprendre son mouvement en avant.
Il n’aura qu’un court répit:
quand ses éléments avancés arrivent au milieu d’Antony, en vue du carrefour de la Croix-de-Berny, le baroud recommence.

 

 

 

 

 

Combats des 24 & 25 août 1944
(cliquez pour agrandir)
Conception : Christophe LEGRAND

 

 

 

Photo prise dans l’actuelle rue François Mouthon à hauteur des numéros 40 et 42.
L’attroupement visible au second plan se trouve sur le carrefour avec l’avenue Mazarin.
(cliquez pour agrandir)

 

HISTOIRE ET EVOLUTION D’UN FIEF ROYAL
CHILLY-MAZARIN – LONGJUMEAU
René Nicot

Éditions du Soleil Natal
(Extrait)
Source : Service des Archives de Chilly-Mazarin

 

 

3) LA RÉSISTANCE ET LA LIBÉRATION 

En France, la Résistance est née le 18 Juin 1940, lors de l’Appel du Général de Gaulle à Londres. Elle réunissait des gens de toutes origines et de toutes opinions qui ont un but commun : refuser la défaite et le fascisme, et qui vont par des actions violentes tenter d’atteindre le but qu’ils se sont fixés.
En réalité, s’il y eut, dès 1940 des actions de faites, tracts et feuilles ronéotypées, ce fut surtout, jusqu’en 1942, une période d’organisation. Deux mouvements prennent forme, Mouvement de Libération Nationale (MLN), Libération, un troisième viendra s’y ajouter plus tard : les F.T.P.
En zone occupée, il se constitue : Libération Nord, l’Organisation Civile et Militaire, Front National.
C’est avec la naissance du service obligatoire du travail que la Résistance va prendre son essor.
Auparavant, à l’initiative du Général de Gaulle, une tentative d’unification de ces mouvements est menée à bien, un des premiers résistant, puisque Préfet de l’Eure et Loir, il Il s’agit de Jean Moulin.
Dans la région, 3 mouvements opéraient : le M.L.N., Libération Nord, le Front national, mais ses dirigeants devaient redoubler de prudence car à la suite de dénonciations, sur le plan national, il avait vu disparaître la plupart de ses animateurs

 

A Chilly-Mazarin, Libé-Nord fut animé par Giollot, dit Pinard, tenait le café du «Petit Poucet» entouré de Martin Emiler Dau-chez, Caillot père, Caillot, Ouvril, Mouthon’ Moulinneuf, Lagrange, Marais, auxquels s’ajoutèrent Cornillat, Moreau, Nicot, Mégret, Monovitch..
Le Font National avait parmi ses dirigeants : Delage, Rio, Bruchet Caillot fils, Lorigny, Cocu, Jourdain.. Il y eut une sorte de fusion entre les deux mouvements pour faire des actions communes.
Chacun des mouvements de Résistance eut une filière pour pla-cer les jeunes, qui devaient partir pour le Service du Travail Obliga-toire.
La Résistance distribuait les journaux clandestins, sous le man-teau, et fournissait à l’échelon supérieur les renseignements sur les mouvements de troupes qui stationnaient sur le territoire commu-nal, leurs effectifs, les matériels ennemis, exécutant les missions fixées.
Pour les aviateurs alliés tombés dans notre région, ou les notabilités à faire partir pour Londres, il fallait leur faire gagner le Centre d’Accueil de la «Tour Prend Garde» au Rocher de Saulx.
Une plaque apposée sur le bâtiment en commémore le souvenir. Le Groupe de Libération Nord de Chilly-Mazarin, grâce au secret bien gardé et à l’incognito de ses membres, échappa, en juin 1944 à la dénonciation, faite aux Autorités allemandes qui provoqua, ce même mois, 183 arrestations pour la Seine et Oise et une bonne vingtaine dans la région.
Le groupe Front National ne fut pas épargné et ses animateurs durent disparaître très rapidement, ce qui explique que Libération Nord resta la seule organisation rassemblant la Résistance.

