LE BOURGET


LE BOURGET

Km=578 

Dimanche 27, Lundi 28 août 1944

 

Vue de l’Aérogare du Bourget dans les années 1930

 

 

 

 

 

La Plaine-Saint-Denis

(Source: La 2e DB – Général Leclerc – En France – Combats et Combattants -1945)

 

Dans l’après-midi et la nuit du 26, Roumianzoff a poussé au delà des portes, s’est établi à Saint-Denis, a porté des reconnaissances jusque vers Enghien.

Il a dû les retirer : encore une fois, l’ennemi raccommode sa déchirure, ramène une division du Pas-de-Calais, l’appuie à la forêt de Montmorency et au Bourget. Ces renforts, qu’on avait pu craindre de voir arriver à temps pour intervenir dans Paris même, doivent maintenant recueillir les éléments importants qui refluent encore par la boucle de Conflans, barrer les routes de Senlis et de Soissons, garder quelques jours l’indispensable vallée de l’Oise.
De leur nouvelle ligne, les Allemands reviennent sur les villages qui se sont spontanément libérés, cernent les F.F.I. dans les mairies, exécutent sommairement des otages ; leurs chars réapparaissent à Aubervilliers. Les coups de téléphone que nous recevons pendant ces heures-là sont souvent pressants et tragiques.

Tandis que le groupement Billotte reste en couverture à l’ouest de Paris (il va ensuite franchir le pont de la Défense et patrouiller la boucle jusqu’à Saint-Germain, Chatou et Aubervilliers) et que la 4e Division d’infanterie américaine attaque le bois de Vincennes, les groupements Langlade et Dio quittent dans la nuit du 26 au 27 leurs emplacements parisiens pour se partager la Plaine-Saint-Denis.

Le Général y porte lui aussi son P. C., d’abord un débit dont la propriétaire, Bretonne à qui le bombardement de Fougères vient d’enlever ses deux parents, nous adopte tous et nous donne discrètement tout ce qu’elle a, puis la gare de marchandises, où nous nous étayons encore une fois sur les solides cheminots.

Les deux groupements attaqueront les 27, 28, 29 et 30 vers Montmorency et vers Gonesse, pour sortir des agglomérations et conquérir, entre la boucle d’Enghien et le canal de l’Ourcq, où opère la 4e Division d’infanterie américaine, une nouvelle base de départ.
Certains combats seront encore meurtriers.

Au Bourget, que Dio aborde à la fois par les lisières de Dugny et par la grande porte du terrain, l’ennemi occupe des tranchées aux lisières des hangars. Un flottement se produit chez quelques-uns des défenseurs, des drapeaux blancs s’agitent.
Quand nos officiers s’avancent pour forcer la reddition, d’autres groupes fanatiques les prennent à parti. Sammarcelli, Kirch sont touchés ; le commandant Corlu, un de nos plus vieux compagnons, succombera demain à ses blessures.

Les chars de Gaudet reprennent l’attaque à bout portant. Le terrain est nettoyé impitoyablement. A la nuit, une dure contre-attaque y débouche : elle est menée par des renforts qui apprennent à la dernière minute (et à leurs dépens) la situation. Ils arrivent du Pas-de-Calais à bicyclette, croyant la route libre pour eux jusque et y compris Paris.

Le 30, enfin, nous serons dépassés par la 28e Division d’infanterie et la 5e Division blindée américaines, qui pousseront rapidement sur Senlis, Compiègne et sur l’Oise. La guerre quittait la région parisienne et s’avançait à grands pas vers l’est.

 


 

 

 


Extrait du JMO du sous-groupement Farret 

 

27 août 1944

Le Sous/Groupement FARRET composé de la C.A,
une Compagnie du Génie,
1 escadron de T.D (tank destroyers),
1 peloton d’Auto-Mitrailleuses,
1 batterie du 3ème R.A.C (3ème régiment d’artillerie coloniale) quitte le jardin du Luxembourg et se porte en direction du Nord.

À 10 h 30 au carrefour de Saint-Lucien (Nord de PARIS) et lui est adjoint la 3ème Compagnie, et il reçoit l’ordre de nettoyer la zone, en direction de Dugny et d’occuper le village. Engagement à partir du pont de Dugny.

La Section de Reconnaissance et la Cie du Génie sont engagées entre la route et la rivière «LAVEILLE MÈRE».
Engagements assez durs.

Les Autos Mitrailleuses et la 3ème Compagnie attaquent Dugny et l’occupent.

