PUTEAUX
Samedi 26 août 1944
La Plaine-Saint-Denis
Dans l’après-midi et la nuit du 26, Roumianzoff a poussé au delà des portes, s’est établi à Saint-Denis, a porté des reconnaissances jusque vers Enghien.
Il a dû les retirer : encore une fois, l’ennemi raccommode sa déchirure, ramène une division du Pas-de-Calais, l’appuie à la forêt de Montmorency et au Bourget. Ces renforts, qu’on avait pu craindre de voir arriver à temps pour intervenir dans Paris même, doivent maintenant recueillir les éléments importants qui refluent encore par la boucle de Conflans, barrer les routes de Senlis et de Soissons, garder quelques jours l’indispensable vallée de l’Oise.
De leur nouvelle ligne, les Allemands reviennent sur les villages qui se sont spontanément libérés, cernent les F.F.I. dans les mairies, exécutent sommairement des otages ; leurs chars réapparaissent à Aubervilliers. Les coups de téléphone que nous recevons pendant ces heures-là sont souvent pressants et tragiques.
Tandis que le groupement Billotte reste en couverture à l’ouest de Paris (il va ensuite franchir le pont de la Défense et patrouiller la boucle jusqu’à Saint-Germain, Chatou et Aubevilliers) et que la 4e Division d’infanterie américaine attaque le bois de Vincennes, les groupements Langlade et Dio quittent dans la nuit du 26 au 27 leurs emplacements parisiens pour se partager la Plaine-Saint-Denis. Le Général y porte lui aussi son P. C., d’abord un débit dont la propriétaire, Bretonne à qui le bombardement de Fougères vient d’enlever ses deux parents, nous adopte tous et nous donne discrètement tout ce qu’elle a, puis la gare de marchandises, où nous nous étayons encore une fois sur les solides cheminots.
Les deux groupements attaqueront les 27, 28, 29 et 30 vers Montmorency et vers Gonesse, pour sortir des agglomérations et conquérir, entre la boucle d’Enghien et le canal de l’Ourcq, où opère la 4e Division d’infanterie américaine, une nouvelle base de départ. Certains combats seront encore meurtriers. Au Bourget, que Dio aborde à la fois par les lisières de Dugny et par la grande porte du terrain, l’ennemi occupe des tranchées aux lisières des hangars. Un flottement se produit chez quelques-uns des défenseurs, des drapeaux blancs s’agitent. Quand nos officiers s’avancent pour forcer la reddition, d’autres groupes fanatiques les prennent à parti. Sammarcelli, Kirch sont touchés ; le commandant Corlu, un de nos plus vieux compagnons, succombera demain à ses blessures.
Les chars de Gaudet reprennent l’attaque à bout portant. Le terrain est nettoyé impitoyablement. A la nuit, une dure contre-attaque y débouche : elle est menée par des renforts qui apprennent à la dernière minute (et à leurs dépens) la situation. Ils arrivent du Pas-de-Calais à bicyclette, croyant la route libre pour eux jusque et y compris Paris.
Le 30, enfin, nous serons dépassés par la 28e Division d’infanterie et la 5e Division blindée américaines, qui pousseront rapidement sur Senlis, Compiègne et sur l’Oise. La guerre quittait la région parisienne et s’avançait à grands pas vers l’est.
(Source: La 2e DB – Général Leclerc – En France – Combats et Combattants -1945)
Août 1944 : La Libération dans le secteur Puteaux-Neuilly
Paris et sa région s’enflamment au fur et à mesure de l’avancée des armées de libération en août 1944: les actes de sabotage se multiplient, des barricades sont érigées, les combats font rage… Les fichiers “Seine” et “Seine-et-Oise” du Comité d’Histoire de la Seconde Guerre Mondiale conservés aux Archives Nationales et aux Archives des Yvelines évoquent quelques-uns de ces actes de résistance.
(…) Le jeudi 24 août, construction de barricades au rond-point des Bergères et sur les pentes du Mont-Valérien. A Neuilly, plusieurs compagnies de F.F.I. bloquent les accès de la Feldkommandantur (76 bld Victor Hugo) et surveillent la “forteresse Montebello” (1).
Dans la nuit, fusillade violente aux alentours de la Défense, construction de barricades sur les ponts de Puteaux et de Suresnes, et renforcement de celles qui entourent le Mont-Valérien.
Le vendredi 25 août, au début de l’après-midi, le pont de Bezons et le pont de l’usine des eaux à Colombes sautent : tanks et soldats allemands convergent de la Porte Maillot, de Nanterre et de Puteaux vers le pont de Neuilly.
A Neuilly, arrivée des spahis et fusiliers marins du groupement du colonel Remy de la 2ème DB; avec les F.F.I. de la ville mais aussi de toutes les communes avoisinantes, et grâce aux renseignements que ceux-ci ont recueillis, après quatre heures de combat avenue de Madrid, les Allemands, retranchés à la Feldkommandantur, boulevard Victor-Hugo et à la “forteresse Montebello”, se rendent vers 19h ; 600 sont faits prisonniers. (…)
(1) Près de 4 000 Allemands vivaient à Neuilly, où s’était installée la Feldkommandantur de Paris-Ouest. L’ancienne propriété de la famille Montebello, située près de l’avenue de Madrid, servait par ailleurs de forteresse à 1 500 soldats qui y gardaient le plus important dépôt de munitions de la région parisienne.
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