Pendant toute l’année 1944, les bombardements sur des objectifs stratégiques se multiplièrent. Plusieurs avaient pour but : le pont de chemin de fer de Vigneux, sur la Seine, les hangars d’Orly.
Le 18 avril 1944, après une magnifique journée de printemps, il était 23 heures lorsque les sirènes se firent entendre, annonçant un raid.
Bientôt les fusées éclairèrent le ciel sur Athis-Mons, Juvisy, Savigny, Viry-Châtillon, Morangis, Chilly.
On se serait cru en plein jour, un feu d’artifice comme il n’est possible d’en voir un qu’une fois dans sa vie, était offert aux populations qui n’eurent qu’un laps de temps minimum pour gagner les abris, car les vagues d’avions se succédèrent rapidement pendant 55 minutes. On eut l’impression d’assister à une répétition de ce que serait l’Apocalypse.. La tâche des sauveteurs était extrêmement périlleuse, à cause des bombes à retardement qui compliquaient leur tâche. Un nombre important d’entre eux eux payèrent de leur vie leur dévouement pour autrui; mais l’objectif allié fut atteint : détruire la gare de Juvisy. Les dégâts furent considérables, tant en ce qui concerne les pertes matérielles que les vies humaines. A ce sujet, le nombre exact de victimes ne fut jamais révélé. Il est probable que sous la place centrale de Juvisy, des cadavres sont encore enfouis.

Le 18 juin 1944 à 19 h 45, ce fut le tour de la gare de Massy-Palaiseau, il y eut 65 morts et deux cents blessés.
Quelques jours après un bombardement ayant pour objectif le pont de Longjumeau, sur la ligne Juvisy-Versailles, fut manqué. Il s’agissait de couper la ligne stratégique, pour empêcher les trains de troupes et de matériels de gagner le front de Normandie. Quelques maisons furent endommagées, près du Pont, une bombe égarée tomba sur la place du Marché, arrosant des maisons avec ses éclats. Une autre s’enfonça dans le sol, à la limite de Chilly et de Morangis entre les Avenues Pierre Loti et de la République, sans causer de dégâts.

Le 6 juin 1944, le débarquement allié avait apporté du réconfort et de l’espoir à une grande partie de la population; c’était un avant-goût de la Libération que beaucoup, mais sans y croire, appelaient de leurs vœux.
Les troupes allemandes montaient vers le front. La Résistance devint très active, en ce début du mois d’Août, les missions devenaient de plus en plus nombreuses, car depuis le bombardement des hangars d’Orly, l’Etat-Major de l’Aviation Allemande en France s’était installé au Château de Chilly, celui de Bel-Abord abritant des Panzers.
Les unités allemandes défilèrent nombreuses, car le front de Normandie tenait toujours, gêné par l’action de la Résistance Française qui agissait en liaison avec les alliés.
Ceux-ci réussirent à percer à Avranches le 31 juillet 1944, les Britanniques avaient percé à Caen.
Les Américains vont alors foncer vers Paris. le 1er août, ils sont à Rennes, le 3 à Fougères, le 4 à Mayenne.

Le 20 août, de Gaulle rencontre Eisenhower et il lui arrache la promesse que les blindés français, conduits par le général LECLERC, marcheront sur Paris.
Le même jour, la 2ème division blindée reçoit l’ordre de foncer sur la capitale.

Le 17 août, de bouche à oreille, on signalait des américains dans la région de Dourdan puis d’Arpajon.

Le 18 août, autour de Chilly, les Allemands détruisirent tout ce qui pouvait présenter un intérêt militaire ; les incendies se multipliaient dans la nuit du 18 au 19 août sur les installations du camp d’Orly, de Bretigny.
C’est le 19 août que Paris se souleva à 9 heures du matin : en deux heures l’insurrection s’étendit à toute la Capitale. A Chilly, on entendait tonner le canon, mais la journée fut relativement calme.

Le lundi 21 août, le bruit du canon sembla se rapprocher.
Dans la soirée, à 19 heures, alors que personne ne s’y attendait, de Fresnes avec de grosses pièces d’artillerie, les Allemands abattirent des arbres pour faire des barrages et couper la route de Corbeil entre Longjumeau et Epinay-sur-Orge. La résistance avait été avertie de l’approche des Alliés.