Après le village, une partie de la 3ème Compagnie attaque les hangars d’aviation bordant le terrain d’aviation du Bourget à l’ouest accrochage sérieux.
Le commandant CORLU est gravement blessé, Le capitaine SANMARCELLI blessé également, ainsi que le lieutenant KIRCH.
À 18 heures DUGNY est complètement nettoyé.
À 23 h 30 violente contre-attaque allemande conte le point d’appui Nord-est (lieutenant FERRANO) menée par la 3ème Compagnie du 47ème Bataillon de Grenadiers.
L’ennemi est repoussé avec de très grosses pertes, dues à la fois au tir des mitrailleuses du P.A (point d’appui), des mortiers de la C.A (compagnie d’appui)et de l’artillerie.

28, 29 août 1944

Le Bataillon s’installe au Bourget aux environs du terrain d’aviation effectuant quelques points de patrouille, en particulier vers GONESSE.

 

 

RBFM
JMO 2ème escadron

 

26 AOUT
Au matin du 26 août, en vue d’opération dans la banlieue Nord de Paris, le 2e Escadron est réparti entre deux détachements : Détachement du Lieutenant de Vaisseau Guillon et détachement du Lieutenant de Vaisseau Pauly, le tout sous les ordres du Lieutenant Colonel Roumiantzoff qui établit son P.C. à la Gare du Nord.

DETACHEMENT GUILLON.
– Il comprend le 1er peloton (Enseigne de Vaisseau Hinden) et le peloton d’auto-mitrailleuses de l’Enseigne de Vaisseau Chavane (1er Escadron).
Arrivée vers midi à la gare du Nord ; le peloton de reconnaissance est envoyé presque aussitôt reconnaître la route du Bourget ; le contact est fixé, mais le travail laissé au détachement Pauly.
Le reste du détachement se dirige sur Enghien, où 200 F.F.I. seraient encerclés dans le casino. On n’y trouve rien évidemment. La “Panthère” fait une incursion dans des jardins voisins, mais rentre bredouille. Et nous arrivons sur la route de Montmorency. La foule est épaisse, comme toujours et fort gênante. Quelques coups de feu partent du parc situé devant nous. Le “Léopard” est envoyé en avant, précédé de 2 ou 3 hommes à pied. Un anti-char léger se dévoile au virage, mais il a tiré trop tôt pour toucher le “Léopard”. Tout le monde s’arrête, les chars s’établissent faces aux routes du carrefour. Une patrouille de F.F.I. qui s’est mise à nos ordres va occuper les lisières du parc. Elle est reçue par des coups de mortiers qui éclatent dans les branches.
Après avoir tiré deux ou trois coups de canon le “Léopard” peut encore gagner deux ou trois cents mètres, jusqu’au prochain virage. L’anti-char a dû se replier. Nous sommes rejoints par le peloton d’auto-mitrailleuse de l’Enseigne de Vaisseau Chavane. L’une d’elles prend la place du “Léopard” qui recule et elle reste à surveiller la toute, malgré quelques coups de mortiers qui continuent à tomber.
Un autre A.M. va reconnaître, par une rue latérale, la Mairie de Montmorency. Celle-ci est fortement tenue par des mitrailleuses et des anti-chars. Le 1er Maître Choserot a le temps de mettre en l’air un Bazooka dangereux pour lui, et revient.
Nous attendons des ordres, notre objectif est atteint. A cause de la foule qui nous entoure, personne n’a le temps de voir un camion allemand couvert de feuillage qui traverse le carrefour en trombe, une mitrailleuse tirant de chaque bord. Personne n’est touché, mais personne n’ose tirer, et le camion disparaît.
Vers 20 heures, le Premier Maître Le Menn revient avec l’ordre suivant : Occupez de toute urgence le carrefour Nord de Saint-Denis.

DETACHEMENT PAULY.
– Le détachement Pauly prend le contact vers le Bourget, tirs d’infanterie, tirs de mitrailleuses, etc… Le 2e peloton est là.
Le groupe du Maître Monnier prend position pour battre une route, mais ne voit pas grand’chose.
Le groupe de l’Aspirant Maymil est en avant. Sa mitrailleuse ayant été mise hors de combat, le “Phoque” avance quand même, Belfils ayant sa mitraillette à la main. Le bilan du “Phoque” pour cet après-midi est le suivant :
2 casemates ;
2 nids de mitrailleuse ;
2 chenillettes.
Le 2e peloton rejoint la Mairie de Saint-Denis au soir, avec le détachement Pauly est entier.

