2021 – Ancinnes

Mardi 11 août 2021 – 18 heures

ANCINNES (Sarthe)

 

 

ALLOCUTION

 

Madame le ministre,
Monsieur le député, représenté par Rezé
Monsieur le sénateur,
Madame la conseillère régionale,
Madame la vice-présidente du Conseil Départemental,
Mesdames et messieurs les Maires
Mesdames, Messieurs les élus,
Messieurs les porte-drapeaux,
Messieurs les anciens combattants,
Mesdames, Messieurs les représentants de la Fondation Maréchal LECLERC,
Mesdames, Messieurs les représentants de l’association Vive la Résistance,
Madame, Messieurs les représentants de la gendarmerie nationale
Mesdames et messieurs les pompiers,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, chers amis,
Merci à tous d’être présents aujourd’hui pour rendre hommage à la 2ème DB du Maréchal Leclerc qui libéra notre commune, le 11 août 1944. Nous inaugurons aujourd’hui la borne qui lui est dédiée.
Je voudrais remercier Madame De Panafieu d’être présente parmi nous afin d’inaugurer cette borne et également rendre hommage à son oncle Dominique Missoffe, mort à Ancinnes le 11 Août 1944.
Je veux également saluer Madame Lebarbenchon, maire de St Martin de Varreville dans la Manche et initiatrice de la création de la borne du Serment Koufra.
Enfin, un grand merci à Madame Ciroux d’être présente à cette cérémonie et nous aurons tous une pensée pour son mari, Raymond Ciroux, résistant et partisan de la libération d’Alençon.

La Seconde Guerre mondiale est une guerre qui scinde en deux le XXème siècle. Il y a véritablement un avant et un après 1945.
Le monde a été bouleversé par ce conflit unique, de par son bilan humain et la volonté d’anéantir l’adversaire par tous les moyens.

Nous voici réunis aujourd’hui, 77 ans plus tard, pour nous rappeler de cette période qui a marqué l’histoire de notre pays, de notre commune et la vie de nos parents, grands- parents et arrières grands-parents.

ANCINNES PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE :

Ancinnes fait partie de ces nombreux villages qui ont fait les frais de l’occupation nazie durant cette dure période. Le 17 juin 1940, à 16h, notre commune, autrefois décrite comme paisible, se retrouve envahie par un important groupe de soldats allemands. « C’est alors que la vie devient plus difficile », comme le décrit si bien Mme Sergent. En effet, la vie des Ancinnois est rythmée par le couvre-feu, les corvées, les restrictions et l’interdiction des sorties.
Cette libération du 11 août 1944, les Ancinnois l’attendent avec impatience depuis plus de 4 ans. La 2ème DB du Général Leclerc, qui a débarqué le 1er du mois sur la plage d’Utah-Beach, en Normandie, ne cesse d’avancer vers Ancinnes. Après de longs combats, elle libère successivement Avranches, Sablé et Le Mans. Une grande agitation se fait ressentir dans notre village. Complétement désorganisées, les troupes allemandes ne sont plus ravitaillées et elles détruisent leurs propres dépôts de munitions. Dans cette matinée du 11 août, des forces ennemies en retraite arrivent. Vers midi, tout Ancinnes se trouve envahi par ce qui reste de l’artillerie allemande. Après plus de 9h de combats, les Allemands s’enfuient dans la forêt de Perseigne. M. Pottier explique clairement la situation : « Le matin on donnait à boire aux boches, et le soir aux français ».
Les soldats Gaston Fievet, Gilbert Gobillot, Léon Pagnoux et Dominique Missoffe perdront la vie à Ancinnes. La famille Poirier est endeuillée avec 4 de ses membres victimes des combats : le père et les 3 enfants âgés de 2, 13 et 15 ans, réfugiés de Saint Germain du Corbéis et tués par un obus. Une cinquième personne a été tuée dans le même incident : Marie Huet.
Bien que la situation d’Ancinnes pendant ce conflit ne soit pas abordée dans les manuels scolaires, notre village compte également ses héros de guerre. Sans faire de la résistance active, de nombreux Ancinnois ont tout de même participé à cette victoire dans la mesure de leurs moyens.
– Je pense à la famille Ermenault, Geslin, Barré, Paté et M. Deslandes qui cachèrent et sauvèrent un parachutiste anglais, un jeune soldat tunisien, ou encore des évadés de prison et du camp de travail forcé de la côte normande.
– Je pense à M. Pottier, avec ses deux voitures & Mme Saillant qui portèrent secours aux blessés.
– Je pense à M. Gaston Poirier qui était en relation avec le centre de résistance de Vingt-Hanaps et cacha des réfractaires au travail obligatoire avant de les diriger vers des filières d’évasion sur l’Angleterre.
– Je pense à M. Gautier qui donna des indications précieuses sur la présence éventuelle d’Allemands à des éclaireurs français.
D’autres ancinnois marqueront également l’histoire de notre village :
– Paul Lottin : engagé dans le réseau de l’ouest de la résistance. Il reçut pour mission de rassembler ceux qui désiraient se joindre aux forces françaises de l’intérieur (FFI). Il ne participa qu’à une mission puisque celle-ci lui coûtera la vie. Elle consistait à organiser la réception de parachutes d’armes et de munitions dans la nuit du 14 au 15 juin 43.
– Arthur de Montalembert : il travaillait pour la résistance en étroite liaison avec Londres. Il favorisa de nombreux passages en Angleterre et prépara le débarquement par une série de reconnaissances sur les côtes de Normandie. Son courage est reconnu par la France entière puisqu’il fut fait chevalier de la légion d’honneur le 14 janvier 1948
– Paul Drecq : postier d’Ancinnes qui rejoignit la lutte au côté de Lottin et Montalembert. Il participa à la réception et au transport des armes. Ce qui lui valut de vivre jusqu’à la libération en captivité.
– L’Abbé Luçon : prêtre à la paroisse d’Ancinnes entre 1943 et 1944, il fut un résistant actif en cachant un nombre important d’évadés et de résistants recherchés par la Gestapo, ou tout simplement des civils. Lors de la libération du village, c’est l’abbé lui-même qui réussit à renseigner les alliés et empêcha ainsi un bombardement aérien. Dans la nuit, il servit également de guide à une jeep pour se rendre à Alençon.
– Robert Meunier, qui prit le maquis en 1943 pour échapper au STO et qui a été obligé de se cacher dans la Manche pour échapper à la Gestapo durant les derniers mois de la guerre.
– Louis Boiteau,
– Enfin je terminerai par André Malo, ancien maire d’Ancinnes qui prit une part importante à la libération d’Ancinnes en facilitant les atterrissages clandestins.

BORNE COMMEMORATIVE  A  ANCINNES :

Comme vous le voyez devant vous, les panneaux que nous inaugurons aujourd’hui avec la borne retracent l’histoire de la libération et nous donnent l’occasion de saluer ces hommes qui nous délivrèrent du joug ennemi.
Pour tous les Ancinnois, la borne constitue le symbole de la liberté et celui de notre patrimoine mémoriel.
Elle nous rappelle l’importance du devoir de mémoire afin de ne jamais oublier les conséquences que peut entraîner la haine de l’Homme.

Je vous remercie et je vais maintenant laisser la parole à M. Jean Yves Pottier, maire honoraire de la commune, partisan de ce projet mémoriel à Ancinnes.