Le mardi 22 août, de petits groupes de soldats allemands, évitant la nationale 20, apparurent, semblant vouloir gagner Paris. Parfois une unité organisée refluait elle aussi devant l’avance alliée. Le mercredi 23 août, des auto-mitrailleuses et des voitures blindées défilèrent sur la route d’Orléans, certaines unités déboîtèrent à Longjumeau et traversèrent Chilly, puis Morangis et prirent la route de Wissous.
Dans la matinée, des voitures allemandes sillonnèrent Chilly et Morangis. Le bruit se propagea qu’à la suite d’incidents qui s’étaient produits à Paray-Vieille Poste, les Allemands demandaient 50 otages et arrêtaient tous les hommes qu’ils pouvaient trouver à partir de 16 ans d’âge.
Comme par enchantement, tout l’élément mâle disparut. Les cachettes les plus invraisemblables furent utilisées, mais il ne resta bientôt plus un homme visible sur le terroir. A 12 h 30, la radio anglaise annonça que Paris était libéré par les Forces Françaises de l’Intérieur. Il n’en était hélas rien. Bien au contraire, la situation des insurgés était dramatique..

A Chilly, le Chef de la Résistance tint dans la nuit une réunion secrète. L’Etat-Major F.F.I. lui faisait savoir qu’une importante personnalité se trouvait au château Mouthon et qu’il fallait l’intercepter durant la nuit prochaine. Des chars allemands en nombre se ren-dirent au château de Bel-Abord.
En fin de soirée, un nouvel ordre de l’Etat-Major F.F.I. faisait savoir que cette directive annulait la précédente, la personnalité ayant quitté Chilly, il convenait de stopper les dispositions prises. En fin de soirée, les chars allemands et les véhicules blindés quittèrent à leur tour le Château de Bel-Abord.

Le 24 août 1944 l’ordre d’attaquer dès six heures du matin les groupes allemands était parvenu dans la nuit

A 6 h 30, un groupe de soldats allemands est intercepté au niveau des bâtiments en construction des Laboratoires Rohan car le gardien Dauchez, membre de la Résistance, avait permis aux F.F.I. de se mettre en position dans les bâtiments. Il y eut un court engagement et après une poursuite, à la limite de Morangis, deux des Allemands furent capturés.
Sur l’un d’eux, il fut trouvé une somme de cent vingt huit mille francs qui servit à nourrir les F.F.I. pendant la période de mobilisation.

Un groupe de F.F.I. s’était porté vers Balizy où des détachements importants d’Allemands s’étaient réfugiés mais comme l’ennemi possédait des armes automatiques, il fallut alors alerter les alliés qui arrivaient par la Nationale 20, et quelle surprise !! de voir des chars français qui, après deux heures de combat, réduisirent la poche de résistance.

On apprit alors que le groupement Billotte, qui faisait partie de la Division Leclerc, devançait l’Armée américaine et fonçait à toute vitesse sur Paris, pour répondre à la demande des combattants de la Capitale, dans une situation difficile.

L’axe principal de la progression des chars français était la Nationale 20, un moment interrompue par la poche de Balizy.
La marche en avant put reprendre et les chars français et américains atteignirent Longjumeau au début de l’après-midi.
C’est vers 14 heures que les Allemands furent un tir de barrage sur la Nationale 20, à hauteur de l’église de Longjumeau, pour stopper l’avance alliée. Il y eut des morts et des blessés, civils et militaires.
A peu près à la même heure, le deuxième groupe de F.F.I. de 32 unités était engagé, de l’autre côté de la Nationale 20, sur la commune de Champlan. Dans la ferme isolée de la Plaine, un détachement allemand s’était retranché avec fusils mitrailleurs et mitrailleuses.
Appuyés par un élément allié, les F.F.I. obtinrent la reddition des Allemands et purent ainsi récupérer une trentaine de fusils et deux fusils mitrailleurs.

Depuis midi à Chilly, le Comité de Libération, avec en tête son président Giollot, avait pris possession de la Mairie, aussitôt les drapeaux tricolores décorèrent les maisons, et la population se groupa devant les écoles et la Mairie.
Une liesse sans pareille s’était emparée des habitants.
Tous chantaient la Marseillaise et applaudissaient aux déclarations du Comité de Libération.
Il était 13 h 30 lorsqu’un ordre parvint.
Faire disparaître tous les drapeaux tricolores car une contre-attaque allemande se développait et progressait dans la plaine.
L’engagement fut rapide et meurtrier, mais l’ennemi, stoppé par les Alliés, se replia sur Antony et Fresnes.

A 14 heures, une jeep arriva place de la Libération devant le café du «Petit Poucet».
C’étaient des Français dont un capitaine appartenant au Groupe Billotte.
Ils sont immédiatement embrassés congratulés.