TROISIEME PELOTON.
– En réserve du Colonel Roumiantzoff, à la gare du Nord, il passe une bonne partie de son temps à écarter la foule, et une autre partie à tirer sur des miliciens qui tiraillent des toits.


LA NUIT DU 26 au 27 AOUT

AU CARREFOUR NORD DE SAINT-DENIS

Au reçu de l’ordre disant d’aller occuper le carrefour Nord de Saint-Denis, le détachement Guillon abandonne la route de Montmorency et fait route sur Saint-Denis, auto-mitrailleuses en tête. La foule se fait de moins en moins dense au fur et à mesure que nous avançons, et de nombreux sympathisants nous disent de ne plus avancer le carrefour étant occupé par des “Tigres”.
C’est ces renseignements qu’il faut aller vérifier, et la nuit tombe. A mesure que nous avançons, la chaussée devient absolument déserte. Enfin après avoir mis pied à terre, le peloton Chavanne arrive au carrefour sans mal, la nuit faite. Le dispositif des chars est rapidement mis en place, il était temps, on entend des bruits de moteurs en direction de Garges.
Mais venant de Saint-Denis arrive l’Aspirant Maymil et 2 chars du 2e peloton en renfort ; suit une section du Génie. Le dispositif se renforce.
Et quand on est à peu près installé, une bonne fusillade part de tous côtés. Elle s’arrête comme elle a commencé sans raison. Une maison dont l’intérieur achève de brûler envoie quelques lueurs au ciel, et un mitrailleur a cru voir des signaux.
Vers 23 heures, bruits de moteurs vers Garges. Un de nos chars tire 2 coups de canon. Et une Citroën débouche en trombe venant de Garges. Une mitrailleuse la stoppe en plein virage. Le lieutenant allemand qui est passager se jette sur la portière et est aussitôt cueilli. Le conducteur se sauve et est ramené un quart d’heure après par des F.F.I. La voiture est pleine de documents de grosse importance, nous l’apprendrons le lendemain, mais à cette heure il ne nous intéresse pas de les lire.
Le lieutenant allemand interrogé, prétend ne rien savoir des chars allemands de Garges. La mort lui est promise si une attaque a lieu dans la nuit.
Il finit par affirmer que rien ne se passera.
Puis à minuit, c’est un défilé d’avions à basse altitude. Ils passent pendant plus d’une heure et demie, et nous pensons longtemps que leurs bombes sont pour nous. Mais c’est Paris qu’ils bombardent, et au bout d’un moment notre carrefour est brillamment illuminé par les bombes éclairantes et la lueur des incendies.
Ce qui ajoute encore à l’insécurité de la situation, c’est que si nous pouvons encore correspondre par jeep avec de détachement Pauly qui occupe la Mairie de Saint Denis, il est impossible d’aller à Paris prendre des ordres ou faire un compte rendu.
Le jour se lève, à la satisfaction de tous.

27 AOUT
Au matin le peloton Chavanne et des jeeps de l’Escadron effectuent des reconnaissances à un ou deux kilomètres sur les routes de Stains, de Pierrefite et de Garges, sans incident. Des vedettes sont laissées, en liaisons par radio. Le dispositif est complété par quelques F.F.I. bénévoles munis d’une mitrailleuse.
A 11 heures arrive un peloton de reconnaissance des Spahis, renforcé des 2 T.D. de l’Aspirant Royer, il va occuper le carrefour du Globe à Stains ; mais là, il se heurte à une résistance organisée ; des chars sont tout près, on les entend manœuvrer.
Le Colonel Roumiantzoff arrive ensuite, et se déclare satisfait.
Vers deux heures de l’après-midi, le G.T.L. en entier vient nous relever. C’est réconfortant et flatteur. Il est vrai qu’il doit se charger, non de tenir le carrefour, mais de faire tomber la dernière ligne de résistance allemande au nord de Paris.
L’Escadron entier se regroupe rue de La Chapelle à Paris. C’est un repos comme un autre, les chars sont sur les trottoirs, les gens couchent dessous et dînent chez l’habitant.
A la nuit, des miliciens font le coup de feu du haut des toits. Mais Le Cou, d’un premier étage, en descend un qui vient s’aplatir dans une cour.