On fournit à l’officier les renseignements qu’il demande et la jeep repart, très vite en direction de Morangis.
Quelques minutes après, un bruit de chars, ce sont les Américains qui arrivent, par la route de Longjumeau pour les uns et les autres par la route des Champarts. Rapidement, ils mettent en place une couverture vers le nord et l’est, puis continuent leur progression, mais en laissant un important détachement à Chilly.

Les prisonniers faits par les F.F.I., le Groupement Billotte, les Américains, furent groupés dans les salles de classe du groupe scolaire.
Il était 16 heures lorsqu’on vit arriver, encadrés par les Américains, deux généraux allemands et leur Etat-Major qui venaient d’être capturés à Fresnes. Mais tard dans la soirée, un ordre parvint de transporter tous les prisonniers de Chilly dans les hangars de la Maison Maréchal à Longjumeau.
Les F.F.I. qui avaient été organisés, formaient deux sections, commandées, l’une par le lieutenant Ouvril, l’autre par le sous-lieutenant Nicot. Un cantonnement fut organisé dans les locaux de l’Ecole des Filles. Des mesures de sécurité et de protection furent prises et des patrouilles sillonnèrent la nuit pendant plusieurs jours Chilly et Morangis.
Le 25 août au matin, un ordre de l’Etat-Major F.F.I. demanda l’envoi d’une section, en renfort sur Poissy, pour réduire une résistance ennemie. Cela fut possible grâce à deux camions laissés par les Allemands, lors de leur départ du Château Mouthon.

Si l’un d’eux fut récupéré par l’Etat-Major, l’autre resta à la commune et servit par la suite pour le ramassage des ordures.
Le 25 août, si l’on entendait le canon tonner au loin, le calme régnait sur Chilly.

En fait, la Libération terminait une page de notre histoire.

Elle s’était passée dans d’excellentes conditions, car s’il y eut quelques personnes arrêtées et gardées à vue pendant deux ou trois jours, elles furent relâchées, faute de preuves. Par contre, les Américains, sur dénonciation, coupèrent en public, dans la cour de l’école de filles, les cheveux de femmes dont les relations avec l’occupant étaient dûment établies, et ce sans en référer au Comité de Libération. Les deux «bavures» ne furent pas trop sérieuses. L’une fut la blessure du F.F.I. Clabaud, due à l’énervement d’un de ses camarades, qui appuya involontairement sur la gâchette de son arme et blessa grièvement son camarade qui se trouvait en face de lui .
La seconde – une rafale de fusil-mitrailleur – tirée dans la salle du Conseil Municipal par un jeune étourdi, qui voulut jouer avec le fusil mitrailleur pris à l’ennemi. Heureusement les dégâts se limitèrent à un arrosage du mur. Il fallut de la discipline et l’énergie de leurs chefs pour éviter des actes répréhensibles, pillages de magasins ou de maisons particulières. Il n’y eut pas de violences sur les personnes arrêtées. Pendant 24 heures, le détachement américain resta à Chilly pour couvrir les troupes qui fonçaient sur Paris, Ils campèrent aux Châteaux Mouthon et Bel Abord, et se conduisirent impeccablement, distribuant des rations de vivres aux habitants, et durent presque se défendre, contre les marques d’amitié, que leur
prodigua la population.
Le Comité de Libération prit en main les destinées de la Commune et le Président Giollot avait donné le 24 août lecture de la déclaration suivante lors de la prise de la Mairie :
«Au nom du Gouvernement Provisoire de la République Française, avec l’aide des Forces Françaises de l’Intérieur, le Comité de Libération de Chilly-Mazarin prend possession du territoire communal; afin de rétablir la souveraineté nationale, abolie en juin 1940, lors de l’arrivée de l’ennemi.
«Nous avons appréhendé un certain nombre de personnes à qui nous demanderons des comptes, mais nous ne les jugerons pas, les Tribunaux en décideront, si leur culpabilité est établie.
«A l’avance, nous demandons à tous de ne pas prendre d’initiatives regrettables, mais de s’adresser au Comité de Libération, s’il y a lieu, et qui va siéger en permanence à la Mairie.
Vive de Gaulle, Vive la Liberté, Vive la France.

…/…

 

 

 

 

Actuel centre de loisirs Petit Prince qui était un lieu de casernement allemand

 

 

 

 

Half-Track  “Tchié” de la 10e compagnie du RMT, touché à l’entrée de Massy (les arbres qu’on aperçoit au fond, matérialisent la RN 20

 

 

 

 

 

 

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 


EMPLACEMENT de la BORNE

CHILLY-MAZARIN