 

 

 

JMO 3e RAC

BATAILLE DU BOURGET

5/44: Stationnement: E.M., Ire et 2e batteries: Cité universitaire, Pavillon des Provinces, 3e batterie: Pavillon Danois. C.R.: Rue Brancion. Section Avion: Cachan.

Le G.T.D. a reçu mission de se porter sur la transversale St-Lucien – Bobigny.

Dispositif: 3 sous-groupements,
a) Sous-groupement NOIRET: Porte de la Villette, Aubervilliers, Le Bourget,
b) Sous-groupement FARRET: Sur axe Porte d’Aubervilliers – St-Lucien,
c) Sous-groupement ROUVILLOIS: Porte de Pantin – Bobigny. Le reste du G.T.D. marche sur l’axe du centre.

Dispositif du 1/3 e R.A.C.:
1) Avec le sous-groupement NOIRET: 1 section de 3 pièces, Lt JUIF, 3e batterie.
2) Avec le sous-groupement ROUVILLOIS: 1 section de 3 pièces, Lieutenant WATSON, 2e batterie.

Le reste du groupe marche avec le gros derrière la 3e Compagnie du 1/R.M.T. aux ordres du Lieutenant-Colonel commandant le l/3e R.A.C.
Itinéraires: Boulevard Jourdan, Avenue d’Orléans, Boulevard Denfert-Rochereau, Boulevard St-Michel, Boulevard Sébastopol, Boulevard de Strasbourg, Rue de Flandres.
Mouvement: Avant-garde: 8h45, Gros: 9h30.
La transversale St-Lucien-Bobigny est atteinte vers 9h00.
Le groupe prend position en bordure de la route longeant au N.E. le fort d’Aubervilliers et le cimetière parisien de Pantin. Il est en position à 10h30.
Il effectue des tirs au profit:
1) du sous-groupement ROUVILLOIS, pour l’attaque de Blanc-Mesnil, observateur: Lieutenant WATSON, vers 12h00;
2) du sous-groupement NOIRET, pour l’attaque du Bourget et du terrain d’aviation du Bourget, vers 14h00, observateur: Capitaine MAGNAT, commandant la 3e batterie;
3) du sous-groupement FARRET, à partir de 18h00 (attaque de Dugny).
Détachement d’observation: Ire batterie, Capitaine DUBOIS.
Les sections détachées effectuent des tirs au profit de leur sous-groupement.
Vers 21h00, la section de la 2e batterie rejoint le groupe. Puis le groupe se disperse en vue de passer la nuit.
Seule, la Ire batterie et la section de la 3e batterie restent en position.

Nuit du 27 au 28 Août: est effectué un tir d’arrêt de la Ire batterie devant Dugny sur contre-attaque allemande, infligeant des pertes importantes en personnel à l’ennemi.
Stationnement pour la nuit: E.M. et échelon de la colonne de combat: Fort d’Aubervilliers, 2e et 3e batterie moins une section: Cimetière parisien de Pantin, C.R.: Rue Brancion.
A 22h00, le groupe reçoit la mission d’appuyer le G.T.D. dès les premières lueurs du jour, au nord de Gonesse.
Ire Bie: Le groupement tactique D reçoit mission de nettoyer l’aérodrome du Bourget où l’ennemi s’est fortement retranché.
Départ de Paris pour Aubervilliers et St-Denis, la batterie prend position sur la route d’Aubervilliers à Bobigny, observatoire sur l’aérodrome du Bourget; et exécute des tirs sur tranchée et point d’appui.
L’ennemi amène des renforts à la faveur de la nuit et contre-attaque violemment après minuit.
Les tirs d’arrêts de la batterie sont immédiatement déclenchés devant les positions amies et l’attaque est repoussée avec de lourdes pertes chez l’adversaire.
3e Bie: 8h. Déplacement à travers Paris vers porte de La Villette.
Les 3 automoteurs de la 2e section partent en avant, sous le commandement du Lieutenant JUIF et se mettent en batterie à droite du pont du Bourget. (15e 1/2 position). La Ire section se met en batterie au début de la route nord du cimetière de Pantin. (15e 1/2 position).
Les 2 sections tirent sur de l’infanterie ennemie.
Tir efficace sur personnel à découvert en terrain nu.
Nuit: 2e section reste sur place.
Etat d’alerte en milieu de la nuit. Ire section et reste de la batterie cantonnent au cimetière de Pantin. 455 coups tirés.

 

28 août 44: Auto Mitrailleuse du RMSM au carrefour du Temple

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Soldats alliés examinant des épaves d’avions aérodrome du Bourget 1944